Stéphane Beauverger online

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sTeF

Message par sTeF » mar. mars 31, 2009 12:26 pm

systar a écrit :Le personnage de Cendre, dans la Trilogie du Chromozone, fait penser à l'un de ces enfants-dieux et enfants -ou hommes - messies que la littérature a parfois très bien mis en scène. (des Bucoliques de Virgile à Leto Atréides... ou à Jdrien de GJ Arnaud).

Cendre n'était-il là que pour incarner un messianisme individuel, une "idéologie" qui avait fait son temps et devait céder la place à la tentative d'abandon de l'individualité que représentent les Noctivores?
Encore une fois (décidément, je me répète ^^) ce n'est pas à moi de répondre à ça. C'est aux critiques, aux exégètes et aux lecteurs. Je crois que c'est à eux de tirer du livre ce qu'ils en estiment utile, intéressant, déplaisant, etc.
Objectivement, je peux essayer quand même de dire que Cendre est seulement "l'enculée conception". Il a pas demandé à être un messie (en est-il un ?), il est le résultat "orangina" d'une fiole mélangée à un ovule dans un laboratoire spécialisé dans les systèmes de sécurité. Et s'il avait fait son temps, les Noctivores ne chercheraient pas si intensément à mettre la main dessus ^^ (mais peut-être pas pour les meilleures raisons du monde...)

question liée à la précédente:

il t'est arrivé de parler du salut, de t'interroger sur cette notion dans tes romans.
Quel est le type de salut dont tu parles? (politique, moral, historique, eschatologique?...)

Y a-t-il quelque chose comme une soif de rédemption (mais laquelle?) qui serait première, qui serait une constante chez l'homme, et dont la religion ne serait que l'une des reprises/réactualisations particulières?
Oui, absolument, tu peux prendre le "salut" comme la rédemption, un fantasme de paix et de sérénité à laquelle aspirent souvent mes héros. Je sais que c'est ce qui me plaît le plus chez James Elroy. Là où d'autres verront la cruauté, la violence, la radicalité de son écriture, je suis personnellement attaché à la quête de rédemption de ses personnages (qui sont souvent des salauds, pleinement ou partiellement).
On en a déjà parlé plusieurs fois devant quelques mousses,, mais la phrase de Jacques Derrida "on ne peut pardonner que l'impardonnable" m'a heurté un jour le cortex et m'a marqué pour longtemps. Être lavé de ses fautes (pas de ses "péchés") ou trouver la force de pardonner "l'impardonnable" sont des questions fondamentales pour moi. Et comme ce sont des questions, je serai bien en peine de fournir la réponse :wink:
Nous avons assez discuté (mais pas encore suffisamment) tous les deux de mon rapport au monde, donc tu sais fort bien que je ne peux pas considérer la religion comme "plus" qu'une forme particulière de salut, mais c'est déjà pas si mal d'arriver à un tel résultat.

Dans le "Déchronologue" malgré ses chapelets de jurons blasphématoires, il me semble que le capitaine Villon n'a pas cessé de croire en un "Dieu".

systar
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Message par systar » mar. mars 31, 2009 12:46 pm

sTeF a écrit :
Encore une fois (décidément, je me répète ^^) ce n'est pas à moi de répondre à ça. C'est aux critiques, aux exégètes et aux lecteurs. Je crois que c'est à eux de tirer du livre ce qu'ils en estiment utile, intéressant, déplaisant, etc.
Tututut.
Trop facile!

La pensée de Derrida, dans "Le siècle et le pardon", est effectivement très forte. Elle concerne aussi l'hospitalité, l'amitié, etc., selon le même schéma: "ce qui ne te coûte rien, à toi, dans ta chair, ne vaut rien, n'a aucune valeur."

systar
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Message par systar » mar. mars 31, 2009 1:06 pm

Tu as évoqué Pierre Christin, plus haut.
Peux-tu raconter ce que tu as appris avec lui (hormis l'équation fulgurante que tu as citée :lol: et la logique - ou la non-logique? - de l'association d'idées dans le processus de création).
Qu'est-ce qu'on apprend quand on apprend l'écriture?

Et autre question liée à Christin: fais-tu partie de ceux qui considèrent qu'il manque à Bilal, dont les albums sont de plus en plus beaux, mais de moins en moins réussis en termes de narration et de pertinence dans le propos? (cas typique: Animal'z, qui nous rappelle que la pollution c'est mal, et que le rapport entre l'homme et l'animal est extrêmement précieux et riche de sens...)

sTeF

Message par sTeF » mar. mars 31, 2009 1:12 pm

Transhumain a écrit : Plus sérieusement, le Déchro est ton premier roman, je crois, à être écrit à la première personne. Comment ce choix s'est-il imposé ?
Et bien, toujours dans cette démarche qui consiste à essayer de donner la forme la plus propice à ce que je veux raconter, il m'a semblé que puisque je voulais parler du point de vue de celui qui constate et subit une invasion, il était logique de le faire témoigner à la première personne. Et puis, l'aspect "journal de bord" m'a semblé coller aussi parfaitement avec le style "récit maritime" que je voulais explorer.
Ce sentiment initial a été renforcé quand j'ai commencé à me documenter sérieusement sur le genre... "Moby Dick" de Melville, "Histoire des aventuriersflibustiers qui se sont signalés dans les Indes" d'Exquemelin ou (* prend son souffle *) "Cahiers de Louis-Adhémar-Thimothée Le Golif, dit Borgnefesse, capitaine de la flibuste" de "A.T'Serstevens" m'ont enclin à penser que ça pouvait être une bonne manière de rendre hommage au genre.

Autre chose. On se déplace beaucoup dans tes romans. Villon, dans le Déchro, navigue évidemment d'île en île, mais il marche aussi, par exemple vers Noj Peten. Quelle importance ont pour toi les déplacements géographiques des personnages ? S'agit-il d'une simple question de dynamique du récit, où est-ce une nécessité plus profonde ?
"Deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche" 8)

Blague à part, je n'ai jamais envisagé ma production sous cet angle, mais maintenant que tu le dis... Est-ce que je vais justifier ces déplacements par le sujet des romans ? Ou réaliser que j'ai choisi ces thèmes pour pouvoir raconter des voyages ? Argh, je défaille ! ^^

dans le cas du "Déchronologue", j'aurais envie de dire que le capitaine Villon ne peut "que" marcher et avancer. Il est en quête d'un trésor (les maravillas) qui pourrait le "laver de ses fautes" (décidément). Il en fait sa devise, d'ailleurs. "Toujours debout". Peut-être jusqu'à l'absurde, il se satisfait mal de l'horizontalité.
Je lisais récemment une interview de Mignola qui disait qu'il a du mal à dessiner et mettre en scène les déplacements. Alors pour dynamiser ses transitions, il a trouvé un truc tout bête : Hellboy passe souvent d'une scène à l'autre (et d'un péril à l'autre) en traversant un plancher ou en subissant un quelconque effondrement architectural. J'ai vérifié et c'est vrai : le pauvre passe son temps à se vautrer !
Peut-être qu'un jour aussi, je trouverai une astuce pour ne pas raconter les "voyages" de mes personnages.

En même temps, c'est ce qui m'a fait dire qu'à partir du 2e épisode du "Pirate des Caraïbes", on n'est plus dans un roman maritime ou de pirates, car on ne voit pratiquement plus les traversées : les personnages passent d'une île à une autre comme on passe d'une attraction à une autre à EuroDisney.

Tiens, je vais citer une phrase Melville (premier paragraphe de Moby Dick) qui me troue le cul :
"Quand je sens s’abaisser le coin de mes lèvres, quand s’installe en mon âme le crachin d’un humide novembre, quand je me surprends à faire halte devant l’échoppe du fabricant de cercueils et à emboîter le pas à tout enterrement que je croise, et, plus particulièrement, lorsque mon hypocondrie me tient si fortement que je dois faire appel à tout mon sens moral pour me retenir de me ruer délibérément dans la rue, afin d’arracher systématiquement à tout un chacun son chapeau… alors, j’estime qu’il est grand temps pour moi de prendre la mer."

Voilà, prendre la mer, ça pourrait être ça, pour Villon (et, éventuellement, pour moi ^^). Ce serait dommage de se priver du voyage :D

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Transhumain
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Message par Transhumain » mar. mars 31, 2009 1:53 pm

sTeF a écrit :dans le cas du "Déchronologue", j'aurais envie de dire que le capitaine Villon ne peut "que" marcher et avancer. Il est en quête d'un trésor (les maravillas) qui pourrait le "laver de ses fautes" (décidément). Il en fait sa devise, d'ailleurs. "Toujours debout".
Ah, oui, ça rejoint ce dont nous parlions au "Soleil". Mais tu sais que pour moi, le rôle des maravillas ne peut pas être limité à cette quête de rédemption (ça c'est la partie consciente : les conservas pour nourrir le peuple, la quinquina pour le soigner) : elles sont, si l'on veut, des désirs purs. Villon ne cherche pas tant à racheter ses fautes (il sait qu'elles sont irréparables) qu'à aller de l'avant, "toujours debout" en effet. L'enjeu du roman, c'est cette culpabilité que Villon est incapable de supporter. Les maravillas lui ouvrent des perspectives. Ce n'est pas pour rien qu'elles viennent essentiellement du futur ! Villon fuit son passé, il fuit sa culpabilité comme celle de ses contemporains. Mais cette fuite est sans espoir, bien sûr (après le réenchantement, on déchante), comme l'est la révolution des Itzas. Et à mon avis - qui n'engage que moi -, la structure "déchronologisée" du roman, que tu ressentais d'ailleurs comme nécessaire, est étroitement liée à cet enjeu...

Tu citais Moby Dick (que Cendre lisait dans La CIté nymphale, je crois). En quoi le chef d'oeuvre de Melville (il faut que tu lises la traduction de Guerne !) t'a-t-il influencé ?

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Message par Mélanie » mar. mars 31, 2009 1:54 pm

Hello Stéphane,

Je suis sans doute un peu hors-sujet, mais puisque vous parlez de Bonnie Prince Billy et de I see a darkness, et qu'il n'en faut pas plus pour me faire sortir du bois... Suis-je la seule à préférer la reprise de Johnny Cash à l'original ? Elle me file carrément la chair de poule.

D'ailleurs à propos de Johnny Cash, comme il me semble que le bonhomme te fascine, je me rappelle une discussion qu'on a eue concernant l'utilisation de la même citation d'une de ses chansons dans nos textes respectifs. Seulement, je ne me rappelle pas s'il s'agissait dans ton cas d'un livre déjà paru ou d'un projet en cours. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus (sur le texte, le choix de cette citation particulière, le rapport entre les deux, comme tu veux) ? Ou est-ce qu'il s'agit d'un projet top secret ?

Désolée si la question paraît floue, mais c'est pour éviter de spoiler. Je t'aurais bien posé une question plus générale sur les références à la musique dans ton écriture, mais je vois que j'ai été précédée sur le sujet.

sTeF

Message par sTeF » mar. mars 31, 2009 2:15 pm

systar a écrit :Tu as évoqué Pierre Christin, plus haut.
Peux-tu raconter ce que tu as appris avec lui (hormis l'équation fulgurante que tu as citée :lol: et la logique - ou la non-logique? - de l'association d'idées dans le processus de création).
Qu'est-ce qu'on apprend quand on apprend l'écriture?
On apprend les principes de narration et la rigueur. Je précise que Pierre Christin était mon prof d'écriture à l'école de journalisme de Bordeaux (ma formation initiale) mais que, disposant déjà de profs chargés de nous apprendre à écrire un article, Pierre se penchait davantage sur la fiction. Il m'a appris que ce qui était le plus dur à écrire, c'était quelque chose de drôle... Je l'ai cru jusqu'à ce que j'aie à écrire une scène de cul, plusieurs années plus tard ! (Là, j'ai revu ma hiérarchie des trucs difficiles à écrire ^^)
Il fait partie des gens qui ont beaucoup compté pour moi (je veux dire, dans ma vie), en me donnant le coup de pouce qu'il fallait - comme ça, en loucedé, l'air de rien - à une époque où je partais grave en vrille. J'avais déjà envie d'écrire - en fait, je ne crois pas avoir jamais eu d'autre objectif, à part devenir pilote d'avion ou archéologue quand j'avais 10 ans... -, mais il doit être le premier qui m'a fait comprendre que j'en avais peut-être, à condition de bosser, les capacités. Deux ans après l'école, je lui ai envoyé mon premier manuscrit (ça s'appelait "Domes", c'était furieusement cyberpunk et sans grand intérêt) qu'il a salement taillé parce que c'était pas bon du tout. J'ai remis le manuscrit dans ma culotte et je suis retourné plancher. En désossant "Domes" et en le cannibalisant, ça a donné "Chromozone". Quand j'ai publié "Chromozone", j'ai envoyé un exemplaire aux quatre personnes qui comptaient pour moi. Il a été le premier à le recevoir. Pierre m'a moins appris l'écriture qu'il m'a donné confiance en moi. Assez, du moins, pour prétendre à l'écriture d'un roman.
Ce n'est pas de la flagornerie de ma part, juste la reconnaissance sincère, a posteriori, de tout ce que j'ai compris lui devoir. Il fait partie des quelques personnes qui m'ont aidé dans ma vie, en sus de mon travail.
/respect total
Et autre question liée à Christin: fais-tu partie de ceux qui considèrent qu'il manque à Bilal, dont les albums sont de plus en plus beaux, mais de moins en moins réussis en termes de narration et de pertinence dans le propos? (cas typique: Animal'z, qui nous rappelle que la pollution c'est mal, et que le rapport entre l'homme et l'animal est extrêmement précieux et riche de sens...)
Après tout ce que je viens de dire, je serai difficilement impartial, peut-être ^^
Mais je crois que je préfèrerai toujours "Partie de chasse" et "Le vaisseau de pierre" ou "Les phalanges de l'ordre noir" ou "'La ville qui n'existait pas" à "La femme piège" (que pourtant j'aime beaucoup, mais moins) et aux productions plus récentes de Bilal.

"Partie de chasse", surtout la version rééditée avec le nouveau contenu qui fait découvrir ce que deviendront, après la chute du Mur, les protagonistes de ce week-end tragique, fait partie de mes BD cultissimes. 8)

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Message par Bull » mar. mars 31, 2009 2:20 pm

Bonjour Stéphane,

Dans le Déchronologue, tu arrives à créer une "atmosphère" dès les premières pages.
Est-ce que tu a écrit, ré-écrit et ré-écrit puis ré-écrit le début du livre, où est-ce un "talent naturel" et donc un quasi premier jet ?


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Mélanie
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Message par Mélanie » mar. mars 31, 2009 2:23 pm

sTeF a écrit :Je l'ai cru jusqu'à ce que j'aie à écrire une scène de cul, plusieurs années plus tard ! (Là, j'ai revu ma hiérarchie des trucs difficiles à écrire ^^)
Tu pourrais développer ? Je trouve aussi que c'est ce qu'il y a de plus difficile à écrire, mais j'aimerais bien connaître ton point de vue sur la question.

sTeF

Message par sTeF » mar. mars 31, 2009 2:28 pm

Transhumain a écrit :Tu citais Moby Dick (que Cendre lisait dans La CIté nymphale, je crois). En quoi le chef d'oeuvre de Melville (il faut que tu lises la traduction de Guerne !) t'a-t-il influencé ?
Je ne dirai pas qu'il m'a influencé, plutôt qu'il m'a donné un aperçu de ce qu'il était possible de faire... Je ne suis pas transporté par tout ce roman, mais il y a des passages qui m'ont fait voyager très loin ! C'est moins une influence qu'un aperçu de ce qu'il me sera peut-être un jour permis d'oser approcher en terme d'excellence. J'ai bien dit "peut-être" et "oser approcher" ... En tout cas, ça constitue une référence.

La quête impossible, c'est un mécanisme qui a fait ses preuves en terme de narration 8)

Tiens, à propos, je t'avais conseillé de regarder "Master & Commander" ? Est-ce que tu as eu le temps de le visionner ? Je trouve qu'il y a aussi, chez le Capitaine "lucky Jack" Aubrey un peu de la quête impossible et de la traque de la baleine blanche... Finalement, cet "Acheron" qu'il traque sans cesse, il est presque déçu quand il le retrouve enfin (je n'en dirai pas plus pour ceux qui n'ont pas vu le film, mais la fin me paraît confirmer la théorie)

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Transhumain
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Message par Transhumain » mar. mars 31, 2009 2:33 pm

sTeF a écrit :[Moby DIck] est moins une influence qu'un aperçu de ce qu'il me sera peut-être un jour permis d'oser approcher en terme d'excellence. J'ai bien dit "peut-être" et "oser approcher" ... En tout cas, ça constitue une référence.
Si tu arrives à ça, ce sera le chef d'oeuvre du siècle !
Tiens, à propos, je t'avais conseillé de regarder "Master & Commander" ? Est-ce que tu as eu le temps de le visionner ? Je trouve qu'il y a aussi, chez le Capitaine "lucky Jack" Aubrey un peu de la quête impossible et de la traque de la baleine blanche... Finalement, cet "Acheron" qu'il traque sans cesse, il est presque déçu quand il le retrouve enfin (je n'en dirai pas plus pour ceux qui n'ont pas vu le film, mais la fin me paraît confirmer la théorie)
Pas encore, mais le DVD est chez moi... Je regarde ça vite, et on en reparle !

sTeF

Message par sTeF » mar. mars 31, 2009 2:46 pm

Mélanie a écrit :Hello Stéphane,

Je suis sans doute un peu hors-sujet, mais puisque vous parlez de Bonnie Prince Billy et de I see a darkness, et qu'il n'en faut pas plus pour me faire sortir du bois... Suis-je la seule à préférer la reprise de Johnny Cash à l'original ? Elle me file carrément la chair de poule.
Salut Mélanie :D

Décidément, je devrais passer ici plus souvent, s'il y a tant d'amateurs/trices de Bonnie Prince Billy ! (question subsidiaire totalement HS et pure frime : oui, mais, qui l'a vu en concert ? hein ? hein ? moi moi moi)

Je n'irai pas jusqu'à préférer la version de Johnny Cash à celle de Will Oldham (chanteur protéiforme surtout connu au sein de son groupe phare Bonnie Prince Billy, donc ,histoire d'expliciter un peu le discours de vieux fans transisz ^^), mais j'apprécie également celle de Cash, effectivement.
De toute façon, mister Cash était un prince. Quand on réussi à faire ça de ça, on se dit qu'il pouvait relever tous les défis (et pourtant, j'adore la version originale de Soundgarden).
D'ailleurs à propos de Johnny Cash, comme il me semble que le bonhomme te fascine, je me rappelle une discussion qu'on a eue concernant l'utilisation de la même citation d'une de ses chansons dans nos textes respectifs. Seulement, je ne me rappelle pas s'il s'agissait dans ton cas d'un livre déjà paru ou d'un projet en cours. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus (sur le texte, le choix de cette citation particulière, le rapport entre les deux, comme tu veux) ? Ou est-ce qu'il s'agit d'un projet top secret ?
Oui, absolument, c'est page 233 du Déchronologue, en intro du chapitre IV, que je cite ces paroles extraites de la chanson "Folsom Prison Blues" qui me percutent l'imagination et que je vais me permettre de la citer ici :
When I was just a baby, my mama told me "Son
Always be a good boy, don't ever play with guns"
But I shot a man in Reno, just to watch him die"


(tout est dans le "just to watch him die" ^^)

Tu pourrais peut-être nous rappeler dans quel cadre tu as utilisé cette chanson, toi, si le texte est publié et que ce n'est pas top secret ^^


A propos de références croisées, j'ai appris hier par l'intermédiaire de l'immense Alice Abdaloff que "Flow my Tears" de John Dowland avait grandement influencé K. Dick (en fait, j'en avais effectivement entendu parler en me documentant sur Dowland, mais je n'en sais pas plus). Si quelqu'un en sait plus à ce sujet, et de quelle manière cet air à trouvé sa place dans l'œuvre de Dick, je suis preneur 8)

sTeF

Message par sTeF » mar. mars 31, 2009 3:10 pm

Bull a écrit :Bonjour Stéphane,

Dans le Déchronologue, tu arrives à créer une "atmosphère" dès les premières pages.
Est-ce que tu a écrit, ré-écrit et ré-écrit puis ré-écrit le début du livre, où est-ce un "talent naturel" et donc un quasi premier jet ?
Bonjour David. :D

En fait, comme nous l'avons à peu près appris en cours de français, on écrit son introduction de dissertation en dernier, histoire de bien "catcher" le correcteur, des fois que le reste serait un peu faible mais histoire de commencer sur une bonne impression :lol:

En bon petit soldat, j'ai donc écrit l'introduction en dernier et, oui, elle a été polie, et polie, et polie, jusqu'à atteindre la forme qui me semblait la bonne. J'ai assisté il y a trois ans à une conférence de Catherine Dufour qui disait à peu près ceci (qu'elle n'hésite pas à me corriger si je me suis trompé) : "une fois le roman fini... je le retravaille, et je le retravaille, et je le retravaille, et je le retravaille, et je le..." Ce n'est sans doute pas la seule façon de procéder, mais je partage cette façon de faire. (Ce qui ne m'a pas empêché de laisser passer une affreuse faute de français à la 2e page de l'intro \o/ )

Cependant, j'ai souvent tendance à penser, surtout avec la facilité de la correction sur écran, qu'il y a un moment où il y a un risque de se perdre et de commencer à gauchir et fausser un texte à force de revenir dessus.

Flaubert disait aussi, à peu près (à propos de Salambo, je crois), "ça prendra le temps que ça prendra, mais il n'y aura pas une seule phrase molle"... Ca peut constituer une sorte d'idéal, que je peux partager. Et, plus prosaïquement (quoi que), j'ai aussi relu plusieurs introductions de Conan pour voir comment Howard introduisait son histoire, et je m'en suis inspiré pour la scène de Port-Margot et ciseler l'entrée dans le décor du capitaine Villon et de ses marins.

Mais je n'oublie pas non plus que mon idée première est de raconter une histoire. J'essaie donc de garder l'équilibre entre ce qui me paraît juste, ce qui est nécessaire, et le risque d'empeser la narration par trop de "retouches" avant la conclusion.

D'ailleurs, la toute dernière phrase du roman - "et s'il n'est pas trop mauvais bougre (...) - est la première phrase qui a été ainsi "jetée" parmi mes notes de synopsis, et qui a trouvé sa place telle quelle à la fin du roman. Je savais que, au final, je devrais en arriver là, sinon c'est que je m'étais perdu en route.

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Message par Bull » mar. mars 31, 2009 3:15 pm

Merci !

sTeF

Message par sTeF » mar. mars 31, 2009 3:23 pm

Mélanie a écrit :
sTeF a écrit :Je l'ai cru jusqu'à ce que j'aie à écrire une scène de cul, plusieurs années plus tard ! (Là, j'ai revu ma hiérarchie des trucs difficiles à écrire ^^)
Tu pourrais développer ? Je trouve aussi que c'est ce qu'il y a de plus difficile à écrire, mais j'aimerais bien connaître ton point de vue sur la question.
Et bien, à titre d'exercice, j'ai essayé de me confronter à l'écriture de texte "érotique" (sans objectif de publication, donc). J'ai trouvé ça affreusement difficile. En gros, j'ai réussi à repérer deux erreurs fondamentales à ne pas commettre (mais là, on est dans le registre du ressenti personnel, pas de la loi du genre) :
- l'abus de circonvolution et de synonymes, tendance "et elle saisit délicatement le bâton de plaisir, la vigoureuse baguette de jade, pour l'amener à visiter sa grotte humide/son portefeuille à moustaches/sa boîte à surprises";
- l'abus de vulgarité ou de termes trop crus : "et il lui [tuuuuuuuuuuuut] sa [wiiiiiiiiiiizzzz] dans sa [scrouiiiiiii] (...)"

Bref, dans ma trilogie, j'ai salement transpiré à chaque fois qu'il m'a semblé nécessaire de décrire une scène de fesses (oui, parce que, corolaire à tout ça : la découverte, aussi, que tant qu'on peut s'en passer, il me semble que ça vaut mieux, et que si ça n'apporte rien à l'histoire ou aux personnages, les "salades de gens" sont parfaitement superfétatoire). Dans "Le Déchronologue", j'ai joué sur le côté truculent et rabelaisien de Villon pour décrire les gourmandises d'une scène avec quelques mignonnes au premier étage d'une taverne, mais j'en suis resté aux évocations périphériques et tonitruantes.

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