Le retour de la polémique.

[Le_navire]

La notification officielle n'est pas encore arrivée. Pour l'instant, l'info a été donnée par téléphone.

Et le débat sur la censure, c'est toujours un débat entre anciens et modernes...

(Pour résumer aux néophytes : il y a ceux qui entendent le mot "censure" dans sa définition Anastatie, censure d'état visant à empêcher une liberté d'expression; et ceux qui l'entendent dans un sens plus large : toute intervention d'un groupe de pression interdisant une liberté d'expression)

Ceci étant le débat sémantique est ici déplacé le geste étant effectivement celui d'un corps d'état (subissant l'influence d'un groupe de pression, on peut aussi ici disserter sur la notion de "morale")... Nous aurons donc les tenant de : le prix entraînant une vaste diffusion, ne serait-ce que pour les nominés, cette diffusion étant désormais suspendue, c'est de la censure, contre : le livre existe, il est accessible, ça va même lui faire de la pub, c'est pas de la censure. Je vous épargne 15 pages de débats, vous pouvez vous rendormir tranquille.

[Denis]

Merci au Navire pour sa parole d'Evangile (si j'ose dire ).
Et puis les livres n'ont pas (encore) été brûlés, où est le problème ?
On peut en effet se rendormir.
Ouf, on a eu peur.

[Lensman]

Ma remarque n'était pas un prétexte pour ne pas signer, hein!
C'était juste pour rappeler que parfois, dans ces domaines, on voit des gens prendre des initiatives "orales" de "censure" alors qu'ils n'en ont en fait pas le pouvoir et n'ont pas à être obéi. Il s'agit de ne pas entrer dans leur jeu, en leur conférant les attributions officielles qu'ils n'ont pas... Et de demander des explications à leurs véritables supérieurs. Généralement, ça donne des résultats curieux...
Oncle Joe

[Cibylline]

C'était juste pour rappeler que parfois, dans ces domaines, on voit des gens prendre des initiatives "orales" de "censure" alors qu'ils n'en ont en fait pas le pouvoir et n'ont pas à être obéi. Il s'agit de ne pas entrer dans leur jeu, en leur conférant les attributions officielles qu'ils n'ont pas... Et de demander des explications à leurs véritables supérieurs. Généralement, ça donne des résultats curieux...

Même avis.
Le Navire parle d'un "geste étant effectivement celui d'un corps d'état (subissant l'influence d'un groupe de pression" et c'est pour cela que j'aimerais en savoir plus.
La décision a-t-elle vraiment été prise par quelqu'un ayant autorité sous la pression d'instances supérieures (et, dans ce cas, lesquelles ?) ou n'est-ce pas un quidam quelconque qui a commis une erreur en croyant que c'est ce qu'on attendait de lui ?
Je connais bien l'administration et je sais que les deux hypothèses sont tout aussi plausibles tant qu'on n'a pas plus de détails.
Non pas que ça ne me choque pas qu'on ait éliminé ces deux livres de la sélection, mais, justement parce que ça me choque, j'aimerais connaître l'affaire et savoir de quoi il retourne.

[Thomas Geha]

Eh, bien... Sybille, je dirais que c'est le rôle de , au hasard, ActuSF. Puisqu'ils ont retransmis mon message, autant interviewer Nathalie pour avoir des informations de première main.

[Cibylline]

Eh, bien... Sybille, je dirais que c'est le rôle de , au hasard, ActuSF. Puisqu'ils ont retransmis mon message, autant interviewer Nathalie pour avoir des informations de première main.

Yep, tout à fait.
Quoique ce serait pas mal d'avoir un journaliste d'un quotidien qui travaille dessus.
Il serait aussi intéressant de savoir si le recteur de l'académie a été contacté. En général, ce sont des politiques qui n'aiment pas le scandale.

[Eons]

Ma remarque n'était pas un prétexte pour ne pas signer, hein!
C'était juste pour rappeler que parfois, dans ces domaines, on voit des gens prendre des initiatives "orales" de "censure" alors qu'ils n'en ont en fait pas le pouvoir et n'ont pas à être obéi. Il s'agit de ne pas entrer dans leur jeu, en leur conférant les attributions officielles qu'ils n'ont pas... Et de demander des explications à leurs véritables supérieurs. Généralement, ça donne des résultats curieux...
Oncle Joe

Un peu comme le « devoir de réserve » des Goncourt inventé par le sieur Raoult.

[Cibylline]

Ma remarque n'était pas un prétexte pour ne pas signer, hein!
C'était juste pour rappeler que parfois, dans ces domaines, on voit des gens prendre des initiatives "orales" de "censure" alors qu'ils n'en ont en fait pas le pouvoir et n'ont pas à être obéi. Il s'agit de ne pas entrer dans leur jeu, en leur conférant les attributions officielles qu'ils n'ont pas... Et de demander des explications à leurs véritables supérieurs. Généralement, ça donne des résultats curieux...
Oncle Joe

Un peu comme le « devoir de réserve » des Goncourt inventé par le sieur Raoult.

Je ne comprends pas le rapport que tu établis...

[Le_navire]

Je viens de lire, grâce à un lien de Zariel sur FB, un blog d'une prof de collège (privé) qui participe à la mise à disposition des livres auprès des ados pour le prix, et qui est antérieur à cette nouvelle polémique. Elle y parle de sa stupéfaction de découvrir que sa collègue se refuse à mettre le bouquin a disposition des ados :
je la cite :

...et voilà que ma collègue de CDI (je suis dans un collège privé), m'indique qu'elle ne proposera pas le livre.... Stupéfaction de ma part... je me rends compte qu'elle n'est pas seule dans ce cas, et que des chefs d'établissement ont déjà demandé aux documentalistes de ne pas mettre ce livre à disposition des ados, mettant en avant la violence du livre... Nous avons même reçu un courrier du diocèse nous indiquant qu'il y avait des scènes de viols qui n'étaient pas pour des 4ème... !

On va encore épiloguer, je le sens, sur le thème, oui, mais c'est privé, c'est normal. Arf. Dormez braves gens.

Mais apparemment, des bibliothécaires de médiathèque (espace public) ont subi eux aussi des pressions, et d'aucun semblent y avoir largement cédé.

Je cite un autre commentaire :

Ce roman nous pose un léger problème dans la médiathèque où je travaille puisque notre commune est très très pratiquante et ça nous est déjà arrivé d'entrer en conflits avec certains lecteurs.En ce qui concerne le livre,je dois avouer qu'il m'a un peu agacé. Parler de la pédophilie est important, mais je trouve que Nathalie Legendre en fait des tonnes. Elle cherche à heurter le lecteur et je pense qu'elle a réussi

Mouarf !

Je vous propose un décret à publier sur le sujet :
"le médiathèques se devront désormais de sélectionner leurs ouvrages en fonction des croyances, des orientations politiques et des sensibilités particulières de la majorité de leurs populations adhérentes, afin de veiller à ne pas choquer les consciences et de respecter les spécificités de chacun, en conséquence de la loi de 1905 sur la laïcité qui impose le respect des croyances"


Mwahahahahahaha ! Je suis diabolique !

Tiens, quand est-ce qu'on ne fait pas circuler un livre en médiathèque parce qu'il évoque le prophète ?
Non ?
Pas possible ?

Ah non, tiens, dans ce sens là ça marche pas...

[Lensman]

"Des chefs d'établissement"... là où j'ai travaillé, les chefs d'établissement, j'aime autant vous dire qu'ils avaient d'autres soucis que de s'occuper de la liste des livres dans les bibliothèques... je ne suis même pas sûr que ce soit de leur compétence, en soi. A vérifier, mais ça me paraît bizarre...
Oncle Joe

[Cibylline]

"Des chefs d'établissement"... là où j'ai travaillé, les chefs d'établissement, j'aime autant vous dire qu'ils avaient d'autres soucis que de s'occuper de la liste des livres dans les bibliothèques... je ne suis même pas sûr que ce soit de leur compétence, en soi. A vérifier, mais ça me paraît bizarre...

Dans les établissements privés, le fonctionnement est relativement différent du public car ce sont des gens qui ont des comptes à rendre à leurs clients.
Donc, que des chefs d'établissement privés interdisent certaines choses, pourquoi pas, y'a une logique... mais, si un inspecteur d'académie s'en mêle, là, y'a des choses intéressantes à apprendre AMHA.

Il y a une législation sur la littérature jeunesse : soit ces romans sont publiables, soit ils ne le sont pas. S'ils le sont, quels sont les arguments pour les exclure d'un prix ?

[fabrice]

Ce serait pas mal, si je puis me permettre, de connaître la position des organisateurs du prix. De savoir qui, exactement, a pris cette décision. Et quelle est la raison officielle avancée.
J'avoue que je suis extrêmement surpris : j'ai été invité trois fois à Rennes, et les personnes que j'ai rencontrées ne m'ont pas paru spécialement coincées du slip. Pressions en amont ? La pré-sélection a été divulguée il y a déjà quelques semaines. Donc, quelqu'un, quelque part, se serait réveillé et aurait mis son veto ?
Je suppose que les organisateurs sont conscients de l'image que cette décision va donner à leur prix. Je suppose donc également qu'ils ont préparé leur argumentation. Franchement, je suis très curieux de la connaître. J'ai envoyé un mail à l'une des organisatrices qui est aussi une amie : je vous tiens au courant si j'en apprends plus.

[Le_navire]

En même temps, la législation, hein ?

Le romans doivent "ne pas désespérer la jeunesse".

A l'époque, ça voulait dire : ils doivent avoir une fin heureuse (d'où les nombreuses réécritures du petit chaperon rouge, par exemple...Oui, oui, elles datent de la même époque)

Aujourd'hui, cette application de la définition ferait quand même rigoler beaucoup de monde, et on ressort des cartons sans problème la version originale de la galette et du petit pot de beurre.

Et d'aucuns considèrent que "désespérer la jeunesse" ça veut surtout dire "la prendre pour un ramassis d'abrutis incapable de comprendre le monde qui les entoure.et qui ne regardent jamais les infos à la téloche"

D'autres au contraire, jugent visiblement que c'est le moment d'y appliquer une grille moraliste qui date d'avant 68 (pouah 68, la chienlit, l'horreur !) : dormez-les enfants, tout va bien, et surtout, ne vous mêlez pas du monde des adultes même si vous en subissez les conséquences, vous n'y comprenez rien, c'est pas pour vous, on s'occupe de tout.

[Le_navire]

Ce serait pas mal, si je puis me permettre, de connaître la position des organisateurs du prix. De savoir qui, exactement, a pris cette décision. Et quelle est la raison officielle avancée.
J'avoue que je suis extrêmement surpris : j'ai été invité trois fois à Rennes, et les personnes que j'ai rencontrées ne m'ont pas paru spécialement coincées du slip. Pressions en amont ? La pré-sélection a été divulguée il y a déjà quelques semaines. Donc, quelqu'un, quelque part, se serait réveillé et aurait mis son veto ?
Je suppose que les organisateurs sont conscients de l'image que cette décision va donner à leur prix. Je suppose donc également qu'ils ont préparé leur argumentation. Franchement, je suis très curieux de la connaître. J'ai envoyé un mail à l'une des organisatrices qui est aussi une amie : je vous tiens au courant si j'en apprends plus.

Comme je l'ai dit l'organisation n'y est pour rien : ils se sont même battus contre cette interdiction autant qu'il l'ont pu, c'est ce qu'en dit Nathalie elle-même. Ce sont leurs supérieurs qui ont pris la décision.

[fabrice]

Argh, les Supérieurs Inconnus ! Bon, j'imagine qu'ils vont être obligés de sortir du bois. Mais on sait déjà ce qu'ils vont dire, en fait. Et on sait aussi que c'est irrévocable. Le seul truc qui pourrait faire bouger les choses, amha, c'est que les autres auteurs sélectionnés demandent à ce que leurs bouquins soient retirés de la sélection aussi.