C'est trop injuste!Sand a écrit :
il monte toute un échaffaudage pour démontrer que ce qu'il a lu et apprécié n'est pas de la SF.
Oncle Joe
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2) Or, Systar a rappelé il y a longtemps déjà le ricanement de Voltaire à l'endroit de la métaphysique. Dans le Dictionnaire Universalis de la philosophie, je trouve ceci à propos du XVIIIème siècle :Gérard a écrit :Au 17° siècle, l'absolutisme naissant éprouva le besoin non seulement d'éliminer autant que faire se pouvait les langues régionales mais de constituer une littérature fondatrice avec des corps chargés de veiller à son intégrité et à sa transmission, au sommet desquels s'étale l'Académie Française. Auparavant, chacun écrivait comme il sentait dans une grande diversité de genres et de langues qui forniquaient joyeusement entre eux. Après, plus question de rigoler.
Ceci participe d'un début de discrédit de la métaphysique entre 1750 et 1800 et on y trouve comme noms associés Voltaire et implicitement d'Alembert (deux Académiciens).Un certain esprit scientiste se développe : on attend de la science et d'elle seule tout progrès positif de la connaissance. Tout cela apparaît chez Voltaire, qui se moque des métaphysiciens, chez Diderot, chez la plupart des Encyclopédistes. Au rationalisme doctrinal, affirmant que le fond de l'être est raison, succède un rationalisme méthodique, faisant de la raison, non la mesure de l'être, mais celle de notre connaissance. Et cette raison même est tenue non point (…) pour une faculté capable de nous donner l'intuition de l'être mais pour le moyen d'organiser nos expériences et nos pensées.
il est évident qu'il fait le chemin inverse. Posant que les grandes œuvres de merveilleux-scientifique sont métaphysiques, il en déduit tout naturellement que leur public se trouve "en Allemagne" (à la fois le pays réel, mais aussi le pays métaphorique de ceux qui ont "l'âme métaphysique").Est-ce à dire qu'un roman d'hypothèse doive se confiner dans l'enceinte du monde physico-chimique ? Loin de moi cette pensée. Les plus belles œuvres du genre, au conrtraire, sont celles où flottent, comme des effluves éternels, les vieilles inquiétudes qui ont toujours obsédé les rêveries humaines, hanté notre esprit, étreint notre cœur. N'est-ce pas Edgar Poe ? N'est-ce pas Villiers de l'Isle-Adam ? Mais l'essentiel n'est point là. L'essentiel est dans le brouillard métaphysique qui doit s'élever du récit romanesque. D'où, forcément, il résulte que les amateurs les plus enthousiastes du roman d'hypothèse se trouvent de l'autre côté du Rhin…
Dès que j'ai un peu de courage, je vais saisir toute la préface, présentation et post-scriptum (il y a une allusion - classique - à Leibnitz, j'ai préféré ne pas la mettre, pour que certains ne soient pas tentés de mal interpréter...). Ce type était "Membre de la Chambre des Députés".Lem a écrit :Note complémentaire : dans l'optique ci-dessus, Oncle, il serait très – très – intéressant de situer l'auteur du "Roman de l'Avenir". Etait-ce un romantique ou plutôt un homme des Lumières ? Ça nous en apprendrait beaucoup sur le statut de l'objet "futur" et même "futur lointain". Car une petite voix me dit que cet objet est porteur d'une forte charge métaphysique et même religieuse. Après tout, pendant mille ans, en Occident, le seul futur concevable s'est appelé Résurrection.
En tout cas, une chose est claire: dans les émissions d'hier soir sur Arte, on apprenait que les sciences ne posaient, fondamentalement, aucun problèmes à la religion (représentée évidemment par le judaïsme, le christianisme et l'islam) et réciproquement. (Ce que j'ai d'ailleurs toujours pensé, malgré quelques malentendus historiques cocasses vite dissipés...)Lem a écrit :Partiellement HS mais en fait non : je suis invité ce soir dans l'émission de Taddei sur France 3. Sujet : "la science a-t-elle atteint ses limites ?" (si j'ai bien compris ce que m'a dit Bourseiller au téléphone). M la maudite sera-t-elle évoquée ?
Suspense.
A mon sens, ce serait une erreur d'insérer ces documents dans une chaîne strictement causale.Sylvaner a écrit :je ne suis pas persuadé que le mot de Revel - et encore moins l'essai de Stoczkowski - aient une influence si importante sur le lectorat populaire.
Je n'ai pas cité Revel et W.S. pour leur influence qui va du négligeable au nul, mais comme symptômes. Ça me semble clair dans mon texte qui répond à une demande d'exemples.Sylvaner a écrit :Je ne suis pas sûr qu'un défaut de lecture soit en cause, à moins de prendre en compte le rythme affolant d'avancement de ce fil - plusieurs pages le temps d'un paquet de copies... ça incite au survol. Je pense plutôt que beaucoup campent sur leurs positions, y compris celles qui nient l'intérêt du débat. (Moi ? j'apprends, et j'essaie de faire un peu la mouche du coche sur certaines sous-questions.)Gérard Klein a écrit : J'ai l'impression déprimante sur ce fil que la plupart des messages ne sont même pas lus et qu'il leur est répondu sur des pétitions de principe sans aucune attention à ce qu'ils essaient de dire.
Y compris sur mes propres messages dont les contestations portent parfois sur le contraire exactement de ce que j'ai écrit.
Tous des Slans !!!
Par exemple, votre analyse du rejet portant notamment sur quelques essais à charge contre la SF est probante. Pour autant, je ne suis pas persuadé que le mot de Revel - et encore moins l'essai de Stoczkowski - aient une influence si importante sur le lectorat populaire. Je suis plus convaincu par le passage sur les libraires et bibliothécaires, véritables filtres par lesquels il faut bien réussir à passer !
D'autre part, je crois bien que le paragraphe sur la fantasy que je cite plus haut est de vous ! j'ignore si vous revendiquez effectivement ces propos (on trouve parfois des citations fausses, ou hors contexte) mais si c'est le cas, le procès en inutilité que vous faites à la fantasy n'est-il pas, pour beaucoup, transposable à la SF ?
Je n'ai personnellement jamais reçu l'argument d'"effrayant"... plutôt des préjugés basiques de forme (les descriptions) et surtout... ce même procès en inutilité. Pour beaucoup de non-lecteurs de SF, cette littérature est juste... pointless.
Cela dit, peut-être que cette vacuité perçue n'est pas sans rapport avec la métaphysique, en y réfléchissant...
N.B. : merci à Lem de m'avoir cité en ayant l'élégance de corriger discrètement ma faute à "pregnante" !
Toutafé. Et c'est un plaisir que je suis loin de bouder.Lem a écrit :Qu'on adhère à l'affaire M ou non, je trouve ces bientôt 200 pages loin d'être ridicules. Il s'y dit beaucoup de choses. Il y a de temps en temps des beaux textes. Il y a une année de cours de philo gratuite. Il y a plein de citations. Il y a de la pensée, ou des efforts pour penser. Il y a de l'humour, des crises de nerfs, des conspirations hétéroclites. C'est dommage de ne pas en profiter.)