Bull a écrit :Enfin bref, j'avais cru comprendre (grâce aux analyses des experts made in Culture SF) à partir du récent débat sur les Editions Oxymore que cette petite maison d'Edition avait fermé pour des raisons purement liés à leurs mauvaise connaissance/gestion, plus ou moins volontariste, des lois de base du marché.
Est-ce cela que vous contestez Mr Klein ?
Certainement pas. Je ne connais pas la production de l'Oxymore et je ne la jugerai pas, mais sans aucun doute des errreurs
économiques ont été commises dont par exemple le choix de textes qui n'étaient pas désirés par un public suffisant.
Mais ce n'est pas de cela que j'ai traité dans mes messages, mais de l'erreur
comptable de Sandrine qui, comparant les bénéfices
apparents de Gallimard et de l'Oxymore pour une année donnée, les trouvant voisins en pourcentage, estimait que:1) les éditeurs n'avaient pas à se plaindre tant que ça, 2) L'Oxymore se portait plutôt bien puisque son bénéfice sur CA avoisinait les 10% comme Gallimard.
C'est une erreur classique. J'ai eu à auditer quelques entreprises dont principalement les Editions Seghers au début des années 1980 avant que je ne parvienne à les sauver in extremis (bien qu'elles aient connu bien des années de vaches maigres par la suite) et, entre autres aberrations, on trouvait celle-là. Tout devait aller bien puisqu'on avait des tas de livres (peu vendables pour rester poli) pour une valeur considérable. Mais comme on les vendait pas, il y avait comme un problème de surévaluation.
J'ajouterai, sans trop vouloir entrer dans des considérations techniques récusées par certains membres du fomum (désolé mais je peux m'efforcer contre l'ignorance (j'ai même un peu enseigné l'économie), mais contre la paresse, la limitation mentale et la sénilité précoce, je ne peux rien), qu'une plus-value importante peut parfaitement apparaître sur des stocks de livres.
Exemple: vous avez publié et trop tiré un livre qui se vend mal. Vous l'amortissez, c'est à dire réduisez progressivement sa valeur comptable, c'est-à-dire enregistrez une perte.
Et puis, oh joie, il se passe quelque chose. L'auteur obtient le Prix Nobel, un film à succès sort ou simplement le public pour des raisons obscures s'entiche de ce livre des années après sa sortie. Heureusement, vous n'avez pas pilonné. Comptablement, vos exemplaires presque complètement amortis ne valent plus rien ou presque. Et brusquement vous les vendez au prix normal. C'est tout bénéfice. Vous encaissez la différence entre la valeur comptable de votre stock et sa valeur à la vente réelle. C'est en cas de figure malheureusement assez rare dans l'édition mais qui se rencontre.
Incidemment cela rejoint le problème des soldes. Mais je vous ai déjà assez ennuyé comme ça.
Un instant cependant encore. Le problème est encore plus net et aigu pour les galeries d'œuvres d'art. Un marchand X achète pas trop cher les tableaux d'un G. auquel il croit. Mais personne ne les lui rachète pendant vingt ans. Catastrophe, il a perdu sa mise. Et puis soudain un critique influent s'intéresse à G. dont la cote se met à monter (en général longtemps après sa mort mais passons). Ce qui ne valait rien se transforme en mine d'or. Merci monsieur Gauguin.
Dans probablement 90% des cas, les marchands d'art se trompent et enregistrent des pertes sèches. C'est un métier à haut risque à côté duquel l'édition est un long fleuve tranquille. Ils font évidemment tout ce qu'il peuvent pour donner de l'intérêt (valoriser) à ce qu'ils présentent.
Croyez-moi. Si vous voulez faire fortune, vendez plutôt des avions de guerre à des amis bien placés. Encore que là aussi il y ait des déconvenues.
Gérard Klein