Jean-Philippe Jaworski dans le forum d'Actusf

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Quynh Lan
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Message par Quynh Lan » lun. mai 31, 2010 2:40 pm

Maestro,

Je ne puis me résoudre à utiliser le tutoiement qui est d'usage sur ce forum, aussi me pardonnerez-vous de déroger à cette règle.
Eprouvez-vous une tendresse particulière pour un de vos personnages ? Vous avez évoqué le Conte de Suzelle, tout à l'heure, et j'avoue m'être totalement identifiée à elle - pauvre innocente âme que je suis. N'avez-vous éprouvé aucun remords à la faire souffrir ainsi ?

[Et merci pour la référence à Suzanne un jour, je l'écouterai !]

Sarmate
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Message par Sarmate » lun. mai 31, 2010 2:46 pm

oman a écrit : Bonjour Jean-Philippe,

J'ai eu le privilège d'assister à une de tes conversations (avec Charlotte V. et Bruno P. ils se reconnaîtront) au sortir de la remise des prix samedi. Et tu disais (comme beaucoup d'auteurs) que tes personnages t'échappaient à un moment. Mais si l'on revient/compare au processus créatif du jeu de rôle, tes personnages seraient plutôt des PNJ, donc entièrement contrôlables. Or ils agissent plutôt comme des PJ, dont tu peux diriger la direction mais pas entièrement les actes ou les réactions.

Peux-tu développer, car j'ai du mal à comprendre qu'un personnage échappe à son créateur/Dieu/MJ ?
Personnage Joueur ou Personnage Non Joueur, chez moi, leur création finit par se ressembler. Il s'agit de fouiller le personnage pour qu'il ait sa singularité ; un PJ a besoin de se démarquer non seulement des autres PJ de son groupe, mais aussi des PJ des parties passées, sans quoi le jeu n'est plus que plate redite. Et c'est la même chose avec les PNJ ; c'est même plus crucial encore, pour éviter la lassitude des joueurs, qui peut déboucher sur du grand n'importe quoi en termes de jeu.

Et c'est bien sûr la même chose avec le personnage romanesque, pour éviter la lassitude des lecteurs.

Le cœur de ta question, si je te suis bien, c'est de savoir pourquoi un personnage créé et contrôlé par son auteur (comme un PNJ contrôlé par son MJ) peut se rebeller et en faire à sa propre tête. Que le PJ se rebelle, c'est compréhensible, dans la mesure où il est contrôlé par une tierce personne. Mais le PNJ ? Mais le personnage de roman ?

Cela arrive sans arrêt, et c'est un grand mystère.

Pas plus tard qu'hier soir, au cours de la dernière conférence, Lionel Davoust disait qu'il était parfois forcé de reprendre un texte parti de travers à cause d'un personnage qui avait dérivé. Greg Keyes, de son côté, disait qu'il établissait des synopsis, mais que ses personnages finissaient toujours par s'en écarter ; cependant, par paresse, il ne les corrige pas, pas plus que son texte, ce qui induit que ses romans en définitive sont toujours très éloignés de leur projet initial. Surtout quand de nouveaux personnages apparaissent…

Pour essayer de résoudre cette énigme, j'en reviens toujours à Julien Gracq, qui écrit dans En lisant en écrivant : "Un vrai sujet a une pente secrète : si vous cherchez à le préciser, et même sur quelque détail secondaire, il ne vous laisse pas plus dans l'embarras qu'un relief vigoureux ne laisse dans le doute la goutte d'eau de pluie qui tombe sur lui et qui l'interroge sur la direction à prendre." En notant ces lignes, Gracq parlait de ce que l'on appelle maintenant, de façon si horrible, "le pitch". Mais en jouant à peine sur le sens du mot sujet, je pense que cette phrase peut aussi s'appliquer au personnage de roman.

Les personnages de roman ont leur pente, et il arrive que ce soit une mauvaise pente. En d'autres termes, il arrive que la dynamique qui anime le personnage l'écarte de la dynamique du récit. On se retrouve alors avec des récits à la géométrie contrariée ; parfois, l'effet est heureux, et comme Greg Keyes, on laisse la pente du personnage complexifier le projet initial. Parfois, l'effet est malheureux, et l'on corrige le texte.

En ce qui me concerne, je m'efforce de tenir narrativement mes personnages, et j'y parviens globalement assez bien. C'est moins vrai pour l'énonciation, dont ils s'emparent plus ou moins.

raskolnikov36
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Message par raskolnikov36 » lun. mai 31, 2010 2:54 pm

Cher Jean-Philippe,

Quel bonheur d'apprendre que l'on retrouvera le Chevalier aux Epines dans votre prochain ouvrage consacré au Vieux Royaume! La perversion de l'idéal chevaleresque dont il est l'illustration (j'aurais pour ma part tendance à penser que c'est justement l'idéal chevaleresque qui est une perversion masochiste) donnait lieu à un récit plein d'ironie noire relu hier avec délectation. Et en même temps, quelle torture pour nous autres lecteurs que de devoir attendre sûrement encore quelques années avant de pouvoir retrouver le Vieux Royaume! Car celui-ci est une drogue dure et quand on a, comme moi, enchaîné JV et GG, le retour à la réalité est vraiment difficile.

Mais trêve de compliments (mérités), je passe maintenant aux questions.

Je ne suis pas un gros lecteur de fantasy, donc je surestime peut-être ce point qui a pu être traité par d'autres auteurs du genre, mais il m'a semblé que l'une des plus grosses originalités de votre univers, et qui en fait l'un des charmes majeurs, consiste en ce retour balzacien des personnages d'un récit à l'autre. L'univers du Vieux Royaume y gagne une densité incroyable. Certains événements importants d'une nouvelle peuvent avoir une continuation mentionnée en passant dans une autre. J'ai d'ailleurs été très impressionné par la façon dont, dans la version augmentée de JV, vous avez détourné le simple établissement d'une chronologie pour proposer un nouveau récit dans les intrestices des précédents (par exemple les conséquences de la bataille de Montefellone). Ce retour des personnages faisait-il partie de votre projet initial? L'univers que vous décrivez a-t-il été construit à partir des personnages ou est-ce l'inverse? Je fantasme en tout cas sur un type de récit un peu analogue à la chronologie, à savoir des articles de dictionnaire qui évoquerait rapidement la vie de certains personnages en faisant écho à d'autres (un peu comme le dictionnaire khazar).

Autre question, connaissez-vous et appréciez-vous un auteur comme Jeff Vandermeer, qui lui aussi aime construire son monde d'Ambregris par petites touches, dans des récits appartenant à des registres très différents?

Et enfin (mon post est un peu long, je m'en excuse), vous juxtaposez non seulement les ambiances et les registres mais également les époques et les cultures (Renaissance, Rome antique, Moyen-Age, Vikings, empire perse). Toutes ces sociétés semblent vivre dans un temps qui leur est propre, comme étrangères à l'évolution politique ou technique des autres (sauf cas de conquête). Au-delà de l'intérêt purement esthétique et intellectuel (c'est déjà beaucoup) de la confrontation de ces civilisations et de ces époques, y a-t-il une logique historique sous-jacente à cette répartition de la carte du Vieux Royaume? Et verra-t-on des récits prendre pleinement place en Ressine ou en Ouromagne?

Merci d'avance.

Sarmate
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Message par Sarmate » lun. mai 31, 2010 3:07 pm

Aldaran a écrit :Bonjour,

Pas de questions non plus, juste un grand merci pour Janua vera (et Gagner la guerre dès qu'il sortira en poche, si toutefois ton banquier peut attendre).
Il se fera bien une raison jusqu'en 2011.
Aldaran a écrit :Kay a dû laisser un bout de son fauteuil, tout là-haut.
Face à un si grand Monsieur, je ne suis encore qu'un tout Petit Poucet. (Avec son petit couteau.)
Aldaran a écrit :Du coup, Chien du heaume me fait sévèrement de l'œil ! D'autres recommandations ?
Djeeb le Chanceur est un roman plein d'élégance, de finesse et de dérision. Il doit être dur à trouver, mais Aube de fer de Matthew W. Stover vaut le détour : de la fantasy antique très archaïque, avec un côté pulp absolument réjouissant.

Edit : Et Jonathan Strange & Mr Norrell, de Susanna Clarke ! Il faut aimer les bonbons acidulés, mais quel moment agréable j'ai passé avec ce roman !

Sarmate
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Re: A l'étranger

Message par Sarmate » lun. mai 31, 2010 3:22 pm

ansset a écrit :Vu le relatif (pour-un-auteur-français-de-fantasy-en-France) succès de tes précédents livres, est-ce que des éditeurs étrangers s'intéressent à Janua Vera (ou à Gagner la guerre - mais ça va pas être coton pour la traduction) ?
A ma connaissance, une seule maison d'édition étrangère a demandé un exemplaire de Gagner la Guerre. Cela remonte à quelques mois, et pour l'instant, cela n'a pas de suite. Il faut dire que ce monstre fait un million huit cent mille signes, que ce doit être abominablement cher à traduire, que je n'ai pas encore une notoriété suffisante pour valoir quoi que ce soit à l'étranger.

ansset a écrit :Comment ça, un projet de film ? 8)
Voilà un projet qui ravirait mon banquier !
Mais pour l'instant, je crois qu'il préfère toujours spéculer à la baisse.
Modifié en dernier par Sarmate le lun. mai 31, 2010 3:56 pm, modifié 2 fois.

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Don Lorenjy
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Message par Don Lorenjy » lun. mai 31, 2010 3:27 pm

Respect, Don Benvenuto, mon fagot (si je puis me permettre de te fagoter),

Il m'est déjà arrivé trop souvent de te remercier pour le plaisir que ta guerre bien gagnée m'a donné, alors je n'en recouche pas.

Une question sur les Imaginales plutôt : j'ai eu l'impression d'un public plus gourmand qu'ailleurs ou avant, prêt à prendre des risques et se laisser tenter par d'intrigantes nouveautés.
L'as-tu senti, ou me doigte-je l'oculaire ?
Et penses-tu que ce soit lié à une crise qui pousse les gens à vouloir rêver plus fort ?

(merci pour l'élégance de la langue, gentil flatteur... mon palais est assez fin aussi et j'ai été content de t'entendre dire que bien manger, c'est bon !)
Les marques Don Lorenjy et Don Lo sont retirées des rayons

Sarmate
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Message par Sarmate » lun. mai 31, 2010 4:18 pm

Quynh Lan a écrit :Maestro,
Damigèlla,
Quynh Lan a écrit : Je ne puis me résoudre à utiliser le tutoiement qui est d'usage sur ce forum, aussi me pardonnerez-vous de déroger à cette règle.
Eprouvez-vous une tendresse particulière pour un de vos personnages ?
En règle générale, je les apprécie tous ; tout particulièrement ceux qui souffrent ou ceux dont je me moque. C'est un signe d'affection de ma part. Si je les épargne, ma foi, ils paraîtront fades et le public les oubliera plus vite. Dès lors, plus je les aime, plus je suis cruel. Et finalement, c'est de votre faute, à vous tous !

J'ai une tendresse toute particulière pour les petits et les simples ; maître Calame ou Cecht, par exemple.
Quynh Lan a écrit :Vous avez évoqué le Conte de Suzelle, tout à l'heure, et j'avoue m'être totalement identifiée à elle - pauvre innocente âme que je suis. N'avez-vous éprouvé aucun remords à la faire souffrir ainsi ?
Aucun. Je n'ai pas de cœur.
Pire encore : Annoeth me fait rire.

Quynh Lan a écrit :[Et merci pour la référence à Suzanne un jour, je l'écouterai !]
Et c'est de la musique protestante, en plus ! Vous savez, cette musique de puritains qui interdisaient les bals et les chansons grivoises...

Pef
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Message par Pef » lun. mai 31, 2010 4:52 pm

Bonjour à tous, je viens d'apprendre la présence ici de Monsieur Jaworski, qui m'a plus que convaincu avec Janua Vera (et Gagner la guerre ne devrait pas tarder à suivre !). Donc je me précipite, n'ayant pas trop le temps ce soir je vous prie de m'excuser de ne pas avoir pris la peine de faire plus que survoler les messages précédents.

Je voudrais simplement vous dire que j'ai, comme beaucoup, adoré votre recueil Janua Vera, et en particulier la nouvelle du même nom. Après avoir lu quelques articles sur le net et en avoir parlé avec quelques personnes je me suis aperçu que ce n'était pas la nouvelle préférée et que certains la considéraient comme une piètre entrée en matière. Je ne suis pas du tout d'accord ! J'ai adoré le style, magnifique de puissance sans pour autant manquer de finesse. J'admire beaucoup votre maîtrise de la langue française, de son vocabulaire en particulier. Vous parvenez à écrire dans un langage soutenu (vocabulaire, syntaxe) cette première nouvelle sans vous faire lourd et indigeste. J'ai été d'emblée charmé !
:D

Les suivantes sont tout autant géniales, bien que je n'aies pas trop apprécié Le service des Dames, j'ai adoré Le conte de Suzelle, Le confident et Mauvaise donne.

Je vous invite si vous le souhaitez à lire les nombreux commentaires commentaires laissés sur votre oeuvre sur ce site : www.livresfantastiques.fr , tous assez élogieux je dois dire (il n'y a pas de mal à se faire du bien! :) )

Sarmate
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Message par Sarmate » lun. mai 31, 2010 5:12 pm

raskolnikov36 a écrit :Cher Jean-Philippe,
Très honoré, Rodion Romanovich,
raskolnikov36 a écrit :Quel bonheur d'apprendre que l'on retrouvera le Chevalier aux Epines dans votre prochain ouvrage consacré au Vieux Royaume! La perversion de l'idéal chevaleresque dont il est l'illustration (j'aurais pour ma part tendance à penser que c'est justement l'idéal chevaleresque qui est une perversion masochiste) donnait lieu à un récit plein d'ironie noire relu hier avec délectation.
Bien d'accord avec vous : Aedan est un monstre de perversion. A sa façon, c'est d'ailleurs un personnage qui me fait rire, lui aussi.
raskolnikov36 a écrit :Mais trêve de compliments (mérités), je passe maintenant aux questions.

Je ne suis pas un gros lecteur de fantasy, donc je surestime peut-être ce point qui a pu être traité par d'autres auteurs du genre, mais il m'a semblé que l'une des plus grosses originalités de votre univers, et qui en fait l'un des charmes majeurs, consiste en ce retour balzacien des personnages d'un récit à l'autre. L'univers du Vieux Royaume y gagne une densité incroyable. Certains événements importants d'une nouvelle peuvent avoir une continuation mentionnée en passant dans une autre. J'ai d'ailleurs été très impressionné par la façon dont, dans la version augmentée de JV, vous avez détourné le simple établissement d'une chronologie pour proposer un nouveau récit dans les intrestices des précédents (par exemple les conséquences de la bataille de Montefellone). Ce retour des personnages faisait-il partie de votre projet initial?
Plus ou moins.
L' intertextualité interne du recueil figurait, dans le projet initial, dans les domaines historiques (poids fondateur de Leodegar sur le Vieux Royaume) et géographiques (les nouvelles mettant progressivement en place un pays fictif). Très vite, la circulation des personnages s'y est ajoutée, de façon presque naturelle. Non seulement cela participait à la dynamique du recueil, mais c'était aussi un procédé très séduisant parce que ludique.

Le retour des personnages est en fait un procédé assez typique de cette littérature feuilletonesque qu'est la fantasy. Là où je me démarque peut-être un peu, c'est que beaucoup de romans de fantasy anglo-saxons sont des cycles, où le retour des personnages est inhérent à la logique narrative ; pour ma part, je m'inscris plutôt dans une logique sérielle, qui me donne plus de libertés narratives et surprend plus facilement le lecteur, tout en lui donnant le plaisir régressif de l'itération. Toutefois, j'ai le sentiment que je ne suis pas isolé dans la "jeune" génération française des auteurs de fantasy ; Laurent Gidon et Justine Niogret, puisque je parlais d'eux tout à l'heure, semblent aussi suivre une logique sérielle.
raskolnikov36 a écrit : L'univers que vous décrivez a-t-il été construit à partir des personnages ou est-ce l'inverse? Je fantasme en tout cas sur un type de récit un peu analogue à la chronologie, à savoir des articles de dictionnaire qui évoquerait rapidement la vie de certains personnages en faisant écho à d'autres (un peu comme le dictionnaire khazar).
Le Vieux Royaume a d'abord été un univers de jeu de rôle : je l'ai donc conçu comme un terrain de jeu. Les personnages, qu'ils aient été PNJ et/ou personnages de roman, sont venus ensuite pour le peupler.

En revanche, les personnages complexifient le monde, et ils finissent effectivement par le façonner, le corriger ou l'abîmer.
raskolnikov36 a écrit :Autre question, connaissez-vous et appréciez-vous un auteur comme Jeff Vandermeer, qui lui aussi aime construire son monde d'Ambregris par petites touches, dans des récits appartenant à des registres très différents?
Aïe ! Voilà une question piège…

Je vais jouer la carte de la sincérité. Je me suis procuré La Cité des Saint et des Fous peu de temps après sa parution en France. J'étais très alléché par le titre, par la formule du livre, dans laquelle je trouvais une démarche sœur de la mienne. Et puis je n'ai pas accroché, essentiellement en raison du style. On va toujours chercher la paille qui est dans l'œil du voisin, et moi qui lutte contre une sévère tendance à l'amphigouri, j'ai trouvé le style de Vandermeer trop chargé. Très paradoxal, non ?

Et voilà, je me suis fait plein d'ennemis ! :oops:
raskolnikov36 a écrit :Et enfin (mon post est un peu long, je m'en excuse), vous juxtaposez non seulement les ambiances et les registres mais également les époques et les cultures (Renaissance, Rome antique, Moyen-Age, Vikings, empire perse). Toutes ces sociétés semblent vivre dans un temps qui leur est propre, comme étrangères à l'évolution politique ou technique des autres (sauf cas de conquête). Au-delà de l'intérêt purement esthétique et intellectuel (c'est déjà beaucoup) de la confrontation de ces civilisations et de ces époques, y a-t-il une logique historique sous-jacente à cette répartition de la carte du Vieux Royaume?
La logique sous-jacente était à l'origine ludique : il s'agissait d'offrir un terrain de jeu grand et varié à mes joueurs.

Soit dit en passant, les sociétés que j'associe dans cet univers syncrétique sont un peu moins anachroniques qu'elles n'en ont l'air. (Un peu moins, tout est relatif…) Les institutions de Ciudalia sont bien Renaissance, et non antiques, tout simplement parce que les cités italiennes, et même celles du sud de la France, ont conservé jusqu'en pleine Renaissance des institutions antiques. (Nombre de villes méridionales étaient dirigées par des "consuls", et non par les "bourgmestres" ou les "maires" du nord de la France.) Quant aux Ouromands, dont la barbarie semble archaïque en regard de la société féodale du Bromael et de la société urbaine de Ciudalia, leur coexistence dans ce monde avec des cultures plus raffinées n'est pas si anachronique. Au XVIe siècle, les Ecossais sont encore de vrais barbares, qui ont bien du mal à s'entendre avec les gentilshommes français sophistiqués qui leur sont alliés contre les perfides Anglois.

En revanche, je concède volontiers que les noms que j'ai choisis sont puisés dans des époques et des cultures très éloignées (Eurymaxas est perse, Sassanos est parthe, Psammétique est égyptien, Bakkhidès est hellénistique, Cecht ou Dugham sont celtes, etc…), ce qui donne un vrai patchwork onomastique.

Pour terminer, s'il n'y a pas de logique historique dans la diversité des territoires et des cultures, il y avait dès l'origine (c'est-à-dire dès l'univers de jeu), une ligne dramatique, dont la guerre civile à Ciudalia ne forme qu'une étape.
raskolnikov36 a écrit :Et verra-t-on des récits prendre pleinement place en Ressine ou en Ouromagne?
En Ouromagne, sans aucun doute. En Ressine, j'y réfléchis ; d'autant que les sources d'inspiration historiques que j'ai exploitées, les intrigues de couloir du Sérail, les mystères de la Grande Bibliothèque comme les secrets sur le passé de Sassanos (ou sur l'origine de Ciudalia !) font de ce royaume un terreau extrêmement riche.

kemar
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Message par kemar » lun. mai 31, 2010 5:33 pm

Cher Jean-Philippe,

Je tiens déjà à vous remercier pour "Juana Vera " et "Gagner la guerre", que j'ai pris un énorme un plaisir à lire, et que je relis régulièrement.
Si le film n'est pas d'actualité, envisagez vous une incursion dans la BD?

Sarmate
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Message par Sarmate » lun. mai 31, 2010 6:10 pm

Don Lorenjy a écrit :Respect, Don Benvenuto, mon fagot (si je puis me permettre de te fagoter),
Mon frelot, entre dons de la soce, on peut bien se fagoter un peu, pour peu qu'on se garde les arpions loinqué de la joncaille !
Don Lorenjy a écrit :Il m'est déjà arrivé trop souvent de te remercier pour le plaisir que ta guerre bien gagnée m'a donné, alors je n'en recouche pas.

Une question sur les Imaginales plutôt : j'ai eu l'impression d'un public plus gourmand qu'ailleurs ou avant, prêt à prendre des risques et se laisser tenter par d'intrigantes nouveautés.
L'as-tu senti, ou me doigte-je l'oculaire ?


Je ne suis pas capable de dire si le public m'a semblé prêt à s'embarquer dans des lectures plus hauturières ; ce qui m'a semblé certain, c'est que quantités de lecteurs avec qui j'ai discuté témoignaient d'une vraie curiosité.
Don Lorenjy a écrit :Et penses-tu que ce soit lié à une crise qui pousse les gens à vouloir rêver plus fort ?
De façon complètement subjective, j'aurais tendance à le penser. Ce qui nous renvoie à la fonction consolatrice de la fantasy… J'ai discuté avec un des libraires, qui m'a dit que les ventes de livres avaient sévèrement chuté au cours du premier trimestre ; puis, l'un de mes éditeurs (Sa Seigneurie Pascal Godbillon, pour ne pas le citer), m'a laissé entendre que les ventes se maintenaient bien chez Folio SF. Faut-il en déduire que la fantasy souffre moins que d'autres genres ?…
Don Lorenjy a écrit :(merci pour l'élégance de la langue, gentil flatteur... mon palais est assez fin aussi et j'ai été content de t'entendre dire que bien manger, c'est bon !)
On ne peut pas bagouler si on a une lanterne dans le ventre. Un bon pivois pour tuer le ver, une grinque pour caler le berdouille, et le mirliton écluse du texte comme une rotative !

Julien d'Hem
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Message par Julien d'Hem » lun. mai 31, 2010 6:13 pm

Sarmate a écrit :
Don Lorenjy a écrit :Respect, Don Benvenuto, mon fagot (si je puis me permettre de te fagoter),
Mon frelot, entre dons de la soce, on peut bien se fagoter un peu, pour peu qu'on se garde les arpions loinqué de la joncaille !

Don Lorenjy a écrit :(merci pour l'élégance de la langue, gentil flatteur... mon palais est assez fin aussi et j'ai été content de t'entendre dire que bien manger, c'est bon !)
On ne peut pas bagouler si on a une lanterne dans le ventre. Un bon pivois pour tuer le ver, une grinque pour caler le berdouille, et le mirliton écluse du texte comme une rotative !
Si j'étions une femme, ce mec, je l'épouserais tellement qu'il écrit bien.
"C'est comme une des œuvres de petits et exquis de l'art comme je pense que vous aimerez à croire que je suis droit dans votre propre de voir pour savoir."
Yoyoangel, bot.

Pérégrine
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Message par Pérégrine » lun. mai 31, 2010 6:17 pm

Julien d'Hem a écrit :Si j'étions une femme, ce mec, je l'épouserais tellement qu'il écrit bien.
Désolée, je ne cède pas ma place. ;)

Sarmate
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Message par Sarmate » lun. mai 31, 2010 6:28 pm

Julien d'Hem a écrit : Si j'étions une femme, ce mec, je l'épouserais tellement qu'il écrit bien.
Faut se méfier des écrivains. En général, ils sont vérolés.

Au fait, Julien, ça fait combien de temps que tu n'as pas consulté ton généraliste ?

Julien d'Hem
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Message par Julien d'Hem » lun. mai 31, 2010 6:37 pm

Sarmate a écrit :
Julien d'Hem a écrit : Si j'étions une femme, ce mec, je l'épouserais tellement qu'il écrit bien.
Faut se méfier des écrivains. En général, ils sont vérolés.

Au fait, Julien, ça fait combien de temps que tu n'as pas consulté ton généraliste ?
Pas assez d'doigts pour compter :wink:
"C'est comme une des œuvres de petits et exquis de l'art comme je pense que vous aimerez à croire que je suis droit dans votre propre de voir pour savoir."
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