Jean-Claude Dunyach a écrit :Fabien Lyraud a écrit :Donc plus d'obligation de sortir des best sellers dont le but est de permettre de récupérer de l'argent sur les productions d'ouvrages qui se vendent moins.
Est-ce qu'il vous arrive de songer au fait qu'un best-seller, par définition, est un livre qui a plu à beaucoup de lecteurs ? Un bouquin se vend peut-être un peu au début suite à une campagne marketing agressive - et encore, les contre-exemples sont nombreux - mais il ne devient un best-seller que parce que le bouche-à-oreilles fonctionne et le fait acheter massivement. Un best-seller, c'est avant tout un livre qui a fait plaisir, qu'on a recommandé aux copains...
Un éditeur ne se sent pas "obligé" de sortir des best-sellers, il adore en général que ses lecteurs soient majoritairement contents. Et si ça signifie qu'une frange desdits lecteurs fronce le nez en réclamant autre chose, tant pis.
+1.
Ce qui pourrait être dommage pour moi (mon principal sujet d'intérêt, ce qui est regrettable...), c'est que l'on se dise, chez les éditeurs et les auteurs qui vivent de leur métier, qu'apparemment, un livre a plus de chance statistiquement de devenir un best-seller (voire simplement d'être pris en considération par le gros (sic) du public) s'il est gros, ou le début d'une série. En effet, si cette image s'impose suffisamment, elle va pousser les éditeurs (et les auteurs) à s'imposer eux-mêmes une norme: gros livres, séries.
La norme précédente (décidée je ne sais trop comment, peut-être par un concours de circonstances pas si simples à décrypter) était, du temps des revues et des premiers livres de poche: textes courts (en comparaison d'aujourd'hui, bien sûr: regarder "Cristal qui songe", "L'oreille interne", etc, etc...). Il se trouve que ce hasard commercial ou autre correspond en gros à ce que j'aime.
Pas de chance pour moi, la norme change, apparemment ; et l'aspect "concentré" des idées qui me fascinait en SF devient très minoritaire.
On peut cependant espérer (on vit d'espoir) qu'il restera des éditeurs, des auteurs (et une poignée suffisante de lecteurs...) pour permettre à ces formes relativement "courtes" qui ont donné des chefs-d'oeuvre très nombreux et irremplaçables (regarder la défunte collection PdF, les premières années J'ai Lu, même les premières années A&D, à bien y regarder...)
Ce qui m'inquiète le plus, c'est moi: je n'ai plus ce courage d'avancer dans un gros livre qui commence à m'ennuyer un peu, surtout quand je commence à me dire qu'en synthétisant, ça aurait fait un truc percutant. Mais ai-je vraiment perdu ce courage? Ce que je suis en train de me dire, c'est que je ne l'ai jamais eu: avant, avec des romans de tailles raisonnable, je finissais car, s'il restait une centaine de pages, ma foi, je pouvais faire l'effort. Et puis, je passais à un autre, complètement différent (ce qui faisait l'intérêt!). Aujourd'hui, c'est souvent très difficile de finir, vu la taille moyenne des textes.
Ce n'est pas moi qui vieillis, finalement, c'est sans doute le reste du monde qui rajeunit autour de moi...
Je suis très admiratif devant tous ces lecteurs capables d'avaler ces énormes choucroutes...
Oncle Joe