Les trouvailles de l'archiviste !

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Fred Combo
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Les trouvailles de l'archiviste !

Message par Fred Combo » lun. juil. 09, 2007 11:12 am

Autrefois, sur notre site favori, il y avait les trouvailles de l'archiviste.
Si vous voulez participer à leur résurrection, c'est ici que ça se passe !
Je vous propose d'y parler des "petits maîtres" de la SF, des Grands Anciens injustement oubliés et autres OVNIS littéraires qui ne sont pas encore ré-édités ou n'ont aucune chance de l'être, que l'on ne trouve plus que chez les bouquinistes, plus ou moins facilement, et qui méritent pourtant le détour...
Allez, puisqu'il faut commencer, j'y vais (en trichant et en déplaçant mon message de ce matin dans les "derniers ouvrages lus").

Je viens de ranger "l'elvissée" de Jack Womack avec la satisfaction d'avoir lu un bouquin à mon goût, presque écrit exprès pour moi. Smile
Je me demande si cet excellent auteur a en France (et ailleurs) tout le lectorat qu'il mérite. Attiré par un titre reprenant celui d’une chanson de RobertJohnson, l’amateur de blues que je suis avait lu avec grand plaisir « Terraplane » il y a quelques années. Puis ce fut la grosse claque avec « Journal de nuit », que je propose désormais en première lecture SF à des gens qui détestent le genre. Bon, j’suis peut-être un peu dur avec eux, mais jusqu’à présent ça n’a pas trop mal marché.
Il me restait à lire « l’elvissée » qui dormait dans ma PAL depuis quelques mois. J. Womack y poursuit sa description d’un monde déglingué, rongé par la violence, et que tente de contrôler une méga société, la Dryco, dont je ne comprends toujours pas bien de quoi elle s’occupe exactement (de tout, peut-être ?), sinon qu’elle agit comme une sorte de gouvernement privé aux US et en Europe (au moins).
Et ils ont accès à un univers parallèle, bien qu’un peu en retard temporel sur le notre (enfin le leur, espère-je, celui de la Dryco), où ils vont chercher un jeunot sudiste pouilleux et boutonneux du nom d’Elvis Presley, à qui ils espèrent faire jouer un rôle messianique auprès des innombrables sectes d’adorateurs du King et poursuivre ainsi leurs projets mégalomaniaques de remélioration… Il faut mentionner au passage la novlangue utilisée dans cet univers. Je ne sais pas ce que cela donne en anglais, mais je trouve que ça passe plutôt bien en français. Félicitations au traducteur, ça n’a pas dû être facile.
Malgré quelques passages assez drôles (et comment éviter de sourire ? Un véritable culte autour d’un chanteur de variété ? Allons donc, ça n’existe pas, c’est de la science fiction !) le livre est carrément tragique. L’auteur, en contrepoint à la déglingue morale et physique du monde qu’il décrit, nous montre aussi la détérioration des personnages principaux, un couple un peu particulier et auquel je m’étais attaché dans « Terraplane », en plus de la déconstruction du mythe elvisséen, complètement dépassé par les évènements, jouet du destin, et du rêve américain.
Et la fin… Bon, je ne vous raconte pas la fin, sinon pour répéter que ce livre est, à mon avis, très réussi.
Voilà, j’ai fait ma chronique. Wink
Qui aura la bonne idée de traduire et éditer ses autres œuvres ?
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Fred Combo
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Message par Fred Combo » mar. sept. 04, 2007 1:59 pm

Bon, j'ai lancé le sujet, faut bien l'alimenter un peu, sinon il va mourir d'inanition, le pauvre (qui a dit "c'est tout ce qu'il mérite ?)
Alors j'ai fouiné dans ma PAL et en ai sorti "Anarchaos" de Donald Westlake. C'est un auteur pour lequel j'ai énormément d'admiration et qui m'a rarement déçu (et encore, pour reprendre un vieil adage le concernant "un mauvais Westlake vaut largement un bon livre d'à peu près n'importe qui"). Ca me fait un prétexte pour parler d'un de mes auteurs favoris.
Il écrit principalement des policiers, dans le genre humoristique. Lisez, par exemple, les aventures de Dortmunder, le cambrioleur poissard, par exemple, ou celles de Parker l'implacable. Ou encore (il vient d'être réédité chez Rivages poches) "Adios Shéhérazade", une histoire d'auteur de roman pornos (un métier dont on dit que Westlake l'a exercé à ses début) en panne d'inspiration...
Mais il a également commis quelques oeuvres de SF, bien qu'il ait dit dans une interview (j'sais plus où. Peut-être sur le défunt site "mauvais genres" ?) qu'il n'aimait pas trop ça, écrire de la SF. Et dans Anarchaos ça se sent... C'est un genre de Whodunit doublé d'une histoire de vengeance qui se passe sur une planète où règne officiellement l'anarchie, mais où les grosses sociétés de la Terre possèdent quelques intérêts.
La moitié de la planète vit dans un jour perpétuel, l'autre dans la nuit. Et c'est à peu près tout pour ce qui est de la part SF du bouquin, si l'on exepte les chevalus, espèces de chevaux poilus qui remplissent le même rôle que nos braves canassons terriens. Par chance, le livre est court. Méritait pas mieux. J'suis déçu. Ne le cherchez pas chez les bouquinistes. A la place, lisez "Omega" de Robert Sheckley.
Si vous voulez absolument tâter de la veine SF de Westlake, essayez plutôt "Trop humains", une histoire d'ange rebelle qui tentera d'empêcher Dieu de détruire l'espèce humaine à l'aide d'une improbable équipe de bras cassés. Sans être un chef d'oeuvre et malgré certains côtés un peu capillitractés (merci Eric pour ce joli mot, ça faisait longtemps que je guettais l'occasion de le replacer :)) il reste d'une lecture très agréable. Sa meilleure réussite dans le genre qui nous intéresse étant à mon avis "Smoke", un livre plus dans ses cordes puisqu'il s'agit (encore !) d'une histoire de cambrioleur qui avale une potion d'invisibilité. C'est du pur Westlake. En fait, celui là, je n'hésite même pas à vous le recommander, si vous voulez vous payer une pinte de bon sang en lisant un policier sans trahir votre penchant pour la SF.
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Message par Roland C. Wagner » mar. sept. 04, 2007 2:27 pm

Ouaip, n'empêche que les « anarchistes » de Westlake, ils ressemblent plutôt à des libertariens.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

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Message par Fred Combo » mar. sept. 04, 2007 2:48 pm

Roland C. Wagner a écrit :Ouaip, n'empêche que les « anarchistes » de Westlake, ils ressemblent plutôt à des libertariens.
Et même encore plus à de vulgaires truands. Dans le bouquin, les premiers colons avaient un semblant d'idéal politique, qui s'est effondré au bout de deux générations d'anarchie pour donner une sorte de bouillon dans lequel s'entretuent des criminels en tous genre.
C'est dommage, avec une pareille toile de fond, il aurait pu aller loin. Mais ça ne l'intéressait visiblement pas plus que cela. Je me demande dans quelles conditions il a écrit le bouquin. Une période de dèche et des traites à payer, peut-être ?
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Message par Fred Combo » lun. sept. 10, 2007 3:52 pm

C'est un peu calme, ce forum, depuis la rentrée...
Cette fois, c’est une véritable archive que j’ai trouvé chez un bouquiniste de mon quartier, un vieux bouquin, bien jaune et poussiéreux, dont les pages n’étaient même pas découronnées !
Jusqu’à présent, je ne connaissais Anatole France (merci trivial poursouite) que parce qu’il avait le cerveau plus petit que la moyenne (1 kg contre 1,3kg en moyenne) Comme quoi c’est pas la taille qui compte.
Ce que j’ignorais, c’est que cet homme de gauche, néanmoins académicien et prix Nobel, avait œuvré dans un des genres qui nous intéressent et qu’il pouvait encore être lu avec plaisir. Celui que j’ai dévoré cette semaine pourrait sans conteste être classé dans le genre « fantasy urbaine » et figurer au catalogue des Moutons Electriques !
Je viens donc de terminer « La révolte des anges » et j’ai passé quelques excellentes heures de lecture avec cette histoire de chérubins rebelles et poseurs de bombes, qui ne rêvent que de renverser Dieu et établir une démocratie aux Royaume des Cieux. Bien entendu, ils profitent aussi de leur passage parmi les hommes pour lutiner les femmes humaines et traîner dans les cabarets. Cela a confirmé mes soupçons : les anges ont un sexe et ils s’en servent. Ce roman m’a beaucoup rappelé, par son ambiance, ceux de Thomas Burnett Swann. Il y a également tout un passage sur la guerre entre les anges fidèles à Dieu et les anges rebelles, avec des scènes de bataille qui ne feraient pas honte à des auteurs de fantasy plus modernes…Et la bibliothèque ! Il y est question de livres volés et un singe vient à être soupçonné du forfait (Terry Pratchett ! Bon, d'accord, là j'exagère un peu...)
Le style est d'un classicisme tout à fait délectable, avec moult imparfaits du subjonctifs et autres gâteries du genre "...pour peu qu'il vous en chaille..." Et les titres des chapitres ! Un régal, je vous dis :
"Chapitre VII d'un intérêt assez vif et d'une moralité qui sera, je l'espère, très goutée du commun des lecteurs, puisqu'elle se formule par cette exclamation douloureuse : "Où m'entraînes-tu, pensée ?" et que c'est en effet une vérité généralement admise, qu'il est malsain de penser et que la vraie sagesse est de ne songer à rien" !
Hein ? Qu'est-ce que vous dites de ça ?
Et le suivant donc : "chapitre VIII où il est parlé d'amour; ce qui plaira, car un conte sans amour est comme du boudin sans moutarde, c'est chose insipide..."

Je vais donc essayer incontinent de me procurer un autre livre du même auteur et dont le titre me semble également assez prometteur : « L’île des pingouins » !
Pour information, la seule édition récente que j’ai pu trouver en librairie de « la révolte des anges » faisait partie d’un omnibus (ou genre omnibus). Il me semble qu’il doit aussi y figurer dans un des volumes de la Pléïade. Reste les bouquinistes…
Vive la république (des anges), vive France (Anatole) !
Et vive le boudin a la moutarde !
:D
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Message par K2R2 » ven. sept. 21, 2007 9:55 pm

Je suis en train de lire L'elvissée et j'avoue être un peu moins conquis que pour Terraplane, il manque un tout petit quelque chose aux personnages pour les rendre plus vivants. En revanche, c'est bien barré et rempli de références musicales au blues et au rock n'roll.

Pour répondre à ton questionnement concernant le rôle de la Dryco, ne crois que tu as bien cerné le problème. Le gouvernement n'existe plus sur ce monde et c'est la Dryco, multinationale maffieuse toute puissante, qui tire les ficelles.

Sinon, Womack c'est bien, tout le monde devrait lire du Jack Womack.

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Message par Fred Combo » lun. sept. 24, 2007 9:25 am

Pour en revenir, donc, à "l'Elvissée", je conseille en lecture complémentaire l'opus que je vien de lire : "Au nom du King" de Gabriel Segré.
C'est le livre d'un ethnologue qui a étudié, pour sa thèse de doctorat, une tribu des plus exotiques : les fans d'Elvis du XXème arrondissement de Paris, parmi lesquels il vivra pendant trois ans, allant même jusqu'à les accompagner à Graceland pour "l'Elvis week" à l'occasion de la commémoration du vingtième anniversaire de la mort du roi.
Ca m'a vraiment frappé de constater que Jack Womack était si près de la réalité. J'étais loin d'imaginer l'ampleur du culte Elvissien dans notre continuum spatio-temporel !
Le culte d'Elvis est réel, il existe une véritable communion mystique entre Elvis et ses fans dont certains, catholiques, n'hésitent pas à prier Elvis comme n'importe quel autre saint de l'église officielle. Le récit de la candlelight , une cérémonie qui se déroule chaque année à Graceland la nuit de la mort du King, est particulièrement impressionnant et correspond à une véritable lithurgie, avec ses rites, ses objets cultuels et ses officiants, le tout étant orchestré par la Elvis Presley Enterprise, une organisation qui n'est pas sans évoquer... la DRYCO de Jack Womack !
Ce culte Elvissien est réellement en passe de devenir, avec ses millions d'adeptes de par le monde, une véritable secte d'obédience vaguement chrétienne. Elvis a souffert pour nous et il est mort pour continuer à nous guider, de là-haut, depuis un siège confortable aux côtés du p'tit Jésus.
Et ça va même jusqu'à une certaine hostilité entre les différents clubs de fans, dont certains sont considérés comme schismatiques, par d'autres. Voir aussi l'anathème jetté sur les journalistes et autres mécréants qui salissent la mémoire du King en colportant des insanités sur son compte. Non, le King ne se droguait pas, ni ne reluquait les culottes des petites filles... Bon je délire...
Il existe des fast food dans lesquels on ne sert que les plats préférés du King, ce qui nous rapproche diablement d'une forme d'eucharistie qui sent la crème glacée et les sandwiches au beurre de cacahuète. Un projet d'exportation semble être sérieusement à l'étude...

Par curiosité, je suis allé sur le site des fans en question... Edifiant...
http://perso.orange.fr/treatmenice/

Et le site du fan club "ennemi" :
http://www.elvismyhappiness.com/

Le site de la Elvis Presley Enterprise aussi :
http://www.elvis.com/

Si vous le sougaitez, vous pourrez même vous marier dans la chapelle de Graceland :
http://www.elvis.com/graceland/chapel/default.asp

Ils vont même jusqu'à parler ouvertement d'une expérience mystique en visitant Graceland : "Révélez le King qui est en vous !" :
http://www.elvis.com/discover/

Puisse le rock'n'roll guider vos pas, mes frères et soeurs !
:wink:
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Message par Fred Combo » ven. janv. 11, 2008 2:22 pm

Je l'avoue, j'ai un peu honte de continuer à poster sur ce sujet auquel Jérôme m'a fait l'honneur d'attribuer un post-it, puisque je semble être le seul à l'utiliser...
Mais bon, pourquoi polluer le sujet sur les derniers livres lus alors que je bénéficie finalement d'un espace privilégié pour avoir le plaisir (solitaire) de vous parler de plus ou moins vieux bouquins ? (Polluer ? Plaisir solitaire ? Bah, pourquoi pas après tout...)

Je viens de terminer un livre, "la course au mouton sauvage", qui se trouve à la frontière du fantastique et de la littérature générale. Cela faisait un certain temps que j'avais envie de me lancer dans l'oeuvre de Haruki Murakami, mais les 4èmes de couv' mentionnant des extraits de critiques du magazine "ELLE" ou du "Figaro magazine" m'en avaient jusqu'à présent dissuadé. Heureusement, le site de nos amis les cafards a su me convaincre par ses commentaires élogieux que cet ouvrage méritait plus qu'un coup d'oeil. Voici donc quelques remarques en vrac...

L'histoire (une affaire de possession ovine) est assez étrange et baigne dans une ambiance onirique que ne dément pas le style de l'auteur. (Je ne lis pas le japonais, malheureusement, mais le traducteur a obtenu un prix et je lui fait confiance a priori pour avoir su rendre l'ambiance originale dans la langue de Wagner (Roland, pas Richard). L'histoire se déroule sur un rythme lent, voire très lent. J'ai eu constemment l'impression de me déplacer dans une piscine remplie de mélasse, de penser au ralenti, comme dans un rêve peuplé de moutons, de yakuzas fachos et de jolies filles. Pas désagréable du tout, les yakuzas fachos ajoutant juste un peu de danger, de piment à l'histoire.

L'histoire (très grossièrement) : Un type assez désabusé, voire molasson (il ne vit qu'à moitié, selon un des personnages, son autre moitié est restée intacte quelque part à l'intérieur de lui) possède une photo sur laquelle figure un mouton qui intéresse fort un puissant groupe d'extrême-droite nippon, qui l'envoie à la recherche de l'animal.

Un des traits curieux de l'ouvrage, c'est que les personnages n'ont pas de nom, excepté le Rat, qui a un surnom, ou le Maitre, l'homme en noir, elle, ou encore le chat qui finira par s'appeler Sardine. Comme si n'importe qui pouvait devenir en permanence n'importe qui d'autre, ou plutôt parce que nous sommes tous intimmement liés, peut-être en raison de notre vacuité commune. Le moi n'a pas d'importance. C'est un peu ça le Zen...

Le récit baigne dans un humour indéfinissable, léger, désabusé, toujours présent comme une petite brise à peine tiède : "J'avais mangé toutes mes peanuts, et ma troisième bière était vide. Tout était accompli, je n'avais plus rien à faire." Dire ça au milieu d'un roman, vous m'avouerez... Exactement le genre de phrase qui me touche profondément, si vous voulez mon sentiment perso (si vous ne voulez pas, fallait pas lire jusqu'ici :wink: )

Bref, si vous en avez assez du Gore, si Greg Egan vous a brisé les cellules grises (je vais d'ailleurs me jeter sur "la cité des permutants" d'ici peu, parce que Ger Egan, c'est génial !), si vous aimez patauger dans la mélasse : lisez ce livre ! C'est très chouette et je lirai "la fin des temps" du même auteur dès que j'aurais mis la main dessus (et terminé "la cité des permutants").

Et ne me laissez pas tout seul dans le noir ici, je vais finir par avoir la trouille !
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Message par jerome » ven. janv. 11, 2008 2:48 pm

Fred Combo a écrit :Je l'avoue, j'ai un peu honte de continuer à poster sur ce sujet auquel Jérôme m'a fait l'honneur d'attribuer un post-it, puisque je semble être le seul à l'utiliser...
Mais bon, pourquoi polluer le sujet sur les derniers livres lus alors que je bénéficie finalement d'un espace privilégié pour avoir le plaisir (solitaire) de vous parler de plus ou moins vieux bouquins ? (Polluer ? Plaisir solitaire ? Bah, pourquoi pas après tout...)
Va y Fred, continue à te faire plaisir ! :-)

Et puis tu es pas tout seul, le thread a été vu 1600 fois déjà...
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Message par Fred Combo » ven. janv. 11, 2008 2:52 pm

jerome a écrit :
Fred Combo a écrit :Je l'avoue, j'ai un peu honte de continuer à poster sur ce sujet auquel Jérôme m'a fait l'honneur d'attribuer un post-it, puisque je semble être le seul à l'utiliser...
Mais bon, pourquoi polluer le sujet sur les derniers livres lus alors que je bénéficie finalement d'un espace privilégié pour avoir le plaisir (solitaire) de vous parler de plus ou moins vieux bouquins ? (Polluer ? Plaisir solitaire ? Bah, pourquoi pas après tout...)
Va y Fred, continue à te faire plaisir ! :-)

Et puis tu es pas tout seul, le thread a été vu 1600 fois déjà...
1600 fois ! Bande de voyeurs ! :wink:
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Message par rmd » ven. janv. 11, 2008 2:56 pm

Fred Combo a écrit :C'est très chouette et je lirai "la fin des temps" du même auteur dès que j'aurais mis la main dessus
N'hésite pas, c'est aussi un très bon bouquin.
Après des années de cérémonie du Thé, il n’y a rien de meilleur que de vomir de la Bière.

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Message par Fred Combo » mer. févr. 20, 2008 9:55 am

Juste un petit mot pour dire que « la fin des temps », c’est excellent. Mais je m’en doutais un peu : je n’ai pas encore lu de daubes de la part de l'auteur qui a fait Kafka sur le rivage… Hihihi… Bon, les archives maintenant…

Il y a des auteurs de SF qui sont injustement oubliés et que l’on voudrait bien voir réhabilités, ne serait-ce que pour trouver leurs œuvres plus facilement. Je suis d’avis que Frederik Pohl le mérite amplement et si un ovin électrique passe dans le coin, comme c’est un peu leur créneau avec la bibli voltaïque…

Cette figure incontournable de la SF, qui a dirigé outre-atlantique les plus grandes revues du genre, est également bien connu pour ses œuvres en duo avec Jack Williamson ou Cyril Kornblut, mais il a également écrit en solo d’admirables bouquins. Je me souviens encore de mon enthousiasme après avoir dévoré les premiers volumes de la série de « La grande porte », et je garde également un bon souvenir, bien qu’un peu flou, de « l’ère du satisfacteur ». Il a également été membre du parti communiste américain, détail qui a son importance lorsque l’on lit certains de ses livres…

Cette semaine, j’ai terminé « les gogos contre-attaquent », la suite de « planète à gogos » et ça vaut franchement le détour. Tout y passe dans ce pamphlet sur la société de consommation, la religion, la politique, l’armée, le monde du travail et surtout ce qui organise tout ça : la publicité ! Ca rejoint tout à fait ce que disait Eric, récemment et ailleurs, sur le côté subversif de la littérature SF et sur le marketing politique. On est en plein dedans !

Le narrateur est un publicitaire Merc, cynique et antipathique au possible (« Qu’est-ce que l’honnêteté a à voir avec la promotion du produit ? »), que l’on suit au cours de ses diverses phases de réussite et de déchéance. Ces épreuves, bien entendu et heureusement pour lui, finiront par le faire évoluer…

Les ennemis, ce sont les Vénos, des rebelles anti-conso expatriés sur Vénus, des sortes de mangeurs-de-vraie-viande, écologistes, adeptes du bio et adversaires du « travaillez plus pour consommer plus »... Ce bouquin est terrible… Et terriblement vrai, aussi. Combien sommes-nous, ce matin, a avoir tartiné une tranche de Craquepain avec du Poulgrain en buvant un Surcafé ? Et ce midi, lesquels d’entre nous déjeuneront d'un sandwich de Véri-viande arrosé d'un Mokie-Koke ?

La publicité, dans « les gogos… » est envisagée comme un élément civilisateur (p.66 « …le progrès de l’humanité par l’incitation à l’achat. » La publicité est devenue indispensable et tous les domaines sont affectés. Aussi, lorsqu'elle est absente, on peut voir des exemples tels que le « syndrôme du magasin » dans lequel on voit le consommateur Terrien désemparé lorsqu’il se trouve dans un magasin Vénusien. Là, pas de pub pour le faire consommer. Résultat ? Il ne sait pas quoi acheter et il maigrit, maigrit, maigrit…

Quelques citations ?
Bon, juste une pancarte Véno alors : « ATTENTION – Zone commerciale – Vous y accédez à vos risques et périls ! »

Et aussi ça, du côté des Mercs :
« Un consommateur bien entrainé, c’est quelque chose. Ils avaient été élevés et conditionnés à faire ce que le monde attendait d’eux : acheter ce que le personnel des agences avait à leur vendre. »

C’est drôle sans être lourd, une satire qui justifie pleinement le recours à une citation de Juvenal en exergue (j’en profite pour vous inciter à lire Juvenal, d’ailleurs. C’est rigolo, féroce, édifiant et étonnamment moderne.)

Du coup, je viens de commencer « La guerre en douce », du même auteur. Ca me semble être du même tonneau. Le principe : la guerre est trop dangereuse. Au lieu de lancer des bombes sur l’ennemi, on se contente de lui faire un croche-pied, en lui envoyant des maladies, en modifiant le climat, etc… Tout ce qui concourt à déstabiliser une économie est bon à prendre…
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Message par Pascal » mer. févr. 20, 2008 10:59 am

Planète à Gogos et Les gogos contre-attaquent vont être repris en un seul volume de la collection Folio SF. Le recueil comprendra une fin alternative à Planète à gogos, parue initialement en revue. Parution pour l'été.

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Message par Fred Combo » mer. févr. 20, 2008 11:04 am

Ouaiii ! Bonne nouvelle pour ceux qui ne les ont pas encore lus !
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Message par Jer » ven. févr. 29, 2008 1:53 pm

Moi, je conseillerai, pour ceux qui ne connaissent pas, les ouvrages de Régis Messac (Quinzinzinzili, la cité des asphixiés et Valcrétin). Messac est un auteur français des années trente et ses livres n'étaient plus réédités depuis des lustres, donc très difficilement trouvables et assez chers. Ma copine les a finalement dégottés chez un bouquiniste en charente. Moi je n'ai lu que Quinzinzinzili, et c'est d'une noirceur absolue. Un type, après une guerre bactériologique qui anéantit la quasi totalité de la population, se retrouve seul en lozère avec un groupe d'enfants et les observe évoluer dans ce nouveau monde. Ici, foin de retour à un âge d'or "naturel". Les enfants redécouvrent tout ce qui pourrit la vie humaine ( guerre, jalousie, religion, loi du plus fort,...) et refont exactement les mêmes erreurs.
L'écriture est assez drôle, mais le constat est d'un cynisme sans borne ( ou d'un réalisme poussé, selon la vision). Dans tous les cas, un livre à lire quand on est de bonne humeur.
Quant aux 2 autres, d'après ma copine, ils sont du même tonneau.
Pour finir, je précise que ces livres devaient être réedités récemment et j'encourage tous ceux qui veulent découvrir un grand auteur de SF d'avant guerre et français à ne pas hésiter.

P.S: Un détail, mais qui m'a frappé, les premières pages racontent la montée de la tension entre les différents pays qui conduira à la guerre, et de nombreux points sont très proches de ce qui s'est passé réellement. Sauf que le livre fut écrit en 1933 ou 34.
Ce talant de visionnaire m'a vraiment impressionné.
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul. (Cyrano de Bergerac)

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