Dantec: Cosmos Machin bidule !

[Memostatic]

:?
Bonjour,
fan de Dantec jusque "Les racines du mal" j'ai fait l'effort d'acheter Cosmos Incorporated. Il y a tant de choses à dire: ce bouquin m'est tombé des mains, ennuyeux, finalement il ne se passe pas grand'chose, absence de rythme, un verbiage pseudo technologic gratuit complex qui doit peut-être faire 'branché" quand on dit qu'on a tout compris!!!! Complètement hermétique à lire, Dantec est dorénavant plus intéressant à écouter parler (hélas c'est trop rare) qu'à lire... à débattre donc ! Il parait qu'un livre dans le même genre va sortir: Grande Jonction: toujours aussi à côté de la plaque, à côté du lecteur ?

M.

[marc]

jamais lu Dantec. Mais si je te suis bien, et aussi si j'ai bien compris les critiques qu'on peut lire sur cet auteur, il s'agit plutôt d'un OVNI en SF.

[Eric]

Ah Dantec... Métamaurice comme disent nos camarades du Cafard !

A titre personnel, j'ai un sentiment assez ambivalent concernant Dantec. Entre deux romans, je le trouve généralement assez pathétique. Ses prises de positions sont au mieux imbéciles, au pire franchement fétides. Tout le cinoche qu'il orchestre (ou qu'on orchestre pour lui) autour de sa personne, de son soi-disant génie et de la cabale contre lui, me fatigue.

Maintenant, ses romans m'intéressent (même un roman raté comme Cosmos Incorporated). Ils m'intéressent moins pour les questions qu'il y soulève, souvent assez peu pertinentes, que par la recherche et surtout la nature de cette recherche qui anime sa volonté d'écriture.

Alors bien-sûr, des écrivains qui recherchent, qui tentent, qui osent, il y en a, et de biens meilleurs (là comme ça je pense à Colin, mais c'est aussi le cas de Mauméjean). Mais, à mon sens, il s'agit d'une démarche essentiellement intellectuelle, très aboutie dans la forme, et surtout très conceptualisée. Chez Dantec, cette recherche est viscérale. Il n'a clairement pas la technique de Colin, il n'a pas la culture encyclopédique et le recul de Mauméjean, mais il y a chez lui une volonté farouche de dire. Il le fait parfois avec beaucoup de maladresse, avec des tics d'écriture agaçants dont il semble même n'avoir pas conscience, mais il le fait avec une force de conviction presque hypnotique. Il me fait penser à ce cliché du boxeur venu de la zone, qui se fait son destin à coup de poings. Une fois plongé dans son univers (dans son délire), il y a quelque d'attachant dont - mais ce n'est que mon ressenti de lecteur - je n'arrive pas à faire abstraction.

Maintenant, Cosmos est un bouquin raté. Raté parce qu'il raconte trop les déboires de Dantec quand il l'écrivait, et pas ceux de Plotkine, raté parce que je me fous de sa vie d'auteur, et que c'est celle de ces personnages qui m'intéresse. Raté aussi sans doute parce que Dantec est très mal entouré professionnellement, et qui lui manque clairement quelqu'un qui puisse jouer pour lui le rôle que jouait Raynal à ses débuts. Quelqu'un capable de lui dire ce qu'il faut sabrer, de l'encourager dans les voies intéressantes (comme ces trentes dernières pages parfaitement inattendues de Cosmos). Bref quelqu'un qui ne soit pas un thuriféraire béat qui profite d'une confiance abusée pour se faire sa propre pub et qui fasse son boulot. Or, ce n'est pas le cas actuellement.

[Memostatic]

Oui, je suis d'accord! Le problème avec les écrits de Dantec c'est de savoir si il écrit pour lui (ce qui me semble dorénavant le cas) ou pour le lecteur (qu'il semble avoir totalement oublié!) , et je pense qu'il y a un effet de mode "Dantec": pseudo éxilé nanti et mal aimé suite à des menaces pour partir dans un pays pas davantage intéressant....mais qui est finalement beaucoup chez nous...Et puis il y a une partie de ses propos fort intéressants, et l'autre qui demeure assez limite. En plus sans aucune raison son site est totalement figé avec une sorte de présentation d'autosatisfaction égocentrique qui me déplait énormément, donc on ne peut laisser aucune impression sur son forum annoncé....
Dans le genre j'ai beaucoup aimé le dernier B.E. Ellis "Lunar Park", "les arcanes du chaos" semblent passionnantes, tou comme "des milliards de tapis de cheveux"....
M.

[Eric]

Je vois ce que tu veux dire, quand tu te demandes si il écrit pour lui ou pour les lecteurs.

Je pense que son cheminement est indossociable de l'idée de s'adresser aux autres. Il a viscéralement besoin d'exposer ses idées. Maintenant on peut légitimement se poser deux questions :

- Est-ce que, au fond, il ne recherche pas seulement l'approbation de son lectorat ?

Il est et reste un autodidacte avec tout ce que ça implique de bon et de mauvais. Le bon, c'est une curiosité insassiable et un enthousiasme qui n'est pas pour rien dans l'intérêt que peuvent générer ses livres. Le mauvais, c'est que cette boulimie lui interdit tout recul, et que son besoin de faire feu de tout bois le conduit à des impasses.

Et puis deuxième question :

- Est-ce que c'est dans la fiction qu'il trouvera la meilleure façon de répondre à ses propres questions ?

Et là encore, je pense que son complexe d'autodidacte le pousserait à essayer des formes comme l'essai philosophique, mais il reste un romancier, et rien qu'à voir l'accueil frileux que les éditeurs ont réservé au TdO, il sait qu'il ne pourra pas en sortir si facilement.

[Transhumain]

Bonjour,
Je ne crois pas que Danbtec se soucie de plaire à "son lectorat" : au contraire, il me semble qu'il cherche à s'en forger un autre, plus conforme à sa vision du monde. Son éditeur en revanche...
La comparaison avec Colin n'est en effet pas dénuée d'intérêt. Mais évidemment, les différences sont nombreuses. Quand Dantec n'utilise le roman qu'à des fins prophétiques - il n'est qu'un moyen -, Colin est beaucoup plus joueur, plus littéraire - le roman comme fin.
Je vous renvoie une nouvelle fois à mon texte en trois parties, consacré à Cosmos Incoporated :
1) http://findepartie.hautetfort.com/archi ... explo.html
2) http://findepartie.hautetfort.com/archi ... explo.html
3) http://findepartie.hautetfort.com/archi ... explo.html
Cosmos Inc. est certes un échec, mais qui vaut bien des réussites.
Amicalement.

[Roland C. Wagner]

Pour invoquer le Transhumain
Choisis dans un langage humain
Un nom qui finit par un « ec »
Non, pas Michel Houellebecq
Ni non plus Marie Darrieussec
Mais plutôt Maurice G. Dantec
C'est de lui qu'il est le prophète
Et il se fait toute une fête
De ce nom terminé par « ec »
Non, pas Michel Houellebecq
Ni non plus Marie Darrieussec
Mais plutôt Maurice G. Dantec
Pour invoquer le Transhumain
Essaye aussi Fabrice Colin

[Eric]

D'accord sur le côté "prophétique", mais n'as tu pas l'impression que c'est un basculement qui s'est finalement opéré assez récemment ?

Pour moi, au moins jusqu'aux Racines du Mal, il est dans le constat et presque dans le dégoût du monde. Babyone Babies qui est aussi un ratage selon moi - parce que topr ambitieux et mal contrôlé - marquerait la crise d'identité, et dès Villa Vortex, il tombe dans le prophétique.

Quoiqu'il en soit, je reste persuadé que nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec Dantec (y comprit, diront les mauvaises langues, qu'il nous fasse un bon livre). Sa phase chrétienne n'est qu'une mue, comme il en a eu tant d'autres, et un baptême reste au final moins définitif qu'un tatouage du sigle des Nations Unies sur l'épaule. Ce qui ne l'empêche pas, 5 ans après l'avoir de fait, de conchier l'ONU. Le meilleur personnage de Dantec, reste Dantec lui-même, et je suis curieux de voir la suite, une fois qu'il se sera débarassé des parasites.

[Class A-sh]

Moi j'ai découvert Dantec avec Les Racines du Mal que j'avais bien apprécié. Je suis resté plus circonspect avec Babylon Babies lu cependant avec plaisir.

Par contre je viens de sortir de Villa Vortex, et là Dantec pousse le bouchon trop loin pour moi... Les 600 premières pages OK passe encore, mais la suite... Totalement illisible... J'ai fait l'effort d'aller au bout, mais franchement la prochaine fois je me montrerai plus que méfiant avant d'acheter un Maurice.

Dans Villa Vortex, j'ai eu l'impression que le côté roman, que l'histoire n'était qu'accessoire, écran de fumée destiné à ne pas avoir à cataloguer ce livre en tant qu'essai. C'est dommage car si je suis loin d'être d'accord avec toute l'idéologie Dantec, je pense malheureusement qu'il est assez souvent dans le vrai. Par contre je suis resté totalement hermétique sur son trip métaphiloreligieux, je le répète illisible, et totalement incompréhensible pour le commun des mortels. alors peut-être ne suis-je qu'un innocent non mûr pour apprécier ces réflexions, mais je me suis déjà par exemple tapé la Trilogie Divine Dickienne et je me rappele en être sorti sans trop de dommages et avec un certain plaisir.

Bref Maurice redescend sur Terre... Continue à "penser" mais n'oublie pas d'écrire et de rester intelligible...

[Eric]

Tout à fait d'accord. Cependant on ressent souvent Villa Vortex comme un ratage, du fait de ces 250 dernières pages, et je suis d'accord elles sont illisibles (d'ailleurs c'est bien simple, je ne les ai pas lues).

Toutefois, en dehors des pages de digressions et de bibliographies commentées via ses personnages (quelque chose que Dantec n'a jamais réussi à gérer de manière satisfaisante), il reste de ce roman des passags d'une force incroyable, et des images réellement pertinentes. En fait, je ne suis pas loin de penser qu'aux réserves précedemment évoquées et malgré ses défauts évidents, Villa Vortex est peut-être l'un des meilleurs, sinon le meilleur Dantec.

[fabrice]

Non, pas Michel Houellebecq

Tu es drôlement bien renseigné dis donc :
http://www.surlering.com/article.php/id/5057

Mais sinon, toi qui as côtoyé un temps le sieur Dantec il me semble (je crois même que ton nom est cité dans Le théâtre des opérations), quel regard portes-tu sur son évolution idéologique et littéraire ?

Fabrice