Serge Lehman répond à vos questions

Serge Lehman répond à vos questions sur le forum de mardi 23 au jeudi soir 25 octobre 2007.

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tiennou
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Message par tiennou » jeu. oct. 25, 2007 7:56 am

Bonjour,

Alors que je vois poindre les questions - légitimes - sur la SF et sa littérarité, je me demande ce qui serait préférable : que tu termines de bâtir une définition esthétique et poétique de la SF ou que tu la mettes en action dans un nouveau roman :-)

Amitiés

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Pascal
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Message par Pascal » jeu. oct. 25, 2007 8:17 am

zomver a écrit :Le travail que vous avez effectué avec l’anthologie Chasseurs de chimères [...] Courrait-on à l’échec éditorial ?
Lem a écrit :On est entre deux et trois mille ex
zomver a écrit :Après tout, Gallimard a bien publié le Jin Ping Mei Cihua en La Pléïade et je ne pense pas qu’un tel livre se soit arraché dans les librairies… Pourquoi cette maison n’oserait-elle pas un La Pléïade sur la SF
Jin Ping Mei Cihua : plus de 27.000 ex. du premier tome.

Question suivante ?

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zomver
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Message par zomver » jeu. oct. 25, 2007 9:26 am

Fichtre, j'ai bien l'impression d'avoir été inopportune...

A ma question "Courrait-on à l’échec éditorial ? ", Pascal me rappelle que Lem a écrit: "On est entre deux et trois mille ex "

Il y a un malentendu.

Pascal, je posais la question d'un possible échec éditorial à propos d'un La Pléïade sur la SF et non à propos de Chasseurs de chimères. (Mon "courrait" était bien un conditionnel et non un imparfait ;))
Pascal a écrit :Question suivante ?
Oui. Je réitère ma question: "Est-il pensable d'envisager un La Pléïade sur la SF ?. Question subsidiaire: "Courrait-on à un échec éditorial certain?"
Mes doigts sont verts et quelquefois ils tombent.

Pascal
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Message par Pascal » jeu. oct. 25, 2007 9:45 am

zomver a écrit :Oui. Je réitère ma question: "Est-il pensable d'envisager un La Pléïade sur la SF ?. Question subsidiaire: "Courrait-on à un échec éditorial certain?"
Je pensais que mon post était une réponse satisfaisante, mais sans doute pas...

Donc, à la question 1 : C'est probablement pensable. Mais, quand on y pense, très improbable...

À la question 2 : si 2.500 personnes seulement (en gros) achètent un omnibus à -- quoi, 30 euros ? --, combien achèteront un pléiade à 65 euros ?

Maintenant, si l'édition était une science exacte...

Mais, bon, c'est pas moi qui suis en interview, ici, parole à Mr Lem.

Lem

Message par Lem » jeu. oct. 25, 2007 10:27 am

C'est curieux. Le nom de John Brunner est apparu plusieurs fois dans ces échanges. Pour un auteur mort depuis près de dix ans et supposé oublié/inconnu de l'actuelle génération de lecteurs, c'est une sorte de revanche posthume. Je l'ai rencontré une fois, chez Gérard Klein (je l'ai raccompagné à Roissy en voiture) et j'ai été bluffé par son intelligence et son humour, deux qualités remarquées par tous ceux qui l'ont connu. De Brunner, je cite souvent cet aphorisme, extrait de Stand on Zanzibar : "Coincidence : tu n'as pas fait attention à l'autre côté de l'événement".
Cette phrase est aussi simple qu'elle est profonde. Je devrais m'en inspirer au lieu de patauger dans des notions floues telles que "influence non-causale sur le réel". Mais comment rendre compte de ces mini-miracles qui se produisent sans cesse, sinon dans ma vie, du moins dans ma tête ?
Hier soir, par exemple. J'étais en train de corriger la préface que je viens d'écrire pour un recueil de nouvelles de Michel Jeury à paraître aux Moutons Electriques (oui, je sais… "Les visages de ses confrères accrochés aux murs évoquaient pour lui une scène de Jugement dernier. Tous plus prolifiques que lui, ils le poursuivaient de leurs regards réprobateurs et lui assénaient ses quatre vérités : pourquoi as-tu quitté ta table de travail ? Pourquoi perds-tu ton temps à écrire des préfaces ? Qu'est-ce que tu fous ici ?" (F. Weyergans, Trois jours chez ma mère, Folio 4560, p. 159.) J'étais donc en train de corriger le texte et en relisant un passage où j'attire l'attention sur les rapports mythiques entre Michel Jeury et Paul Bérato (qui, sous les pseudonymes de Paul Béra et Yves Dermèze, est l'un des trois "romanciers scientifiques" de l'entre-deux-guerres à avoir réussi sa reconversion dans la science-fiction, avec Maurice Limat et Yves Dermèze), j'ai éprouvé une pointe de mauvaise conscience que j'ai aussitôt associée au post de Bull, mardi dernier :

Est-ce que cela t'arrive de relire de vieux FNA comme les BR Bruss.
Et si oui, desquels te sens tu le plus "proche" ?


Je savais que j'avais répondu de façon un peu trop désinvolte à ce message, expédiant ma relation au vieux Fleuve Noir avec une légèreté que je suis, en fait, loin d'éprouver (certains ont des rapports compliqués avec leur mère ; moi, c'est avec la collection Anticipation). Je me suis donc relevé – il devait être 0030 – et suis allé piocher un FNA au hasard dans ma bibliothèque : Le sang vert de Maurice Limat, justement (n° 230). Je l'ai relu à toute vitesse. Comme beaucoup de Fleuve de cette époque, en particulier les B. R. Bruss, c'est une histoire en deux parties distinctes dont l'une éclaire l'autre plus ou moins directement. Le texte est à chier mais il y a de la force dans le thème. Partie 1 : un vaisseau se crashe sur une planète inconnue ; le seul survivant de l'équipage a subi, à son insu, une expérience qui le transforme en végétal ; partie 2 : n siècles plus tard, une expédition scientifique découvre un monde peuplé "d'androphytes" (joli néologisme pour une fois), des êtres mi-hommes mi-plantes qui descendent tous, évidemment, du rescapé originel, lequel survit encore sous la forme d'un arbre colossal de plusieurs centaines de mètres de haut. A la fin : baston générale. L'arbre se déracine volontairement et vient prêter main forte aux explorateurs, anihilant son propre peuple et produisant, juste avant de mourir, une ultime floraison : au dos de ses feuilles, son histoire est "imprimée" en lettres de sève.
a) En décembre, je suis invité par Jean-Luc Rivera au festival d'Elvain, en Bretagne, où je dois prononcer une allocution sur la transmigration secrète du merveilleux-scientifique dans le Fleuve Noir Anticipation.
b) Je suis à moitié breton ; un ami (qui n'est pas du tout du milieu SF mais a rencontré Jean-Luc Rivera récemment à l'hôpital Cochin où nous rendions visite au pauvre Jean Tag) m'a rapporté de la Trinité une bouteille de cidre fermier et pour en profiter, hier soir, j'ai cuisiné des galettes de blé noir à ma familia.
c) dans ma bande-dessinée La saison de la Coulœuvre, il y a des arbres vivants et l'un d'eux emploie même l'expression : "Nous autres, déracinés volontaires…"
d) la question de Zomver (dont le pseudonyme est, je suppose, une caricature phonétique de "petits hommes vers") concerne "Chasseurs de chimères", volume qui traite du roman scientifique de l'entre-deux-guerre et dont les dernières lignes mentionnent B. R. Bruss, Paul Béra et Maurice Limat
e) cette question est affichée en caractères verts
f) Coincidence : tu n'as pas fait attention à l'autre côté de l'événement.

Bonjour, les gens du dernier jour.

Lem

Message par Lem » jeu. oct. 25, 2007 10:54 am

SETIM a écrit :Tu théorises finalement ce que beaucoup reprochent déjà à la S.F: c'est un résidu de rêves adolescents. Tu favorises une conception purement imaginative de la S.F au détriment de la définition classique (littérature d'idée). J'ai, moi même, plutôt le sentiment que la puissance évocatrice de la S.F est moins psychologique, c'est à dire touchant directement à des shèmes mentaux, que sociologique. Mais peut être est ce un peu trop réduire ta théorisation.
Il faut garder à l'esprit ceci : je ne cherche pas du tout à "vendre" cette théorie. Si j'insiste autant sur les éléments autobiographiques et/ou religieux, c'est précisément pour dire à ceux qui cherchent un système de définition objectif et rationnel : ceci n'est pas pour vous. A la limite, je suis le premier surpris des réactions que ces textes suscitent. Je les ai écrits pour moi en suivant une intuition littéraire. Quelque chose qui pourrait s'énoncer ainsi : "une bonne définition de la science-fiction ne peut être qu'une définition de science-fiction".
Par ailleurs : je n'ai pas employé le mot "résidu". L'adolescence est pour moi un état positif et le rêve (éveillé ou non) une activité essentielle. Que la SF soit, en fin de compte, une façon de continuer à faire des rêves adolescents serait plutôt un titre de gloire qu'une marque d'infâmie.

Lem

Message par Lem » jeu. oct. 25, 2007 10:57 am

Fabien Lyraud a écrit :Littérature d'idées ou d'images ?
Littérature qui traite les idées sous forme d'images.

Lem

Message par Lem » jeu. oct. 25, 2007 11:11 am

Epistolier a écrit :Une certaine forme de SF semble s'adresser à une population d'un niveau au moins égal au master / bac +5 français. Tes sempiternelles recherches sur le début du XX° siècle indiquent en partie que tu rentres dans cette catégorie.
+4 en ce qui me concerne.
Le désaveu de la SF n'est-il pas là ? Une écriture vraiment trop compliquée etc
Tu as jeté un coup d'œil au Goncourt de 2006, Les bienveillantes ? Tu te souviens des pages en latin dans Le nom de la rose ? La sophistication formelle ou la haute culture n'empêchent pas le succès. Il y a par ailleurs un regret implicite dans ta remarque qu'il faut élucider : celui de ne pas disposer d'une charte commune, d'une instance de régulation du genre à laquelle on pourrait se référer pour accéder au public. C'est le tropisme 'ministère de la SF' que je mentionnais hier, une illusion dont il est prudent de se déprendre.

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Message par Roland C. Wagner » jeu. oct. 25, 2007 11:16 am

Lem a écrit :
Epistolier a écrit :Une certaine forme de SF semble s'adresser à une population d'un niveau au moins égal au master / bac +5 français. Tes sempiternelles recherches sur le début du XX° siècle indiquent en partie que tu rentres dans cette catégorie.
+4 en ce qui me concerne.
Et seulement le bac dans mon cas.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

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Lem

Message par Lem » jeu. oct. 25, 2007 11:21 am

z-homme-vert a écrit : A quand un La Pléïade sur la SF ?
Ça ne me paraît pas du tout impossible.
Je ne plaisante pas.
Moi non plus ! La discussion sur l'éventualité d'un succès public n'est pas de ma compétence mais si, demain, Gallimard vient me demander de composer un volume de la Pléiade avec les classiques de la SFF depuis Jules Verne, je le lui fais sans problème. Il est toutefois peu probable que ça arrive tant que "la science-fiction" (en tant qu'école littéraire) n'aura pas affirmé son existence consciente, ici, sous la forme d'une histoire dans laquelle la culture française puisse reconnaître au moins quelques aspects d'elle-même. On est quelques-uns à y travailler.

Lem

Message par Lem » jeu. oct. 25, 2007 11:26 am

tiennou a écrit :Alors que je vois poindre les questions - légitimes - sur la SF et sa littérarité, je me demande ce qui serait préférable : que tu termines de bâtir une définition esthétique et poétique de la SF ou que tu la mettes en action dans un nouveau roman.
Je suis peut-être du genre fromage et dessert.

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Message par Bull » jeu. oct. 25, 2007 11:27 am

C'est bien parce que tu as placé un Bruss dans chasseur de chimères que je t'ai posé la question...

Mais bon je suis rassuré, un homme qui lit un FNA au milieu de la nuit ne peut pas ne pas écrire le volume 4 de Faust ;-)

Lem

Message par Lem » jeu. oct. 25, 2007 11:30 am

Pascal a écrit :C'est probablement pensable. Mais, quand on y pense, très improbable...
Joli.

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Message par orcusnf » jeu. oct. 25, 2007 11:51 am

Lem a écrit :Y Thiên : Salut ! Oui, je me souviens très bien de Liévain. J'espère que la Coulœuvre te plaira. Au plaisir aussi.
espèce de béotien, on écrit ça Liévin !!


:lol:
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Message par orcusnf » jeu. oct. 25, 2007 11:55 am

et sinon serge, tu es un être humain à priori ? Est ce qu'on peut quitter tout ce blabla pompeux et parler normalement, si tu cassais le masque et nous parlait comme l'homme que tu es vraiment ! Présente nous tes enfants, ta famille, ton chien, ton livre de chevet ou le dernier truc que tu as mangé ! ( ouais, c'est méchant comme question ça)
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