Virprudens a écrit :Bonjour Gilles (c'est minuit 2, je dis bonjour, ça me parait normal),
Que dirais-tu à un wannabe éditeur qui aurait en tête de se lancer dans la hard-sf poétique et postmoderne, avec exclusivement des couv' ultra classe, genre signées Patrick I. ?
Il y a deux questions sérieuses dans ta question provoc'-mal-branlée...
(1/ Se lancer en SF de qualité - 2/ les couvs)
Essayons d'y répondre sérieusement.
1/ Il faut des sous, de quoi tenir deux années pleines. Il faut des frais de structure les plus bas possibles (pas de salarié, du moins pas dans un premier temps, pas de bureaux coûteux). On peut oublier la diffusion et la distribution (ça coûte une fortune) : aujourd'hui avec Internet, il suffit de balancer dix SP d'un BON bouquin pour que à peu près tout le monde soit au courant que ça existe. Il faut juste savoir amorcer la pompe ; prendre une attachée de presse pour le lancement, qui fait une mission "carnet d'adresses", c'est tout à fait envisageable. On peut se mettre en distribution sans option de retour ; c'est pas cher, évidemment ça ne génère pas de ventes réelles sur le réseau physique (cela dit les livres sont officiellement disponibles sur les sites marchards - toutefois il faut bien veiller au message de disponibilité que ceux-ci envoient, si c'est "disponible entre deux et trois semaines", c'est mort, tu mets la clé sous la porte tout de suite). Il faut doubler l'offre papier (élitiste, donc chère) par une offre électronique bon marché, en accord avec le cadre légal (le prix unique du livre, ça va vite devenir très compliqué).
Tu ventiles ton activité dans deux direction divergentes mais cohérentes : tu vends du texte (édité, travaillé) et tu vends des objets-livres pour ceux qui adorent entasser des livres chez eux (il y en aura toujours).
Tu monte ta marge au maximum sur le livre-objet, au lieu de faire 1000 livres à 20 euros (20 000 euros), tu fais 666 livres numérotés à 30 euros(20 000 euros) avec une version électronique à 6 ou 7 euros (faut vérifier le cadre légal)
2/ Les couvertures classes...
Mon intime conviction, c'est qu'à force de publier de la science-fiction avec des couvertures classes (à la Patrick Imbert, c'est extrême, tu en as conscience ?) on oblige le libraire à se poser une question sur la place du texte dans sa librairie.
A un moment, il devra se demander : "Ok,
Radio Libre Albemuth ça va entre Star Wars et j'ai-deux-gros-nichons-et-je suis-une-super-guerrière-de-la-mort-qui-tue-mais-qui-couche-pas-faut-pas-déconner-non-plus ou je le mets à côté de tout ces trucs littéraires bizarres :
La Route de Cormac McCarthy,
Le Club des policiers yiddish, lot 49."
Deux cas de figure : où on finit par se trouver en littérature (avec les risques de "noyade" que ça suppose) ou dans le rayon SF/Fantasy des grosse librairies on se taille un petit coin à "nous" : les trucs du Diable, Lunes d'encre, Berthelot au Bélial', etc.
Après faut pas se planter pour les couv's : faut pas essayer de vendre un Alexis Aubenque avec une couverture de Daylon, un Sire Cédric avec une couverture de Manchu, ou le nouveau McCarthy sous une couverture de Didier Florentz.
GD