bormandg a écrit :
Indépendamment du plaisir, il y a le problème du travail; Dans le cas des stagiaires le qualificatif est certainement approprié: ils ne font pas ce qu'ils veulent, mais ce qu'on leur demande de faire. Dans le cas de l'écrivain, sauf cas exceptionnel (travail sur commande, ou sur contrat), c'est beaucoup moins certain.
Maintenant, qu'après avoir fait une oeuvre, qui a demandé du temps et de l'effort même si personne, a priori, ne te l'a demandée ou imposée, que tu ne veuilles pas donner le fruit de ton effort pour rien, c'est autre chose, parfaitement compréhensible.
Personne, en effet, ne force un aspirant écrivain à fournir un effort, à réaliser un travail qui, s'il est heureux, donnera une oeuvre. On peut très bien écrire pour soi, ses proches, sans envisager de monnayer ses textes. On peut aussi introduire dès le départ un objectif économique dans son activité d'écriture.
Un éditeur et un écrivain font partie d'un même système économique, soumis au mécanisme de l'offre et de la demande. L'écrivain rend publique son offre sur le marché, ie le produit de son travail (ses textes). Parallèlement l'éditeur fait savoir (avec un degré de précision variable) qu'il serait preneur de tel ou tel produit. Ensuite, la demande rencontre ou non l'offre (dans ce sens), mais on a bien affaire à deux agents économiques en interaction, pas à un quémandeur-écrivain et un pourvoyeur-éditeur. Sans livres, l'éditeur fait faillite. C'est d'ailleurs pour ça qu'il en passe commande. Et que l'écrivain peut se prévaloir d'un pouvoir. A lui de manier habilement ce levier d'Archimède.
Evidemment, personne n'a forcé les deux Steve à concevoir, faire fabriquer et distribuer l'Apple I dans quelques boutiques de Palo Alto. Pourtant il l'ont fait, y ont consacré du temps, des efforts, du travail. C'était leur oeuvre et personne, au départ, ne leur avait demandé quoi que ce fut. Et j'imagine qu'ils étaient fiers de leur oeuvre, de cette machine, malgré son look rustique. Mais ils ne l'ont pas remisée sur une étagère de leur garage. The american dream is not dead, Mr. Wagner.