

La série Ex Machina a été créée par le brillant scénariste Brian K. Vaughan (plus connu pour l'excellente série thriller / SF / Fantastique Y le dernier homme et le troublant graphic novel Pride Of Baghdad), auréolé d'Eisner Awards, et le dessinateur Tony Harris (qui en a également quelques-uns à son actif) ; elle est publiée aux Etats-Unis chez Wildstorm, et en France chez Panini (le deuxième volume, intitulé Tag, vient de paraître, il y a quelques semaines).
Le principe est simple, original et pertinent. La série se déroule dans un monde uchronique dans lequel il existe un super-héros. Un seul. "L'Illustre machine", de son vrai nom Mitchell Hundred, a acquis dans d'étranges circonstances un pouvoir de contrôle sur les machines, qui lui confère une puissance assez remarquable. Difficile, cependant, de devenir un super-héros : Mitchell se rend bien vite compte qu'on ne devient pas Superman du jour au lendemain, et que la "vraie vie" diffère de celle des comics. C'est un peu un loser, en fait, comme le Yorick Brown d'Y... Son costume, ses pouvoirs, son identité secrète... Finalement, tout cela ne l'aide guère à combattre le crime. Le vrai. Alors il décide de se présenter aux élections à la mairie de New York comme candidat indépendant. Et il gagne, contre toute attente. Il faut dire que, le 11 Septembre, ses pouvoirs lui ont été bien utiles, même s'il na pu sauver qu'une seule tour...
Brian K. Vaughan nous entraîne ainsi dans une réjouissante uchronie mélangeant brillament SF, thriller et politique, dans une amérique post 11-Septembre plus vraie que nature (les frères Wachowski, dans leur très dispensable et racoleuse préface au tome 2, ont bien raison d'évoquer à cet égard la Californie de Governator, entre autres...) A part Watchmen, je ne connais pas de comics "de super-héros" (faut l'dire vite) qui aient autant joué la carte du réalisme, à tous les niveaux. Le résultat est passionnant, intelligent et remarquablement bien ficelé, les séquences d'action (parfois passablement gores) s'intégrant parfaitement dans les embrouilles mesquines des couloirs de la mairie de New York et les questionnements du héros, des plus élevés aux plus sordides. Comme dans Y, on a un peu l'impression de regarder une des ces séries télé dont il est impossible de décoller (la narration y emprunte beaucoup ; chaque épisode contient généralement au moins un cliffhanger ou une image forte en guise de conclusion, à même de séduire le plus blasé des lecteurs).
Cela me semble franchement une des séries les plus originales, intrigantes et enthousiasmantes de ces dernières années. Bon, a priori, je ne suis pas le seul à le penser, loin de là... Et il faut vraiment que je me calme sur les superlatifs. Mais vous, qu'en pensez-vous, Messieurs Dames ?
