Mathieu Gaborit est l'invité du forum

A l'occasion de la parution de Chronique du soupir aux éditions du Pré aux Clercs, Mathieu Gaborit nous fait le plaisir de venir dialoguer sur le forum...

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Mathieu G.
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Message par Mathieu G. » mer. oct. 05, 2011 12:32 pm

Leia Tortoise a écrit :Je rejoins Mélanie sur ce renouveau d'écriture fantasy dans Chronique du soupir (que je suis en train de lire avec délectation) : est-ce que justement, cette réappropriation ne peut pas être la solution qui vous redonne le goût d'écrire de la fantasy, en traçant votre propre route qui sorte des sentiers battus et des "règles" du genre?
Hello Leia,

Merci, déjà.
Pour moi, écrire doit être une démarche authentique. A chaque fois que j'ai dérogé à cette règle, je me suis planté. En l'occurrence, j'ai beaucoup publié de Fantasy (soyons clair, de l'heoric fantasy). Aujourd'hui, mes envies sont différentes. L'époque médiévale ne m'inspire plus assez, voilà tout. Et l'écriture, si différente soit-elle, n'y changerait rien. C'est une affaire de tripes.
J'aime la Fantasy. Ne serait-ce que pour les nains. J'ai l'âme d'un nain, je rêve d'écrire une décalogie magistrale sur les nains. Au même titre que je ne m'explique pourquoi mon coeur bat à tout rompre dès que j'entends parler des gens en russe, j'ai une fascination presque atavique pour les nains. Quelques molles recherches sur le sujet m'ont convaincu. Non, je n'ai pas d'ancêtres nains. Et encore moins d'ancêtres russes et nains.
Bref ;)

J'ai encore beaucoup à dire et à raconter en Fantasy.
Mais pas maintenant.

Leia Tortoise a écrit :Peut-être malgré tout un petit détail, à propos de l'influence des JdR et de l'écriture dans des univers qui en sont issus (Bohême, Abyme) : vous l'avez dit, l'écriture en JdR et en roman est différente, mais est-ce que vous avez pu être directement inspiré de parties de jeu, je veux dire spécifiquement par des idées, des éléments apportés par d'autres joueurs?
Ou bien avez-vous envisagé l'écriture des romans volontairement de plus loin, pour partir sur une nouvelle création plus personnelle.

Et dans quelle mesure le quotidien peut-il vous inspirer?
Les royaumes crépusculaires existaient, à l'origine, dans un monde que j'avais créé pour mes joueurs. Il y a un lien direct. Tout comme le personnage de Maspalio dont l'apparence est un hommage au personnage du même nom incarné par mon ami Guillaume Vincent (coauteur d'Ecryme).
En revanche, les histoires n'ont jamais été vécues autour d'une table. C'est l'éternel débat univers/personnages. Disons que, pour moi, les parties jouées ne pouvaient pas être "exploitées" sans trahir quelque chose. Cette idée que l'instant partagé autour de la table n'appartenait qu'à nous. Je n'en fais pas un credo, loin de là. Cela ne me gêne pas que d'autres le fassent. En soi, je trouve cela plutôt intéressant comme procédé.

Sur un quotidien qui "inspire", oui, bien sûr (cf réponse plus haut). Mais c'est inédit pour moi. Il reste beaucoup de travail pour rendre l'exercice aussi pertinent que je le voudrais.

Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » mer. oct. 05, 2011 12:45 pm

D'où te viens ton inspiration, justement ? Tu écris tout de même une fantasy qui sort des sentiers battus. On y trouve des éléments très disparates par leur origine mais qui forme tout de même un tout cohérent. Comment réussis tu ce tour de force ?

L'architecture est très présente dans tes romans. Les villes sont presque de véritables personnages ( que l'on pense à Lorgol ou à Abyme ). D'où te viens cet intérêt pour l'architecture ? Penses tu utiliser la thématique architecturale en la poussant plus loin (que ce soit en mettant en scène un héros architecte ou en faisant de l'architecture même un enjeu fictionnel) ?
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Mathieu G.
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Message par Mathieu G. » mer. oct. 05, 2011 12:55 pm

Jacques Ah ! a écrit :Bonjour Matthieu, j'ai moi-même écrit durant les années 90 et je me suis beaucoup inspiré de Tolkien et de Donjon et Dragon, jeu de rôle auquel j'ai joué durant les année 80. Je voudrais savoir ce que tu penses du Cycle de Pern et de ses dérivés d'Anne Mac Caffrey et aussi de toute la vague de remise à l'honneur de R.E. Howard, de Conan et d'un certain nombre d'autres de ses personnages...

Cela car dans deux ou trois de tes ouvrages que j'ai lu, j'ai remarqué le caractère très Héroïc Fantasy de tes descriptions et je voudrais savoir quelles sont quelques-unes de tes sources d'inspiration. Je ne pense pas qu'il s'agisse de Star Wars, ni de Star Trek, quoique... va savoir !

Bonne journée. ludwig van. :)
Hello Jacques,

Pas lu le Cycle de Pern, je joue un premier joker.

Mes auteurs phares de jeunesse ont été Tolkien mais surtout Moorcock (Elric, Hawkmoon et Corum), Leiber (pour Souricier gris et Fafhrd dans le Cycle des épées), Howard et la trilogie du Lyonesse de Vance. Je rajouterai M. Peake que j'ai découvert grâce à J. Baudou mais c'était bien plus tard.
Ce sont les premiers, en tout cas, qui ont ancré ma perception de la Fantasy. Ce sont eux, aussi, que j'ai acheté presque intégralement ce jour inoubliable où j'ai claqué l'intégralité de ma première paye de jeune adulte à Cosmos 2000. Journée épique. Annick Béguin remplissait des cartons sous mes yeux et je gloussais bêtement.
D'ailleurs, cela me revient : il y avait des G.J Arnaud aussi. Je complétais ma collection de la Compagnie des Glaces.

Pour revenir à Howard. Une Fantasy brute qui va au-delà de ses propres clichés. J'ai été fasciné par les Clous Rouges, par exemple. J'ignore pourquoi cette histoire m'a autant marqué mais elle me hante encore aujourd'hui.

Mathieu G.
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Message par Mathieu G. » mer. oct. 05, 2011 1:21 pm

Fabien Lyraud a écrit :D'où te viens ton inspiration, justement ? Tu écris tout de même une fantasy qui sort des sentiers battus. On y trouve des éléments très disparates par leur origine mais qui forme tout de même un tout cohérent. Comment réussis tu ce tour de force ?

L'architecture est très présente dans tes romans. Les villes sont presque de véritables personnages ( que l'on pense à Lorgol ou à Abyme ). D'où te viens cet intérêt pour l'architecture ? Penses tu utiliser la thématique architecturale en la poussant plus loin (que ce soit en mettant en scène un héros architecte ou en faisant de l'architecture même un enjeu fictionnel) ?
Tu dois savoir que c'est impossible de répondre à cette question sur l'inspiration :)
Mais je te remercie d'estimer qu'elle sort des sentiers battus. C'est essentiel à mes yeux. Ce que je cherche, surtout, c'est le fossile que Stephen King évoque dans son bouquin sur l'écriture. L'idée existe, l'idée, même, te préexiste. Dès lors qu'un sujet s'impose dans ton esprit (par exemple, la thématique du souffle pour Chronique du Soupir), tu sais qu'il faudra creuser pour dénicher le fossile mais tu sais que tu le trouveras.
Pour moi, c'est simple : je me mets à trembler quand je le trouve. Physiquement, surtout les mains. Cela dure quelques minutes mais cela se vérifie à chaque fois. Seul ou au durant un brainstorm avec d'autres. Comme si l'idée, enfin, se dévoilait. C'est plus ou moins cette vérité de la pensée magique, la sensation organique que ce que tu cherchais est bien là.
Je me vois essentiellement comme un catalyseur quand j'accouche de nouvelles idées. Catalyser l'inconscient collectif. A des niveaux très différents. Ne serait-ce que sur le champ lexical. Les mots attachés à un concept suffisent déjà à générer des lignes de force d'un univers.
Prenons un exemple : le souffle.
Avec "Trouver le mot juste" de Paul Rouaix, tu cherches le mot en question. Il te renvoie à "respiration". Voilà une centaine de mots qui jaillissent. Prenons-en un au hasard : la quinte (de toux). Voilà mes Tousseux, des assassins capables de pratiquer une strangulation de leur propre fée pour faire naître une toux assassine. Bon, je caricature un chouilla, les Tousseux auront juste été mentionnés dans le roman mais voilà ce qui, finalement, me motive : faire vibrer la corde primitive de ton concept, le souffle, écouter les sons et composer des accords en vertu de TON expérience.
Pour moi, asthmatique et fumeur, le souffle a une autre signification que pour un sportif de haut niveau. Dès lors, je vais essayer d'identifier la part fantasmatique de chaque concept et la plonger dans le bain de l'inconscient collectif.
Exemple : les nains dans le Soupir. Pourquoi sont-ils plus petits que les autres ? Je suis parti de cette question pour isoler le concept de l'ancrage et expliquer qu'ils sont soumis à une force de gravité atavique qui les tasse, qui les attire vers le sol pour en faire des racines (nexus des lignes-vies en l'occurrence). En affinant cette simple idée de l'ancrage, la ligne de force s'est renforcée. Si elle résiste au crash-test, si elle s'harmonise avec l'univers, alors elle est une vérité de cet univers.
C'est comme ça que je travaille. A peu de choses près. En cherchant les symboles nichés dans l'inconscient collectif et en les décortiquant avec mon regard.

Mathieu G.
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Message par Mathieu G. » mer. oct. 05, 2011 1:31 pm

Fabien Lyraud a écrit : L'architecture est très présente dans tes romans. Les villes sont presque de véritables personnages ( que l'on pense à Lorgol ou à Abyme ). D'où te viens cet intérêt pour l'architecture ? Penses tu utiliser la thématique architecturale en la poussant plus loin (que ce soit en mettant en scène un héros architecte ou en faisant de l'architecture même un enjeu fictionnel) ?
Oups, j'avais oublié cette question.
Je suis un enfant de la ville fasciné par les deux mondes : l'urbain et le rural. Là encore, je cherche la convergence (des arbres-villes, des arbres qui poussent à l'intérieur des maisons). Comme si je cherchais en permanence à réconcilier ces deux univers (cf. le surréalisme :p).
La ville m'inspire. L'enchantement urbain, surtout. J'aurais aimé être architecte, oui. J'ai peu de BD mais celles de Schuitten et Peters sont bien là, dans la bibliothèque et en particulier la fièvre d'Urbicande.
Je ne pense pas être capable d'en faire un enjeu fictionnel. Les divines proportions ont trop de secrets pour moi. En revanche, j'aime "relire" la ville, la réenchanter. C'est ce que j'ai fais avec Amandine Labarre dans Faery City.
Je me souviens de nos premières conversations avec Guillaume Vincent sur Ecryme. Dans la mesure où nous cherchions une vision industrielle de l'univers, nous voulions aussi faire disparaître un espace rural fantasmé et ignoré. L'ecryme est né, entre autre, de ce nivellement. Dans Tolkien, le voyage est derrière la colline, derrière la forêt. Dans le fond, la colline m'ennuie profondément parce que je ne la connais pas. Dans mon imaginaire, il n'y pas de colline. Il y a des venelles et des façades.

XavierMauméjean
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Message par XavierMauméjean » mer. oct. 05, 2011 1:54 pm

Bonjour Mathieu,

<Les divines proportions ont trop de secrets pour moi.

Pourtant c'est, littéralement, ce que tu rends, avec poésie et rigueur, dans ton dernier roman, concernant les lois physiques qui le gouvernent.,

<Dans le fond, la colline m'ennuie profondément parce que je ne la connais pas.

Oh, de toute façon il faut accepter de ne pas pouvoir faire mieux que R.L Stevenson dans sa nouvelle La plaine et les etoiles. Personne mieux que lui ne formulera aussi bien la question : "Qu'est-ce qu'il y a de l'autre côté de la colline ?"

Bien à toi,
Xavier

jerome
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Message par jerome » mer. oct. 05, 2011 3:36 pm

Avec le recul comment vois-tu cette période de Mnémos ? Avec le recul et peut être le miroir déformant du temps, on a l'impression qu'il y avait une émulation, une ébullition de jeunes auteurs ? Comment vois-tu les choses ? Comment t'en souviens-tu ?
Jérôme
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Mathieu G.
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Message par Mathieu G. » mer. oct. 05, 2011 4:17 pm

XavierMauméjean a écrit :Bonjour Mathieu,

<Les divines proportions ont trop de secrets pour moi.

Pourtant c'est, littéralement, ce que tu rends, avec poésie et rigueur, dans ton dernier roman, concernant les lois physiques qui le gouvernent.,

<Dans le fond, la colline m'ennuie profondément parce que je ne la connais pas.

Oh, de toute façon il faut accepter de ne pas pouvoir faire mieux que R.L Stevenson dans sa nouvelle La plaine et les etoiles. Personne mieux que lui ne formulera aussi bien la question : "Qu'est-ce qu'il y a de l'autre côté de la colline ?"

Bien à toi,
Xavier
Salut Xavier,

Merci pour la poésie et la rigueur des lois physiques en question.
Il y a deux ans, je me suis plongé dans des bouquins plus pointus sur l'architecture. Je faisais fausse route. Je perdais de vue cet en-deçà qui me tient à coeur, cet espace, précisément, que l'on doit conquérir au nom de sa propre sensibilité. En savoir trop, parfois, condamne la virginité du regard sur un thème. Préserver une forme de candeur pour ne pas devenir bonimenteur.

Je n'ai pas la nouvelle en question.
Mais je vais le faire. Sans attendre.

Mathieu G.
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Message par Mathieu G. » mer. oct. 05, 2011 4:24 pm

jerome a écrit :Avec le recul comment vois-tu cette période de Mnémos ? Avec le recul et peut être le miroir déformant du temps, on a l'impression qu'il y avait une émulation, une ébullition de jeunes auteurs ? Comment vois-tu les choses ? Comment t'en souviens-tu ?
Bien sûr. Emulation, ébullition, tout cela à la fois. La sensation, surtout, d'un rêve éveillé. Crois-le ou non, je ne voulais rien d'autre de la vie, artistiquement parlant.Et c'est encore vrai aujourd'hui. Le concept de l'atelier me manque. Des regards croisés.
Nous avions deux outils indépassables : une maison d'édition de jeu de rôle (Multisim) et de romans (Mnémos). A vrai dire, tout était là.
Je n'idéalise pas l'époque pour autant. Il y avait d'autres problèmes. Des egos douteux, des problèmes financiers, et j'en passe. L'issue a été malheureuse. Douloureuse. Mais les raisons sont ailleurs.
Si c'était à refaire, je signerais des deux mains. Avec un peu plus d'expérience et de bouteille, j'aurais pris d'autres décisions à des moments importants et l'issue, sans doute, n'aurait pas été la même.
La messe est dite.
Je garde de trop jolis souvenirs de cette époque pour laisser l'issue en question les ternir.

Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » mer. oct. 05, 2011 4:58 pm

Est que tu serais prêt à mélanger magie et haute technologie dans un de tes prochains univers ? La science fantasy est ce un mélange qui te parle ?
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Message par Mathieu G. » mer. oct. 05, 2011 5:22 pm

Fabien Lyraud a écrit :Est que tu serais prêt à mélanger magie et haute technologie dans un de tes prochains univers ? La science fantasy est ce un mélange qui te parle ?
Oui.
Pour peu que l'ensemble irradie avec logique et poésie. En tout cas, sur le papier, je ne m'interdis rien. Aucun mélange ne peut me sembler, a priori, neutre ou gris. A part peut-être une époque comme la préhistoire. Pour le reste, tout est possible.
J'ai néanmoins un problème avec la science. A aucun moment, je ne veux être obligé de tricher pour contourner une explication. Si la science interagit avec la magie, elle doit le faire égal à égal dans sa logique. La poésie ne doit pas excuser l'approximation. Elle peut éventuellement s'y substituer mais pas de coup fourré.
En fait, si j'aborde la science, je veux le faire avec la même volonté artisanale que celle que j'utilise pour le "merveilleux".

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Message par jerome » mer. oct. 05, 2011 5:54 pm

Un mot sur ces dernières années. Il y a eu une période de "silence" avec peu de nouveaux livres de toi. Que s'est-il passé ?
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Mathieu G.
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Message par Mathieu G. » mer. oct. 05, 2011 6:31 pm

jerome a écrit :Un mot sur ces dernières années. Il y a eu une période de "silence" avec peu de nouveaux livres de toi. Que s'est-il passé ?
Salaud ! :D

J'étais terrorisé. Bon, il y a toujours mille et une raisons d'être confronté à la page blanche. Pour moi, c'était l'acte proprement dit. Les romans étaient là, devant moi. Des notes qui s'entassaient, des péripéties, des histoires, des personnages. Mais dès lors qu'il fallait oser, qu'il fallait fixer, j'avais la trouille.
La trouille de ne pas bien faire, de s'exposer, de se livrer, de se comparer aux autres, d'être jugé. Un manque de confiance en soi, pour faire court. J'espère, un jour, démêler le vrai du faux. Cette page blanche, je ne la souhaite à personne. Je suis ni le premier ni le dernier bien sûr mais vraiment, ce vertige, cette trouille, c'est quelque chose de profondément destructeur. Cela vous confronte au vide, à la vanité, au désespoir.
Je suis allé vers le jeu vidéo, j'ai cherché des romans de commande pour me cacher derrière. J'ai survécu dans le travail d'équipe, dans les rencontres mais au fond, quoi qu'on en dise, ce foutu roman reste un moment de grâce inouïe (pour l'auteur, j'entends) dès lors qu'il s'écrit.
J'étais incertain alors que l'imaginaire, pour moi, est une évidence. Dans les brainstorms, bien souvent, j'ai des certitudes presque absolues ou plutôt de réelles et profondes convictions sur une vérité de la pensée magique. C'est cette idée et pas une autre, je le sais, je suis prêt à la défendre corps et âme.
J'ai déjà pu le dire ailleurs : faire du mieux qu'on peut. J'ai lu cette phrase dans un interview de Coppola. Elle m'a fait chialer sur le moment. C'est rare, très rare pour moi de pleurer. Et, je m'en souviens parfaitement, j'étais dans le train et je pleurais sur cette phrase.
Bref.
Faire du mieux qu'on peut. Il y en a qui peuvent la ressentir comme une humilité impudique, rampante, un peu nauséeuse. Pour moi, c'est une lumière.
Sincère, c'est-à dire convaincu du bien-fondé de ton histoire et de ton propos, tu peux avancer, tu peux être certain de ton imaginaire.
Aujourd'hui, je suis dans une phase de transition.
Je découvre une autre façon d'écrire. Il reste beaucoup de travail. Cette confiance retrouvée me porte. Tous les romans qui s'entassent dans ma tête, je vais enfin pouvoir les libérer.
Et j'ai hâte.
Franchement, j'ai hâte.

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Message par Fabien Lyraud » mer. oct. 05, 2011 7:12 pm

On te vois peu dans le domaine de la nouvelle. Vas - tu consacrer plus de temps à la forme courte ?
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Message par faelya » mer. oct. 05, 2011 7:22 pm

Merci pour toutes tes réponses! Meme si je ne t'en pose pas, je lis tout ceci avec attention!

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