Lensman a écrit : Il n'y a pas de paradoxe (enfin, d'après moi...).
Parler de la perfection de façon imparfaite est déjà un paradoxe (et, lui aussi, au centre du
Discours de la méthode !)
Les seuls énoncés sont les énoncés humains.
Pas nécessairement. Pour certains croyants, un énoncé inspiré est de nature divine, donc parfait. (ce qui ne veut pas dire qu'il est facile à comprendre et à interpréter !)
dire qu'il y aurait une sorte d'"énoncé parfait" en soi, auquel nous n'accéderions pas, cela n'a aucun sens (pour moi, encore, mais je suis peut-être le seul être humain à penser comme ça...)
Tu n'es certainement pas le seul, mais l'évidence d'une telle réalité extérieure est extrêmement puissante et répandue, comme le prouve l'histoire des religions. Et c'est aussi une figure essentielle de la philosophie, au moins depuis Platon.
C'est ce qui, à mon avis, distingue radicalement les sciences de la religion.
En religion il est absolument indispensable d'imaginer une espèce de truc "supérieur", au-dessus de la compréhension humaine.
Ca dépend de ce que tu entends par "imaginer" et par "religion". On peut s'intéresser aux religions de l'extérieur, faire de la théologie sans avoir la foi, etc. Ca donne accès à beaucoup de choses, mais pas à l'essentiel. Ce n'est pas forcément très différent en sciences : on peut connaître les principes de la méthode scientifique, avoir une solide culture scientifique, voire enseigner les sciences (ça s'est vu !) sans se les être véritablement appropriés, et en tout cas sans avoir jamais connu l'étincelle de créativité qui fait, peut-être pas le scientifique, mais au moins le chercheur en sciences.
Mais pour le croyant, nul besoin "d'imaginer" quoi que ce soit : il y a une évidence directe de l'existence de Dieu, qui n'a pas besoin d'autre argument (je ne dis pas que la plupart des croyants ne connaissent pas aussi des moments de doute, et que les rites et les discours religieux n'ont pas d'utilité dans ces moments-là). Là encore, ce n'est pas si différent de la science : la plupart des gens ont une évidence directe de l'existence du monde extérieur, et l'acceptent sans barguigner. Si on la refuse, par jeu (le "doute hyperbolique", encore !) ou par nécessité psychologique, on tombe dans le solipsisme.
en religion, si cette "réalitié supérieure" n'existe pas, on est vraiment dans la m..., pour être grossier. Son existence NE PEUT PAS être mise en cause (quelle idée, d'ailleurs, d'un point de vue religieux...).
Ne peut pas être mis en cause dans le cadre de la foi. Ca ne veut pas dire que les croyants sont incapables, pour le plaisir de la discussion ou de la philosophie, d'imaginer un monde sans dieu.
Corrige moi là où je ne suis pas clair. Je m'aperçois depuis un moment que ces notions, qui me semblent personnellement si évidentes, sont effectivement très difficiles à exposer à pas mal de mes interlocuteurs.
Tu me diras que c'est la preuve que je me leurre sur leur caractère d'évidence...
Là, on a une différence entre foi et science. Pendant des siècles, la religion était une évidence, et il était à peine imaginable qu'on pense autrement. Mais la situation s'est inversée. En France, du moins, les croyants sont en permanence confrontés au fait que des choses très évidentes et très fondamentales pour eux sont totalement étrangères à d'autres, parfaitement honorables ; alors que les préjugés métaphysiques sur lesquels reposent les autres systèmes sont de fausses évidences, au sens où, rarement explicités, ils peuvent totalement diverger entre deux "scientifiques" qui n'imaginaient même pas que leur formulation préférée n'était pas la seule possible.