La Ligue de l'imaginaire...

[rmd]

Peut-être que le seul problème avec l'auteur dont on parle ici, c'est que personne ne lui est jamais rentré dedans. Personne n'a jamais signalé le problème. Tout le monde dit "il est méprisé par la critique et adoré par le public." OK. Mais – c'est bizarre – des grands papiers critiques contre lui, je n'en ai jamais vu.

Je suis peut-etre pessimiste, mais je crois qu'il s'agit surtout de complaisance. J'ai lu il y a pas longtemps un bouquin terriblement mauvais qui est en tete de gondole dans les hypers. Ce bouquin a droit à des pages completes dans les hebdos, pages qui varient entre "c'est génial" et un ton plus neutre, ou on arrive à lire de légères critiques entre les lignes. Je n'arrive pas à croire que les auteurs de ces critiques n'ont pas trouvé le bouquin mauvais. Mais alors, pourquoi lui consacrer une page complete ? Le fait que l'auteur soit journaliste au figmag est peut-etre une explication.

Que l'on prenne musso, levy, chattam ou werber (ou un autre grand vendeur), y'en a t-il un seul dont les bouquins soient critiqués sérieusement ?

[Roland C. Wagner]

Peut-être que le seul problème avec l'auteur dont on parle ici, c'est que personne ne lui est jamais rentré dedans. Personne n'a jamais signalé le problème. Tout le monde dit "il est méprisé par la critique et adoré par le public." OK. Mais – c'est bizarre – des grands papiers critiques contre lui, je n'en ai jamais vu.

Je suis peut-etre pessimiste, mais je crois qu'il s'agit surtout de complaisance.

Assurément.

[Lem]

Et tu voudrais convaincre l'univers ?

Chut.

Des grand papiers critiques contre la SF, non plus. C'est aussi un problème. La SF n'est même pas une littérature assez débile pour que des critiques littéraires l'attaquent et lancent un mouvement contre.

On peut le reformuler : la SF n'est même plus assez vivante pour se révolter quand un hebdo de grande diffusion assimile BW à Dick et Verne. Qui voudrait parler d'une vieille dame aussi inoffensive ?

[jlavadou]

On dit juste que la meilleure réaction, c'est d'écrire TOUT COURT. Pas dépenser de l'énergie à dire quelque chose qui ne fait du bien qu'à l'égo du fandom.

C'est bizarre ce double discours qui, d'un côté, veut que les oeuvres de SF ne soient pas classées n'importe comment pour que le SF soit reconnaissable par son public (quitte à "dépenser de l'énergie à dire quelque chose qui ne fait du bien qu'à l'égo du fandom" comme fustiger ceux qui utilisent le terme "imaginaire"), et d'un autre, se fiche de voir, dans les grands médias, le terme SF et les références du genre utilisés à tort et à travers. Comme si finalement on voulait réserver la vraie SF à son fandom parce que finalement, on est bien mieux entre nous.

[Lensman]

Peut-être que le seul problème avec l'auteur dont on parle ici, c'est que personne ne lui est jamais rentré dedans. Personne n'a jamais signalé le problème. Tout le monde dit "il est méprisé par la critique et adoré par le public." OK. Mais – c'est bizarre – des grands papiers critiques contre lui, je n'en ai jamais vu.

Je suis peut-etre pessimiste, mais je crois qu'il s'agit surtout de complaisance. J'ai lu il y a pas longtemps un bouquin terriblement mauvais qui est en tete de gondole dans les hypers. Ce bouquin a droit à des pages completes dans les hebdos, pages qui varient entre "c'est génial" et un ton plus neutre, ou on arrive à lire de légères critiques entre les lignes. Je n'arrive pas à croire que les auteurs de ces critiques n'ont pas trouvé le bouquin mauvais. Mais alors, pourquoi lui consacrer une page complete ? Le fait que l'auteur soit journaliste au figmag est peut-etre une explication.

Que l'on prenne musso, levy, chattam ou werber (ou un autre grand vendeur), y'en a t-il un seul dont les bouquins soient critiqués sérieusement ?

Je crois que tu as raison. Il y a une espèce de complaisance. Il faut tout de même faire bouillir la marmite. Ces ouvrages se vendent, ils ne sont pas "bons" (selon certains critères d'exigence), mais il faut tout de même en parler pour que tout continue à fonctionner avec les éditeurs. Par ailleurs, le public ne se "révolte" pas non plus, il ne vomit pas dans les livres en les lisant, il est assez satisfait, en réalité. Ces livres qui nous semblent au pire nuls, au mieux inutiles, sont sincèrement appréciés par tout un public.
Oncle Joe

[Lensman]

On dit juste que la meilleure réaction, c'est d'écrire TOUT COURT. Pas dépenser de l'énergie à dire quelque chose qui ne fait du bien qu'à l'égo du fandom.

C'est bizarre ce double discours qui, d'un côté, veut que les oeuvres de SF ne soient pas classées n'importe comment pour que le SF soit reconnaissable par son public (quitte à "dépenser de l'énergie à dire quelque chose qui ne fait du bien qu'à l'égo du fandom" comme fustiger ceux qui utilisent le terme "imaginaire"), et d'un autre, se fiche de voir, dans les grands médias, le terme SF et les références du genre utilisés à tort et à travers. Comme si finalement on voulait réserver la vraie SF à son fandom parce que finalement, on est bien mieux entre nous.

Il s'agit de favoriser le prosélitisme en permettant l'identification par le lectorat d'un côté, mais sans se faire d'illusion sur les résultats à obtenir de l 'autre. Quelques-uns, des lecteurs passionnés, voudront peut-être aller plus loin. Il s'agit de bien parler de la SF (quand c'est possible) dans les médias qui le permettent (de plus en plus rares), mais sans verser dans la confusion.
Pour ma part, le pamphlet de Lem me paraît parfaitement inutile, mais dégager la SF de la confusion "imaginaire" me paraît utile. On peut ne pas être d'accord (on en a assez parlé), mais je ne vois pas ce que ça a de "bizarre".
Oncle Joe

[Erion]

On peut le reformuler : la SF n'est même plus assez vivante pour se révolter quand un hebdo de grande diffusion assimile BW à Dick et Verne. Qui voudrait parler d'une vieille dame aussi inoffensive ?

Je retourne le truc dans l'autre sens : la SF n'est même plus assez vivante pour qu'un hebdo de grande diffusion dise du mal de la SF dans un article complet afin d'expliquer à quel point c'est une littérature sans intérêt.

[MF]

Et ça aussi, c'est sympa :

Ce sont les vrais lecteurs, ceux qui entrent dans les librairies et payent 20 euros.

J'ai raté quelque chose ?

Oui, sauf si trouves normal que les gens qui achètent des livres de poche, des livres d'occasion, voire des livres de poches d'occasion — sans parler de ceux qui empruntent leurs bouquins, en bibliothèque ou à des potes — ne soient pas considérés comme des "vrais" lecteurs par M. Werber.

Ah, c'était donc bien les 20 € et pas la séparation lecteur/critique

[MF]

On peut le reformuler : la SF n'est même plus assez vivante pour se révolter quand un hebdo de grande diffusion assimile BW à Dick et Verne. Qui voudrait parler d'une vieille dame aussi inoffensive ?

Je retourne le truc dans l'autre sens : la SF n'est même plus assez vivante pour qu'un hebdo de grande diffusion dise du mal de la SF dans un article complet afin d'expliquer à quel point c'est une littérature sans intérêt.

Je l'avais mise en page 29 cette citation datant de 1986.

Quelques anonymes, bien introduits dans la confidence des augures littéraires, répètent à tout va et à tout un chacun: la science-fiction se meurt, la science-fiction est morte.
Lorsqu'ils trouvent encore digne d'en parler. La plupart préfèrent conserver un silence décent plutôt que d'argumenter à ce propos.
Peu d'entre eux, d'ailleurs, en seraient capables, dans leur ignorance absolue de l'histoire, des hommes et des œuvres. Normal, c'est un genre qui a fait son temps, même bien plus que son temps avant d'entacher les causeries universitaires. Le ridicule salvateur a fini par tuer.
Chacun sait qu'il n'y a aucun avenir à parler de futur.
En surface donc, grâce à l'appui des journaux mal pensés, des T.V. évidées, des radios libérées, de l'ânerie officialisée, des colloques ensomnolés, tout se passe comme si, effectivement, la science-fiction n'existait plus.
Liquidée.

On évite même de prononcer le mot, ce serait risquer de mettre le pied dedans. Quelques notules en bas de pages littéraires dans la presse la moins sclérosée ou la moins snob ressemblent à s'y méprendre à des notices nécrologiques : la rédaction a le douloureux regret de vous faire part de la publication du dernier volume de la collection Machin. Point final. En ces temps de disette, il faut parfois arroser d'un commentaire les pavés publicitaires.
Cette anthologie en est le brutal démenti.
Quelques brèves dans la presse, un prière d'insérer dans ... afin de demander à de jeunes écrivains de.produire de la S.-F. Résultat: plus de 600 nouvelles déferlent en quelques mois sur mon bureau. Plus de trois fois et demie la masse de textes que j'ai reçus il y a huit ans pour .... C'est dire qu'il y a du monde à l'enterrement.
En profondeur, l'évolution du syndrome se présente d'une manière toute différente qu'elle n'apparaît au niveau médiatique. Cet afflux enthousiaste le confirme: en tant que littérature, la S.F. a toujours prouvé sa vraie vigueur grâce à constante progression de sa diffusion. Mais devant la vulgarisation massive de son image par des films de seconde zone, de clips vidéo, devant son appropriation par la publicité, elle est entrée dans la clandestinité. Un terrain de combat qu'elle n'aurait jamais dû quitter. La guérilla est déclarée. Forte de sa sous-culture, elle étend son mycélium à travers l'humus des jeunes générations. Des passionnés attendent l'heure de l'explosion. Elle jaillira. je l'espère, sous forme de champignon (nucléaire ?).

[MF]

Il s'agit de favoriser le prosélitisme en permettant l'identification par le lectorat d'un côté, mais sans se faire d'illusion sur les résultats à obtenir de l 'autre.

Qui dit prosélytisme dit prosélyte !
Et, accessoirement, prononce élitisme.

Or, c'est le prosélyte qui conduit l'impétrant du lectorat novice.
Il n'a pas besoin de cette identification blasphématoire.
Le vrai croyant n'a que faire des étiquettes ! Il sait !
C'est cela la foi !

Et, pendant ce temps là...

[Erion]

Et pour continuer dans la série (et donner des vapeurs à certains), le nouveau roman de Marc Lévy sort, et il dit dans une interview :
«ce sont les questions que je me posais étant enfant. J’avais aussi de grands espaces et d’écrire un vrai roman d’aventures à la Out of Africa ou La Nuit Des Temps. Même si bien sûr je ne fais aucune comparaison qui serait prétentieuse.»

Marc Lévy, l'héritier de Barjavel ? Scandale !

[Lune]

Même si bien sûr je ne fais aucune comparaison qui serait prétentieuse.»

Lui aussi a lu l'interview de Werber... C'est déjà ça.

[Le_navire]

Je ne sais pas si quelqu'un l'a déjà signalé quelque part (48 pages naméo !) mais je vais me répéter :

Ce qui gonfle profondément chez Werber, ce n'est pas qu'il publie de mauvais bouquins ni qu'ils se vendent à la pelle.

C'est qu'il prend les lecteurs pour des cons : entendu de sa bouche (lors d'un débat sur LCI) : "j'écris des phrases plus complexes et plus littéraires, mais je les simplifie pour qu'elle soient plus accessibles à mes lecteurs."

Je le redis : pour avoir eu le culot de sortir une telle horreur, ce type mérite des baffes.

On est loin de la classe d'un Levy qui reconnait humblement apprécier son succès tout en se déniant à lui même le titre d'écrivain.


Et oui, certains journalistes "littéraires" méritent de retourner sur les bancs de l'université : leur inculture crasse sur le sujet leur mérite tout autant de gnons.

[Roland C. Wagner]

"j'écris des phrases plus complexes et plus littéraires, mais je les simplifie pour qu'elle soient plus accessibles à mes lecteurs."

[Le_navire]

"j'écris des phrases plus complexes et plus littéraires, mais je les simplifie pour qu'elle soient plus accessibles à mes lecteurs."

Tu vois, tu ris.
Moi, ça me file juste envie de cogner.

Mais je suis une teigne. Même comparée à toi.