Bonsoir Jean-Philippe,
D'abord, merci pour les belles heures de lecture que vous (zut, c'est raté pour le tutoiement) m'avez procurées avec
Janua Vera et
Gagner la guerre. Je vous ai connu d'abord comme auteur de jeux de rôle amateurs avec
Tiers Âge et
Te Deum pour un massacre - à l'époque où ils n'étaient pas encore publiés en version "pro" - et j'ai découvert
Janua Vera peu après sa parution. J'ai beaucoup aimé, et j'ai piaffé pendant pas mal de temps jusqu'à la parution de
Gagner la guerre. Le moins qu'on puisse dire est que le résultat n'a pas été décevant !
Dans
Janua Vera, j'ai (comme beaucoup apparemment) beaucoup aimé "Le Conte de Suzelle", dont la fin est absolument déchirante. J'ai eu l'impression d'y retrouver, comme dans d'autres nouvelles d'ailleurs, d'anciennes lectures d'ouvrages d'histoire sur le Moyen Âge, comme ceux de Robert Muchembled par exemple, mais parfaitement intégrées dans le récit. J'avais aussi beaucoup aimé "Janua Vera" elle-même, d'ailleurs, c'est dommage qu'elle ait moins plu. Les nouvelles qui m'ont un peu laissé froid sont "Jour de guigne" (je n'ai pas vraiment accroché à l'humour, mais ce n'est pas facile de marcher sur les plate-bandes de Pratchett) et la chute du "Confident" (mais c'est encore moins facile de marcher sur celles de Borges).
En tant que lecteur, tout ça peut donc se résumer à un "Waouh !"... et en tant qu'écrivain en herbe, à "Glps". Vous faites partie des très bons écrivains francophones "dernière génération" en littératures de l'imaginaire, et, entre vous, Noirez, Damasio et les autres, la barre est placée très haut pour ceux de vos lecteurs qui écrivent aussi dans leur coin... et au fond, c'est plutôt une bonne chose, on apprend plein de vocabulaire et de procédés de construction narrative au passage ! Je suis rassuré de vous avoir lu confesser vos vols de vocabulaire dans les romans que vous lisez, parce qu'en la matière, il ne faut pas attendre de la jeune génération plus de scrupules que de Benvenuto
Les précédents messages ont déjà répondu à plusieurs des questions que je comptais poser (surtout celle de votre emploi du temps et de votre discipline d'écriture - découvrant moi-même cette année le métier d'enseignant, je suis impressionné par la rigueur qui doit être nécessaire pour mener à bien de front la préparation des cours, les corrections, tâches administratives, etc. et les projets de longue haleine que représentent vos ouvrages). Mais je crois que personne ne vous a encore posé celle, très classique aussi, des rapports entre vos casquettes d'auteur de jdr, de MJ et d'écrivain.
Le fait d'avoir élaboré des univers et des scénarios vos a-t-il aidé dans l'écriture du roman (et peut-être des nouvelles, mais je pensais plutôt au travail d'élaboration narrative et de gestion d'un grand nombre d'intrigues en cours et de personnages auquel donne lieu l'écriture d'un roman comme
Gagner la guerre) ?
Le fait d'avoir d'abord conçu le Vieux Royaume comme un univers de jeu de rôle vous a-t-il aidé (en fournissant une "base de données" toute prête, par exemple), et en quoi vous a-t-il au contraire gêné, ou obligé à prendre de la distance par rapport à ce que vous aviez conçu au départ ?
Merci pour le temps que vous consacrez à cette interview par forum, et très bonne continuation pour vos projets littéraires et rôlistiques
