Une interview de Jérôme Noirez

Modérateurs : Estelle Hamelin, Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m

Répondre
Algernon
Messages : 247
Enregistré le : ven. avr. 09, 2010 12:06 pm

Une interview de Jérôme Noirez

Message par Algernon » dim. oct. 31, 2010 2:40 am

Une interview de Jérôme Noirez sur MaXoE, il est question des Leçons du monde fluctuant et du Diapason des mots et des misères, de photographie et de musique, et de ses projets pour les plus jeunes et les moins jeunes.

Morceaux choisis.
[...]

Dans le roman et dans ton écriture en général tu poses, çà et là, sans que l’on ne s’y attende forcément, quelques traits d’humour, voire des passages franchement « poilants » par leur démesure. Est-ce une nécessité pour toi ? Une façon peut-être de faire réagir le lecteur ? un ingrédient de ton style tout simplement ? Parle-nous de Jab Renwick. Lui est un personnage qui te laisse une grande liberté dans ton approche d’écrivain. Tu pouvais (presque) tout imaginer avec lui ?

Tout simplement parce que j’aime me poiler ! Et que je ne vois pas pourquoi un récit sérieux, dramatique, effrayant, ne pourrait pas être également bien poilant. Je ne suis pas un parodiste, non, je n’aime pas ça, les parodies. Mais quand je peux pousser quelqu’un dans l’escalier, surtout s’il porte un plateau avec du thé brûlant et une assiette du porridge, je ne m’en prive pas. Je sais qu’on n’aime pas trop ça en France. Il y a la comédie et la tragédie, deux genres réputés non miscibles, l’un sérieux et mature, l’autre léger et immature. Ainsi en ont décidé les grandes personnes. Mais bon, ce qu’on aime ou pas en France, je m’en balance… Jab Renwick, c’est un mélange de Jack l’Éventreur et de Buster Keaton. Le genre de type qu’on voudrait inviter à la table d’un interminable repas de famille. Des décès suspects sont à prévoir.

[...]

La nouvelle est souvent considérée comme une école d’apprentissage. Beaucoup de jeunes auteurs passent par elle avant de publier des histoires plus longues. Qu’est-ce qui t’attire dans ces « histoires courtes », le rythme que tu es obligé d’imposer dans tes scénarii ?
La nouvelle n’est pas plus une école d’apprentissage que n’importe quelle autre forme d’écriture. La brièveté de cette forme laisse supposer le contraire, comme si la difficulté de l’écriture résidait dans son abondance. Rien n’est plus facile que l’afflux. Rien n’est plus difficile que la retenue et la concision. Ce que j’aime dans la nouvelle, c’est sa dimension allusive. Et puis, comme le genre est totalement mésestimé en France par les lecteurs et les éditeurs, je peux vraiment tout me permettre sans en avoir rien à foutre de savoir si ce que j’écris est ou non « publiable ». Un luxe que je ne peux hélas pas me permettre avec un roman.

Dans la postface du recueil Catherine Dufour se pose la question de savoir où tu puises tes sources pour construire tes histoires. Que peux-tu lui répondre ?
Qu’elle peut se brosser pour avoir accès à ma bibliothèque secrète.

[...]

Enfin pour finir peux-tu nous en dire plus sur ce que tu prépares actuellement ?
Un gros roman du genre tordu, mais sans une once de fantastique, pour lequel je ne cache pas l’influence de Witold Gombrowitz. Il y est beaucoup question des relations destructrices qu’entretiennent les adultes et les gosses. Un conflit à la fois effrayant et grotesque entre la maturité et l’immaturité, formellement copié sur les 120 Journées de Sodome de Sade. Mais rien à voir dans le fond. Je ne conserve que le cadre et la structure pour raconter toute autre chose. Ensuite, je vais de nouveau écrire pour les plus jeunes (deux séries de romans pour les 9-10 ans, un road trip américain pour les ados). A un moment ou à un autre, je pressens que j’arriverai à un stade où je ne ferai plus que ça. Je sais à quel point les « littérateurs » méprisent les écrits pour la jeunesse, et je me sens tout à fait partant pour me dissoudre avec sérénité dans ce mépris.
L'interview complète.

Image Image Image

Répondre

Retourner vers « Les infos sur la Science Fiction, la Fantasy et le fantastique en général »