Alain Damasio et vous...

Alain Damasio online sur Actusf

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systar
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Re: El levir et politique

Message par systar » mer. oct. 06, 2010 9:31 pm

Alain Damasio a écrit : Je suis un piètre militant, je m'ennuie souvent en manif.
Emmène Tiqqun et Simmel pour t'occuper!!! :P

Alain Damasio
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Message par Alain Damasio » mer. oct. 06, 2010 10:20 pm

systar a écrit : Est-ce que, après avoir réussi à communiquer à de nombreux lecteurs l'amour du "lien", de la relation vive, par La Horde du Contrevent, tu ne procèdes pas désormais à la mise en garde symétrique, ou inverse, notamment dans tout ce que tu dis sur l'usage des nouvelles technologies? Mettre en garde les gens contre l'interconnexion totale (et illusoire), la démultiplication des liens sociaux et des preuves d'existence de ceux-ci (le sms, les tchats alors qu'on s'est vu il y a 5 minutes ou qu'on va se voir dans un quart d'heure, etc.) qui devient une manière d'affirmer tous notre pouvoir sur tous (réponds-moi dans la minute par mail ou sur Facebook, etc.), les encourager à se ré-isoler, à se ménager des moments de solitude?
Comment perçois-tu l'évolution de tes propres convictions sur toutes ces questions? Tout découle logiquement des premières intuitions que tu avais à l'époque de la Zone, ou bien as-tu eu une réelle évolution, des changements dans tes convictions? si oui, à la faveur de quels événements, de quelles lectures se sont-ils produits?
Arrff, j'aurais pu essayer de ne pas lire cette question terrible mais bon, c'est Systar quand même, l'homme qui a tiré mon neveu du néant philosophique et le seul type qui vote à droite en pensant au-dessus de son cerveau reptilien ! :x

Ce qui est précieux, c'est d'être face à un phénomène qui contredit ses certitudes. Et force à penser. Comme beaucoup de gens (penseurs ou pas), j'ai longtemps considéré comme acquis la montée de l'individualisme, l'éclatement du commun, la fragmentation des sociétés en atomes isolés, l'attaque sur les liens et comme beaucoup, j'ai lié ce phénomène à l'explosion du capitalisme consumériste, couplé aux techniques de manipulation de la psychologie humaine (marketing, pub, etc.). L'arrivée des technologies personnelles portatives (mobile, ordinateur portable, ipod, ipad, etc.) a confirmé cette intuition en dilatant la bulle individuelle et en permettant essentiellement une autogestion dynamique du soi (je gère ma musique, mes films, mes photos, mes lettres, mes relations,ma communication, mes activités, mon boulot, uniquement à partir d'interface homme-machine personnalisées et aisément manipulables, la trilogie clavier-écran-souris). Ce que j'appelle le technococon et qui est pour moi une sorte d'extension de l'utérus externe dont parle Sloterdijk, ou de la fameuse clairière de Heidegger, qui en protégeant l'homme lui ouvre le monde, un monde appropriable, mais une clairière soudain vitrée, resteinte et réaménagée comme un cocon souple et communicant.

Tout ça est très joli mais n'explique pas forcément l'explosion des réseaux sociaux et des technos de communications instantanées, qui trahissent, dans le même mouvement, une quête frénétique de l'autre, des relations à l'autre et peut-être une peur inconsciente de l'isolement définitif, bref une forme d'abréaction à l'individualisme triomphant, ou censément triomphant.
En fait, depuis quelques années, je n'ai plus cette sensation d'accroissement de l'isolement individuel dans nos sociétés, je ressens au contraire un reflux et un appel à l'autre, qui contredisent mes hypothèses confortables (car favorisant une lutte claire) de la zone du dehors.

Ce qui m'apparaît, c'est que cette connectivite aigue, cette flambée des réseaux sociaux, elle répond et conjure en partie l'individualisme, oui, mais elle génère aussi une nouvelle forme d'individualisme connecté, de lien froid, de "gestion" tactique du lien qui me semble extrêmement confortable et jouissive. Les gens ne supportent plus aujourd'hui que les liens choisis. Or le lien subi nous forge, plus encore, que le choisi, et il nous fait adulte (je pense) en nous obligeant à renoncer à la toute-puissance. Il y a aussi un autre phénomène latent : la recherche d'une fusion à froid, à distance, que permet le réseau. On fusionne sans se confronter, sans se faire face, abstraitement. On est ensemble sans y être, exactement comme en ce moment sur ce forum. On communique dans un non-lieu, avec un non-corps et une techno de reliance qui le redonne sous forme de signes.

Alors ce que tu dis sur le lien est très juste : la horde, comme la volte, sont un rêve de lien, un rêve incarné de lien et Annah à travers la Harpe, ma dernière nouvelle, tout comme So Phare away, sont une mise en garde réciproque contre le continuum absolu de communication et d'échanges qu'on cherche à nous imposer. L'injonction du joignable, si présente. Comme si cette société ne pouvait que concevoir l'individualisme, cette bulle soft du citoyen consommateur de soi qu'ARTICULÉ, comme un contrepoids, au continuum d'une communication rassurante, maternante parce qu'elle nous retient dans la sensation d'être repéré, situé, reconnu, contactable, pas largué.
Bref, je suis obligé d'essayer de penser une nouvelle forme de l'individualisme et du lien qui naît d'événements anthropotechniques majeurs (la naissance du web, l'apparition du portable, la connectivité continue permanente, le GPS). Et obligé de me dire : comment se situer dans ce monde ? Qu'offrir de libre ?
Et c'est complexe parce qu'aujourd'hui, c'est dans les trous du réseau, entre les mailles de la trame, dans cette zone libre et précaire que j'appelle l'intersticiel (un ciel logé dans un pli du logiciel qui fabrique le ciel) qu'on peut aménager une forme de respiration, hors contrôle (car être continument joignable, c'est s'offrir nu au contrôle réticulé). Ne pas être sur Facebook, ne pas avoir de portable, d'ipod, de jeu vidéo portatif, flotter, être flou, même plus en opposition : furtif.

J'espère à ce titre que j'ai évolué depuis la zone du dehors. Je ne perçois plus le contrôle comme une variante raffinée de Big Brother mais bien comme une émergence démocratique de la demande soutenue de contrôle, encore plus inquiétante, comme si Big Mother suintait des citoyens mêmes, s'appelait des citoyens mêmes, isolés, en quête de répérage, de position claire, d'écoute, d'échange filtré. Et si la Sf reste si importante, c'est en vertu des chocs technos qui ont transformé notre triple rapport à l'autre, au monde et à soi. La zone voyait encore la techno comme une arme aux mains du pouvoir alors qu'elle est devenue l'outil d'une autogestion de son rapport à soi (et aux autres) qui a des conséquences virales énormes. La société s'en modifie par la base.

Même la révolte, dans ce cadre, la recherche d'une position libre, je ne la vois plus nécessairement comme la mobilisation d'une masse résistante, mais comme l'aménagement de fentes, de trous, dans le tissu du continuum, comme un travail de taupe furtive, immatérielle, qui ne pose pas le socle d'un combat mais ouvre, en creux, les conditions d'un appel d'air, d'une fuite active hors des réseaux, hors du confort et de l'euphorie un rien factice des réseaux.

Bon, je viens d'exploser le compteur de lignes !

Aurélien.
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Conclusions.

Message par Aurélien. » mer. oct. 06, 2010 11:57 pm

Wow... Sacré message. D'un autre coté, un échange Systar/Damasio, à quoi d'autre s'attendre ?

Je serais un peu moins philosophique, et désolé si tu as déja répondu 50 fois à cette question, mais voila :
Je me demandais, quand tu rédiges un livre, sais-tu déja comment tu vas dérouler l'intrigue jusqu'au bout ou s'impose-t-elle en cours de rédaction ?
Plus spécifiquement, je me demandais si tu avais décidé de la fin de la Horde (et du fait que... haha non, pas de spoiler) dès le début du roman, ou si tu t'es soudain dit "Bon sang mais bien sûr, ça finira comme ça !"?

Admirativement,
Aurélien
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Jacques Ah !
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Le savez-vous ?

Message par Jacques Ah ! » jeu. oct. 07, 2010 6:08 am

J'ai parfois l'impression de lire un incompréhensible livre de philo en lisant du Damasio... (croquez dans une carotte fraîche) c'est normal, docteur ?
A+. Jack. :cry:
Artiste polymorphe, écrivain et président d'un Groupe d'Entraide Mutuel : le Social Art Postal Club de Choisy-le-Roi. Site : http://jacquesabeasis.e-monsite.com ;

lael
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Message par lael » jeu. oct. 07, 2010 7:47 am

bonjour,

Pour la Horde :
-La fin m'a quelque peu laissée sur ma faim. Est il possible d'avoir quelques explications ? Je pense notamment à une boite contenant des symboles, ou une écriture je ne sais plus, trouvée par Sev. Que représentent ils / t-elle ?
-j'aime le fait que ce récit vole au vent sans se fixer dans un genre particulier. Pour moi ce n'est ni particulièrement de la Fantasy, ni particulièrement de la SF etc. Cette planète pourrait être la Terre du futur, ou un autre monde... Et peut on dire que toute la théorie du vent soit de la magie ? J'aime penser que comme les fantômes et autres phénomènes paranormaux, ça reste dans le domaine du possible, plutôt que de rester dans le domaine cloisonné de la magie, fictive par essence (du moins je le vois comme ça).
Bref, classez vous la Horde dans un genre particulier ? Est ce que ça se passe pour vous une autre planète, une Terre future etc ? Avez vous choisit sciemment de ne pas donner ce contexte ?

Pour la Zone : ne trouvez vous pas que votre texte résonne avec le contexte terroriste ?
Je reste marqué par le dilemme de la Volte, de savoir si peindre des 'dents' suffisent pour marquer les esprits, où s'ils faut mettre de vrais lames. A quel moment la lutte bascule t'elle dans l'extrémisme ? A quel moment dois t'on dire stop ? Au final on revient toujours à l'éternel dilemme : la fin justifie t-elle les moyens ?
Je pense qu'il n'y a pas de réponse universelle, mais qu'il est important de poser le questionnement, comme vous le faites. Et vous ?

Enfin, dans tout vos écrits, y'a t'il un passage plus particulier que vous avez eu plus de mal à écrire ? ou au contraire qui s'est écrit facilement et que vous avez peut retravaillé?
des passages que vous préférez, ou que vous n'aimez pas ?

La Horde et la Zone ont marqués au fer rouge ma vie littéraire. Milles merci. J'ai hâte d'être à nouveau emportée par votre plume.

Lael

ps Jacques Ah ! "J'ai parfois l'impression de lire un incompréhensible livre de philo en lisant du Damasio" : c'est normal :roll: Le côté métaphysique est parfois très dur à suivre... mais y'a pire en hard SF :P
ps 2 : j'ai eut beau chercher, je n'ai pas trouvé de règlement concernant cette discussion, j'espère ne pas avoir trop dévié :?

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Jean-Claude Dunyach
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Message par Jean-Claude Dunyach » jeu. oct. 07, 2010 8:23 am

Alain Damasio a écrit :L'arrivée des technologies personnelles portatives (mobile, ordinateur portable, ipod, ipad, etc.) a confirmé cette intuition en dilatant la bulle individuelle et en permettant essentiellement une autogestion dynamique du soi (je gère ma musique, mes films, mes photos, mes lettres, mes relations,ma communication, mes activités, mon boulot, uniquement à partir d'interface homme-machine personnalisées et aisément manipulables, la trilogie clavier-écran-souris). Ce que j'appelle le technococon et qui est pour moi une sorte d'extension de l'utérus externe dont parle Sloterdijk, ou de la fameuse clairière de Heidegger, qui en protégeant l'homme lui ouvre le monde, un monde appropriable, mais une clairière soudain vitrée, resteinte et réaménagée comme un cocon souple et communicant.
Salut Alain,

C'est une discussion que je voulais vraiment avoir avec toi, à Epinal, puis les circonstances en ont décidé autrement. Parce qu'il se produit depuis plusieurs années un phénomène tout à fait fascinant qui prolonge ta réflexion, c'est-à-dire celui de l'omniprésence des capteurs et des boucles de feedback/rétroaction que l'être humain est en train d'implanter dans sa réalité quotidienne : sa maison, son environnement, voire la nature dans sa partie considérée comme sauvage. Cette réalité quotidienne, au lieu d'être indépendante, devient "attentive à lui", et se retrouve non seulement en interaction avec lui, mais à son service. Ca va des caméras de surveillance couplées à des logiciels de reconnaissance et d'aide (pas seulement le côté parano de "je suis traqué partout", il y a des fonctions d'aide, par exemple dans les maisons de retraite où on détecte les chutes ou les crises demandant une intervention immédiate) aux dispositifs d'analyse dans tes toilettes, monitorant ta santé, aux étiquettes radio dans les supermarchés, etc. etc. La liste ne cesse de s'allonger.
L'individu ne se content plus de gérer le cocon, c'est la réalité qui le devient, de façon progressive, jusqu'à ce que l'idée même d'un univers indifférent s'estompe.
C'est pour cela que l'idée des "Furtifs" comme tu en parles me fascine - j'attends ce putain de bouquin avec une impatience que tu n'imagines pas - parce que c'est également le sens de ma démarche intellectuelle en ce moment. La recherche d'une furtivité rendue nécessaire par cette omniprésence des feedbacks. Je me demande vraiment ce que tu vas en faire - je sens que cela m'offrira quelques bonnes nuits blanches, comme La Horde... en son temps.
Mais bon, faudra qu'on en parle, et je te présenterai aussi quelques projets de recherche avancés sur lesquels je travaille, qui peuvent peut-être apporter de l'eau au moulin de tes réflexions.

Je te poutoune,
Je compte pour 1. Comme chacun de vous...
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Pete Bondurant
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Message par Pete Bondurant » jeu. oct. 07, 2010 8:41 am

Alain Damasio a écrit :Je ne perçois plus le contrôle comme une variante raffinée de Big Brother mais bien comme une émergence démocratique de la demande soutenue de contrôle, encore plus inquiétante, comme si Big Mother suintait des citoyens mêmes, s'appelait des citoyens mêmes, isolés, en quête de répérage, de position claire, d'écoute, d'échange filtré.
Ok, je comprends mieux Annah à travers la Harpe. Ce désir de contrôle qui émerge des individus eux-mêmes, c'est les parents et leurs techno-gadgets. Et symboliquement, le père doit plonger dans un enfer d'informations et de coordonnées pour en extraire sa fille de chair (ses souvenirs, non-cartographiables).

Pour le coup de la Harpe, je suis un peu plus largué.

li-cam
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Message par li-cam » jeu. oct. 07, 2010 8:58 am

Coucou Alain,
Alain Damasio a écrit :
Ta question est : maintenant ? J'avoue que, oui, ça me tenterait, maintenant, mais sous une autre forme ? Plus orale ? Davantage située sur le terrain des luttes ? Plus proche d'une forme théatrale, même SF ? À voir !
Des happenings sauvages du type de ceux qui sont organisés dans le monde de l'art contemporain ... des représentations de pièces de théatres politisées ou autre chose ... ou encore autre chose ?
Dans l'art contemporain, ce n'est pas trop dérangeant mais si le contenu devient expréssement politique, l'accueil sera sans doute plus froid pour ne pas dire musclé. Imaginer de nouvelles formes d'expressions politiques devient urgent pour palier le désintérêt ou le renoncement d'une frange de la population.
Je sollicite un diagnostic, docteur ... Quel est ton avis sur l'état actuel de la citoyenneté ? (Consommateur ? Citoyen ?)

Et une deuxième question :
"Change plutôt que tes désirs, l'ordre du monde"
Penses-tu écrire un jour une utopie ? (C'est pas que j'en rêve, mais si en fait :D )


LC

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Pontiac
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Message par Pontiac » jeu. oct. 07, 2010 9:22 am

Alain,

Que penses-tu du fédéralisme et du centralisme ? As-tu une préférence ?

Que penses-tu des gens, comme moi, qui défendent à fond leur ville ou leur région ?

Si tu serais tout-puissant, quel fonctionnement politique établirais-tu, avec quelles orientations ?

Que penses-tu de la science-fiction française actuelle ?

Pete Bondurant
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Message par Pete Bondurant » jeu. oct. 07, 2010 9:30 am

Pontiac a écrit :Si tu serais tout-puissant
Euh, t'es sûr de ton coup, là ?

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Travis
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Message par Travis » jeu. oct. 07, 2010 9:42 am

Pontiac a écrit : Que penses-tu de la science-fiction française actuelle ?
Pour les livres français, sachez que je suis un très minime lecteur et que je lis essentiellement de la philosophie
c'est juste pour patienter en attendant le retour de Alain.

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Nébal
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Message par Nébal » jeu. oct. 07, 2010 9:51 am

C'est Pontiac...

D'ailleurs, tant qu'à faire dans le bourrin qui sent pas bon, c'est normal si j'ai trouvé répugnants-fascisants les "chefs" de la Volte dans La Zone du dehors, ou c'est juste moi ? :P

Plus calmement, toujours sur La Zone du dehors, dans quelle mesure t'es-tu inspiré des grands modèles dystopiques tels que Nous autres, Le Meilleur des mondes, 1984, Un bonheur insoutenable, etc. ? Et quelles ont été tes autres sources d'inspiration ? On pense tout naturellement à Surveiller et punir et donc au Panoptique, visiblement Deleuze aussi, mais encore... ? A moins qu'elles ne soient toutes explicites dans le roman ? Mais, dans ce cas, cela ne vient-il pas poser problème en le transformant en quasi-essai ?

Et as-tu lu Les Dépossédés d'Ursula K. Le Guin ? Si oui, qu'en penses-tu ?

Pour retourner dans un sens à ma première question : dans La Zone du dehors comme dans La Horde du contrevent, il me semble qu'on peut dégager une apologie du volontarisme politique ; mais celui-ci n'est pas sans risques, non ? 'fin, actuellement, on le voit bien, ce me semble... Nietzsche wahr ? :P

Et d'ailleurs, c'est pas un peu fini tous ces jeux de mots ?
Modifié en dernier par Nébal le jeu. oct. 07, 2010 10:01 am, modifié 1 fois.

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Message par Virprudens » jeu. oct. 07, 2010 9:57 am

Bonjour Alain,

Une question qui fâche pour commencer : ton style fonctionne beaucoup sur un effet d'accumulation, de virgulage, ce genre de trucs. Tes interventions sur ce forum en apportent une preuve supplémentaire.
N'as-tu pas peur que d'aucuns taxent ton écriture d'insuffisamment resserrée, quoique très travaillée ? De redondante ? Est-ce que ça démontre un esprit poétique, juste pour la beauté du raz-de-marée, ou bien une peur de ne pas être compris du premier coup et de devoir frapper, frapper et frapper encore en cherchant des angles differents ?

On verra après pour les questions sur le technohumain et l'externalisation de l'intelligence.

Bien cordialement,
Virprudens
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Transhumain
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Message par Transhumain » jeu. oct. 07, 2010 10:36 am

Salut Alain,

La Horde du contrevent est un roman très ambigu. L'articulation des deux thèmes principaux du roman, le lien et le mouvement, aboutit à ce concept de horde, qui n'existe qu'en tant qu'entité collective, par les liens forts tissés entre ses membres les plus éminents, et qui ne survit que par la capacité de chaque individu à se réinventer à chaque pas. Conséquences : les plus faibles n'existent jamais en tant qu'individus et n'ont pas voix au chapitre. Ils sont abandonnés, de même que tout ce qui est extérieur à la horde n'est, au mieux, qu'une épreuve, au pire, qu'un simple obstacle. Le lien, dans La Horde, c'est celui du proche (la horde : la famille), pas celui du lointain (autrui). Les Furtifs vont-ils résoudre le problème ?

Dans "So Phare Away" (Galaxies), "Annah à travers la harpe" (Ceux qui nous veulent du bien) et "Sam va mieux" (Le Jardin schizologique), les enfants, qu'ils soient morts, vivants, ou imaginaires, sont des personnages centraux. Comment expliques-tu cet intérêt croissant pour l'enfance ? L'expérience de la paternité a-t-elle modifié ta perception du monde ?

"Annah à travers la harpe" est sans conteste le plus ouvertement symboliste de tes textes. Est-ce une voie esthétique que tu envisages sérieusement pour tes oeuvres à venir ?

Peux-tu dire quelques mots à propos de "Sam va mieux" ? Peut-on le décrire, sans trop en dévoiler, comme l'histoire d'un personnage qui, pour ne pas disparaître, se construit sa propre horde, est habité par elle, devient sa propre horde, crée du lien avec le vent et les sons, et, comme Sov, trouve son extrême-Amont grâce au vent ? Le parallèle était-il conscient ?

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Virprudens
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Message par Virprudens » jeu. oct. 07, 2010 12:45 pm

Bonjour Alain,

Que penses-tu de l'affirmation de Mario Vargas Llosa, tout frais prix Nobel : "je n'accepte pas que la littérature puisse être une forme d'amusement, même élaboré et sophistiqué. Si c'est un divertissement, ce doit être un divertissement problématique."

Bien cordialement,
Virprudens
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- Go fuck yourself.

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