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MF
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Message par MF » lun. févr. 20, 2012 8:22 pm

Eric a écrit :Ben non... Aller à la rencontre des lecteurs, ça fait aussi partie du travail. À moins que ton éditeur ne pousse le dévouement jusqu'à dédicacer les bouquins à ta place...
ce n'est pas la-dessus que je tique, mais sur
...partant du principe qu'un éditeur t'as fait confiance et qu'il a investi temps et argent sur ton travail, j'estime qu'en retour, tu lui dois bien un minimum...
sur la base de ce raisonnement, on se demande même pourquoi les éditeurs verse quoi que ce soit aux auteurs...

... ils sont déjà bien bons de les éditer...

... sérieusement, un contrat, c'est AUSSI fait pour ça (droits et devoirs des deux parties)
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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bormandg
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Message par bormandg » lun. févr. 20, 2012 9:30 pm

MF a écrit : ... sérieusement, un contrat, c'est AUSSI fait pour ça (droits et devoirs des deux parties)
Mais dans le système américain, les droits sont exclusivement du côté de l'éditeur et les devoirs du côté de l'auteur. Et il s'agit bien d'importer le système de copyright et de faire disparaître le "droit" d'auteur. Ici aussi, comme dans la loi sur les "orphelines" :twisted:
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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Lensman
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Message par Lensman » lun. févr. 20, 2012 11:19 pm

bormandg a écrit :
MF a écrit : ... sérieusement, un contrat, c'est AUSSI fait pour ça (droits et devoirs des deux parties)
Précisément, quels devoirs, une fois que le texte existe? Je ne comprends pas.

Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le mer. févr. 22, 2012 4:55 pm, modifié 1 fois.

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Eric
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Message par Eric » lun. févr. 20, 2012 11:29 pm

MF a écrit :sur la base de ce raisonnement, on se demande même pourquoi les éditeurs verse quoi que ce soit aux auteurs...

... ils sont déjà bien bons de les éditer...

... sérieusement, un contrat, c'est AUSSI fait pour ça (droits et devoirs des deux parties)
C'est une façon de voir les choses...

Maintenant, si je m'en tiens à mon expérience à moi que j'ai, des résultats et ventes diverses, effectivement, te signer représente un vrai risque financier pour lui. En gros, ses chances de faire mieux que le point mort sur un auteur pas vraiment reconnu et qui ne pisse nécessairement dans le sens du vent doivent s'élever à quelque chose comme 20% (et encore, en descente, avec le vent dans le dos et avec les petites roues). Si tu analyses ça d'un strict point de vue commercial, tu vas vite arriver à la conclusion qu'aucune société dans aucun autre secteur n'investirait un kopeck à hauteur d'un tel risque. Donc, assurer un peu de SAV, en ce qui me concerne et à mon niveau, du moins, est une chance supplémentaire de faire connaître un peu plus mon travail. Et si ténue soit cette chance, elle est à prendre en compte.

C'est donc ton intérêt aussi bien que celui de l'éditeur.

Maintenant, tu peux aussi voir ça comme une exploitation supplémentaire et dire à ton éditeur d'aller se faire enculer, que tu n'es pas un vendu et que plutôt crever que de te faire payer un billet de train et une ou deux nuits dans un hôtel sans cafards dans la douche pour aller servir de bête de foire dans une comice littéraire quelconque, non non non, tu ne manges pas de ce pain-là !

Bon, tu risques de lui fendre le cœur en lui interdisant de manger un peu du bénéfice colossal qu'il s'est fait sur ton dos et que, dans un dernier scrupule social, il était prêt à entamer, mais bon... si tu peux vivre avec ça...

-> draco : Moi aussi, je trouve qu'il y a un petit côté chabrolien qui ne me déplaît pas dans ces parties de campagnes littéraires...

Et moi non plus, je ne peux pas écrire en même temps. Même pas des SMS. J'arrive même pas à lire, en fait...

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Message par bormandg » lun. févr. 20, 2012 11:32 pm

Eric, MF, on peut toujours arriver à interpréter dans n'importe lequel des sens opposés une situtation si on se donne a priori la conviction qu'il faut l'interpréter dans ce sens et aucun autre.
Ceci étant, la même situation vécue par deux auteurs et deux éditeurs différents pourra correspondre dans un cas à deux interprétrations différentes, dans un autre cas à deux autres interprétations. j'écris deux parce que l'interprétation de l'auteur et celle de l'éditeur n'ont aucune raison de coïncider entre elles, pas plus qu'avec celles des du partenaire homologue de l'autre couple.
Et il arrivera, parfois, que l'auteur et l'éditeur coopèrent sincèrement à obtenir le meilleur résultat pour tous les deux. Tu sais, les "jeux à somme positive" dont parlent certains théoriciens...
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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Message par Eric » lun. févr. 20, 2012 11:37 pm

Lao Tseu, sort de ce corps.

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Message par bormandg » lun. févr. 20, 2012 11:45 pm

Tu vois, Eric, je reconnais que le Tao fait partoe des théories que je ne connais pas du tout...; :oops:
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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Message par Lensman » lun. févr. 20, 2012 11:48 pm

Quand les bornes sont franchies, il n'y a plus de limite... (Lao Tse)

Oncle Joe

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Message par bormandg » lun. févr. 20, 2012 11:51 pm

Lensman a écrit :Quand les bornes sont franchies, il n'y a plus de limite... (Lao Tse)

Oncle Joe
Je croyais que c'était de Riemann... :shock:
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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Message par MF » mer. févr. 22, 2012 3:12 pm

Lensman a écrit :
MF a écrit : ... sérieusement, un contrat, c'est AUSSI fait pour ça (droits et devoirs des deux parties)
Précisément, quels devoirs, un dois que le texte existe? Je ne comprends pas.
ben, justement, moi non plus
donc,quand je vois Eric écrire "... tu lui dois bien un minimum...", je ne comprend pas d'où sort ce verbe "devoir"
ce qui me conduit à rappeler qu'il existe un lien entre éditeur et auteur, et que ce lien est contractuel

sinon, il y a la possibilité d'éditer à compte d'auteur...

... parce que, sincèrement, l'éditeur qui prend un vrai risque financier, faut arrêter de ma faire marrer en plein hiver, c'est mauvais pour mes lèvres pulpeuses...

... je veux bien encore l’entendre pour l'éditeur goyave, qui met sa tirelire en jeu, et dont, pour la plupart, le plaisir est dans la prise de risque, mais le reste...
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
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Message par Eric » mer. févr. 22, 2012 11:49 pm

OK, alors allons-y !

Ce ne sont pas les chiffres exacts à 100%, parce que je ne les ai pas, mais disons qu'en fonction de ce que je sais et de ce que je devine de ma propre expérience d'éditeur, on peut se dire que c'est exact à 85%

Dépenses :

A valoir : 1 200 €
Edition : 1 200 €
Couverture : 500 €
Maquette : 500 €
Fabrication : 5 000€
_________________

Total : 8 400 €


Côté recettes :

- Une fois distribution, diffusion payée, grosso modo, sur un prix public de 19 €, il revient quelque chose comme 8 € à l'éditeur.
- Pas de reprises poche, donc 0 €
- Ventes estimées : 800
__________________

Total : 6 400 €

Dans les faits, c'est un peu plus compliqué que ça, parce que tu touches de l'argent sur ta mise en place et que tu ne rembourses qu'avec les retours, au bout de six mois (parfois moins, c'est même une tendance de plus en plus marquée). Cette avance de trésorerie te permets d'assumer des frais fixes liés à ta structure, et à publier d'autres livres. Mais au final, le résultat est peu ou prou le même : sur un bouquin comme le mien, mon éditeur perd de l'argent.

C'est le cas pour une proportion non négligeable de toute la production éditoriale. Que tu sois Mnémos ou Flammarion. La seule différence est l'économie d'échelle. En clair, plus tu es petit, plus tu dépends pour ta survie d'une ou deux locomotives qui vendent assez pour maintenir le navire à flot.

Je ne sais pas toi, mais moi, en ce qui me concerne, j'appelle ça un business risqué. N'importe quel banquier aussi, d'ailleurs. Essaie, juste pour rire, d'aller en voir un et de lui dire que tu voudrais monter une maison d'édition de genre et que tu aurais besoin de... mettons 20 000 €, histoire d'amorcer la pompe.

Alors, certes, un éditeur n'est rien sans auteurs, mais l'inverse est tout aussi vrai (dans les faits, tu es un peu moins rien, car en temps qu'auteur de tiroir, il te reste la satisfaction secrète, mais néanmoins bien réelle d'avoir couché sur papier un produit de ton imagination, ce qui n'est pas négligeable Sauf que... dommage ! tu es le seul à savoir combien tu es génial).

C'est peut-être toi qui écrit le livre, qui a la partie la plus noble du travail, mais c'est l'éditeur qui le fait vivre. Travail d'équipe.

Bien-sûr, il te reste l'édition à compte d'auteurs, comme tu le fais remarquer. Après tout, si ça a été assez bon pour Proust, ça peut l'être pour n'importe qui, hein ? Là, c'est sûr, tu ne lui devras rien. Excepté bien-sûr les frais d'édition (parfois fort élevés) qu'il te demandera. Tu n'auras même pas à lui refuser de menus efforts promotionnels, puisqu'il ne t'en proposera aucun (ils ne sont pas invités dans les salons). Bien entendu, c'est toi qui devras payer tes exemplaires pour le service de presse, mais au moins, tu ne devras rien à personne. Quant à la diffusion, là encore, pas de risque de devoir parcourir la France pour signer trois malheureux exemplaires dans une librairie pleine de courants d'air, puisqu'aujourd'hui ces escrocs, heu... pardon.... ces confrères dont le mode de fonctionnement diffère sensiblement du nôtre se contentent simplement de te distribuer sur les enseignes de librairies en ligne.

Maintenant, je veux bien admettre que je suis plutôt du genre qui dit "merci" au début et à la fin du mail, mais si ton éditeur te soutient (financièrement, mais pas que), il ne me semble pas incongru de le soutenir un peu en retour pour l'aider à donner une chance à ton bouquin.

GillesDumay
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Message par GillesDumay » jeu. févr. 23, 2012 9:12 am

En quelques années les prises de risque sont devenues délirantes (à cause de la surproduction sur ce rayon), aujourd'hui publier l'intégrale du Soldat des brumes de Gene Wolfe est un risque que Denoël n'accepte plus, ça sort à 30 et 25 euros parce que tout était payé, mais si je devais présenter ce projet pour 2014, par exemple, ça ne passerait plus, et je ne parle pas de Vélum / Encre qui doit coûter 4 fois plus.

Soldat des brumes si j'en vends 1500 et 1500, Denoël perd 5000 euros. A 2000 ex vendus ça passe, mais plus personne ne semble croire (commerciaux, contrôleurs de gestion) qu'on puisse aujourd'hui atteindre de tels chiffres sur un tel projet.

C'était déjà très dur ces deux dernières années, là ça devient "impossible".

GD

jerome
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Message par jerome » jeu. févr. 23, 2012 9:26 am

MF a écrit :
Lensman a écrit :
MF a écrit : ... sérieusement, un contrat, c'est AUSSI fait pour ça (droits et devoirs des deux parties)
Précisément, quels devoirs, un dois que le texte existe? Je ne comprends pas.
ben, justement, moi non plus
donc,quand je vois Eric écrire "... tu lui dois bien un minimum...", je ne comprend pas d'où sort ce verbe "devoir"
ce qui me conduit à rappeler qu'il existe un lien entre éditeur et auteur, et que ce lien est contractuel

sinon, il y a la possibilité d'éditer à compte d'auteur...

... parce que, sincèrement, l'éditeur qui prend un vrai risque financier, faut arrêter de ma faire marrer en plein hiver, c'est mauvais pour mes lèvres pulpeuses...

... je veux bien encore l’entendre pour l'éditeur goyave, qui met sa tirelire en jeu, et dont, pour la plupart, le plaisir est dans la prise de risque, mais le reste...
Bon, globalement, on peut ergoter sur le terme de "devoir". Le mot est peut-être mal choisi. Mais ce qui est sûr, c'est que de mon point de vue d'éditeur pour Actusf (pas Gallimard hein, juste nous), publier un livre est un véritable enjeux financier (si si) et que dans le calcul de la vie économique du livre, la part de la vente directe en salon est importante.

En gros, on s'appuie sur les ventes en librairie, sur les ventes en ligne et sur les ventes en salon. Et sur ce dernier point, on vendra toujours plus de livres avec un auteur qui s'est déplacé en dédicace que sans lui. Même si ce n'est pas un critère dans le choix d'un manuscrit, c'est toujours plus cool d'avoir un auteur prêt à "jouer" le jeu.

Après, si l'auteur déteste ça ou qu'il a un planning trop chargé, ben tant pis. On ne lui met pas le pistolet sur la tempe non plus.

Normalement, les dédicaces, les salons, les conférences... sont plutôt de l'ordre du plaisir pour l'auteur. A nous de faire le job pour essayer de le faire inviter partout. C'est bon pour son moral et c'est bon pour nos ventes (et donc aussi pour son chèque en fin d'année).

Ce qu'Eric dit est assez juste. On peut voir l'édition d'un livre comme une opposition entre l'auteur et l'éditeur. Mais (chez nous en tout cas), c'est plutôt l'inverse. Je le vois plus comme un travail main dans la main qui commence avec le boulot éditorial et qui se poursuit après la sortie du livre pour sa "promotion" (j'aime employer de grands termes pour notre petite boite).
Jérôme
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Message par MF » jeu. févr. 23, 2012 11:14 am

jerome a écrit :A nous de faire le job pour essayer de le faire inviter partout.
nous sommes donc tous d'accord

et comme le rappelle, à juste titre TD en citant Denoël, le boulot premier d'une entreprise, c'est la gestion de risque ; passé un certain seuil, lorsque l'analyse de risque débouche sur la dure réalité de sa non acceptabilité économique, faut savoir dire stop...

... ou accepter d'entretenir une danseuse, ce qui est, somme toute, très agréable...
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
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