Du sense of wonder à la SF métaphysique

[Lensman]

Lem:
D'ailleurs, ce côté, "je subis et je m'émerveille" (ou je m'épouvante), il est aussi flagrant chez Lovecraft, que tu as justement choisi comme exemple dans ton intro.
Lovecraft, à l'époque (peu avant sa mort), s'était disputé avec le tout jeune ... Ackerman dans un des premiers fanzines du temps (tu te souviens?). Le Vieux Gentleman trouvait un peu ridicules et vaines ces histoires de vaisseaux spatiaux sillonnant la galaxie... Je ne peux pas suivre le Vieux Gentleman sur ce point, que Cthulhu me pardonne!
Oncle Joe

[Lem]

Fabien >
Sur ton blog comme dans ton post, j'élimine la question des ventes. Je ne dis pas du tout que tu as tort (Brussolo, gros vendeur à une époque, a fait une œuvre sf presque exclusivement consacrée à des anthropologies démentes) mais ce n'est pas ce dont on parle ici.
Et "ce qui dérange les bien-pensants" me semble une formule vraiment convenue. Il y a autant de bien-pensants ici qu'ailleurs et j'en fais sans doute partie. Evitons.
Reste donc

de grandes oeuvres de SF. Dune de Frank Herbert, Fondation d'Asimov, la majorité des ouvrages de Le Guin ou de Vance. Curieusement tous des ouvrages qui ont une approche plus anthropologique que métaphysique..

Honnêtement, je vois les sources métaphysiques de Dune (l'épice, la précognition, l'accès à la vérité intemporelle sous l'écume des événements) et de Fondation (la psychohistoire, point d'eau achronique matérialisé par le fantôme-hologramme de Seldon, sans oublier le mutant imprédictible qu'est le Mulet) aussi nettement que les ambitions anthropologiques.
LeGuin et Vance sont plus convaincants. Dans une novella comme Papillon de lune, par exemple, on voit presque à l'œil nu les mécanismes de ce merveilleux anthropologique. Il y a une contrainte sociale plus ou moins arbitraire (les masques) et on est effectivement émerveillé par ses conséquences logiques (l'usage des instruments de musique pour nuancer les discours, la systématisation des parures etc.) C'est de la bonne sf. Donc, oui, probablement, l'anthropologie est une source possible.

[Lem]

Certains pensent que baptiser le tout "liquides" ou même carrément "lait" ferait boire plus d'Islay.

Brandir une bouteille d'Islay en disant : "ceci n'est pas un liquide" me semble carrément dissuasif (pour rester dans cette métaphore vraiment bizarre.)

[Lensman]

Honnêtement, je vois les sources métaphysiques de Dune (l'épice, la précognition, l'accès à la vérité intemporelle sous l'écume des événements) et de Fondation (la psychohistoire, point d'eau achronique matérialisé par le fantôme-hologramme de Seldon, sans oublier le mutant imprédictible qu'est le Mulet) aussi nettement que les ambitions anthropologiques. .

Ouais, bon... A ce compte là, il y a de la métaphysique partout, on n'en sort pas, et ça perd toute pertinence au niveau de l'identification de quoi que ce soit.
Je ne pensais pas que l'on parlait de métaphysique comme élément dans une histoire (comme l'écologie, la religion, l'art, l'histoire, l'élevage des gerboises, etc), mais plutôt de la métaphysique comme cœur de la démarche SF elle-même, qui me semblait la question posée. Je sais bien que tu réponds spécifiquement à Fabien, mais on est dans la confusion, là...
Oncle Joe

[Roland C. Wagner]

les sources métaphysiques de Dune (l'épice, la précognition, l'accès à la vérité intemporelle sous l'écume des événements)

Les Sources de Dune.

[Roland C. Wagner]

Je me suis demandé, parfois, si Serge n'avait pas trop homogénéisé, dans "La physique des métaphores" les vécus subjectifs, les ressentis, en disant que c'est la même émotion qui est ressentie à la lecture de SF "jouant sur le futur" (pour simplifier), et à la lecture de Kafka et de Borgès.

Je ne me suis même pas posé la question tant la réponse est évidente pour moi : ce n'est pas la même palette d'émotion.

[Transhumain]

Ahem… Il y a toujours eu un côté nécrophage chez les philosophes à mon avis. Jusqu'ici, ils se bouffaient surtout entre eux. Mais apparemment, la veine étant sans doute épuisée, ils vont chercher ailleurs.

L'odeur de naphtaline, peut-être ?

[Lem]

Oncle > Je répondais à Fabien.
Et je te répondrai demain, après France Inter.

[Lensman]

Pour rigoler, un peu de parachronie cinématographique, "Matrix" au temps du cinéma muet:

http://www.youtube.com/watch?v=hAu74d4fGt0

Oncle Joe

[Fabien Lyraud]

Sur ton blog comme dans ton post, j'élimine la question des ventes. Je ne dis pas du tout que tu as tort (Brussolo, gros vendeur à une époque, a fait une œuvre sf presque exclusivement consacrée à des anthropologies démentes) mais ce n'est pas ce dont on parle ici.

Tout cela pose quand même la question de la survie du genre en tant que tel. Et les ventes sont un bon indicateur des tendances lourdes.

[Lensman]

Et le "Star Treck" steam-punk.
Bon, après, on reprend...

http://www.youtube.com/watch?v=6Y39gHihP74

Oncle Joe

[systar]

ce côté, "je subis et je m'émerveille" (ou je m'épouvante)

On s'achemine tranquillement vers le Sublime, et les "Idées esthétiques" de Kant...

[Lensman]

ce côté, "je subis et je m'émerveille" (ou je m'épouvante)

On s'achemine tranquillement vers le Sublime, et les "Idées esthétiques" de Kant...

Oui, enfin, ça peut être du même ordre en regardant un coucher de soleil, ou un vol de sauterelles, un iceberg géant ("Capitaine, on ne devrait pas changer de cap?"), ou la célèbre fête des gerboises début avril, que sais-je... La littérature (et le reste) est rempli d'émerveillement de ce genre. On est peu de choses... Mais bon. Pas grand chose à voir avec ce dont je parlais (spéculations sur le futur), il me semble.
Oncle Joe

[systar]

ce côté, "je subis et je m'émerveille" (ou je m'épouvante)

On s'achemine tranquillement vers le Sublime, et les "Idées esthétiques" de Kant...

Oui, enfin, ça peut être du même ordre en regardant un coucher de soleil, ou un vol de sauterelles, un iceberg géant ("Capitaine, on ne devrait pas changer de cap?"), ou la célèbre fête des gerboises début avril, que sais-je... La littérature (et le reste) est rempli d'émerveillement de ce genre. On est peu de choses... Mais bon. Pas grand chose à voir avec ce dont je parlais (spéculations sur le futur), il me semble.
Oncle Joe

ça me fera un joli programme de réflexion pour l'hiver, en tout cas...

[Gérard Klein]

Certains pensent que baptiser le tout "liquides" ou même carrément "lait" ferait boire plus d'Islay.

Brandir une bouteille d'Islay en disant : "ceci n'est pas un liquide" me semble carrément dissuasif (pour rester dans cette métaphore vraiment bizarre.)

Si la bouteille est vide, la proposition me semble pertinente et n'a plus aucune raison d'être dissuasive.