<HS> J'aime pas Dune , une belle balourdise comme on en fait trop </HS>Epikt a écrit :[quote="David "Anonymous" Calvo"]bah ca dépend des gens tu sais. moi je connais des gens qui arrivent à lire que de fragments de trucs abscons, d'autres qui lisent dune. ce que je veux dire par narration, c est vraiment cette vieille idée de la cause et de l effet. comme si tout devait etre raconté de la meme manière, avec un début, un milieu et une fin. la tradition orale qui a donné naissance au kalevala était fragmentaire, et les gens trippaient. on a fossilisé la forme dans une tradition normative qui me semble obsolète, c 'est tout (même si elle donne encore de très beaux résultats - normam mailer dit : je ne pense pas que le roman soit mort, mais je pense que les lecteurs le sont). j espère qu on arrivera à des films "instants", à des séries de fragments littéraires. je crois que c est ce que gibson a voulu dire dans pattern recognition, avec cette vision qu'ont les gens du "footage", certains pensent que ce sont des fragments pas reliés, d'autres des extraits d'une grande oeuvre. c est surpuissant comme vision. c est juste dommage que gibson nous fasse pas son footage à lui et soit obligé de terminer son livre comme une mauvaise série M6. c est là, la limite de la narration pour moi. après, je comprends qu'on aime dune et tout. mais on est au XXIème siècle bordel ! après, je dis pas, faut avoir les moyens de ses aspirations (et je les ai pt pas, en tout cas, j ai pt pas la rigueur qu'il faut), mais merde, faut essayer de bouger les choses. quitte a s'aliéner des lecteurs qui pensent que 1/ tu te prends pour antonin artaud et 2/ que tu veux foutre le bordel parcequ'en fait, tu sais pas écrire...
c est pt vrai. mais quelqu'un qui créé et qui n'admet pas être un menteur / imposteur, c est pour moi une imposture.
Ce que tu n'aimes pas, c'est la narration linéaire, et les structures tradtionnelles (les trois actes et cie), pas la narration en elle même.
(tu peux me contredire si j'ai rien pigé)
L'idée de cause et d'effet à beau être une "vieille idée", c'est bien de cela dont il s'agit. Tu veux provoquer un "effet" sur ton lecteur, il va te falloir réfléchir à comment tu vas mettre en oeuvre sa "cause". Ou alors tu construis une "cause", afin d'observer quel "effet" cela provoque. Dans les deux cas, tu ne me feras pas dire que tu ne t'intéresses pas à la narration.
Refuser l'eternel "début => milieu => fin", c'est déjà réflechir à la narration.
Ensuite, déconstruire, zapper, "footager", pourquoi pas ? mais quel intérêt ? si c'est juste dans le but de tourner le dos aux conventions, n'est-ce pas de la subversion à courte vue ?
Je suis de ceux qui concidèrent la forme comme primordiale, mais surtout comme porteuse de sens(ation). D'où, l'utilisation d'une structure narrative ou d'une autre fait l'objet d'une réflexion sur son impact sur le lecteur (exemple con : que penser d'un livre pronant des idées subversives à tout va, mais enfermé dans une structure traditionnelle ? la forme ne contredit-elle pour le coup pas le fond, l'invalidant ? pour ce genre de raison la narration ne doit pas être négligée).
C'est pour cela qu'emprunter une forme narrative hors-norme se doit d'être motivée.
(dans la famille "Epikt se tire une balle dans le pied" : en quel honneur je concidérerais la forme narrative traditionnelle comme forme narrative par défaut ?)
Entre nous, tu as le droit de me répondre : "ça me vient comme ça, je vais pas me faire chier à l'écrire autrement, c'est vrai quoi !"
Tout ça pour dire que je trouve ton affirmation "il faudrait en finir avec la dictature de la narration" peu judicieuse. La narration me semble au contraire trop souvent négligée.
Même s'il me semble comprendre ce que tu veux dire par là, et si j'ai conscience de m'être accroché à une faille due à une rédaction un peu rapide. Mais c'est aussi un terrain sur lequel ça ne me déplairait pas de t'entendre.
E.
(qui aime se faire l'"avocat du diable" et surtout utiliser des guillemets)[/quote]
non, non, c est moi qui suis allé un peu loin ^^
c est vrai que finalement, à partir du moment où tu as une couv, un quatre de couv, etc, tu as un produit fini, entre quatre murs (tout a une fin, sauf la banane qui en a deux, et le saucisson, quoique c est sujet à discussion). donc affirmer vouloir tout démonter en écrivant des livres qui commencent par une phrase et finissent par une autre, c est un peu, justement, le mur (je crois que le seul exemple que j ai c est finnegan's wake ou, dans une moindre mesure, atrocity exhibition). c est pt pour ca aussi que je cherche dans les jeux vidéo une forme d interaction ou le joueur/lecteur est actif, où le seul boulot du créateur, c est de donner, justement, des outils de création (des étoiles, des trucs à récolter etc). tu vois émerger des choses magnifiques dans le online, une création nouvelle, basée sur l'expérience du moment présent, sur l'éphèmere particule qui scientille et qui mise bout à bout aux autres particules, donne la narration d une zone, d une communauté, d une ile. tu greffes là-dessus la convergences des individus, comme des faisceaux de sens et d informations à ta somme, et tu as quelque chose qui nait, qui s absorbe, mais qui n est pas narratif. peut-être que ma gestion de l ellipse, en Bd ou en écriture, c est ca, cette volonté de donner au lecteur la possibilité de combler les trous lui même, parfois par paresse, en général par souci de pousser l imaginaire de l autre dans ses derniers retranchements (tu donnes l input, l output, mais pas le parser).
mon refus de la narration, tel que je l ai articulé, est en fait double : d abord, c est le refus du point de vue unique sur ce que doit être une forme d expression. le roman CA DOIT ETRE CA, patati, patata, ca me gave profondemment de voir tous des gens intelligents tirer à boulets rouges sur les initiatives, les rêves et les espoirs d'une génération parce qu'il faut que les valeurs soient respectées. moi je lis pas balzac, je lui pisse à la rai, et pareil pour les gens de tecknikart. tous les lecteurs sont pas des vaches à lait et des débiles. et c est parce que le marché me donne pas raison que je vais me taire. tout le monde fait sa sainte nitouche devant la critique et les tenants du pouvoir en frissonnant de perdre sa place au sommet (quel sommet ? est-ce qu'on t a dit qu au sommet, il faisait froid ? et que t'étais seul comme un con là-haut ?). la vérité, c est qu en france, on vit dans les ruines d une culture, les pieds dans la boue, et on chante comme si on dominait encore le monde. j ai vu des expériences littéraires en france véritablement hallucinantes (damasio, colin, claro, barberi) se faire ignorer ou défoncer le cul par des frustrés parce que c est soit-disant prétentieux de vouloir faire autre chose que du A+B=C dans ce pays de Raison. alors qu'en fait, il s agit de réfléchir, sur le mot, sur la forme, sur le sens, sur la réalité, sur la perception de la réalité sur tout. d ouvrir en grand des portes, de pas chercher à s enfermer dans un moule pour avoir le droit d être quelqu'un. quitte à tout perdre. mais merde. si personne est prétentieux, si personne va se choper le mur, qu est ce qui va se passer ? QUI A DES COUILLES PUTAIN ?
ensuite : tu as raison bien sûr, on pense en images, on pense en séquences. demain, j ai envie d écrire un livre sur un type qui tombe dans l escalier, bon. je vais réfléchir à une narration, même si elle est crenelée, en forme de spirale, en bois de pin, je sais pas. ça restera une façon de présenter les choses. tu finira toujours par avoir un mot sur la page, avec des lignes dans l'ordre. tout est narration. même ce forum. quand il sera fermé, on se dira : tiens, ben il s 'est passé ça, ca et ca. ok. on est tous dans la narration, dans la narration de nos vies, du système, des médias. voilà. donc, comment on fait pour en sortir ? est-ce que c est possible ? est-ce qu'on peut tenter le coup ? est-ce que c est pas un challenge de tenter de mettre fin à quelque chose d'aussi immuable ? est-ce que c est constructif d aller se friter des ombres sur le mur de la caverne ? moi ca me parait jouable, mais comme dirait notre courageux anonyme, je n ai peut etre pas le sens des réalités.
ce que tu appelles l'épate, c est souvent du courage (ou dans mon cas de la paresse intellectuelle, mais c est parce que moi, je suis pas volodine hein).
quant à la subversion, je la préfère à courte vue qu'absente.
c est dit.