Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Aldaran
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Message par Aldaran » mar. janv. 19, 2010 6:10 pm

Lensman a écrit :
Transhumain a écrit :Les chefs d'oeuvre d'aujourd'hui ne valent pas plus que ceux d'hier au seul prétexte qu'ils bénéficient de techniques plus étendues, tout simplement parce que le jugement esthétique ne se préoccupe pas seulement d'originalité, mais aussi de cohésion, de cohérence, etc.
Les choses se compliquent aussi du fait que le jugement esthétique se modifie selon les époques.
De fait un chef d'œuvre d'aujourd'hui aura moins de chance d'avoir des détracteurs qu'un chef d'œuvre d'hier. Grâce à une amélioration des techniques (de narration, de cohésion, de cohérence,etc.) ou parce que notre sensibilité et notre analyse ne sont plus les mêmes ?
Est-ce qu'adapter la narration à une sensibilité différente peut-être considéré comme une amélioration ?

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mar. janv. 19, 2010 6:11 pm

Lem a écrit :Incorrigibles (vous, moi).
Roland C. Wagner a écrit :Mais en quoi cette "baffe" a-t-elle un rapport avec l'esthétique ?
"Le bouton de porte ouvrit un œil bleu et le regarda".
"J'avais atteint l'âge de mille kilomètres".
"Pour regarder ce soleil en face, je mets des lunettes de temps".

Le choc qu'on éprouve devant ces incipits restés célèbres est-il consubstantiel à la SF ?
Oui.
Peut-il être rapporté à un certain usage du langage ?
Oui.
cqfd.
J'adore tes raccourcis.

Donc, si je comprends bien, dès lors qu'on use du langage, l'esthétique entre en scène ?
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

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Lem

Message par Lem » mar. janv. 19, 2010 6:13 pm

Aldaran a écrit :Me reste un morceau à ronger : tu écris que l'analyse peut aller jusqu'au choc esthétique puis que le choc esthétique précède l'analyse (…).Pour moi, c'est contradictoire.
Hélas, hélas… c'est juste que… (©)… tu m'as mal lu mais peut-être me suis-je montré insuffisamment clair :
Lem a écrit :Faire l'analyse esthétique d'une œuvre – s'intéresser à son fonctionnement interne pour comprendre l'émotion qu'elle procure – implique de ressentir cette émotion, de la vivre. Dans la plupart des cas que je connais, c'est ce qui intéresse l'auteur et le lecteur et, effectivement, ça peut aller jusqu'au choc esthétique
Ce qui peut aller jusqu'au choc, c'est le fait d'éprouver l'émotion, pas de l'analyser (il n'y avait pas de contradiction).

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Erion
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Message par Erion » mar. janv. 19, 2010 6:14 pm

Lem a écrit : Le choc qu'on éprouve devant ces incipits restés célèbres est-il consubstantiel à la SF ?
Oui.
Peut-il être rapporté à un certain usage du langage ?
Oui.
cqfd.
et devant : "Le ciel était couleur télé calé sur un émetteur hors service" ?
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Aldaran
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Message par Aldaran » mar. janv. 19, 2010 6:15 pm

Lensman a écrit :
Roland C. Wagner a écrit :
Aldaran a écrit :
Lem a écrit :Bref : on éprouve (expérience esthétique). Puis, on enquête sur ce qu'on éprouve et ce qui le produit (analyse esthétique).
Là, j'adhère. On prend sa baffe puis on cherche à comprendre. Je crois (je crois) qu'on peut ajouter : parce que (une fois le choc initial passé) la baffe ne suffit pas et que la compréhension, le cas échéant, va augmenter son impact.
Mais en quoi cette "baffe" a-t-elle un rapport avec l'esthétique ?
Je me posais la même question…
Oncle Joe
Ben rappelez-vous de votre tout premier bouquin de SF, les gars. Je sais, vous êtes vieux, ça va être difficile, toussa, mais faites un effort.
Sinon, d'accord avec Roland, ça n'a aucun rapport avec une définition. Je voulais juste emmerder Transhu parce qu'il m'a agacé avant mon café l'autre jour.
Modifié en dernier par Aldaran le mar. janv. 19, 2010 6:29 pm, modifié 1 fois.

Lem

Message par Lem » mar. janv. 19, 2010 6:17 pm

Erion a écrit :et devant : "Le ciel était couleur télé calé sur un émetteur hors service" ?
Pas pareil. La phrase est belle mais elle n'a rien de spécifiquement sf. Ce pourrait être l'incipit de n'importe quel roman contemporain (avec une petite touche roman noir, en fait).

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Aldaran
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Message par Aldaran » mar. janv. 19, 2010 6:20 pm

Lem a écrit :
Aldaran a écrit :Me reste un morceau à ronger : tu écris que l'analyse peut aller jusqu'au choc esthétique puis que le choc esthétique précède l'analyse (…).Pour moi, c'est contradictoire.
Hélas, hélas… c'est juste que… (©)… tu m'as mal lu mais peut-être me suis-je montré insuffisamment clair :
Lem a écrit :Faire l'analyse esthétique d'une œuvre – s'intéresser à son fonctionnement interne pour comprendre l'émotion qu'elle procure – implique de ressentir cette émotion, de la vivre. Dans la plupart des cas que je connais, c'est ce qui intéresse l'auteur et le lecteur et, effectivement, ça peut aller jusqu'au choc esthétique
Ce qui peut aller jusqu'au choc, c'est le fait d'éprouver l'émotion, pas de l'analyser (il n'y avait pas de contradiction).
Ah ! Le sujet n'était pas "Faire l'analyse esthétique d'une œuvre" ? Pardon, pardon...
Si la définition voit le jour, il faudra deux tomes de commentaires pour sauver les mauvais comprenants.

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Erion
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Message par Erion » mar. janv. 19, 2010 6:23 pm

Lem a écrit :
Erion a écrit :et devant : "Le ciel était couleur télé calé sur un émetteur hors service" ?
Pas pareil. La phrase est belle mais elle n'a rien de spécifiquement sf. Ce pourrait être l'incipit de n'importe quel roman contemporain (avec une petite touche roman noir, en fait).
Et donc.... ? Qu'est-ce qui fait du roman un roman SF, si ce n'est son sujet/objet ?

Pourtant, cette première phrase a totalement identifié le roman, et c'est sans doute cette phrase qui produit en premier une émotion de lecture.
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Message par Lem » mar. janv. 19, 2010 6:24 pm

Aldaran a écrit :Si la définition voit le jour, il faudra deux tomes de commentaires pour sauver les mauvais comprenants.
A ta décharge, il faudra aussi que j'apprenne à être moins elliptique. J'aurais dû enchaîner ces deux phrases autrement. Dont acte.

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Transhumain
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Message par Transhumain » mar. janv. 19, 2010 6:24 pm

Lensman a écrit :Le regard a progressé, lui, en tout cas…
Oncle Joe
En tout cas, il a changé.

Lem

Message par Lem » mar. janv. 19, 2010 6:27 pm

Erion a écrit :Pourtant, cette première phrase a totalement identifié le roman, et c'est sans doute cette phrase qui produit en premier une émotion de lecture.
Et comment s'appelle le roman ? Par quel mot prend-on contact avec lui en premier ? Ce mot ne comporte-t-il aucun indice sur ce qui nous attend dans le livre (sans même parler de la quatrième de couverture) ? Ne constitue-t-il pas en lui-même un effet esthétique soigneusement calculé ? Cet effet n'a-t-il rien à nous apprendre sur ce qu'est la SF ?

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Message par Roland C. Wagner » mar. janv. 19, 2010 6:29 pm

Lem a écrit :"Le bouton de porte ouvrit un œil bleu et le regarda".
"J'avais atteint l'âge de mille kilomètres".
"Pour regarder ce soleil en face, je mets des lunettes de temps".
Je reviens là-dessus parce que l'idée vient de me frapper.

Quand je lis l'une de ces phrases, n'importe laquelle, le premier truc qui me vient à l'esprit est une question :

Pourquoi ?

Si un auteur de science-fiction écrit une telle phrase, c'est qu'il a une raison.

Donc, cette phrase a un sens.

Et c'est cette signification qui m'intéresse et qui fait que je vais continuer ma lecture.
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Message par Transhumain » mar. janv. 19, 2010 6:32 pm

Erion a écrit :Et donc.... ? Qu'est-ce qui fait du roman un roman SF, si ce n'est son sujet/objet ?.
L'approche thématique est utile si l'on veut définir la science-fiction comme corpus. En revanche, elle ne permet pas de comprendre l'effet produit par les meilleurs romans de SF. J'ai avancé une hypothèse (la "fonction W") sur mon blog, qui est sans doute discutable (à condition d'être discutée :-). Pour le comprendre, il faudrait tenter une approche phénoménologique rigoureuse, c'est-à-dire, commencer par considérer la SF comme un phénomène.

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Message par Roland C. Wagner » mar. janv. 19, 2010 6:37 pm

Transhumain a écrit :
Erion a écrit :Et donc.... ? Qu'est-ce qui fait du roman un roman SF, si ce n'est son sujet/objet ?.
L'approche thématique est utile si l'on veut définir la science-fiction comme corpus. En revanche, elle ne permet pas de comprendre l'effet produit par les meilleurs romans de SF. J'ai avancé une hypothèse (la "fonction W") sur mon blog, qui est sans doute discutable (à condition d'être discutée :-). Pour le comprendre, il faudrait tenter une approche phénoménologique rigoureuse, c'est-à-dire, commencer par considérer la SF comme un phénomène.
Doit-on en conclure que tu ne considères pas Tous à Zanzibar comme l'un des "meilleurs romans de SF" ?
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Erion
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Message par Erion » mar. janv. 19, 2010 6:42 pm

Lem a écrit : Et comment s'appelle le roman ? Par quel mot prend-on contact avec lui en premier ? Ce mot ne comporte-t-il aucun indice sur ce qui nous attend dans le livre (sans même parler de la quatrième de couverture) ? Ne constitue-t-il pas en lui-même un effet esthétique soigneusement calculé ? Cet effet n'a-t-il rien à nous apprendre sur ce qu'est la SF ?
on parlait des incipits, hein.

Si tu veux jouer sur les titres, je vais t'en citer trois :

The left Hand of Darkness
Consider Phebas
Looking to Windward

Ce sont dons des ouvrages de poésie ?
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