Hop !
Le joli duo que voilà ! D’un côté, au scénario, nous avons Garth Ennis (Preacher...) ; de l’autre, au dessin, nous avons Darick Robertson (Transmetropolitan...). Autant dire qu’avec The Boys, les grands esprits se rencontrent. Et, qui mieux est, les deux s’y montrent au sommet de leur forme… Le résultat est rien de moins qu’une jolie petite bombe politiquement très incorrecte (youpi !), un joyeux délire de comic book indéniablement post-Watchmen qui tape très fort là où ça fait très mal avec une jubilation perverse, et on en redemande.
The Boys, ou, en French dans ze texte, les P’tits Gars, c’est un département plus ou moins officieux de la CIA auquel on fait appel quand les super déconnent. Super-héros, super-vilains, peu importe : les super-slips, quoi. À leur tête, on trouve le British Billy Butcher, toujours accompagné de son bouledogue (très bien dressé) Terreur, et il a une sale dent contre les gugusses à super-pouvoirs. À ses côtés, il y a la Crème, colossal Black qui pense à tout, et deux authentiques psychopathes, le Français et la Fille. Et puis, dans le tome 1, on le voit recruter un nouveau, un Écossais, P’tit Hughie (inspiré pour le dessin par un Simon Pegg alors quasi inconnu, puisque c’était avant Shaun Of The Dead) ; un pauvre type dont la copine vient de crever dans une rixe entre super-slips. Butcher comprend ce qu’il ressent ; et il entend bien exploiter ce ressenti, le canaliser pour une juste cause.
Parce qu’il y a des choses à faire. Le monde n’est pas entièrement démuni face aux super. Eh ! Il y a les P’tits Gars… « Who watches the watchmen ? » C’te question ! La surveillance, ça fait partie du boulot. Mais, des fois, faut leur faire comprendre quand ils ont dépassé les bornes : alors on peut la jouer subtil, recourir au chantage par exemple… ou faire dans le moins subtil et leur coller des baffes. Leurs super-pouvoirs ? D’où tu crois qu’ils les tirent ? D’un accident dans un laboratoire ? Mon cul, ouais ! Il y a un certain produit, et les P’tits Gars en ont un p’tit stock…
Je ne vais pas vous faire un dessin : The Boys est une franche réussite. Les deux auteurs sont bien au sommet de leur forme. Garth Ennis s’y montre aussi trash et politiquement incorrect que dans les meilleurs Preacher (c’est dire le niveau), mitonnant des dialogues aux petits oignons saupoudrant des scènes tantôt révoltantes, tantôt – le plus souvent – à mourir de rire. Quant au dessin de Darick Robertson, s’il se montre plus sage que dans Transmetropolitan, il est d’une finesse et d’une précision tout à fait remarquables, et souvent très drôle également (mentions spéciales pour Terreur et pour les victimes de passages à tabac).
Le résultat est une BD inventive et drôle, couillue et salée, à la fois profondément débile et très humaine, et finalement intelligente. Probablement la meilleure chose que j’ai lue en comic super-héroïque (mais un peu déviant, certes) depuis les premiers Ex Machina et les Ultimates de Mark Millar. Ce qui n’est pas rien, tout de même. Me reste plus qu’à lire la suite, en salivant d’impatience.
Garth ENNIS & Darick ROBERTSON - The Boys
Modérateurs : Estelle Hamelin, Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m