Extrait :
Quels sont les films qui ont motivé votre désir d'écrire sur la SF ?
Le final de Brazil [Terry Giliam, 1985] m'a profondément marqué. Le héros est dans un fauteuil, lobotomisé, et il s'échappe par sa pensée. Tu sais que son corps est totalement détruit, aliéné, mort, et pourtant, il échappe au pouvoir. Le virtuel est-il une façon de s'échapper du pouvoir physique ou est-il un simple divertissement, un écart de la voie ? Cette tension corporel/spirituel m'a frappé. Matrix [Andy et Larry Wachowski, 1999] a également été un choc. Une structure de scénario complètement mythologique, adapté de la théorie de Chris Wogler, avec ses éléments clés : « l'appel de l'aventure », « l'objet magique », « le retour du héros », mais déclinés non pas pour un conte Disney mais en SF. D'où la force de Matrix, utiliser une structure de récit préhistorique sur un thème très neuf.
Je peux citer aussi des grands classiques comme 2001 ou les trois Terminator, qui ont bercé mon adolescence. Dernièrement, j'ai eu un coup de cœur pour Prometheus [Ridley Scott, 2012]. L'être humain comme produit d'une ingénierie supérieure, c'est une idée magnifique. Je ne comprends pas l'accueil tiède que lui a réservé la critique. Un film très riche tant sur le plan du scénario que dans son traitement visuel, assez novateur. C'est sont ces détails visuels que je recherche avant tout.
Les films me servent pour les ambiances, les atmosphères de mes romans. Mais mes sources et mes thèmes sont essentiellement nourris par la lecture assidue de philosophes comme Deleuze, Nietzsche, Bergson, Sloterdijk, Foucault ou Baudrillard. Un film peut m'inspirer un décor, un détail de mise en scène, mais je n'y ai jamais trouvé d'idée suffisamment forte qui m'ait donné le sujet d'un roman ou d'une nouvelle. La BD est aussi une bonne source d'inspiration, en particulier Le Vagabond des limbes [Julio Ribera, Christian Godard, 1975-2002] que plus personne ne lit aujourd'hui.