Ballard est-il un auteur bobo ?
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- Eric
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Ballard est-il un auteur bobo ?
Bon, j'ai lu la Trilogie de béton, et... cruelle déception.
Crash sort du lot, même si perso je n'ai pas aimé parce que les bouquins pornos m'emmerdent. Mais c'est très bien écrit, parfaitement maîtrisé dans le rythme, très bien vu.
Mais les deux autres (L'île de béton et I.G.H) sont plats, dispensables, et surtout particluièrement nombrilistes et centrés sur la petite élite intellectuelle de cette vaste classe moyenne. Ca m'a un peu rappelé le Eyes Wide Shut de Kubrick, et provoqué un peu le même genre de désintérêt diffus. Les affres du doute "petit bourgeois" de ce médecin new-yorkais m'avaient profondément ennuyés, parce que fondamentalement, sa vie ne m'intéresse pas, et plus que tout, son ennui ne m'intéresse pas.
Exactement le même genre de sentiment pour la Trilogie de béton. La crise de quarantaine de Ballard ne m'intéresse pas.
Si il ne gère pas ses périodes de doute, qu'il se paye une analyse... et si c'est le cas, qu'il attende de l'avoir digérée avant de se relancer dans l'écriture.
Crash sort du lot, même si perso je n'ai pas aimé parce que les bouquins pornos m'emmerdent. Mais c'est très bien écrit, parfaitement maîtrisé dans le rythme, très bien vu.
Mais les deux autres (L'île de béton et I.G.H) sont plats, dispensables, et surtout particluièrement nombrilistes et centrés sur la petite élite intellectuelle de cette vaste classe moyenne. Ca m'a un peu rappelé le Eyes Wide Shut de Kubrick, et provoqué un peu le même genre de désintérêt diffus. Les affres du doute "petit bourgeois" de ce médecin new-yorkais m'avaient profondément ennuyés, parce que fondamentalement, sa vie ne m'intéresse pas, et plus que tout, son ennui ne m'intéresse pas.
Exactement le même genre de sentiment pour la Trilogie de béton. La crise de quarantaine de Ballard ne m'intéresse pas.
Si il ne gère pas ses périodes de doute, qu'il se paye une analyse... et si c'est le cas, qu'il attende de l'avoir digérée avant de se relancer dans l'écriture.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Re: Ballard est-il un auteur bobo ?
A son age, c'est un peu tard. Bon, j'ai eu une période Ballard très intense ou je ne jurais que par lui (ca devait etre juste après ma période DickEric a écrit :Si il ne gère pas ses périodes de doute, qu'il se paye une analyse... et si c'est le cas, qu'il attende de l'avoir digérée avant de se relancer dans l'écriture.

- vermilion sands, un recueil de nouvelles contenant quelques textes magnifiques
- La forêt de cristal
- le jour de la création
- Eric
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Vermillion Sands, je cautionne. Très joli recueil, j'avais d'ailleurs fait la chronique ppour l'Archiviste.
la Forêt de cristal m'estombé des mains, mais généralement les histoires en Afrique m'emmerdent un peu, je n'ai aucune fascination pour ce continent.
Le jour de la création, connaît pas.
J'avais aussi essayé la Foire aux Atrocités, qui est assez typique du genre de bouquin qui est basiquement illisible mais qui rend les lecteurs qui ont tenu jusqu'au bout tellement fiers d'eux, que ça en devient un roman culte. Ajouter à cela que ça la fout mal pour un critique de dire qu'il n'a rien pané au bouquin, donc, de base et dans le doute il va dire que c'est génial. D'où une réputation flatteuse, mais usurpée.
la Forêt de cristal m'estombé des mains, mais généralement les histoires en Afrique m'emmerdent un peu, je n'ai aucune fascination pour ce continent.
Le jour de la création, connaît pas.
J'avais aussi essayé la Foire aux Atrocités, qui est assez typique du genre de bouquin qui est basiquement illisible mais qui rend les lecteurs qui ont tenu jusqu'au bout tellement fiers d'eux, que ça en devient un roman culte. Ajouter à cela que ça la fout mal pour un critique de dire qu'il n'a rien pané au bouquin, donc, de base et dans le doute il va dire que c'est génial. D'où une réputation flatteuse, mais usurpée.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
- Eric
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Oui pardon, j'ai un peu sauter directement de l'argumentation de ma chronique au post.
Dans chacun des bouquins de la Trilogie, qui prétend être un instantanné du monde moderne, les personnages sont tous des petits bourgeois dans le coup. Les quelques approches de Ballard pour parler du prolétariat sont caricaturales (l'île de béton) ou risibles (I.G.H, où l'échelle sociale qui est sensée être symbolisée par la progression dans les étages est ridicule puisque ce qui est sensé représenter le prolétariat sont des hôtesses de l'air et des techniciens de l'audiovisuel). Résultat, les trois romans ne sont qu'une projection de la crise de la quatantaine d'un auteur branché, très upper middle class.
Il projette ses angoisses sur le monde dans son entier et tente de nous convaincre que ses symptômes sont universels. Or ils ne le sont pas.
Dans chacun des bouquins de la Trilogie, qui prétend être un instantanné du monde moderne, les personnages sont tous des petits bourgeois dans le coup. Les quelques approches de Ballard pour parler du prolétariat sont caricaturales (l'île de béton) ou risibles (I.G.H, où l'échelle sociale qui est sensée être symbolisée par la progression dans les étages est ridicule puisque ce qui est sensé représenter le prolétariat sont des hôtesses de l'air et des techniciens de l'audiovisuel). Résultat, les trois romans ne sont qu'une projection de la crise de la quatantaine d'un auteur branché, très upper middle class.
Il projette ses angoisses sur le monde dans son entier et tente de nous convaincre que ses symptômes sont universels. Or ils ne le sont pas.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
OK, je comprends mieux.
Personnellement, les romans de Ballard évoquent plus chez moi une un regard misanthropique sur la "modernité" (je sais que l'on prête à ce terme le sens que l'on désire). Ceci peut se comprendre au regard de son expérience d'interné en Chine (un camp d'internement doit être un microcosme assez révélateur sur les rapports humains).
Par ailleurs, je me demande si les derniers romans de Ballard ne sont pas davantage une projection du malaise vécu par la classe moyenne qui voit ses conditions de vie se rapprocher de celles du prolétariat.
Evidemment, c'est un ressenti très personnel et, à ma décharge, je dois avouer que je n'ai pas lu Crash, L'île de béton et IGH.
Personnellement, les romans de Ballard évoquent plus chez moi une un regard misanthropique sur la "modernité" (je sais que l'on prête à ce terme le sens que l'on désire). Ceci peut se comprendre au regard de son expérience d'interné en Chine (un camp d'internement doit être un microcosme assez révélateur sur les rapports humains).
Par ailleurs, je me demande si les derniers romans de Ballard ne sont pas davantage une projection du malaise vécu par la classe moyenne qui voit ses conditions de vie se rapprocher de celles du prolétariat.
Evidemment, c'est un ressenti très personnel et, à ma décharge, je dois avouer que je n'ai pas lu Crash, L'île de béton et IGH.
Modifié en dernier par kibu le sam. avr. 29, 2006 5:57 pm, modifié 1 fois.
- Eric
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C'est un peu l'impression que laissaient ses propos sur Millenium People (que je n'ai pas lu). Encore qu'il soit certainement plus préoccupé par le mirage d'une uniformisation des modèles sociaux. Mais ce qui est étrange c'est qu'à lire ses textes dans Millénaire Mode d'emploi, le bonhomme n'a pas l'air si misanthrope que ça.
Je ne pense pourtant pas qu'il y est une posture chez lui, ce qui me laisse d'autant plus perplexe.
Je ne pense pourtant pas qu'il y est une posture chez lui, ce qui me laisse d'autant plus perplexe.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Ceci dit, mon impression ne repose que sur la lecture de Millenium people, Super-Cannes et Le massacre de Pangbourne.
Peut-être un peu court pour juger définitivement le bonhomme.
Peut-être un peu court pour juger définitivement le bonhomme.
Modifié en dernier par kibu le sam. avr. 29, 2006 5:58 pm, modifié 1 fois.
De Ballard je n'ai lu que Millenium people et ce bouquin me semble tout à fait répondre à cette définition.Mais les deux autres (L'île de béton et I.G.H) sont plats, dispensables, et surtout particluièrement nombrilistes et centrés sur la petite élite intellectuelle de cette vaste classe moyenne.
Vision acerbe, mais pas trop, de cette classe moyenne (mais pas trop moyenne non plus) d'intellectuels et autres érudits. Ce qu'il y a au dessus et au dessous, on n'en sait rien, ça ne semble pas exister. Donc, à mon avis, ça ne mène nulle part puisqu'on a l'image d'une société tronquée, artificielle et finalement ses petits problèmes existentiels m'intéresse peu.
J'ai quand même l'intention d'essayer "Crash" et "Vermillion sand"...
Moi j'ai beaucoup aimé IGH, où tu as une réflexion sur la nature humaine, telle que Ballard a pu la voir dans les camps japonais.
Vermilion sands est une petite merveille, à condition de rentrer dedans.
Au pire, lisez ses recueils de nouvelles parus en leur temps chez J'ai lu comme La plage ultime ou La région du désastre.
Priest dit que Ballard restera comme nouvelliste, et je suis plutôt d'accord.
Vermilion sands est une petite merveille, à condition de rentrer dedans.
Au pire, lisez ses recueils de nouvelles parus en leur temps chez J'ai lu comme La plage ultime ou La région du désastre.
Priest dit que Ballard restera comme nouvelliste, et je suis plutôt d'accord.
L'enfer est quelque chose que nous pouvons créer. C'est finalement cela qui fascine.
Thomas M. Disch - Camp de concentration
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