systar a écrit :Bonjour David, quelques questions sur les Minuscules Flocons, par la lecture duquel je vous ai découvert...
D'où est venue cette idée d'examiner, le temps d'un roman, cette idée de pixellisation du monde? Pourquoi votre livre introduit-il alors la notion d'un "suicide de l'Occident"? Pourquoi réintroduire ce terme d'Occident, alors même que personne ne sait réellement ce que c'est, ni si, à titre de civilisation, il est suffisamment unifié pour qu'on puisse en parler au singulier?
Il y a une autre thèse dans votre roman qui est liée à la première: puisque la réalité virtuelle est propre, ne sécrète pas d'excréments, il semblerait que ce soit l'humain qui devienne la prothèse excrémentielle de sa propre machine...
(ça fait plein de thèmes très "à la Dantec", tout ça... Une similitude dans la réflexion qui est consciente, assumée, ou totalement distincte, ou parfaitement inconsciente?)
Autre et dernière question pour cette première rafale: d'où vient votre intérêt pour l'univers de Disney, que visiblement vous connaissez très bien? L'utilisez-vous en littérature parce qu'il serait caractéristique d'un des phénomènes que je cite plus haut, ou bien est-ce juste... un plaisir personnel de resituer votre travail dans un univers que vous appréciez?
Voilà, en vous remerciant par avance, et en attendant de prendre le temps de lire Nid de Coucou...
Bruno
salut !
bon allez j y vais (mais je parlerai pas de dantec car je le lis pas vraiment ce mec, c est trop lourd, bien trop lourd, j ai pas la patience pour les pensums)
d abord sur l occident. peut etre que le terme était abusif, oui, votre remarque est très juste, en même temps, l occident chrétien est, il me semble, une notion pas si tirée par les cheveux que ça, mais c était pas à ça que je pensais en écrivant le livre. pour moi, le sédiment de cet occident, qui n est absolument pas localisé géographiquement, qui est un meta-occident, c est bien l entertainment et la technologie de l'information. les sociétés post industrielles ont développé un rapport quasi mythique à leurs créations virtuelles récentes, et la technologie est le bras armé d une nouvelle façon d envisager l espoir de voir tout ça s'animer (la singularité, tout ca). en soit, ça ne me gène pas, je veux dire, je suis le premier à gloser sur le bien fondé de star wars ou du premier panzer dragoon, et moi même je participe largement à l'enfermement de notre belle jeunesse dans les affres du pixels et de l'imaginaire, les gardant bien loin du darfour. ma responsabilité de développeur, et d'auteur, est pourtant là : à quel moment allons-nous pouvoir utiliser le pixel comme une arme pour changer la façon dont pensent les gens ? la façon dont la réalité elle-même est percue ? c est aussi une des fonction de l art, de la littérature, de ce que vous voulez, mais le jeu vidéo est encore à la traine, car, si jeune dans son développement, il a été empaqueté, maché, vendu comme peut l etre le cinéma hollywoodien. l essentiel de la production du jeu vidéo est faite pour les gros cakes ou pour les connards. désolé. maintenant, c est pas parce que c est le cas qu il faut rien faire. l impact d un jeu comme super columbine massacre RPG est énorme. l indépendant se développe. les mondes virtuels cherchent d autres moyens d impacter le réel, par déviation. c est forcément enrichissant. l arrivée d une technologie permettant de rendre réel ce qui était jusqu'ici invisible nous confronte à un choix moral énorme : soit on se braque, on dit : olala, c était mieux avant quand les momes apprenaient le latin et je sais pas quoi, soit on prends le train en marche et on essaye de court-circuiter le système, en créant des poches de résistances actives sur le marché (comme la diffusion online des jeux, la mise en place de boites indés etc), dans les médias, dans la tête des gens, sur le terrain. c est un risque : envisager notre belle civilisation, si tant est qu'elle en soit une, comme abrutie, enfermée dans une réalité parallèle, c est évidemment un danger (voir même un danger d'une certaine beauté - on rentre dans la grace de la désincarnation). mais ce danger, il existe aussi dans la réalité médiatique, dans la réalité religieuse, politique, dans toute caverne aménagée par le pouvoir (merci seb

). le net et les mondes virtuels nous permettent, aujourd'hui, peut etre pas pour longtemps, de prendre ça en main. c est inespéré. faut y aller, c est tout. c est un enjeu concret, pas de la branlette auteuriste ou de la pose d artiste à écharpe. et si l occident se suicide en basculant dans une réalité artificielle, au moins, on en sera débarrassé ! il restera forcément des gens un peu illuminés pour trouver le chemin de la sortie, avec des torches. il doit y avoir une part d inconscience aussi, de naiveté un peu utopiste de ma part de vouloir mettre autant d espoir dans ce qui reste alimenté par de l électricité. je dois donc préciser que j ai l espoir de pleins d autres trucs, notamment la spiritualité. mais on change de sujet là. le virtuel est pas spécialement mon unique préoccupation.
concernant les sécrétions, bon. l une des mes grandes thèses de développement, c est la présence du déchet dans le virtuel (comme dirait marianne faithful). pas le déchet designé, pas celui qu'on met au bas du mur pr que ca fasse beau, mais celui qui est généré par l'univers lui même. la pollution. la merde. le débris. le déchets. le résiduel. on n y est pas encore, même s'il y a des chouettes tentatives (y compris dans le jeu sur lequel je bosse). alors envisager que pour l'instant, le déchet du jeu, c est forcément la trace du jeu sur le joueur, ses marques corporelles, cicatrices d'expériences, escares, fourmis; son suintement, ses boutons, sa merde, ca me parait intéressant de tenter de rendre organiquement quelque chose qui nous semble aussi froid qu'un petit pixel. j essaye toujours de faire revenir mon écriture vers une vision primitive, organique des choses. du msn sur papier chiottes. du sperme dans la moustache de walt disney. ce genre de trucs quoi.
je ferai un autre post sur disney car celui là est déjà trop long. et très (trop) schématique. je suis pas très fort pour les discussions super intellos, je lis pas de philo, sorry ^^