Sauf que c'est bien gentil tout ça, mais on y va auteur par auteur, dont la plupart n'ont rien à voir avec ce qui identifie la SF et suivent les circuits classiques de promotion de la littérature générale.rmd a écrit :Il est clair qu'il n'aurait pas du tout eu le même lectorat en paraissant en collection spécialisé. Et à l'évidence, un lectorat bien inférieur.
Si vous voulez dire que les lecteurs achètent avant tout des auteurs que des livres, oui, c'est normal.
Mais, si j'ai cité ce commentaire, c'est parce qu'il révèle une chose : le succès de Somoza ne signifie PAS la reconnaissance de la SF. La SF ne change pas de statut, ou d'image. Au contraire, on félicite l'auteur pour, sur un sujet pareil, avoir évité de dériver vers la science-fiction.
Je me souviens (il y a presque 10 ans de cela), un éditeur jeunesse m'avait contacté parce que j'écrivais de la SF et qu'il cherchait des auteurs. Mais il voulait que j'écrive un roman sans rien d'extraordinaire (pas d'espace, pas de technologie). En gros, de la SF sans SF, parce qu'il fallait parler du monde contemporain, du quotidien.
Le commentaire sur Somoza met en lumière quelque chose : les romans "transgenres" sont jugés à l'aune de la littérature générale. Ca signifie donc se soumettre à UN genre. Tout ça n'a rien de transgenre. C'est juste se soumettre à des critères esthétiques et de valeur d'un genre, d'un fandom. (Et une pensée pour Volodine dont l'oeuvre SF n'apparaissait plus sur sa liste d'oeuvres, mais aussi pour Abe Kobo, écrivain à l'oeuvre bien traduite en France, à l'exception de son oeuvre SF qui, pourtant est très importante)
Je ne vois pas l'intérêt de passer d'un fandom à un autre. Le fandom Café de Flore/Académie Française n'est ni meilleur ni pire que celui de la SF, mais dans celui de la SF, on y est + libre. On peut se permettre d'écrire des choses intellectuelles et péter dans les draps en même temps, sans que ça pose problème.
Enfin, je reste toujours perplexe par la volonté de refuser le marquage alors que dans les autres oeuvres culturelles (BD, cinéma) ce marquage est essentiel. Les films de SF ont un grand panneau avec marqué SCIENCE-FICTION, et ça marche. Alors, je ne vois pas pourquoi le cinéma pourrait revendiquer ouvertement l'étiquette, et la littérature devrait se cacher, en espérant que personne ne la repère pour que, suite à un malentendu, un ou deux auteurs puissent s'en sortir et vendre.
Désolé, mais J'AIME la SF quand elle est délibérément SF, j'aime être transporté dans d'autres mondes, j'aime voir des extra-terrestres, j'aime les intelligences artificielles, les voyages dans le temps, les robots, les boum-boum, les explosions, le Bigger Than Life. J'ai été beaucoup plus ému et bouleversé par une série d'animation comme Bounen no Xam'd que par The Road de McCarthy. J'ai envie de retrouver ça à la lecture, et ce n'est possible QUE dans la littérature identifiée et de genre.
J'adore Murakami (et d'ailleurs je suis son fil twitter - faut dire que son rythme de post est pas trop frénétique contrairement à Gibson - qui lui-même suit... David Lynch) mais je l'adore avant tout comme auteur de littérature générale. Le fait qu'il emprunte à la SF n'a aucune importance pour moi. Il n'y en aurait pas que ça m'intéresserait toujours. Quand on lit "La course au mouton sauvage" ou "Danse, Danse, Danse", c'est clairement pas l'aspect SF qui saute au visage.
Je ne crois pas à la transitivité. De la même manière que les critiques SF attachent beaucoup moins d'importance aux relations psychologiques entre les personnages qu'aux idées développées, les critiques littéraires s'intéresseront toujours moins à l'audace technologique ou scientifique d'un ouvrage pour privilégier les personnages.
Et c'est très bien ainsi. On ne cherche pas la même chose dans l'offre romanesque, sa diversité est la meilleure chose.
Si j'ai peur, c'est de l'uniformité, et dans les tendances des oeuvres transgenres (pour faire simple) j'y vois beaucoup trop d'uniformité et pas assez de diversité. Et c'est bien trop sage, bien trop "correct" pour vraiment m'intéresser.