Non. Rien de personnel.
Enregistré. Mais dans ce cas, ne dis pas que tu tries en fonction de qui pense quoi.
Mais tu sembles imaginer que les critiques de SF sous l'angle de "littérature ridicule pour ados décérébrés" viennent d'une raison impérieuse et fondamentale qui émanerait de la métaphysique.
Il y a déjà un problème de formulation, tu es déjà dans la passion : "tu sembles imaginer". Pourquoi ne pas employer le vocabulaire neutre de rigueur puisqu'il n'y a rien de personnel ici : "tu fais l'hypothèse".
Effectivement, c'est à très gros grains l'hypothèse que je fais.
Je te démontre que ce type de critique est juste une réaction réflexe, sans la moindre implication profonde, pas la peine d'y voir une variable cachée.
On a là un problème effectivement. Un problème de méthode. Car j'estime que ne m'as rien démontré.
Reprenons le cas de Verne.
1) Tu t'appuies sur le fait qu'il ait reçu des critiques hostiles de la part de l'Eglise au motif que son œuvre ne faisait pas assez appel à la Providence et que les problèmes y recevaient des solutions techniques et rationnelles pour dire : ceci prouve bien que la sf n'est pas métaphysique et que c'est la science qui compromet sa réception. (Est-ce un résumé correct de ton argument ?)
2) Je rappelle (pour la millième fois) que la science est, selon moi, un argument de rejet tout à fait valable, bien documenté, bien enregistré, aucun problème. Mais je considère qu'elle ne suffit pas à expliquer tout le rejet tout le temps à elle seule (la science est-elle vraiment considérée comme "un truc pour ado décérébré" dans notre société ?) et j'introduis un facteur supplémentaire : la métaphysique.
Puis, je souligne ceci : effectivement, il n'y a pas de métaphysique chez Verne. C'est de l'épopée géographico-technique pour ado, il n'y a pas de science imaginaire, ni de déplacements dans le futur ou le passé lointain, ni de mondes parallèles, ni de formes de vie inconnue – rien de ce qui constitue pour moi les archétypes de la métaphysique réifiée. Et c'est peut-être justement pour ça que ce n'est pas "tout à fait de la sf" (l'inscription de Verne dans le domaine pose toujours problème aujourd'hui, comme chacun sait. La seule exception dans son œuvre, c'est
L'Eternel Adam, clairement métaphysique et clairement SF.)
Si Verne n'est pas de la SF, je ne vois pas en quoi le fait que l'Eglise lui ait reproché le matérialisme de son œuvre réfute ma thèse. Et puis, que je sache, il n'a jamais été traité d'auteur de "pour ado décérébrés" – au contraire. Il a toujours été une sorte d'auteur pour enfants sages, des bonnes classes de la société.
Enfin (mais ceci remonte à une bonne cinquantaine de pages au moins), je rappelle que les commentaires de l'Eglise catholique sont un indice compliqué à interpréter. L'Eglise a ses propres intérêts et le fait qu'elle émette un jugement défavorable envers une œuvre ne signifie nullement que cette œuvre ne contient pas de métaphysique – mais simplement que cette métaphysique n'est pas catholique (au sens propre). Si l'Eglise avait excommunié
Le monde des A parce que "A. E. Van Vogt n'a pas recours à la Providence telle que nous l'entendons", considérerais-tu que cela suffit à affirmer que
Le monde des A ne contient rien de métaphysique ?
Bref, j'argumente sur Verne, je dis que l'absence de métaphysique dans son œuvre est peut-être justement ce qui lui manque pour être vraiment de la SF, etc. Et tu réponds :
3) Ça ne change rien aux critiques.
Je ne considère pas que tu aies démontré quoi que ce soit.
Si, de ton côté, tu penses que cette réponse est suffisante, c'est que nous n'avons pas la même idée de ce qu'est une démonstration et alors, effectivement, il ne sert à rien de discuter.
C'est uniquement de la psychologie, face à un élément inconnu, sans le contexte.
Tu énonces cela comme si c'était une évidence ! Comme si cette idée était parfaitement claire, avait fait l'objet d'une multitude de thèses, était reconnue et admise par tous et qu'elle était tellement puissante qu'il ne servait à rien de chercher une autre explication. Peux-tu admettre que ce que tu
crois ne soit pas forcément
vrai ?
A partir du moment où tu ne parviens pas à trouver d'éléments tangibles pour démontrer ton hypothèse, que tu sépares les arguments du type "c'est de la science dans ma fiction" et "c'est débile"…
Je ne suis pas du tout convaincu que la société ait posé une équation science = débile.
Je pense au contraire que l'équation est du type science = peur ; science = danger ; sciece = inhumain (lexique qu'on retrouve dans les critiques hostiles à la sf).
Par contre, ça fait un siècle que la même société a posé une équation métaphysique = ridicule ; métaphysique = philo pour adolescent ; métaphysique = théories confuses sans queue ni tête (et c'est un autre des lexiques qu'on retrouve dans les mêmes critiques, d'où mon idée d'établir un parallèle.)
…et bien je te montre qu'il n'y a pas de problème, et que ce qui ne ressort pas de la critique "science", c'est juste de la psychologie.
Tu ne montre pas. Tu répètes. Tu affirmes. Ce n'est pas la même chose. J'ai pris beaucoup de précaution pour poser la métaphysique comme hypothèse. J'ai précisé que c'était une intuition, j'ai suggéré quels genres d'indices il fallait chercher, j'ai expliqué le sens de presque chaque mot que j'ai employé. C'est loin d'être ton cas.
Idem avec l'informatique et les geeks. C'est pas parce qu'ils manipulent des objets métaphysiques réifiés qu'ils sont caricaturés comme des ados boutonneux, enfermés chez eux et incapables d'avoir des relations sentimentales et sexuelles normales.
???