systar a écrit :Bonjour Gilles,
Velum a été vendu à 3700 exemplaires; on doit pouvoir s'en féliciter.
Pour info, et à titre de comparaison, sais-tu à combien le livre s'est écoulé en VO?
Velum, Encre (que je lis en ce moment, et qui est encore plus fort que Velum), me semblent, comme Pynchon dont tu voulais reprendre l'Arc-en-ciel de la gravité, des livres où il faut accepter de se laisser emporter, de se perdre soi-même, de ne pas tout comprendre (au moins au début). Se laisser submerger, en somme (un peu comme l'expérience que Serge Lehman cite parfois en présentation des nouvelles de Retour sur l'horizon).
Est-ce que le public, et le grand public, en France, a envie de cela, de perdre pied, de se laisser éblouir par des séries de petites épiphanies permanentes dont on ne saisit pas le sens? Quel est ton ressenti sur cet aspect de la lecture, et des goûts du public?
Est-ce que le public SF français n'est pas plutôt un public qui veut se laisser amener au "vertige", à la merveille SF pure, sans perdre les pédales, sans perdre le fil rationnel du récit? (et qui fait qu'on trouve souvent des remarques agacées, ici ou là, sur le côté "foutraque" du roman postmoderne à la Pynchon)
Bonjour Bruno,
(Je déteste Noirez quand il écrit et Bruno Gaultier quand il pose des questions.)
Alors sur les ventes VO de
Vélum, je ne sais pas, mais je vais demander à Hal.
On va vendre le tirage (5000 moins les SP et les pilons) de
Vélum ; je suis déçu, je ne vais pas mentir. Après, est-ce que je pouvais sincèrement espérer mieux... même en réfléchissant posément au problème, je ne sais pas.
(En même temps, quand je vois que je vends trois fois plus de
Vélum que de
Kane, je ne sais ce que je dois en penser...)
Encre c'est mieux que
Vélum, on est bien d'accord, mais il faut avoir lu
Vélum pour lire
Encre, donc on fera encore moins que le premier. Peu importe ; c'est publié, c'est fini, il y aura quelques corrections (très peu) sur l'édition Folio-SF dans trois ans et voilà. Hal a déjà un autre livre à paraître en France...
Le boulot de mise à disposition du texte a été fait.
Ca c'était pour la partie facile de ta question.
Pour les livres dans lesquels on se perd, rayons SF pas rayons SF, lectorat SF pas Lectorat SF, disons que quand t'es l'éditeur c'est évidemment un choix difficile. Quand t'es lecteur, tu trouves assez rapidement ce que tu veux lire, du moment que tu es motivé... Et puis les bons livres ont une durée de vie immense, ils peuvent être publiés, une fois, deux fois, trois fois, avant de trouver leur public ; ils peuvent être publiés des tas de fois sans jamais trouver leur public en neuf, et devenir mythiques en occaz'.
Jusqu'ici tout va bien.
Puis il y a la dernière partie de ta question, qui est plus philosophique qu'autre chose.
On part souvent du principe que le lectorat de SF est le plus ouvert aux expériences nouvelles (qui ne font mal que la première fois, c'est bien connu) et par conséquent c'est souvent à destination de ce public que sont publiés les trucs qu'on ne sait pas mettre ailleurs : les livres-mondes, les livres-labyrinthe, Edward Whittemore, John Crowley. Pourquoi pas, mais on perd des lecteurs ailleurs et on ne touche pas la tranche la plus conservatrice du lectorat SF (qui ne comprend pas ce que ces trucs viennent faire dans SON rayon)...
Publier en Littérature générale ce genre de textes c'est changer le problème de place (on gagne des lecteurs, yes !, mais on perd ceux du milieu SF) ; il n'y a probablement pas grand chose à y gagner dans un premier temps.
La logique, le sens du courant, c'est qu'un livre publié en SF se fasse une telle réputation qu'il finit, vingt ans plus tard, par être publié en littérature. Dans cette optique, souvent les membres de notre club ont vingt ans d'avance, voire davantage. Et c'est bon.
GD