Je ne comprends pas ce que tu ne comprends pas. Je n'ai jamais, ni de loin ni de près, parlé de rejet de l'altérité.bormandg a écrit :Gérard, excuse moi, mais là je suis profondément gêné et je n'arrive pas à avaler ton explication.
D'abord parce que mon premier réflexe à ton rejet de l'altérité est de voir une possibilité, voire un début de deshumanisation de l'autre. J'y vois, très vite, la position du colonisateur qui nie l'humanité des indigènes. Je sais que ce n'est pas à ça que tu penses, mais la simple installation de la frontière humain/inhumain y aboutit très vite. Et en SF où on se pose les problèmes d'autres avec lesquels on peut communiquer, que ce soient les extra-terrestres, les robots positroniques, les mutants, les androïdes ou les anmaux, le concept d'autre et le concept d'inhumain se séparent très vite. Même les Bersekers de Saberhagen ne sont pas, seulement, l'inhumaine Loi de Murphy si souent invoquée par Larry Niven.
Alors sans doute le problème de l'inhumain, du matériel ou de l'animal avec lequel on ne communique pas, a-t-il donné lieu aux réactions successives que tu évoques (animisme, religions polythéïstes, religions monothéïstes, matérialisme, vision mécaniste de Descartes, etc...) et à cette volonté de nier l'existence même de l'inhumain, de ne pas lui reconnaître le statut de sujet littéraire.
Mais ce n'est pas l'inhumain que la science-fiction a prétendu réintégrer; c'est l'autre, le compréhensible, sous toutes les formes évoquées plus haut. L'inhumain, la Loi de Murphy, reste au niveau du décor, des contraintes qui ne diffèrent pas de façon essentielles de celles du roman classique. L'objet du roman SF, c'est la confrontation avec l'autre, pas avec l'inhumain.
J'ai écrit que le non-humain et l'altérité, ce n'est pas la même chose, au moins de mon point de vue qui n'a aucun rapport avec tout ce que tu évoques.
Et si j'ai évoqué l'escherichia, c'était pour bien marquer que pas plus que l'électron ou le photon, je ne le tiens pour un autre mais pour du non-humain, intéressant et étudiable et éventuellement source d'histoires. C'est un sujet littéraire et même métaphysique. Il faudrait peut-être me lire et réfléchir un peu, que diable.