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Eric
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Message par Eric » sam. juin 16, 2007 5:55 pm

Je pense que, beaucoup plus prosaïquement, Glyphes est un livre politique.

On mesure mal ici, ce qu'a été le scandale des spin doctors de Tony Blair. Son conseiller en communication Allaistair Campbell, avait été, entre autre, accusé d'avoir caviardé des rapports du MI6, fait pression sur la BBC, mais était allé jusqu'à engager des détectives privés pour fouiller dans la vie privée de certains journalistes, pour les menacer de divulguer leurs secrets si ils n'adoucissaient pas leurs plumes.

Il avait finalement été contraint à la démission en 2003, après le suicide de David Kelly, qui avait déboguer le mensonge du rapport des experts concernant les prétendues armes de destruction massives de Saddam, et après l'aveu du département d'état US que, peut-être, ils avaient légèrement exagéré la vérité.

L'homme-lige de Blair avait clairement sauté pour protéger son pygmalion, mais l'énorme scandale qui a suivi a profondément marqué l'opinion anglaise, et entamé une longue descente aux enfers pour Blair, lâchés par ses proches et son parti, une descente qui s'achève ces jours-ci avec son départ de Downing Street.

C'est ce pouvoir de suggestion par l'image, presque son pouvoir hypnotique, qui est ici dénoncé. Plus même, c'est la puissance cosmétique du traitement de l'image. Parce que ces glyphes ne font que rehausser les graffitis. C'est donc le décorum de l'info que dénonce McAuley. Et il le fait avec intelligence et habileté.

Concernant Rainbows End, ce que je peux en dire pour l'instant, c'est que c'est un livre insolite, bien loin des space op auxquels Vinge nous avait habitué. Sommairement on pourrait parler d'un livre de et pour geeks, mais surtout il s'y confronte pour la première fois, et de manière assez directe avec sa théorie de la Singularité. C'est donc un roman qui se mérite un peu... Comme disent les USsiens à la mi-temps pendant les finales de basket : "Stay tune, more to come !"
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

systar
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Message par systar » sam. juin 16, 2007 6:04 pm

En ce cas, à connecter avec les excellentes intuitions d'un DeLillo sur les médias...! (comme White Noise, que j'ai fini récemment...)
Tiens, il faudrait que je réfléchisse à ça: qu'est-ce que ça apporte de réfléchir sur les médias par l'intermédiaire d'un roman de SF, et qu'on n'a pas avec un roman non-SF? Qu'est-ce qui change...?

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Message par systar » sam. juin 16, 2007 6:10 pm

ouais, restés branchés, on revient tout de suite, mais à la mi-temps je zappe, en général (et quand je suis dans la salle en vrai, je vais me chercher un sandwich à la buvette). Bravo Tony Parker, pendant qu'on y est...
Tiens, sur la singularité, un peu de Lehman ne peut pas faire de mal:
http://www.lexpress.fr/info/societe/dos ... ida=436471[/quote]

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Virprudens
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Message par Virprudens » sam. juin 16, 2007 7:23 pm

systar a écrit : Bon, je sais pas si je suis clair...
Non.

Essaye voir avec des mots de deux syllabes. Avec des phrases genre sujet verbe complément, genre Boileau : "Ce que l'on concoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément"
'tain les mecs, arrêtez de vous lire écrire (version forumesque d'écouter parler).
On dirait le blog de transhumain.

Ou alors, c'est juste moi, ouais, ça doit être ça. C'est juste moi.
- Please, be polite.
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Eric
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Message par Eric » sam. juin 16, 2007 8:03 pm

systar a écrit :En ce cas, à connecter avec les excellentes intuitions d'un DeLillo sur les médias...! (comme White Noise, que j'ai fini récemment...)
Tiens, il faudrait que je réfléchisse à ça: qu'est-ce que ça apporte de réfléchir sur les médias par l'intermédiaire d'un roman de SF, et qu'on n'a pas avec un roman non-SF? Qu'est-ce qui change...?
Bonne question. En l'occurence, l'affiliation SF est ténue, mais tout l'intérêt de Glyphes, c'est juste de décentrer notre regard de ce pouvoir de l'image qu'on assimile aujourd'hui presque exclusivement à la TV.

Mais prenons le cas de Jack Barron, l'intérêt est évident, c'est le même que pour n'importe quelle œuvre de SF, c'est l'abstraction prospectiviste.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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Message par systar » sam. juin 16, 2007 9:26 pm

Virprudens: ouais, on dirait le blog du Transhumain. Sauf que pour moi, c'est un compliment. Mais promis, je le ferai plus, je ne perdrai plus mon temps à écrire des posts ici, je resterai sur mon blog...

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Lensman
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Message par Lensman » sam. juin 16, 2007 9:29 pm

Moi aussi, j'ai un peu de mal à comprendre l'ami Systar... Qu'est-ce qu'une "métaphore de métaphore"?
Le raprochement avec l'excellent roman de Damasio ne me semple pas très évident non plus..
Comme Eric, je vois un roman politique dans "Glyphes". Mais aussi une belle spéculation (même si sans doute pas assez développée) sur les connaissances (supposées) du passé. C'est marrant, il y a dans le "Libération" d'aujourd'hui un article tournant autour de la manière dont les mathématiques sont (ou plutôt étaient, bientôt...) utilisées par des cultures qui ne pratiquent pas l'écriture, et la singulière tournure d'esprit nécessitée, peut-être perdue pour nous, conditionnés par l'écriture comme nous sommes (remarquez que je ne me plains pas). Ce n'est pas totalement sans rapport avec le mystère des glyphes, me semble-t-il (enfin, je me plais à l'imaginer...): il n'est pas prudent de faire usage des glyphes quand on n'a pas le tour de main...

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Message par systar » sam. juin 16, 2007 9:33 pm

Oui; Eric, c'est déjà une première évidence, la possibilité de prospection, de spéculation. Et c'est déjà beaucoup.
Après, il y a une autre façon de prendre le problème: on peut considérer que la SF, dans la mesure où elle est bien de la littérature, a le même effet que tout roman de littérature, à savoir redécrire le réel, c'est-à-dire le présent, nous le montrer d'une manière telle que nous ne l'avions jamais regardé. Là, il y a production de sens. Genre: quel est l'intérêt de nous montrer une image comme un "glyphe"? quel est le sens de... je ne sais pas, moi: nous montrer la souffrance religieuse expiatrice comme un crucifix de chair fixé sur le thorax d'un pèlerin (je pense à Hypérion). Nous montrer la divinité aux visages multiples comme un Picte qui traverserait les siècles (Lehman...)? Je crois que toutes ces questions sont très importantes, dans la mesure où elles sont ce qui fait toute la poésie de la SF, ce qui fait qu'on trouve ça beau, enthousiasmant, vertigineux.
Bon, on va encore me dire que j'ai pas été clair, donc je m'arrête là...

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Message par systar » sam. juin 16, 2007 9:43 pm

Lensman:

métaphore de métaphore: l'idée que le roman montre, physiquement, concrètement, le fonctionnement de tout roman. Mais je vais pas m'enfoncer plus avant, visiblement je ne suis pas trop dans le ton des discussions que vous aimez avoir.

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Lensman
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Message par Lensman » sam. juin 16, 2007 9:55 pm

Non, Systar, c'est déjà un peu plus clair. Mais je dirais que c'est une explication un peu trop globale, qui en fin de compte n'explique pas grand chose. On me dira: pourquoi se fatiguer à chercher des explications? Et pourquoi pas?
Vertigineux? C'est sans doute le "sense of wonder" qui nous est cher. Je ne dirai pas le contraire, j'y suis forcément sensible, comme nous tous. Mais je trouve que ça n'explique pas grand chose, voire rien: expliquer un truc mystérieux par un autre truc mystérieux, ça ne fait pas tellement avancer l'affaire, ça doit d'aillleurs porter un nom, en philosophie. Cela me donne surtout l'impression que l'on a vite fait d'ériger ce "vertige" ou ce "sens of wonder" en principe, et de ce fait, ça évite de le scruter de plus près.
J'ai lu et relu la postface (et d'autres textes du même esprit) que mon camarade Lehman a faite à la biblio sur "Les Terres creuse" que j'ai commise avec Guy Costes. J'ai l'impression de comprendre certains trucs par moment (le langage de Lehman est tout à fait compréhensible), mais la signification générale m'échappe, et je décroche régulièrment. Je m'étais promis de lui faire un commentaire par écrit, mais je n'y arrive pas.
Enfin, tu sembles avoir compris, ce qui prouve au moins que Serge n'est pas le seul à être fou, ou alors qu'il y a au moins deux personnes sensées sur cette terre...

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Message par Lensman » sam. juin 16, 2007 10:00 pm

Bon, ce qui était plus clair (pour moi), c'était ta réponse à Eric. Par contre, ce qui suit, je ne comprends absolument pas:
"métaphore de métaphore: l'idée que le roman montre, physiquement, concrètement, le fonctionnement de tout romanmétaphore de métaphore: l'idée que le roman montre, physiquement, concrètement, le fonctionnement de tout roman"
Rien que le mot "physiquement" m'intrigue fortement.

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Message par jlavadou » sam. juin 16, 2007 10:02 pm

Virprudens a écrit :'tain les mecs, arrêtez de vous lire écrire (version forumesque d'écouter parler).
<HS> Jusqu'à preuve du contraire, 1) chacun est libre de parler comme il veut, 2) chacun est libre de lire ou non un sujet, 3) l'internet est grand, il y a de la place pour tout le monde, même sur un forum, et même au sein d'une discussion. Moi non plus je ne comprends pas tout mais ce n'est pas une raison pour empêcher les autres de causer.</HS>

Et pour faire mine d'être malgré tout dans le sujet : la chronique d'Eric et cette discussion m'ont fortement donné envie de lire le bouquin. Mon exemplaire est réservé chez Scylla...

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Message par systar » sam. juin 16, 2007 10:08 pm

Ah ok, Lensman = Joseph... je comprends vite, mais faut m'expliquer longtemps.
Bon, je découvre aujourd'hui la fameuse post-face, après avoir lu la physique des métaphores puis la légende du processeur d'histoire.
En fait je vais me faire taper sur les doigts ici si j'essaie d'expliquer pourquoi, à mon sens, la perspective de Lehman tient la route philosophiquement, a un sens et même, ce dont tu doutais le plus je crois, une fécondité littéraire (puisqu'un Damasio le cite volontiers pour expliquer sa propre pratique d'écriture, cf Galaxies 42). On n'est peut-être pas assez clair par manque de place, le plus souvent, et parce qu'on ne définit pas assez précisément ce dont on parle, ni les présupposés d'affirmations qui n'ont rien d'intuitif.
Effectivement, j'ai tendance à généraliser et à ne pas coller aux intentions explicites d'un livre. En cela, je suis et resterai sans doute, à mon grand regret, un piètre forumeur. Mais une fois qu'on a dit "j'aime/j'aime pas", et "voilà ce que grosso modo l'auteur a voulu dire" (en plus, ça ça se discute, ça va pas de soi qu'il y ait une intention de l'auteur toujours identifiable), il y a d'autres questions qui surgissent, qui tiennent au mode de fonctionnement du genre: qu'est-ce qui se passe dans la tête du lecteur? d'où vient le sense of wonder? pourquoi des oeuvres créent-elles des mondes? y a-t-il des raisons métaphysiques pour que la SF existe? tout cela, c'est le champ de questions que Lehman pose, et que je pose aussi dans mes textes chez moi. ça peut ne pas intéresser, ça peut sembler peu clair, mais j'aime croire que nous devons essayer de nous poser ces questions.

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Message par Lensman » sam. juin 16, 2007 10:22 pm

Je suis aussi tout à fait passionné par ces questions!
Et j'admets bien qu'un forum où on répond à la va vite n'est pas forcément le lieu le plus commode pour les aborder un peu à fond...
Il reste que je n'ai rien compris à la théorie de Lehman, et que c'est peut-être (sans doute) que je ne suis pas entré dans son raisonnement...
Le fait que d'autres personnes semblent avoir compris ce qu'il veut dire m'incite effectivement à penser qu'il y a là un cheminement qui m'a échappé.
Il faudrait vraiment que je reprenne tout à zéro, crayon à la main. Il faudrait... une petit voix intérieure me dit, pourtant, que ça ne me servira à rien, et que je suis définitivement largué. Comme pour Nietzsche, auquel je ne comprends strictement rien (ou tout au moins, je ne vois pas du tout ce que cela vient faire avec le sujet), et que Lehman cite à tout bout de champ, ce qui ne m'arrage pas du tout. S'il faut d'abord comprendre Nietzsche pour passer à la suite, je laisse tomber, et continuerai à lire bêtement, dans l'innocence.

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Message par systar » sam. juin 16, 2007 10:25 pm

En fait, Lehman pioche, consciemment ou non, dans toutes les pensées où il y a des modèles utiles pour aborder la SF: la phénoménologie, l'idéalisme à la sauce Hegel... Il ne les cite pas dans ses textes, mais on a toujours l'impression que la référence à Husserl, à Hegel, et à d'autres, pourrait tout à fait étoffer et expliciter le propos.
Pour Nietzsche, je lis ces jours-ci la post-face et je verrai ce qu'il en est!

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