Mélanie Fazi online

Mélanie Fazi répond à toutes vos questions du lundi 7 au mercredi 9 avril

Modérateurs : Eric, jerome, Charlotte

Verrouillé
jerome
Administrateur - Site Admin
Messages : 14744
Enregistré le : jeu. déc. 15, 2005 4:12 pm
Localisation : Chambéry

Mélanie Fazi online

Message par jerome » lun. avr. 07, 2008 7:27 am

Pendant trois jours,; Mélanie Fazi nous fait l'amitié de faire une descente sur le forum d'Actusf pour répondre à toutes vos questions et parler de son oeuvre en tant qu'auteur et de son travail de traductrice.

En ce qui concerne ses textes, les éditions Bragelonne viennent de sortir deux titres coup sur coup. Tout d'abord la réédition de Serptentine (Grand Prix de l'Imaginaire). Et puis Notre-Dame-aux-Ecailles ensuite, un nouveau recueil de nouvelles passionnant. Grosse actu donc pour Mélanie Fazi en ce printemps 2008. Et si vous n'avez jamais eu la chance de lire ses nouvelles, voici gratuitement en ligne Une chambre à Tucson, Soir de noce et GRAFFITI.

On l'a dit, Mélanie Fazi est également traductrice. Grâce à elle vous avez pu découvrir en français L'Année de notre guerre de Steph Swainston, La Chasse sacrée de Lois McMaster Bujold, En attendant l'orage de Graham Joyce ou bien encore Hellraiser de Clive Barker et Petite cuisine du Diable de Poppy Z. Brite.

Et entre ces deux activités, elle a donc accepté de répondre à toutes vos questions. Allez y, c'est à vous !

Image
Jérôme
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley

jerome
Administrateur - Site Admin
Messages : 14744
Enregistré le : jeu. déc. 15, 2005 4:12 pm
Localisation : Chambéry

Message par jerome » lun. avr. 07, 2008 7:48 am

Allez je lance les premières questions. :-)

Tout d'abord comment as-tu composé le recueil Notre-Dame-aux-Écailles ?

Quels sont les premiers retours ? Comment se passent les premières dédicaces ?

Sur la quatrième de couverture, il y a une citation de Jean-Claude Dunyach : « Il y a chez Fazi une petite musique poignante, extrêmement lucide, et surtout un art de la fêlure qui transcende la moindre de ses histoires. » Te retrouves-tu dans ses propos ?

Et puis c'est en encore un recueil. A quand un nouveau roman ? :-)
Jérôme
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley

Avatar du membre
Mélanie
Messages : 1224
Enregistré le : lun. avr. 03, 2006 9:32 am
Localisation : Paris
Contact :

Message par Mélanie » lun. avr. 07, 2008 8:38 am

jerome a écrit :Tout d'abord comment as-tu composé le recueil Notre-Dame-aux-Écailles ?
C'est Stéphane Marsan, fin 2005, qui a lancé l'idée d'un nouveau recueil. A l'époque, j'avais une poignée d'inédits en réserve, par exemple des textes prévus pour des anthos qui ne se sont jamais faites. Il y avait aussi des textes que j'avais envie de republier parce qu'ils étaient parus sur des supports devenus introuvables ou amenés à le devenir à plus ou moins long terme. Tout ça ne faisait pas encore un sommaire complet (je n'ai jamais beaucoup de textes d'avance, ce qui me pose souvent problème). Pendant l'année qui a suivi, j'ai écrit quelques nouvelles pour le compléter, puis j'ai soumis l'ensemble à Stéphane. Il a été question de retirer du sommaire l'une des nouvelles, "Mardi gras", à moins que je ne la retravaille de manière satisfaisante. La version présente dans le recueil a une structure assez différente de celle que j'avais soumise au départ.
Quels sont les premiers retours ? Comment se passent les premières dédicaces ?
Tout se passe bien pour l'instant. Les premiers retours sont positifs, avec parfois quelques réserves, mais globalement enthousiastes donc. Ce qui me surprend par contre, c'est de recevoir autant d'avis, si ce n'est plus, sur Serpentine que sur Notre-Dame-aux-Ecailles. On dirait que le livre commence une nouvelle vie (déjà qu'il en a eu plusieurs...).
Aux premières dédicaces, outre des lecteurs qui connaissaient mes livres et attendaient cette nouvelle parution, j'ai vu pas mal de gens qui achetaient par curiosité, soit parce qu'on venait de leur conseiller l'un ou l'autre recueil, soit parce qu'ils avaient flashé sur les couvertures. J'aime vraiment beaucoup ces couvertures et j'ai l'impression qu'elles attirent bien le regard quand elles sont placées ensemble sur une table de dédicaces.
Sur la quatrième de couverture, il y a une citation de Jean-Claude Dunyach : « Il y a chez Fazi une petite musique poignante, extrêmement lucide, et surtout un art de la fêlure qui transcende la moindre de ses histoires. » Te retrouves-tu dans ses propos ?
C'est malin, y a Jean-Claude qui surveille maintenant...
Je suis forcément la personne la moins bien placée pour juger de ce que j'écris. Je suis toujours étonnée quand on parle de "lucidité" ou de "justesse" à propos de mes textes : il y a pas mal de choses que j'ai écrites à partir d'une expérience ou d'un ressenti personnels, mais beaucoup de textes aussi pour lesquels j'avance à tâtons. Quand j'adopte le point de vue d'une mère qui a perdu ses enfants dans la nouvelle "Elégie" par exemple, j'essaie de deviner ses réactions, mais en réalité je n'y connais strictement rien. Donc ça m'étonne toujours (même si ça me fait évidemment plaisir).
La notion de "fêlure", j'aime assez. Je vois bien le fantastique comme un fêlure du réel qui soulignerait à son tour les fêlures des personnages. De ce point de vue, effectivement, je me retrouve dans cette description.
Et puis c'est en encore un recueil. A quand un nouveau roman ? :-)
Tout de suite, le sujet qui fâche... Pas de nouveau roman prévu, et si ça se trouve, il n'y en aura jamais. Je suis nouvelliste avant tout, c'est ce que je sais faire, ce que j'ai envie de faire, les romans ont été un accident plus qu'autre chose. J'avais envie de tenter le coup, je ne suis pas sûre d'avoir bien compris comment ça marche, pas sûre non plus de vouloir recommencer dans l'immédiat. Un troisième recueil, par contre, j'aimerais bien.
J'entends souvent dire que les éditeurs et les lecteurs n'aiment pas les nouvelles. J'ai la chance qu'on me laisse en publier, et je constate que non seulement il n'y a pas eu d'écart flagrant entre les chiffres de vente de Serpentine et ceux de mes deux romans, mais qu'en plus, c'est très nettement le livre sur lequel j'ai eu les retours les plus enthousiastes pour l'instant. Les lecteurs avec qui j'en ai parlé n'ont pas semblé réfractaires à la nouvelle, et en plus, ils donnent l'impression de m'encourager dans cette voie. Pourquoi est-ce que je me casserais la tête à faire quelque chose dont je n'ai pas vraiment envie, juste par conformisme ? L'envie d'écrire des romans reviendra peut-être, mais je ne vais pas me forcer en attendant.

Avatar du membre
Eric
Administrateur - Site Admin
Messages : 5185
Enregistré le : ven. déc. 16, 2005 1:03 pm
Localisation : Paris

Message par Eric » lun. avr. 07, 2008 8:58 am

Salut Mélanie,

Merci de passer un peu de temps avec nous.

Il s'est écoulé pas mal de temps entre Serpentine et Nôtre-Dame aux Écailles, qu'est-ce qui a changé dans ton approche de l'écriture entre les deux ?
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

Avatar du membre
Mélanie
Messages : 1224
Enregistré le : lun. avr. 03, 2006 9:32 am
Localisation : Paris
Contact :

Message par Mélanie » lun. avr. 07, 2008 9:14 am

Eric a écrit :Il s'est écoulé pas mal de temps entre Serpentine et Nôtre-Dame aux Écailles, qu'est-ce qui a changé dans ton approche de l'écriture entre les deux ?
Bonne question. C'est un peu embrouillé dans la mesure où chaque recueil regroupe des textes écrits à différentes périodes. Dans Serpentine, il devait y avoir cinq ans d'écart entre le texte le plus ancien et le plus récent ; dans Notre-Dame-aux-Ecailles, c'est neuf ans puisque "Le noeud cajun" date de 1998 et "Fantômes d'épingles" de 2007.

Ce qui a changé dans mon écriture depuis, disons, quatre ou cinq ans... Je crois que j'ai une idée plus nette de ce dont je suis capable ou pas et de l'effet que peuvent produire certains textes. Par contre, à la peur de "ne pas y arriver" a succédé celle de me répéter. Je me pose pas mal de questions là-dessus ces jours-ci : sur la frontière entre le moment ou on commence à avoir ses thèmes, sa griffe, et celui où on tourne en rond. A propos de thèmes, je vois aussi une évolution dans la façon dont j'en aborde certains. On m'a dit récemment qu'il y avait encore un côté très ado dans certaines de mes nouvelles, mais je vois aussi que certaines sont marquées par le passage à la trentaine et les questionnements qui vont avec. Il y a aussi un autre changement, beaucoup plus diffus... A l'époque de Serpentine, quand je faisais relire mes nouvelles par mon entourage juste après leur rédaction, il y avait généralement consensus sur ce qui marchait ou pas. Depuis quelques années, ce n'est plus du tout le cas, les avis divergent énormément. Au point qu'il me devient difficile de savoir quand j'ai réussi ou raté mon coup. Je ne sais pas ce qu'il faut en déduire.

Sinon, ce qui a changé pas mal de choses, c'est justement l'expérience de Serpentine. Je sais que c'est un recueil qui a touché pas mal de gens, j'ai presque l'impression qu'il m'a échappé, d'une certaine manière. Donc, en préparant Notre-Dame-aux-Ecailles, j'avais constamment la trouille qu'il déçoive.

Avatar du membre
Eric
Administrateur - Site Admin
Messages : 5185
Enregistré le : ven. déc. 16, 2005 1:03 pm
Localisation : Paris

Message par Eric » lun. avr. 07, 2008 9:31 am

Et justement, quel est ton rapport à l'écriture ? Douloureux ? Libérateur ? Cathartique ?
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

jerome
Administrateur - Site Admin
Messages : 14744
Enregistré le : jeu. déc. 15, 2005 4:12 pm
Localisation : Chambéry

Message par jerome » lun. avr. 07, 2008 9:35 am

Mélanie a écrit : à la peur de "ne pas y arriver" a succédé celle de me répéter. Je me pose pas mal de questions là-dessus ces jours-ci : sur la frontière entre le moment ou on commence à avoir ses thèmes, sa griffe, et celui où on tourne en rond.
Est-ce que le fait d'avoir eu un joli succès critique et pas mal de prix joue dans cette peur ? Est-ce qu'il y a une part de "peur de décevoir" ?


Pour ceux qui n'aurait pas suivi, tu as eu deux fois le GPI, une fois le Masterton, et deux fois le prix Merlin...
Jérôme
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley

Avatar du membre
Mélanie
Messages : 1224
Enregistré le : lun. avr. 03, 2006 9:32 am
Localisation : Paris
Contact :

Message par Mélanie » lun. avr. 07, 2008 9:40 am

Eric a écrit :Et justement, quel est ton rapport à l'écriture ? Douloureux ? Libérateur ? Cathartique ?
Tout ça à la fois, j'imagine. Cathartique, de manière très nette, mais je suppose que ça l'est pour la plupart des auteurs. Douloureux, pas en soi (sinon je n'écrirais pas) mais ce n'est pas toujours quelque chose qui me vient facilement. Je déteste le moment où je m'installe devant mon clavier pour commencer à rédiger un texte, les mots ne viennent pas, je patauge, j'avance à deux à l'heure, une horreur. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles le roman ne m'attire pas : je ne me sens vraiment tranquille qu'une fois le premier jet terminé, et avec un roman, ça s'éternise. Je n'aime pas non plus les longues périodes où je cherche l'inspiration qui ne vient pas. Du coup, j'écris très peu - pas par manque de temps, mais par manque d'idées. Libérateur, j'ai envie de répondre oui, mais je ne sais pas de quoi au juste ça me libère. Je sais seulement qu'il y a un sentiment d'euphorie assez intense liée à certaines phases. Ecrire la dernière phrase d'un texte, le relire en ayant l'impression qu'il se passe vraiment quelque chose, voir paraître ce texte ensuite... Je crois que j'aime ces phases-là plus que la rédaction elle-même.

Avatar du membre
Mélanie
Messages : 1224
Enregistré le : lun. avr. 03, 2006 9:32 am
Localisation : Paris
Contact :

Message par Mélanie » lun. avr. 07, 2008 9:47 am

jerome a écrit :Est-ce que le fait d'avoir eu un joli succès critique et pas mal de prix joue dans cette peur ? Est-ce qu'il y a une part de "peur de décevoir" ?
Les prix, je les ai surtout vus comme un encouragement : je ne sais pas quelle valeur ils ont dans l'absolu, mais cet encouragement a été précieux à un moment donné. Mais ce qui m'a un peu mis la pression, comme je le disais, c'est ce qui s'est passé autour de Serpentine. J'ai l'impression qu'il y a souvent un sentiment d'imposture qui va avec l'écriture : la peur d'avoir fait illusion, la peur que les gens découvrent qu'on n'est pas si bon que ça finalement, qu'il y a juste eu un malentendu ou un coup de chance... Après, je parle de pression mais c'est tout relatif, j'ai tendance à me mettre la pression toute seule. Et si les livres avaient été moins bien accueillis, j'aurais vécu avec la frustration d'avoir raté mon coup, ce qui aurait quand même été vachement moins agréable. Mais c'est vrai que la peur de décevoir est là en permanence.

Avatar du membre
Eric
Administrateur - Site Admin
Messages : 5185
Enregistré le : ven. déc. 16, 2005 1:03 pm
Localisation : Paris

Message par Eric » lun. avr. 07, 2008 10:41 am

Et est-ce que ton travail de traductrice a fait évoluer ton rapport à l'écriture de fiction ?
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

Avatar du membre
Florent
Messages : 1855
Enregistré le : jeu. janv. 17, 2008 6:46 pm

Message par Florent » lun. avr. 07, 2008 11:12 am

Bonjour, j'ai une question un peu idiote, enfin un peu HS en tout cas, mais en tant que traductrice, lorsque tu butes sur un mot ou une expression, es-tu en contact avec les auteurs qui t'aident à traduire leurs oeuvres ? Où dois-tu te débrouiller comme une grande ?
« J’ai un projet, devenir fou. »

Charles Bukowski

Avatar du membre
jlavadou
Messages : 2284
Enregistré le : ven. févr. 10, 2006 9:40 am
Localisation : La Garenne Colombes
Contact :

Message par jlavadou » lun. avr. 07, 2008 11:18 am

Bonjour Mélanie,

tu as évoqué le "côté ado" que certaines personnes trouvent dans tes nouvelles, ainsi que le passage à la trentaine. Il y a en effet dans tes textes un thème récurrent : l'enfance et le passage à l'âge adulte. Ca m'a beaucoup marqué dans Arlis des forains, par exemple.

En quoi cette thématique te touche-t-elle ?

Avatar du membre
Mélanie
Messages : 1224
Enregistré le : lun. avr. 03, 2006 9:32 am
Localisation : Paris
Contact :

Message par Mélanie » lun. avr. 07, 2008 1:07 pm

Eric a écrit :Et est-ce que ton travail de traductrice a fait évoluer ton rapport à l'écriture de fiction ?
Je pense que oui, même si ce n'est pas forcément flagrant. La traduction me permet de faire mes gammes même quand je ne suis pas en train d'écrire : je travaille sur le rythme, les sonorités, le choix des mots... Si elle m'a appris une chose, c'est essentiellement la concision. Quand on débute dans la traduction, on a tendance à vouloir conserver toutes les nuances et ça donne des phrases hyper lourdes. On est paralysé par le texte original, et c'est seulement à force d'expérience qu'on apprend à condenser. Voire parfois à supprimer un mot si le contexte l'impose (dans des cas particuliers où le rythme prime sur le sens). J'ai pas mal appris à ce niveau avec Lignes de vie de Joyce, où certains passages nécessitaient un travail sur le rythme. Juste après, j'ai écrit une des nouvelles de Notre-Dame-aux-Ecailles, "Langage de la peau", où j'ai eu l'impression de rester dans la même démarche : la cadence me paraissait légèrement différent de celui de mes textes précédents. Après, la traduction apprend aussi à repérer certaines erreurs ou maladresses dans les textes des autres et à ne plus les faire soi-même. De ce point de vue, c'est une bonne école.

Avatar du membre
Mélanie
Messages : 1224
Enregistré le : lun. avr. 03, 2006 9:32 am
Localisation : Paris
Contact :

Message par Mélanie » lun. avr. 07, 2008 1:15 pm

Florent a écrit :Bonjour, j'ai une question un peu idiote, enfin un peu HS en tout cas, mais en tant que traductrice, lorsque tu butes sur un mot ou une expression, es-tu en contact avec les auteurs qui t'aident à traduire leurs oeuvres ? Où dois-tu te débrouiller comme une grande ?
La question n'est pas du tout idiote, ni même HS en fait. Je suis très souvent en contact avec les auteurs que je traduis. Pas systématiquement, mais presque. Dans chaque traduction, on bute sur des phrases énigmatiques ou des références obscures que les recherches ne permettent pas d'éclaircir. Dans ces cas-là, c'est tout de même très pratique de pouvoir vérifier à la source. Ça évite pas mal de contresens. Chez des auteurs comme Graham Joyce ou Steph Swainston, il y a des expressions que je n'aurais certainement jamais trouvées seule. Joyce en particulier adore les tournures un peu ironiques qui détournent des expressions connues, mais qui ne sont pas évidentes à décrypter. Ça permet aussi de vérifier des termes techniques (comme quand je traduisais Elizabeth Moon, ma seule expérience de traduction de SFà ce jour). Les auteurs sont souvent disponibles et accueillants, et j'ai l'impression qu'ils sont rassurés de constater que la personne qui s'occupe de leur livre essaie de bien faire son travail.

Verrouillé

Retourner vers « Mélanie Fazi online »