AK a écrit :si on sort de notre ghetto-isation, ce problème devrait se régler de lui même
Pas convaincu. La critique n'a-t-elle pas justement un rôle dans cette sortie de ghetto-isation ? Et je ne vois pas en quoi cette sortie changerait quelque chose. La SF y gagnerait une critique externe plus "littéraire", mais l'auto-critique du genre par le genre reste essentielle.
Tu parles (page 12) du rôle de "tri" des sites critiques qui devrait s'intensifier dans l'ère numérique. Comment la critique SF a-t-elle évoluée depuis 10 ans (la multiplication de la critique web a-t-elle changé quelque chose ?) et comment penses-tu qu'elle doive évoluer pour "être à la hauteur" de ce rôle ?
A.K.
(je préviens d'avance ; je réponds à côté, mais le moins possible)
Le livre électronique devrait accélérer la porosité des genres (à mon avis), et là je parle uniquement sur le plan de la création littéraire (un peu comme internet mixe toutes sortes de références culturelles a priori inconciliables), et il va sans doute se passer l'inverse sur les sites marchands où les livres seront multi-référencés selon les publics qu'ils visent (car un livre vise quasiment toujours plusieurs petits publics). Au lieu d'être dans un rayon de librairie, le texte sera référencé dans quatre ou cinq rayons virtuels différents, apparaissant là, là, là, et là pour autant de raisons distinctes. On peut imaginer voir se créer cent rayons virtuels d'imaginaire : hard-science, SF Gay et lesbien, fantasy naine, fantasy elfe, fantasy historique, ad nauseam (avec les textes de Jérome Noirez référencés dans 23 boîtes différentes). Et dans ce cas-là, il sera encore plus facile de se retrouver pour savoir quoi acheter SI les titres sont bien référencés. Qui référence
vraiment, l'éditeur, le libraire ou le critique ?
Rassure-toi ; j'ai pas la réponse. (sauf que ce sera pas le critique)
J'ai proposé à Denoël de mettre des mots clés sur les argus commerciaux ; une ligne de cinq six mots-clés. Cette proposition n'a pas été retenue. On en reparle dans un an ?
Dans le futur immédiat, je n'aurais qu'à taper dans le MdR de jevendsenligne.com : "gros seins + vampire + punk" pour (a)voir ma came, puis faire une liste et aller feuilleter ça chez mon libraire (s'il les a) ou depuis mon fauteuil si j'ai pas envie de donner des sous à un vrai libraire sympa.
Qui vend le livre demain, le libraire physique qui en sus des bouquins papiers a une borne pour vendre du texte électronique, où le libraire en ligne ? Est-ce le même ?
Comment se ventilent les ventes entre le livre électronique et le livre papier ?
Va y avoir du sport.
Notre rapport au texte va changer.
Notre façon d'acheter du texte va changer.
Les textes vont changer - des romans en hypertexte avec des schémas techniques qui apparaissent quand on clique à un endroit précis, avec des plans, et pourquoi une seule carte si on peut en mettre 500 ? Et pourquoi expliquer les termes SF dans le corps du texte s'il suffit de cliquer sur le bon pixel pour avoir tout le pédigré du terme en question ?
On téléchargera des extraits pour "tester", comme aujourd'hui on télécharge des navets
en puissance pour ne pas griller 10 euros dans une place de ciné.
On se fera sans doute une bibliothèque idéale papier pour montrer qui on est et on aura dans nos liseuses tous les trucs "honteux" qui lavent le cerveau (vous vous souvenez gros seins, vampires, punk).
Comment la critique va réagir, comment va-t-elle se structurer, je l'ignore...
Ce que je vois, c'est que le marketing va se frotter les mains, pour eux l'évolution c'est du pain béni. Ils vont pouvoir donner un poids à leur travail qu'ils n'ont jamais eu. Jamais.
Aujourd'hui, je vois juste qu'il y a de plus en plus de livres bizarres critiqués sur le Cafardcosmique, ce qui devrait drainer un certain public et donc une certaine critique (et ça renvoie sur amazon ; supposons que demain ça vous envoie directement sans aucune manip intermédiaire le texte payé avec paypal ?) ; ici sur actusf il y a davantage d'ouvrages coeur de cible me semble-t-il, etc. Sur fluctuat y'a un peu d'imaginaire (j'allais écrire branchouille, ce qui est injuste pour le travail de Maxence).
Etc.
Et on aura nos "favoris". Et on ira en librairie pour voir des objets, pour acheter des cadeaux. Comment le paysage se recompose ? Et si la Sf disparaissait de la librairie physique car ces lecteurs sont pas essence des acheteurs en ligne ? Et si commençaient à pousser des toutes petites libraires de bibliophiles, en même temps que les grandes enseigne baisse les bras face à l'érosion du livre papier et de la place qu'il prend, donc du coût croissant que coûte sa commercialisation ?
Aujourd'hui avec les blogs tout le monde est un peu critique ; est ce que les avis autorisés de demain, ce sont pas ceux des auteurs à succès (qui ne feront pas de critique pure) ? Est-ce que la critique la vraie, ceux qui savent, ne sera plus qu'un truc d'universitaires se comptant sur les doigts de la main.
Have fun.
GD