jerome a écrit :Bonjour Audrey
Merci d'avoir accepté notre invitation.
Voici quelques questions pour débuter.
Peux-tu nous parler pour commencer un peu de ton parcours. Comment es-tu devenu éditrice ? Y'a-t-il une formation spécifique en France pour devenir éditeur ?
Comment es-tu "tombée" dans la fantasy et la science fiction ?
C'est aujourd'hui le lancement d'Orbit, peux-tu nous dire (rappeler) comment est née l'idée de ce label et quels sont tes objectifs ?
Voilà.
A vite
Hello Jérôme, et merci beaucoup pour cette invitation !
Après le bac, j'ai renoncé à une carrière de cosmonaute pour filer en prépa lettres. L'idée était de différer au maximum le moment du choix du métier, tout en conservant plusieurs matières. Notamment la philo, sous la houlette de Guy Lardreau, dont une des ambitions affichées était de rendre ses étudiants "inutilisables". Un beau programme, auquel je souscrivais complètement. J'ai donc poursuivi en philo ensuite, quitté la Bourgogne (et le Jura) pour Paris et la Sorbonne, fait une maîtrise sur le plaisir dans l'Ancien Testament en invoquant Sade et Lacan, et passé l'agrèg, heureusement ratée puisque je ne voulais pas enseigner.
A ce stade s'est quand même posée la question de se rendre utilisable, d'une façon ou d'une autre. J'ai alors pris conscience que j'étais constamment entourée de livres, et que je passais une grosse partie de mon temps dans les librairies, les bibliothèques et autres lieux infréquentables du même acabit. "Fichtre !" me suis-je dit. L'instant d'après, je découvrais émerveillée que ces livres, il avait sans doute fallu les écrire, les publier, les vendre, etc. "Eh, eh..." ai-je pensé.
Ignorant complètement qu'il existait déjà quelques DESS d'édition et autres IUT métiers du livres, formations idoines quand on souhaite actuellement travailler dans l'édition, j'ai envoyé des CV aux différents éditeurs de sciences-humaines de la place parisienne. Et commencé un stage, puis un travail en pointillé, pendant un an (je terminais parallèlement mes études de philo), aux éditions Odile Jacob.
Enfin, au nouvel an 2000, j'ai rencontré Célia Chazel. La suite, vous la connaissez : Mnémos pendant 7 ans, puis la fantasy au Livre de Poche, Autres Mondes chez Mango et plus récemment Orbit.
Fantasy et science-fiction : d'abord Yoko Tsuno, vers 12 ans, un éblouissement, puis les classiques SF habituels, choisis dans la bibliothèque parentale. Peu de fantasy, lue beaucoup plus tard. Ensuite, il y a eu l'essai de Lardreau sur la SF, "Fictions philosophiques et science-fiction", une révélation, qui articulait soudain les différentes passions. Parallèlement, si la fantasy est venue tard, elle avait été nourrie de la lecture assidue de beaucoup de romans d'aventure classiques, Dumas, Sue, Gautier... Sans exclusive. Je n'ai pas vraiment d'a priori de lecture, et préfère confier à chaque livre le soin de me plaire ou non, quel que soit son genre.
Orbit, aujourd'hui : les premiers titres doivent effectivement être en librairie, et le site
www.orbitbooks.fr est actif depuis hier. N'hésitez pas !
Orbit en France est né de la volonté de créer au sein du groupe Hachette un label spécialisé SFF, reconnu et identifié comme tel. Ce qu'il faut comprendre, c'est que Hachette regroupe une myriade de maisons et de collections qui publient à peu près de tout, du pratique, des beaux-livres, des guides touristiques, des manuels scolaires, de la littérature, du polar, etc. Contrairement à une collection, qui a généralement une ligne édito, une charte graphique, un format prédéfinis, qui décline au sein d'une maison une partie de la production de celle-ci, un label, même s'il est hébergé par une structure en particulier, possède un fonctionnement autonome. Or cette autonomie nous a semblé essentielle aujourd'hui pour exister sur le marché SFF en France.
Pour résumer, le mouvement est double : faire jouer à plein la logique de groupe, travailler main dans la main avec des équipes rodées, décliner en France des catalogues Orbit UK et US prestigieux ; et assurer au sein du groupe en France une véritable autonomie à la SFF, lui donner un espace de déploiement privilégié.