Bellaing 2009 - Convention française de SF

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Stéphane
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Bellaing 2009 - Convention française de SF

Message par Stéphane » dim. août 23, 2009 9:45 pm

Un événement de grande importance réunissait ces quatre derniers jours un panel de fans de science-fiction venus des quatre coins du monde. Tous se sont réunis à Bellaing, département du Nord, pour la 36ème convention nationale française de science-fiction.
En voici un résumé subjectif et incomplet que les autres participants à la convention ne manqueront pas de compléter.

Jour 1

La convention commence jeudi matin, à 10h. Il paraîtrait qu'il y ait eu des gens pour le discours du maire de Bellaing.
Suivait une conférence sur la Convention Mondiale de Montréal. Trois participants à cet événements étaient présents. Une participante s'est perdue sur le chemin de Bellaing...
Car arriver à Bellaing - charmant petit village du Nord de 1200 personnes, autant de vaches + chevaux + émeus - c'est un peu difficile, ce qui explique sûrement l'arrivée du gros des participants après midi.

Les nouveaux venus assistent directement à une conférence sur la SF arabe, par Kawthar Ayed :
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Puis une conférence sur la SF allemande par Michel Van :
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Après une lecture d'un texte de SF arabe dont je n'ai retenu ni le titre, ni l'auteur, il est temps d'aller manger dans un restaurant campagnard.

Autres faits marquants :
- Bernard Dardinier prouve à maintes reprises qu'il a pour objectif de gagner le prix Versins.
- Les vieux se couchent comme les poules, laissant les jeunes se morfondre devant les bars fermés. Mais la jeunesse SF fringante, à défaut de pimpante, n'a pas dit son dernier mot...

Jour 2

Le gros des troupes est arrivée. Les invités d'honneur, Elisabeth Vonarburg et André Ruellan apparaissent dans la journée.

Au programme de la journée :

Conférence sur l'édition électronique avec aux commandes Alain Le Bussy, Jean-Luc Blary (alias Eons) et Pierre Gévart :
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L'arrivée de Elisabeth Vornarburg est l'occasion pour elle de répondre aux questions d'Irène Langlet :
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Suis une table ronde sur le goût de la SF (en gros sur la SF, quoi), menée par Pierre Gévart.
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Cette discussion houleuse met en appétit les "conventionneux", qui partent manger avant d'effectuer une visite d'une ancienne mine, avec lecture de textes sur la terraformation.

Puis tout le monde se réunit sur la place du village pour :
- une interview d'André Ruellan
- un barbecue géant
- la projection du film Hancock
- une fin de soirée au bar pour les jeunes (les vieux se couchant comme les poules)

Jour 3

Journée confuse. Pas à cause des litres de bière ingurgités la veille, mais parce que le programme n'est pas respecté.
Cela dit on a :
- Le choix de la convention 2011. Elle se déroulera à Tillf, en Belgique, dans le village d'Alain Le Bussy (qui organise).
- L'assemblée générale de l'association INFINI. Finalement assez décevante : les membres n'en sont pas venu aux mains.
- La remise des prix Rosny Aîné

Le soir c'est, le dîner de gala qui clôture la convention.
On y mange des choses étranges...
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...qui rendent fort.
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(De gauche à droite : Wolfgang A Maddog, Didier Cottier, Jacques Fuentealba et Laurent Girardon de Black Mamba, David Petit, François Manson et Christian Hochet)

On y boit de jolies choses...
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...qui rendent folles.
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(Thimothée Rey)

C'est l'occasion de récompenser André Ruellan pour l'ensemble de son oeuvre. Il en est d'abord tout étonné...
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...puis tout ému.
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Mais surtout, c'est la traditionnelle vente aux enchères, avec Georges Pierru en monsieur Loyal...
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...pour recevoir les montées des enchères (à main levée évidemment) :
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(De gauche à droite : Jean-Jacques Regnier, Matthieu Walraet, Ketty Steward, André Ruellan, Anouk Arnal, Frederique Rey, Dominique Martel)

Jour 4

Le dimanche. Rien.

En fait : ouverture à un public qui se bousculera aux portes de la salle et départ échelonné des participants.


En tout cas, un événement excellent, réunissant un public évidemment de qualité, dans une ambiance festive.
Vivement l'année prochaine, à Grenoble !

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k_tastrof
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Message par k_tastrof » dim. août 23, 2009 10:07 pm

Que dire de plus après l'excellent résumé de mon coéquipier ?
Peut-être préciser qu'ACtuSF a su démontrer, une fois de plus une résistance à l'alcool hors du commun, et partager avec vous quelques comptes rendus de tables rondes rectangulaires... juste le temps de rassembler mes notes...


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Message par k_tastrof » dim. août 23, 2009 10:58 pm

Conférence sur La Sf Arabe : 20/08/09

Compte rendu aimablement complété notamment pour les noms d'auteurs, par Kawthar

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Kawthar Ayed, universitaire tunisienne, présente au public des éléments de sa thèse sur la SF Arabe

2009, nous dit-elle, est une année faste pour la SF Arabe:
- en avril ont eu lieu des journées de travail pour les auteurs de SF organisées par l’ALECSO (L’Organisation Arabe pour l’Éducation, la culture et la science).
-La même organisation (l’ALECSO) lance un prix de 10.000 dollars pour le meilleur roman SF. La remise des prix est prévue pour le mois de décembre 2009
- Il existe une revue de SF arabe : A Damas (un exemplaire a circulé dans la salle)
- Un club de SF est en projet en Tunisie (un tel club a existé en 1996 en Algérie mais a disparu au bout de 2ans)
- Le théâtre n'est pas en reste : une pièce d'anticipation est mise en scène à Tunis, une autre en Algérie et qui est une adaptation de Fahrenheit 451

Il existe donc bel et bien une SF arabe.

Les éditeurs se méfient un peu de l’étiquette SF qui constitue à leurs yeux une occidentalisation de la littérature arabe.
Dans les années 50-60, quand émerge la SF arabe, l’étiquette n’existait pas. On parlera de « nouveau genre », sans le nommer. Dans les années 60-70 apparaît en Égypte le terme « roman scientifique » sur les couvertures des romans de Nihad Sherif, qui est d’ailleurs considéré comme le pionnier de la SF arabe. Mais on ne parlera de Science-fiction qu’à partir de la fin des années 70. Après les années 80 c’est le foisonnement de textes SF : on en retrouve au Kuweit comme en Arabie Saoudite, en Tunisie comme en Syrie. Évidement ce n’est pas le même rythme de production ni le même contexte éditorial car l’Égypte et la Syrie demeurent les pays où la production SF est la plus importante.

Le terme en arabe (khayal ilmy) traduit littéralement renvoie plutôt à « fiction scientifique » qu’à science fiction.


Il s'agit essentiellement de textes d'anticipation. Très rares sont les uchronies. Beaucoup de dystopies, peu d’utopies.

Un auteur égyptien, Nabil Farouk, s’est spécialisé dans les utopies militaires (plus de 150 volumes) depuis la fin des années 80. Alors qu’à la même époque en Syrie s’est développé un autre courant SF anti-militaire et humaniste mené par Taleb Umran.
« Utopie militaire » interpelle le public qui veut en savoir plus : il s’agit de récits se déroulant en Égypte, désormais pays très développé mais qui s’engage dans des guerres défensives, le bonheur assuré pour tous est défendu par la guerre contre les Extra-terrestres, les américains, les israéliens, etc. L’ennemi est extérieur. Pas de dissident intérieur, pas de remise en cause du système.

Kawthar Ayed rappelle qu’il existe également des auteurs de SF arabe femmes et en cite deux qui sont également des scientifiques et écrivent des textes à tendance féministe sur le clonage et la génétique : par exemple, une société où la femme s’auto-reproduit sans hommes malgré l’opposition des quelques couples survivants.

Kawthar cite les critiques faites au genre, notamment par Najib Mahfouz, un célèbre écrivain égyptien, qui explique l’urgence qu’il y a à critiquer le présent et à s’y cramponner plutôt que s’intéresser au futur. Mais un auteur SF marocain explique dans la préface de son roman (Le Déluge Bleu), que les textes de SF contribuent à la vulgarisation de la science et transportent des idéaux humanistes.

L’intervenante déplore cependant que les auteurs de SF arabe se trouvent relativement isolés et se croient seuls à écrire dans ce genre. Beaucoup d’auteurs de SF le sont de fait. Ils écrivent des textes qui relèvent de la SF sans même connaître l’étiquette. Néanmoins, elle espère que la création récente d’une convention SF arabe par Taleb Umran et soutenue par l’ALECSO peut créer un échange certes nécessaire entre les différents auteurs arabes.
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Message par orcusnf » dim. août 23, 2009 11:05 pm

A préciser que Stephane a blasphémé au moins 10 fois à propos de saint AEVV et que son supplice est imminent. Par ailleurs, la résistance à l'alcool exceptionnelle d'actusf est fictive, kt et stephane n'ont bu que de la jupiler, c'est à dire de l'eau dans laquelle on ajoute du sirop au houblon...ya que des sudistes pour croire que c'est de la bière !
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Message par k_tastrof » dim. août 23, 2009 11:19 pm

orcusnf a écrit :kt et stephane n'ont bu que de la jupiler, c'est à dire de l'eau dans laquelle on ajoute du sirop au houblon...
Bah ! tu avais bu tout le lait-fraise disponible :wink:
Je n'ai pas encore le pouvoir de transformer la pills en whisky... hélas!

à suivre, très vite le compte rendu de l'échange passionnant entre Irène Lenglet et Elisabeth Vonarburg.
Tiens, ça en fait de l'universitaire au mètre carré !

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Matthieu
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Re: Bellaing 2009 - Convention française de SF

Message par Matthieu » dim. août 23, 2009 11:20 pm

Stéphane a écrit : Jour 3

Journée confuse. Pas à cause des litres de bière ingurgités la veille, mais parce que le programme n'est pas respecté.
La bière n'y est pas pour rien, Stéphane. En effet, l'interview d'Elisabeth Vornarburg par Irène Langlet a eu lieu le samedi matin vers 11h. Il est vrai que le programme indiqué dans la brochure donnée aux participants et celui affiché dans la salle n'était pas identique. Cela a provoqué "un peu" de retard.

En tout cas, ce fut une convention réussie, très sympathique. Bravo et merci à Pierre Gévart pour l'organisation.
Modifié en dernier par Matthieu le lun. août 24, 2009 9:08 am, modifié 1 fois.

Olivier T
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Message par Olivier T » lun. août 24, 2009 7:47 am

Je regrette de n'avoir pu y venir cette année, d’autant que l’ami Pierre avait démontré qu’il savait recevoir lors de Bellaing 2006. Je me rattraperai l’année prochaine à Grenoble.

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Stéphane
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Message par Stéphane » lun. août 24, 2009 8:30 am

Soyons clairs : C'est Irène Langlet, et pas Lenglet ni Langlais... (sauf erreur de ma part)
Merci pour elle :)

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Message par bormandg » lun. août 24, 2009 11:31 am

Olivier T a écrit :Je regrette de n'avoir pu y venir cette année, d’autant que l’ami Pierre avait démontré qu’il savait recevoir lors de Bellaing 2006. Je me rattraperai l’année prochaine à Grenoble.
Il sait recevoir, mais encore faut-il que les gens viennent; mon impression est malgré les réussites (Conférences de Kawthar Ayed, d'Elizabeth Vonarburg et Irène Langlet), une impression d'échec général dû au nombre d'absences (inscrits empêchés et non-inscrits). Non seulement la convention a été une rencontre limtée aux fans les plus convaincus, mais il en manquait plus de la moitié. :twisted:
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Message par MF » lun. août 24, 2009 12:04 pm

bormandg a écrit :Non seulement la convention a été une rencontre limtée aux fans les plus convaincus, mais il en manquait plus de la moitié. :twisted:
Mais puisqu'on te dit que la SF est morte ! Il en va donc de la convention comme des commémorations ; au fil des ans, le nombre de participants va en s'amenuisant. :twisted:

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Message par Roland C. Wagner » lun. août 24, 2009 12:06 pm

MF a écrit :
bormandg a écrit :Non seulement la convention a été une rencontre limtée aux fans les plus convaincus, mais il en manquait plus de la moitié. :twisted:
Mais puisqu'on te dit que la SF est morte ! Il en va donc de la convention comme des commémorations ; au fil des ans, le nombre de participants va en s'amenuisant. :twisted:
D'ailleurs, il n'y a plus un seul fan ayant fait la Grande Guerre. C'est un signe.
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Message par bormandg » lun. août 24, 2009 12:11 pm

Roland C. Wagner a écrit :
MF a écrit :
bormandg a écrit :Non seulement la convention a été une rencontre limtée aux fans les plus convaincus, mais il en manquait plus de la moitié. :twisted:
Mais puisqu'on te dit que la SF est morte ! Il en va donc de la convention comme des commémorations ; au fil des ans, le nombre de participants va en s'amenuisant. :twisted:
D'ailleurs, il n'y a plus un seul fan ayant fait la Grande Guerre. C'est un signe.
Ah non, la Grande Guerre est encore en cours sur ce forum (entre les fans et les détracteurs de AEVV). :lol:
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Message par bormandg » lun. août 24, 2009 12:15 pm

MF a écrit :
bormandg a écrit :Non seulement la convention a été une rencontre limtée aux fans les plus convaincus, mais il en manquait plus de la moitié. :twisted:
Mais puisqu'on te dit que la SF est morte ! Il en va donc de la convention comme des commémorations ; au fil des ans, le nombre de participants va en s'amenuisant. :twisted:
Pour moi, la SF sera morte quand les parutions de "SF littéraire" seront des oeuvres de qualité faites par des auteurs qui ont lu de la SF et qui s'en servent comme base d'écriture (il y en a, par exemple Doris Lessing) et non des utilisations incomplètes et des enfoncements de portes ouvertes par des gens qui n'ont jamais lu de SF, s'en vantent, et récusent l'étiquette SF pour leurs "petites anticipations". Ca viendra, mais on en est encore loin. 8)
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k_tastrof
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Message par k_tastrof » lun. août 24, 2009 12:28 pm

Pardon de vous interrompre avec un nouveau compte rendu.

-----------------------

Irene Langlet & Elisabeth Vonarburg

Irène Langlet, universitaire, se présente et décrit le parcours qui l’a menée à la SF afin de poser le cadre de l’entretien.
Sa rencontre de travail avec la SF ne date que de dix ans. Afin de mener un travail sur la théorie des genres. Elle lit de la SF qu’elle ne connaissait pas. Elle la découvre avec Le Silence de la cité et Chroniques du pays des mères de Vonarburg et décide d’approfondir. Elle rappelle qu’à l’époque et encore maintenant, la SF est peu représentée dans l'université. Ce n'est qu'à l’Université de Laval qu'elle a trouvé un groupe de travail. En 2002, elle obtient un financement : bourse de complément de spécialisation versée par le Canada. En gros, elle est payée pour lire de la SF pendant 3 semaines. En échange, elle s’engage à mettre au moins une œuvre québécoise dans un corpus de cours.
Elle réussit à avoir un cours de littérature comparée en 12 séances. Elle choisit 3œuvres :
- Neuromancer
- un roman d’andrea Esbach
- chroniques du pays des mères
Et comprend qu’avant d’entamer l’étude littéraire des textes, il lui faut convaincre.

Elle rédige un essai de mécanique science-fictionnelle publié par Armand Colin sous le titre : La Science Fiction : lecture et poétique d’un genre. Ce manuel contient 20 pages d’étude sur Chroniques du pays des mères.

Le lien étant établi entre Irène Langlet et l’œuvre d’Élisabeth Vonarburg, on peut passer aux questions :
IL relève page 90 du Galaxies NS 4 une question à laquelle ne répond pas EV sur l’importance de la méthodologie dans le travail de l’auteur de SF.
EV explique qu’elle réfléchit effectivement sur l'écriture et tente de comprendre ce qu'elle fait. Mais quand elle écrit, ce n'est pas de la théorie (expliquer, puis écrire un exemple pour illustrer la méthode). Le choix du nom d'un personnage n'est pas indifférent. Lisbei, c’est un peu Élisabeth et c'est délibéré. Il y a de soi dans ce qu'on, fait et on le sait. Est-ce qu’on peut considérer cela comme une méthodologie ? alors oui, c’est important.
De plus, ajoute EV, la SF s’appuie sur ses propres méthodologies : création de monde, cohérence, types de personnages. Rien que la création des personnages et de leur identité, correspond à un faisceau de liens de causalités.
Au delà de ces contraintes, cependant, parler de méthodologie, c'est gênant. Ce n'est pas si cérébral d'écrire. Écrire, c'est comme lire. Lire doit « prendre à la cervelle, au cœur et aux tripes. »



IL : On n'écrit pas à l'université française. On essaie de comprendre, de défaire la méthode de création de l’auteur. La méthode spontanée, on cherche à la décortiquer. Comment peut-on disséquer sans casser?

EV sourit en évoquant cette illusion universitaire qu’écrire est rationnel ! EV a arrêté mes études littéraires quand elle a vu que tous les textes qu'elle étudiait la concernaient elle, personnellement. Les mauvais lecteurs font de mauvais profs de littérature car ils ne savent pas faire passer la passion qu'il y a à comprendre enfin comment ça se passe.
De la même façon, des critiques littéraires peuvent être mauvais et dégoûter d’un texte avec une critique sans vie. Disséquer ainsi conduit à construire des structures-squelettes sans chair.
Comment enseigner ? C'est un rapport de personne à personne quoi qu’on en dise.
Il y a aussi le problème du choix des textes.
Le prof est comme un écrivain face à sa fiction. Il lui faut tôt ou tard penser aux autres. EV, bien qu’écrivant pour elle-même doit, à la relecture songer à être gentille avec le lecteur: « il ne va pas comprendre. » ou « Qu'est-ce qu'il aime? »
Le professeur doit savoir faire partager un goût pour un texte, pour un genre... EV lit des extraits à ses élèves. Si c'est bien lu, ça peut marcher.
Alors il faut savoir ce qu'on aime dans un texte et essayer de le faire passer.

IL : La SF en France est rare et pas étudié dans les universités. Mais elle est étudiée ailleurs que dans ces structures. Il existe, dès lors un fossé entre le lecteur normal et le lecteur universitaire. A quoi ça sert d’étudier la SF à l’université ?

EV rappelle que les études littéraires ont approfondi son amour pour la lecture. Mais certains étudiants sont dégoûtés. Pourquoi ? Ils ont des profs qui ne se livrent pas et se protègent e se cachant derrière la théorie.
IL : Si les outils conceptuels peuvent aider à aimer un texte, c'est bien. Mais avec ses outils, le prof a peut-être envie de se mettre à la place de l’auteur. Savoir comment faire, comment ça marche.
IL constate aussi que la SF n'est pas comme les autres littératures. Il existe une communauté de lecteurs qui se retrouvent régulièrement, notamment en convention. Ce n’est pas le cas ailleurs, dans d’autres genres. Que pense EV de cette communauté, cette "institution" ?

EV nuance en rappelant que le polar, par exemple a aussi ses réunions de fans. Puis rappeklle que la lecture c'est solitaire, on lit seul. On n'a pas besoin de la connaissance de l’existence du groupe de "cinglés" pour apprécier un bon texte de SF.
Le bon lecteur recrée le processus de l'auteur. Chaque type de littérature crée ses protocoles de lectures. Certains types de littérature font semblant d'être plus faciles, le lecteur ne voit pas ce qu'il fait pour recréer le monde donné par l'auteur.
Par exemple, B. Werber refait le processus de construction pour son lecteur, à chaque fois, à chaque texte.
Il en va autrement pour un public d'initiés qui sait comment chercher les éléments qu'il n'a pas d'emblée et connaît les codes et les conventions de la SF. Le lecteur de SF ne cherche pas à savoir vite tout de suite, il fait confiance à l'auteur. On ne veut pas tout savoir tout de suite, et même parfois on ne sait jamais tout pour les concepts extraterrestres.
Il faut savoir à qui on s'adresse. D’où l’importance de la question : qu'aimez-vous lire? Avant de proposer un texte de SF.
Le prof peut savoir ce que lisent ses étudiants. L'auteur ne sait pas à qui il s'adresse.
Il y a une différence entre le lecteur qui veut être rassuré et celui qui veut être mis en danger. Mais ce n’est pas un jugement de valeur. Comme le dit Pennac « tous les lecteurs ont raison et en même temps ».

IL : EV parle d'une université idéale où l’on pourrait faire un cours de SF en première puis en deuxième année, et en troisième. On trouve au royaume uni et aux USA des diplômes de SF. Un master de Science Fiction, en France c'est impensable.
Elles discutent et parviennent à la conclusion que tout apprentissage littéraire est progressif. On ne commence pas à lire de la SF en prenant un Greg Egan.

IL demande ce que pense EV quand il y a des études sur son œuvre?

EV explique qu’il existe de tels travaux. Souvent il s’agit de gens qu'elle connaît. Elle considère ces personnes comme des lecteurs : il y a des bons et des mauvais.
Parfois, en lisant ces études, elle a des réactions du genre : "elle est dans les patates, là"
Amy Ransom a fait un travail sur la SF québécoise. Il y a des erreurs factuelles, mais aussi des erreurs d'interprétation. Pour les secondes, il n’y a pas de remarques à faire sur les interprétations de la lectrice, c'est son droit. Ces lectures se discutent, dans l'idéal.
Exemple : Amy cherche des problématiques québécoise dans le texte de Tyranaël alors qu'il est conçu avant le départ de l’auteur au Québec. Pourtant même inexact, ça reste pertinent car il y a dans le mythe personnel d’EV des tas d'éléments en résonnance avec l'histoire du Québec.
Il arrive parfois que le niveau explicite des textes soit délibérément ignoré par le théoricien.
Mais il faut savoir qu’on cherche, en lisant, des choses qui sont à soi. Chaque théoricien défend sa vision du monde avant tout. Il peut y avoir surlecture, surinterprétation.

IL : Existe-t-il des tendances d'interprétation selon les pays des chercheurs ?

EV cite l’approche féministe, très courante aux États-Unis. L’approche linguistique, parfois. Il y a même eu une approche sadomaso !
Mais toutes les lectures sont possibles, puisque chaque lecteur arrive avec ses propres questionnements.
Écrire est une façon de dire qui on est à tel moment. Une approche psychocritique pourrait donc aussi être pertinente, sur un ensemble de textes.

IL : « Dans une université où la SF serait une littérature non marginale, où verrais-tu tes livres ? »
EV se situe entre la position qui consiste à dire « Laissez la SF dans son caniveau » et celle qui dit « faites-en une littérature à part entière ».
L'étude peut dégoûter, rappelle-t-elle. Et les petites boîtes ne sont pas toujours souhaitables.

IL précise sa question : Avec quels autres auteurs verrais-tu tes textes ?
EV ne sait pas
_______
Suivent les questions du public :
Giangi : On parlé de l'absence de la SF dans le corpus universitaire mais pas de sa spécificité. Comment crée-t-elle des mondes ?
EV : On crée toujours un autre monde qui n'existe pas. Que ce soit un monde passé, futur, ou recréé selon la vision propre de l’auteur. En SF on va plus loin car le monde créé n’existe pas dans le référentiel du lecteur.
Il s’agit d’effectuer un dosage entre éléments connus et inconnus. On peut partir dans des fantasmes mais quand on veut une cohérence, il faut rationnaliser avec notre science actuelle. On peut se demander jusqu'où on peut changer la psychologie des personnages pour que le lecteur suive encore.

Anouk : En revenant régulièrement sur le même texte (exemple de Tyranael travaillé plusieurs fois) ne le change-t-on pas fondamentalement, puisque l’on change soi ?
EV : Oui. Et les lectures possibles diffèrent. Il y a dans les dernières versions de ce texte des noms de personnages qui viennent clairement du Québec et des problématiques ajoutées sciemment.

David : N’est-ce pas à l’auteur d’expliquer la vérité sur ces textes, ce qu’ils sont, d’où viennent les noms, les idées, par exemple.
EV a écrit un recueil de nouvelles, à paraître. À la demande de l'éditeur, elle présente chacun des textes. Elle a choisi d’en expliquer la genèse. Mais il ne faut pas oublier l’équilibre nécessaire entre personnage public et vie privée. La lecture est aussi l’affaire du lecteur.

On aurait pu, je crois, continuer des heures durant, mais il fallait manger. L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais un peu quand même.
-----------------
vous pouvez continuer

Kt
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Thomas Geha
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Message par Thomas Geha » lun. août 24, 2009 1:04 pm

J'ai suivi son cours sur la SF à Rennes 2.
Au programme il y avait :
Neuromancien
Des milliards de tapis de cheveux
Inner City
L'usage des armes.

Le roman de Vonarburg n'était plus disponible cette année-là...
En tous cas, le cours (un TD) était correctement suvi. Avec des exposés à la fin (j'en avais fait un sur le roman de Ligny et m'étais tapé un 11 parce que j'avais parlé de "fracture sociale", enfin bref, c'est vieux tout ça)
Le cours avait le mérite d'exister, ce qui n'est plus le cas à ma connaissance.

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