Non je ne viens pas du groupe Hachette, mais je travailler bien pour des éditeurs (mais je ne veux pas aborder ma vie privée). C'est le prolongement de ma passion, et d'abord c'est Alain qui m'a forcé à créer la volte, je n'en rêvais même pas. La maison, c'est une façon de se ressourcer, de retrouver, sans contraintes, ce que j'aime profondément; je me dis aussi parfois que ça m'équilibre (je ne le suis peut-être pas).Caracole a écrit : Mathias, sauf erreur, tu viens du groupe Hachette au départ. Ta volonté de créer la Volte vient-elle aussi du rejet d'un certain fonctionnement, d'un certain milieu ou exclusivement d'un rêve de gosse, d'une rencontre ?
La Volte débarque sur le Forum Actusf !
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La volte
Cher Alain,Alain Damasio a écrit : Pour les furtifs, je n'irai pas aussi loin dans les effets de mise en page, car je veux rester sur la motricité propre du récit mais il y aura des pages très très spéciales en littérature furtive et des systèmes de trous et de découpes avec lecture traversante d'une page à l'autre, un cauchemar pour mon éditeur, je l'ai déjà prévenu !!! Un boulot à la Marc-Antoine Mathieu (BD) pour ceux qui connaissent. L'idée est aussi d'utiliser la forme générale des masses noires dans la page (et donc en creux des zones blanches) pour faire apparaître en ombre blanche des furtifs qu'on ne verra pas à la première lecture. Permettre une double lecture graphique/littéraire sur certains passages, en gros. Mais en restant sobre, discret, pour laisser au récit sa fluidité.
Je suis profondément admiratif, et très confiant pour les Furtifs ; en plus de ton talent, tu possèdes une qualité très rare ici-bas : le courage. Je ne m'étendrai pas là-dessus.
En ce qui concerne les trous et découpages, et pour ta culture expérimento-littéraire, tout simplement, je t'engage à te pencher, si tu ne l'a pas déjà fait, sur l'œuvre de B.S. Johnson publiée chez Quidam en français.
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Je l'ai déjà réécrit malheureusement, pour sa sortie à la Volte, et ça ne suffit donc pas encore, aaaargghh ! J'ai essayé d'alléger la pesanteur didactique de certains passages mais c'est un livre de jeunesse, donc difficile de renoncer à la révolte !Concernant la Zone, autant la première partie a un souffle proprement jubilatoire, autant je trouve la seconde partie alourdie par les justifications philosophies des postures de tes personnages. Ce que je trouve dommage, puisque cette "pause" dans le récit essouffle un peu ta fresque et ton propos (qui amha aurait eu peut-être plus de force si cela avait été simplement suggéré) ? Assumes-tu ce côté didactique ou penses-tu que si c'était à réécrire... ? (excellent roman, en tout cas)
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Boire des bières au bar de Mme Spock c'est un projet non ???ou avez-vous un "Projet"
(autre que vendre du livre, naturellement) ?
Se lancer dans de grandes discussions sur la couleur du prochain Noon, engueuler Alain pour qu'il se mette à écrire, faire chier Stéph car les jolis bandeaux pour mettre sur nos bouquins ne sont pas faits, dire à Math 100 fois par utopiales que tout va bien qu'il peut se détendre et que oui on gère, détendre Mr Beauverger pour qu'il ne vomisse pas en recevant son GPI…etc
C'est ça la vie à La Volte !
Je ne reviendrai pas sur la prestation d'Alain lors de sa remise de prix…il parait qu'il avait un problème de chemise…nous on a vu une imitation de Mickael Jackson ce jour là.
Je profite de ce forum pour saluer Alain. Ca fait un moment qu'on ne s'est pas croisé. A propos des furtifs, tu restes sur ton idée de personnage que l'on perçoit mais qui reste dans un angle ou l'on ne le voit pas ?
Angle Mort 8 est arrivé
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Salut le Fan,Je profite de ce forum pour saluer Alain. Ca fait un moment qu'on ne s'est pas croisé. A propos des furtifs, tu restes sur ton idée de personnage que l'on perçoit mais qui reste dans un angle ou l'on ne le voit pas ?
Oui, c'est tout à fait ça, ce sera un livre sur toi ! L'art de l'angle mort !

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Tiens, Alain, comme tu annonçais un retour aux thématiques politiques pour Les Furtifs, je te pose la question (ce coup-ci, pas de piège, laissons de côté les cathos de gauche et Benasayag ^^):
que peut, selon toi, la littérature, politiquement?
Que peut un livre, politiquement?
On a beaucoup discuté ces derniers mois avec Serge L. (et autour de la désormais célèbre hypothèse dite "de la préface") pour voir, entre autres, si parler de métaphysique, c'était vraiment faire de la métaphysique.
Par analogie: faire un roman parlant de phénomènes politiques, est-ce faire de la politique?
On pourrait aussi revenir sur l'écho qu'a rencontré la Horde.
Ces phénomènes de bouche à oreille, de petites téléologies implicites ou de dragon du "tu dois!" qui se réinstaurent quand on dit: "tu dois lire ce bouquin; il faut que tu lises ça, ça ne peut pas ne pas te plaire!", comment les as-tu vécues, d'année en année, comment les as-tu interprétées, expliquées après coup?
que peut, selon toi, la littérature, politiquement?
Que peut un livre, politiquement?
On a beaucoup discuté ces derniers mois avec Serge L. (et autour de la désormais célèbre hypothèse dite "de la préface") pour voir, entre autres, si parler de métaphysique, c'était vraiment faire de la métaphysique.
Par analogie: faire un roman parlant de phénomènes politiques, est-ce faire de la politique?
On pourrait aussi revenir sur l'écho qu'a rencontré la Horde.
Ces phénomènes de bouche à oreille, de petites téléologies implicites ou de dragon du "tu dois!" qui se réinstaurent quand on dit: "tu dois lire ce bouquin; il faut que tu lises ça, ça ne peut pas ne pas te plaire!", comment les as-tu vécues, d'année en année, comment les as-tu interprétées, expliquées après coup?
Bruno - http://systar.hautetfort.com
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D'ailleurs, Alain, on a oublié de te poser la question rituelle: aimes-tu la métaphysique?
Bruno - http://systar.hautetfort.com
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Aie, heureusement que tu es là pour me pousser dans mes retranchements !Par analogie: faire un roman parlant de phénomènes politiques, est-ce faire de la politique?
Ça paraît être une question assez théorique mais je crois qu'elle est très concrète, en fait.
Pour moi, la zone du dehors est par exemple un livre politique, engagé, bien qu'il n'agisse pas politiquement, n'impacte en rien la sphère politique, bien qu'il ne soit pas un acte militant concret et efficace comme par exemple empêcher l'expulsion d'un sans-papier ou combattre la énième réforme absurde du gouvernement Sarko.
Et pourtant… J'ai plusieurs lettres de militants, et même de non-militants, qui ont été transformés ou retournés par la zone : le livre leur a permis de se battre, ou de mieux se battre, donc il a parfois des effets politiques concrets. Récemment, un lecteur a fabriqué des clameurs suite au bouquin et en pose dans des MacDo pour dénoncer la malbouffe : ça, pour moi, c'est une conséquence politique du livre, ça me touche.
Ensuite, évidemment, il y a un champ discursif classique du débat politique, dans lequel le livre entre par construction, mais c'est un pur champ langagier : il fait discuter, il fait débattre, on m'invite à des conférences, à des soirées militantes pour y développer les thèses contenues dedans, etc. Mais ce n'est pas faire de la politique (malheureusement). Et mon langage n'est pas performatif (celui de Sarko non plus, bien qu'il dise sans cesse "je veux", sauf que lui ne s'en est pas rendu compte…), il n'engendre aucune action directe.
Donc je ne sais pas. Mes livres participent au champ politique, sans doute, à leur modeste manière. Ça reste des romans, ça véhicule avant tout une sensibilité politique. Et une langue vraiment opératoire, qui soit capable de mobiliser la léthargie ambiante, c'est un rêve que je chéris encore.
Ah pas facile de répondre…
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Je me suis posé la question encore récemment en tentant d'approcher tous ces romanciers fabuleux qui, au début du vingtième siècle, ont vécu dans leur chair, ou senti arriver, quelque chose comme une crise "civilisationnelle", une impossibilité de croire à d'anciennes valeurs, une entrée en crise de l'intellectualisme. Je pense aux Mann, Broch, Musil...Alain Damasio a écrit : Mes livres participent au champ politique, sans doute, à leur modeste manière. Ça reste des romans, ça véhicule avant tout une sensibilité politique. Et une langue vraiment opératoire, qui soit capable de mobiliser la léthargie ambiante, c'est un rêve que je chéris encore.
Ah pas facile de répondre…
Tant de puissance littéraire finalement déployée pour... rien?
tiens, en parlant de "pour rien"... je reviens sur une phrase que tu avais enregistrée, parmi d'autres, reprise par Rone dans le morceau "Bora".
Tu disais en substance que pouvoir écrire un chapitre comme "celui-là" (dans la Horde), ça montrait finalement que tu n'étais pas "surnuméraire".
D'où vient cette question étrange, chez toi? Un besoin de "justification"? C'est curieux, tout de même, d'avoir eu peur de se sentir "de trop"... La Horde t'a-t-elle servi à "téléologiser" ta propre vie? à y assigner un but qui lui manquait?
Bruno - http://systar.hautetfort.com
- jlavadou
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Si Jacques Barbéri est encore par ici, une petite question pour lui.
Tu as écrit Le Tueur venu du Centaure plusieurs années après les deux premiers tomes de la trilogie Narcose. Pourtant, on ne sent pas de rupture, tu as su garder le même ton, le même dynamisme, bref, on n'y voit que du feu ! A-t-il été difficile de t'y remettre ? Ou bien avais-tu déjà, à l'époque, les grandes lignes de ce troisième roman en tête ?
Tu as écrit Le Tueur venu du Centaure plusieurs années après les deux premiers tomes de la trilogie Narcose. Pourtant, on ne sent pas de rupture, tu as su garder le même ton, le même dynamisme, bref, on n'y voit que du feu ! A-t-il été difficile de t'y remettre ? Ou bien avais-tu déjà, à l'époque, les grandes lignes de ce troisième roman en tête ?
Je suis toujours là, enfin, je pense...jlavadou a écrit :Si Jacques Barbéri est encore par ici, une petite question pour lui.
Tu as écrit Le Tueur venu du Centaure plusieurs années après les deux premiers tomes de la trilogie Narcose. Pourtant, on ne sent pas de rupture, tu as su garder le même ton, le même dynamisme, bref, on n'y voit que du feu ! A-t-il été difficile de t'y remettre ? Ou bien avais-tu déjà, à l'époque, les grandes lignes de ce troisième roman en tête ?
Oui, j'ai effectivement écrit le Tueur presque vingt ans après la Mémoire du Crime qui est sorti en 1992 chez Denoël. Mais je n'ai jamais abandonné l'univers de Narcose. J'ai écrit au moins deux nouvelles qui s'y rattachent dans les années 90 : "Les cocktails d'étoiles du Bar à Blair" et "Les sentinelles du temps réel" (toutes deux reprises dans le recueil "L'homme qui parlait aux araignées." ) et d'autres plus récemment comme "Fais Voile vers le Soleil" pour l'antho "Aux limites du son" ou "In the Court of Lizard King", parue dans Bifrost et également repprise dans le recueil à la Volte. J'étais donc toujours dans l'ambiance, et je m'y suis vraiment totalement replongé en réécrivant Narcose et en reprenant un poil La mémoire du crime. C'est ce qui m'a permis je crois de garder le même ton et le même dynamisme. Bon, je n'avais pas les grandes lignes du roman en tête depuis vingt ans mais la fin de La mémoire du crime annonçait clairement un troisième volume. Je terminais en disant que les univers étaient percés et que ça allait saigner... Alors fallait bien assurer derrière, non?

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Salut Systar,Tiens, en parlant de "pour rien"... je reviens sur une phrase que tu avais enregistrée, parmi d'autres, reprise par Rone dans le morceau "Bora".
Tu disais en substance que pouvoir écrire un chapitre comme "celui-là" (dans la Horde), ça montrait finalement que tu n'étais pas "surnuméraire".
D'où vient cette question étrange, chez toi? Un besoin de "justification"? C'est curieux, tout de même, d'avoir eu peur de se sentir "de trop"... La Horde t'a-t-elle servi à "téléologiser" ta propre vie? à y assigner un but qui lui manquait?
En fait, il s'agissait d'un enregistrement très ancien, datant de 1997, où j'avais relu un chapitre de la zone pour le corriger une ultime fois et j'enregistrais donc sur dictaphone les commentaires pour ne pas perdre cette précieuse sensation fraîche que tu peux avoir quand tu relis un chapitre avec plusieurs mois de recul. C'est le rare moment pour un auteur où l'on peut avoir un brin de fraîcheur sur son texte. Et ce chapitre m'a vraiment plu, j'ai vraiment eu le sentiment qu'il justifiait l'énorme travail de trois ans que j'avais fourni et les choix de vie courageux que j'avais fait pour l'accoucher (beaucoup de solitude, d'isolement et de boulot de fourmi). Eh oui, alors, je me suis senti justifié d'être là, dans notre société, d'y contribuer enfin par quelque chose de fort, d'utile.
Le terme "surnuméraire" vient des Mots de Sartre (son autobio), je crois, c'est la fin du livre et c'est son enjeu personnel. Ça m'avait beaucoup marqué.
Il est clair que la zone comme la Horde ont été écrit, en partie, pour donner un sens à ma vie, une forme de noblesse, de beauté (je parle à titre perosnnel, vraiment pour moi) qui lui manquerait sinon. La Horde est sans doute l'histoire de ma tentative d'autodépassement comme la zone celle du passage du "tu dois" au "je veux" pour parler en Nietzschéen.
Chaque livre répond à un enjeu intime qui double l'enjeu conscient, l'enjeu littéraire ou esthétique, mais cet enjeu-ci, il est tellement enfoui qu'on ne le comprend que longtemps après que le livre soit achevé. Et on se dit "bon dieu, c'est ça que j'ai fait !".
Bonjour Alain.
J'ai lu tes deux romans ainsi que ta nouvelle El Levir. J'ai trouvé cette dernière assez proche de la horde, dans l'ambiance et la thématique. J'imagine déjà ton futur roman, par ce qui a été annoncé comme étant une sorte de « Caracole dans la zone ». Je me demande bien (et j'espère que ce sera le cas) si tu es vraiment capable de te renouveler, n'y a t-il pas d'autres horizons thématiques qui t'interpelle ?
Autre chose: tu es à l'origine de l'initiative Appel d'air. Est ce que ce type d'expérience sera reconduit ? (pourquoi pas en 2012)et sinon convoites-tu toujours, le poste de secrétaire général de la section science-fiction du Bureau des Ecrivains pour le Progrès et l’Antifascisme
J'ai lu tes deux romans ainsi que ta nouvelle El Levir. J'ai trouvé cette dernière assez proche de la horde, dans l'ambiance et la thématique. J'imagine déjà ton futur roman, par ce qui a été annoncé comme étant une sorte de « Caracole dans la zone ». Je me demande bien (et j'espère que ce sera le cas) si tu es vraiment capable de te renouveler, n'y a t-il pas d'autres horizons thématiques qui t'interpelle ?
Autre chose: tu es à l'origine de l'initiative Appel d'air. Est ce que ce type d'expérience sera reconduit ? (pourquoi pas en 2012)et sinon convoites-tu toujours, le poste de secrétaire général de la section science-fiction du Bureau des Ecrivains pour le Progrès et l’Antifascisme
