Erion a écrit :Lensman a écrit :
Si on croit au dieu dont il est question dans le texte, je suppose qu'il faut obéir à certains trucs expliqués (plus ou moins bien) dedans ou au moins en tirer des leçons (gaffe tout de même, c'est plus ou moins la volonté de dieu qui s'exprime dedans).
Si on ne croit pas au dieu en question, on s'en tape, ou plutôt, on regarde ça comme on regarde n'importe quel autre texte sacré ou légendaire.
En gros, il y a un préalable qui change le regard sur le texte: soit on croit au dieu, soit on n'y croit pas.
Sauf que cette croyance est d'un autre ordre que celui de la fiction. Par exemple, il est dit régulièrement dans la Bible qu'il faut en finir avec les idoles, c'est constant, répété tout le temps. Si on ne voit dans la Bible qu'un récit de fiction, cette répétition est bizarre, voire très lourde et pénible. En revanche, il faut avoir en tête que dans les différentes phases d'élaboration du texte, il y a eu une époque où les juifs vénéraient plusieurs divinités (on a retrouvé des idoles dans les fouilles), et que ce n'est que durant la phase d'exil à Babylone que ces idoles ont disparu,.
En conclusion, cette insistance sur la fin des idoles, n'est pas uniquement liée au récit fictionnel, mais bien à un contexte historique. On ne peut pas réduire le texte de la Bible à la fiction. C'est parce que le texte faisait sens pour les juifs de l'époque, parce qu'il répondait à des questions, des interrogations précises pour les gens de l'époque qu'il s'est imposé.
Une partie du texte biblique existait, avec toutes les croyances attachées, mais ce n'est pas ce texte qui a imposé le monothéisme, la croyance n'a pas suffi. Il a fallu une circonstance historique spéciale (l'exil à Babylone) pour qu'il fasse sens et soude la communauté.
Certes, mais il faut mettre les choses à l'endroit…
La question est de savoir, pour moi, ce que je vais faire du texte de la Bible aujourd'hui, en tant que personne d'aujourd'hui, avec mes conceptions et connaissances (discutables, mais ce sont celles que j'ai) d'aujourd'hui.
L'analyser d'un point de vue historique, comprendre comment il s'est élaboré, faire la part des éléments historiques, réfléchir à son impact au fil des époques, etc., etc., tout ceci est très intéressant, utile, instructif, etc. Mais après, ce que j'en fais en tant qu'éventuelle expression d'une volonté divine, ça n'aura un sens que si je crois en la divinité. En ce sens, il n'existe (n'est "vrai", au sens fort) que si je veux y croire. Sinon, il n'a pas d'autre valeur qu'historique, ou légendaire, ou philosophique. C'est déjà beaucoup, mais il n'a pas la valeur de règlement divin qu'il est censé avoir , si je ne crois pas en la divinité. Or, mine de rien, c'est quand même là que se trouve le nœuds de pas mal de discussions. Car si je crois en la divinité, j'ai l'obligation de me plier à certaines de ses injonctions (dans la mesure où elles sont compréhensibles, ce qui n'est pas nécessairement gagné). Mais si je ne crois pas, je n'ai pas à me tracasser outre mesure de ces injonctions, puisque je n'aurai pas à craindre la colère divine. Cela ne signifie évidemment pas que je ne vais pas suivre telle ou telle règle, mais ce ne sera pas PARCE QUE c'est demandé par la Bible.
Je ré-insiste par ailleurs sur l'extrême difficulté de vraiment en faire quelque chose, MEME à supposer que ce soit une expression de la volonté divine. Alors, quand, en plus, on ne croit pas (comme moi, par exemple) que c'est une expression de la volonté divine, ça relativise furieusement l' intérêt de s'acharner à en extraire des règles de vie… Enfin, je dis ça pour moi…
Oncle Joe