Posté : jeu. août 23, 2018 11:16 am
Une interview sur Just a word
Quelque chose de remarquable dans votre recueil de nouvelles Kabu Kabu et dans votre roman Qui a peur de la Mort ?, c’est votre volonté d’avoir des personnages féminins forts, et plus important des personnages de femmes africaines fortes.
En quoi cela est-il important pour vous dans la littérature et avez-vous noté une évolution récente à propos de la représentativité ?
Je pense que nous voyons certainement et lentement davantage de diversité dans les personnages.
C’est amusant parce que l’on ne pose jamais cette question à des écrivains mâles blancs qui écrivent à chaque fois sur des personnages mâles blancs : Pourquoi écrivez-vous des personnages mâles et blancs ? On suppose juste que c’est normal ! C’est juste comme ça, c’est logique.
Mais, quand une femme noire écrit des personnages féminins noirs, ça interroge, c’est intéressant.
Nous voyons petit à petit plus de diversité dans les personnages et davantage d’écrivains issus de la diversité écrivant ces personnages. Je pense que nous avons encore un long chemin à faire. Je pense que nous avons passé tant de siècles à voir le même type de personnage dominer au point que si vous décrivez — par exemple en tant qu’écrivain — un personnage dans votre histoire, si vous ne dites pas de quoi a l’air ce personnage, si vous ne dites pas de quelle ethnie il est, on suppose toujours que c’est un homme et qu’il est blanc, à moins que vous ne dites le contraire. Ce préjugé est fort à ce point là. J’espère que cela changera en temps voulu.
Mais ce qui est inquiétant, c’est que c’est ce que les lecteurs supposent souvent et, en tant qu’auteure, j’en ai toujours conscience et j’ai conscience que je dois décrire à fond mes personnages à de multiples reprises ou sinon on suppose qu’ils sont autre chose. C’est en train de changer mais graduellement.