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Nombre exponentiel de nouveautés, petites maisons d'éditions qu clônent les grandes et qui les chatouillent, (l'asso. a fait des petits, Seuil BD par exemple), qualité et quantité des nouveautés SF... Le manga qui décolle dans toutes les grosses maisons d'édition, segmentation du marché à l'extrème ....
Que va-t-il rester de tout celà dans 5 ans quand la bulle aura explosé ?

Vaste question...

En gros, selon le rapport annuel de l'Association des Journalistes et Critiques de Bandes Dessinées 3.600 livres appartenant au monde de la BD ont été publié en 2005 contre 3070 l'an dernier 2004 (et 1890 en 2001)

Le truc, c'est que la production augmente sans cesse depuis 5 ans, les ventes aussi, et finalement rien n'indique que cela doivent s'arrêter.

Quant au phénomène Manga, est-ce que ce sont les lecteurs traditionnels de BD ? Et est-ce que cette segmentation n'est pas finalement l'assurance de séduire des lecteurs différents et nouveau ?

Des réflexions qui posent la question de savoir s'il y a vraiment une "bulle" de la BD ou juste une forte croissance avec un média qui s'impose de plus en plus ?

Pour le manga, j'ai peu d'expérience en la matière, mais j'anime un petit atelier BD en banlieus parisienne (93), les plus jeunes (garçons et filles) sont assez fans de mangas (les filles connaissent très bien !) Après, ils arrivent à créer des passerelles entre les genres, les styles. Et c'est très intéressant en fait de les amener à découvrir autre chose, à leur donner des clés...
Pour la BD, les rotations sont extrrrrrrrèmement rapides et toutes les BD n'ont pas accès à une "fenêtre" d'expositon ; selon tes chiffres on est a plus de 200 bd par mois.... Pour moi il y a un effet de spirale, un énorme socle de production qui vend peu d'albums et attention si vous êtes aspirés, le marketing aidant, ceux qui vendent, vendent encore plus... Deux vitesses, c'est en même temps symbolique de notre société...

Le nombre de BD qui sort par mois et par an est énorme et ne cesse d'augmenter... mais on arrive, je crois, à une saturation. Car autant de BD finit par tuer la BD. Il n'y a plus assez de place chez les libraires et les acheteurs potentiels n'ont pas un portefeuille extensible.
Les auteurs renommés et les séries à succès continuent à vendre un max, mais il y a de moins en moins de place pour les auteurs débutants et les premiers tomes de nouvelles séries qui eux, se vendent assez mal.

C'est pour ça que les places sont très chères actuellement (sur la SF en particulier).

La SF en fait effectivement les frais. Quand on voit les Humanos qui, sur leur site, disent ne plus vouloir recevoir de projets SF... C'est triste.

J'avoue que j'ai longtemps été un fan de BD (et je suis toujours de près l'évolution des arts graphiques). Et puis j'ai un peu lâché l'affaire, essentiellement parce que je n'avais pas les moyens de ma passion. Résultat 15 ans sont passés, et aujourd'hui je suis

1) complètement largué.
2) confronté à l'impossibilité de remettre à niveau, en partie à cause du flot incessant de nouveaux titres sur le marché.

En revanche, ce qui m'a marqué quand je me suis de nouveau un peu intéressé au marché (essentiellement pour filer des coups de mains épisodiques à Charlotte sur la section BD), c'est l'énorme influence du manga et du graphe sur les jeunes générations de dessinateurs. Moi qui était de la génération Circus - Spécial USA, qui était très marquée par le comics et la BD US, j'ai été frappé de voir comment les codes se sont déplacés vers le Japon.

Maintenant, à l'époque où moi je m'intéressais à la BD, on se plaignait déjà de la surproduction, des dessinateurs pressurés par les éditeurs et qui bâclaient leurs séries, etc... J'ai un peu l'impression que ce n'est pas un air très neuf.

Venant de la communication, je me suis rendu compte que l'informatisation qui devait être un bonheur total pour les céatifs n'a fait qu'accélérer les délais....
Actuellement, une BD se fait à plusieurs mains, en studio, rares sont les auteurs qui gèrent scénar, dessin et couleurs... Je suis d'accord avec vous deux, Eric et Neeva (ce que tu m'apprends sur les humanos est très triste...). Tout s'est donc accéléré.
Ce qui était vrai il y a 10 ans l'est encore plus maintenant parce que là où il y avait un auteur il y en a 10 maintenant... alors que le lectorat ne s'est pas multiplié de la même façon... Comment celà va évoluer ?
Est-ce que d'autres maisons d'édition vont suivre et refuser les projets SF ?

Le lectorat n'évolue plus parce que la BD reste chère.

Et d'ailleurs, le lectorat n'évolue-t-il vraiment pas ? J'aurais tendance à penser (mais i est vrai que je vois ça d'assez loin) qu'il se spécialise de plus en plus. Fans de comics, fans de mangas. Rien que dans ces deux domaines, couvrir l'actualité du genre demande du temps et beaucoup d'argent. Et pourtant cela attire toujours un lectorat très actif.

Je suis encore un peu "jeune" dans le métier mais les dédicaces m'ont appris que les jeunes adultes ont fait ou font ce passage entre les genres...
C'est agréable de parler avec les lecteurs ou futurs lecteurs, de savoir ce qui les a influencé, leurs lectures favorites... Même si il y a un cloisonnement entre les genres (le prix aussi est discriminatoire, d'accord avec toi Eric), ça disparait avec l'âge, j'ai l'impression. Et les éditeurs multiplient et vont multiplier ces passerelles, méglia + Crisse pour les uns, Terada + Morvan pour les autres...

Voilà ce qu'on peut lire sur le site des Humanos :

""Si vous débutez, vos chances d'être original et de renouveler le genre SF sont très minces. Essayez donc plutôt une histoire comme, en ce moment, les Humanoïdes aiment les publier lorsqu'il ne s'agit pas de JODOROWSKY (beaucoup copié, toujours pas égalé) ou BILAL (infalsifiable) - cap sur l'aventure contemporaine comme EL NINO ou le merveilleux tout public comme GARGOUILLES. ""

Malheuresement, il n'y a pas que les Humanos qui mettent un frein sur la SF... et ça remonte déjà à quelques temps. A part les grosses séries SF à succès style Sillage, ... c'est un secteur plutôt fermé.








Pour le moment, se sont les thrillers (fantastiques ou pas) qui ont la côte.

Je suis assez bédéphile. Le prix n'est pas vraiment un souci pour moi, mais ce qui me retient d'acheter des BDs, c'est le fait que beaucoup de séries démarrent avec , voire deux tomes, puis disparaissent. J'attends donc que le projet soit installé dans la durée pour me payer trois ou quatre volumes d'un coup.
Je sais que je n'encourage pas les auteurs en agissant ainsi, mais j'ai déjà trop d'albums orphelins dans ma bibliothèque...

Les éditeurs devraient inscrire leurs investissements sur le temps, pas seulement sur "un album et on verra la suite si ça marche" car bien souvent les séries ont besoins de se diffuser avant de prendre un lectorat déjà beaucoup sollicité.

Neeva a écrit :Malheuresement, il n'y a pas que les Humanos qui mettent un frein sur la SF... et ça remonte déjà à quelques temps. A part les grosses séries SF à succès style Sillage, ... c'est un secteur plutôt fermé. Pour le moment, se sont les thrillers (fantastiques ou pas) qui ont la côte.

La SF en BD a-t-elle encore sa place ? Oui sans doute. Quand on voit les nouvelles séries sortir chez Soleil, Dargaud, Bamboo ou Delcourt, je me dis que les éditeurs sont encore prêt à parier un peu sur la SF. Tiens, rien que sur les 24 dernières chroniques sur Actusf, on trouve Le Monde Alpha, Ian, Sky Doll, Kabbale, L'empire de la raison, Omnopolis, L'Ancêtre programmé, Libera ou Runner (même si c'est un comics dans ce dernier cas). Ca fait quand même 9 séries sorties dans les deux derniers mois et qui ont moins de 3 tomes (sauf sur l'Ancêtre programmé mais le projet est tout de même assez récent). Et Le Monde Alpha, Omnopolis, Libera et Runners en sotn à leur premier album.

Je ne suis donc qu'assez moyennement inquiet sur le sort de la SF en BD. Je me souviens d'une discussion chez Delcourt sur le Label Série B, qui publie pas mal de séries de SF (Nash, Travis...). Leur problème était de ne pas arriver à franchir souvent le cap des 50 000 exemplaires écoulés pour chacun de leurs nouveaux albums. (tous les éditeurs de littérature de SF aimeraient avoir le même soucis).

Par contre oui, il me semble assez juste de dire aujourd'hui que la fantasy, voir le fantastique (mais je suis plus mitigé là-dessus. Le fantastique en BD c'est dûr de trouver de bons titres), tient le haut du pavé (et donc du marché) quand on parle de BD de l'imaginaire.

Mais là encore, en BD, les étiquettes sont assez brouillées. Dargaud ou Glénat mélangent joyeusement les genres et sortent sous la même étiquette du polar, de la fantasy, de la SF, de l'autobiographie, de l'humour... sans aucun distingo. Pas sûr donc qu'on puisse différencier le sort de la SF dans tout ça.

Pour revenir sur les Humanos, je suis assez étonné de leur petit mot sur leur site. Après tout, ils viennent ces derniers mois de publier des séries comme Red Hand, Morganna, Prophet, L'anneau des 7 mondes, Marshall, sans parler de Je suis Légion ou Prophet... Peut-être simplement leur catalogue est-il bien complet pour les prochains mois en SF...

Quant au prix des BD, je suis assez d'accord avec Jean en fait. Le prix n'est pas rédhibitoire. Surtout pour les jeunes actifs qui se paient de temps en temps une BD. Demandez à Thomas !

Et puis il y a des genres comme le manga ou dans une moindre mesure les comics qui sont assez touffu. Un Manga, c'est 200 pages pour 6-7 euros...

Par contre oui, c'est impossible aujourd'hui de couvrir toute l'actualité sauf en ayant un énorme porte feuille et rien à faire de ses journées.

Bref, la Bd explose, le nombre de parutions s'envole avec les conséquences qu'on connait comme les rotations hallucinantes en librairies, mais pas sûr que les ventes baissent (et même quand elles baissent, le tirage moyen en BD a de quoi faire baver tous les éditeurs de bouquins) et que le marché se porte mal. Après tout, il n'y a jamais eu autant de titres, de librairies et de salons spécialisés... Ni d'auteurs vivant de la BD.

Il y a de l'offre pour tous les publics avec effectivement de plus en plus de passerelles, que ce soit chez les lecteurs, mais aussi chez les dessinateurs (les influences mangas se font de plus en plus sentir chez les jeunes).

Bref, on surproduit sans doute, mais pas sûr qu'il faille tirer la sonette d'alarme en promettant une fin de la bulle (sans jeux de mot) BD.

Et si la BD prenait une place simplement de plus en plus importante dans les loisirs des français ? une sorte de nouvelle littérature ? (53.462 nouveaux livres en 2005 contre 3600 BD).