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par Gérard Klein » sam. oct. 19, 2013 6:41 pm
Le voleur quantique, de Hannu Rajaniemi s'est vendu à ce jour depuis sa sortie en février 2013 à 827 exemplaires.
J'ai bien écrit 827 exemplaires source Edistat. Allons, disons qu'Edistat se trompe de 10%. À 950, je ne discute pas.
Je n'aime pas, et en général je ne fais pas, publier des états de vente d'autres éditeurs. Mais le fil est tel qu'il y a un moment où il faut remettre les denpules à l'heure.
Perte nette probable: dix à quinze mille €. Probablement plus s'ils paient les traductions comme moi. Ce dont je doute.
J'adore les donneurs de leçons et les nyakistes (spécialité française qui, si on pouvait les exporter, rendrait largement positive notre balance commerciale).
Mais puisqu'ils savent ce qu'il faut faire et que c'est si facile, pourquoi ne font-ils jamais rien? Ce qui me ravit puisque leur concurrence est nulle.
Après tout, quand dans les années 1960, j'ai constaté que la sf n'allait pas fort et q'uil fallait faire quelque chose, je m'y suis colleté et j'ai fini par faire de l'édition et Ailleurs et demain.
Je n'étais pas né dans l'édition (ce qui est fortement recommandé) et je n'y connaissais personne. J'ai sans doute eu de la chance, mais la chance ça se travaille. Du reste, quand j'ai dit à Robert Laffont que je n'avais guère le temps de diriger une collection et que je n'y connaissais pas grand chose: il m'a répondu: c'est vous ou je ne fais pas. J'ai fait.
Et pourtant, nous ne nous connaissions guère. À l'époque.
C'est un homme que j'ai beaucoup aimé.
J'aurais pu faire autre chose et je l'ai fait: économiste (les bénéficiaires de P.E.L. peuvent me remercier). Publicitaire, on me l'a proposé: je n'avais pas envie, dommage, je serai riche. Super cadre dans l'immobilier privé, on me l'a proposé aussi. Même constatation. Psychanalyste: on me l'a suggéré (on ne propose pas dans ce milieu) deux fois et à des niveaux sérieux. Mais écouter des gens se plaindre toute la journée, pas mon truc.
Socio-économiste (plus de vingt ans), éditeur, encore plus longtemps et ce n'est pas fini, ça ne m'a pas enrichi, mais j'étais libre et j'ai aimé. Comme tout ce que j'ai fait et dont je ne me sens pas obligé de parler ici.
Je n'ai pas assez écrit, ç'est vrai. Mais je n'ai pas honte et je suis même plutôt fier de ce que j'ai publié. Et je ne suis pas mort.
Bon, bref, les nyakistes, jeunes ou vieux, allez au turf. C'est comme ça qu'on apprend.
Il y a des gens que je respecte pour ce qu'ils ont fait, pas des nyakistes, Altairac et ses bouquins, Alfu et ses éditions, Dumay et ses efforts, Girard et sa passion. Et d'autres, sans le moindre doute. Peut-être même les Bragelonnistes qui sont venus me demander des recettes, du temps qu'on était à peu près copains.
Mais les donneurs de leçons et autres nyakistes, j'avoue les mépriser. Le jour où ils se remueront un peu le cul ou ce qui leur en tient lieu, on en reparlera.
Mais ce n'est pas demain la veille.
Mon immortalité est provisoire.