Houellebecq et van Vogt
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Bon je vais quand même nuancer (c'est moins drôle, mais un poil nécessaire, pour le coup).
Hoël et Arsenie, non, en fait la formulation est tout à fait et correcte et elle signifie bien que c'est un acte commun : le contexte compte ici autant que la phrase prise isolément, et il est clair.
Fabien : dire que c'est du niveau de quatrième, c'est carrément excessif (oui je l'ai été aussi, mais j'ai trollé, hein ? ça se voyait quand même que je trollais, non ?). Il y a un rythme, une structuration de la langue qui interdit tout de même de mettre son écriture à un niveau d'une telle pauvreté.
Par contre, cette sécheresse du style (là je suis d'accord avec arsenie) certains vont la trouver élégante, comme ce fut le cas pour le Nouveau Roman dont il est pour le coup un héritier sur la forme même si pas du tout sur le fond. J'ai toujours pensé quant à moi que ces écritures étaient terriblement mauvaises, non parce qu'elle manquent de maîtrise ou de rythme (ou d'arythmie, c'est un choix aussi), mais parce qu'elles ramènent la littérature à leur auteur, s'imposent comme un exercice de style au lieu de servir l'émotion du texte.
Si je peux les juger appropriées lorsque l'émotion de la narration se fait trop forte, lorsqu'elles envahissent des textes qui se veulent déjà dégagés d'émotivité, soit par distanciation ironique, soit par (comme chez Houellebecq) volonté d'afficher un tempérament désabusé, elles deviennent un simple outil de communication, certes efficace, certes maîtrisé (ben oui, je ne dis pas qu'il écrit mal comme je le dis de Bernard Werber ou Maxime Chattam) mais qui nie du coup tout ce qui fait que la littérature n'est pas une recette de cuisine ou un essai sur la neurasthénie. Pour de la littérature, je trouve ça mal écrit.
Maintenant, j'ai bien conscience de ce que mon avis sur la littérature n'est pas celui de tout le monde, mais je sais que je ne suis pas la seule non plus à regretter profondément de voir l'élégance émotionnelle de la belle langue se vautrer dans le décor des invendus, et en tirer des conclusions pas folichonnes sur notre rapport actuel à la chose littéraire.
Hoël et Arsenie, non, en fait la formulation est tout à fait et correcte et elle signifie bien que c'est un acte commun : le contexte compte ici autant que la phrase prise isolément, et il est clair.
Fabien : dire que c'est du niveau de quatrième, c'est carrément excessif (oui je l'ai été aussi, mais j'ai trollé, hein ? ça se voyait quand même que je trollais, non ?). Il y a un rythme, une structuration de la langue qui interdit tout de même de mettre son écriture à un niveau d'une telle pauvreté.
Par contre, cette sécheresse du style (là je suis d'accord avec arsenie) certains vont la trouver élégante, comme ce fut le cas pour le Nouveau Roman dont il est pour le coup un héritier sur la forme même si pas du tout sur le fond. J'ai toujours pensé quant à moi que ces écritures étaient terriblement mauvaises, non parce qu'elle manquent de maîtrise ou de rythme (ou d'arythmie, c'est un choix aussi), mais parce qu'elles ramènent la littérature à leur auteur, s'imposent comme un exercice de style au lieu de servir l'émotion du texte.
Si je peux les juger appropriées lorsque l'émotion de la narration se fait trop forte, lorsqu'elles envahissent des textes qui se veulent déjà dégagés d'émotivité, soit par distanciation ironique, soit par (comme chez Houellebecq) volonté d'afficher un tempérament désabusé, elles deviennent un simple outil de communication, certes efficace, certes maîtrisé (ben oui, je ne dis pas qu'il écrit mal comme je le dis de Bernard Werber ou Maxime Chattam) mais qui nie du coup tout ce qui fait que la littérature n'est pas une recette de cuisine ou un essai sur la neurasthénie. Pour de la littérature, je trouve ça mal écrit.
Maintenant, j'ai bien conscience de ce que mon avis sur la littérature n'est pas celui de tout le monde, mais je sais que je ne suis pas la seule non plus à regretter profondément de voir l'élégance émotionnelle de la belle langue se vautrer dans le décor des invendus, et en tirer des conclusions pas folichonnes sur notre rapport actuel à la chose littéraire.
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"
Il est réconfortant de voir que les critères et outils de jugement de l'éducation nationale ("plat", "mal dit", "barbarisme", "niveau quatrième") continuent d'encadrer la perception des œuvres ; la tradition de l'excellence française se maintient en dépit des Cassandre. Houellebecq a cependant récidivé dans son dernier roman qui contient d'autres digressions plates et mal dites :Fabien Lyraud a écrit :L'extrait, on dirait une rédaction d'élève de quatrième. C'est plat au niveau du style. C'est du registre courant limite registre populaire.
Ses tableaux, manifestement inspirés par l'heroic fantasy, représentaient pour la plupart un guerrier barbu, à queue de cheval, qui chevauchait un impressionnant destrier mécanique, visiblement une réinterprétation space opera de sa Harley. Il combattait parfois des tribus de zombies gluants, parfois des armées de robots militaires. D'autres toiles, figurant plutôt le repos du guerrier, dévoilaient un imaginaire érotique typiquement masculin à base de salopes goulues, aux lèvres avides, se déplaçant généralement par deux. En somme il s'agissait d'autofictions, d'autoportraits imaginaires ; sa technique picturale, défaillante, ne lui permettait malheureusement pas d'atteindre au niveau d'hyperréalisme et de léché classiquement requis par l'heroic fantasy. Au total, Jed avait rarement vu quelque chose d'aussi laid. Il chercha un commentaire approprié pendant plus d'une heure, alors que l'autre, inlassablement, sortait ses toiles de leurs cartons, et finit par bredouiler qu'il s'agissait d'une œuvre "d'une grande puissance visionnaire". Il ajouta aussitôt qu'il n'avait conservé aucun contact dans les milieux de l'art.
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Tu le fais exprès. C'est quand même mieux écrit que le premier extrait.
Par contre notre Michel national semble régler ses comptes avec Frazetta. On reconnaît quand même les thèmes du peintre américain dans la description des toiles. Même si c'est à travers le toiles d'un de ses personnages. Et quand on lit ceci :Ses tableaux, manifestement inspirés par l'heroic fantasy, représentaient pour la plupart un guerrier barbu, à queue de cheval, qui chevauchait un impressionnant destrier mécanique, visiblement une réinterprétation space opera de sa Harley. Il combattait parfois des tribus de zombies gluants, parfois des armées de robots militaires.
On se dit que les fans du peintre américain ne vont pas le bénir.sa technique picturale, défaillante, ne lui permettait malheureusement pas d'atteindre au niveau d'hyperréalisme et de léché classiquement requis par l'heroic fantasy.
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- Roland C. Wagner
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C'est peut-être cela que veut dire LN ?
De tels êtres humains, historiquement, ont existé. Des êtres humains qui travaillaient toute leur vie, et qui travaillaient dur, uniquement par dévouement et par amour ; qui donnaient littéralement leur vie aux autres dans un esprit de dévouement et d'amour ; qui n'avaient cependant nullement l'impression de se sacrifier ; qui n'envisageaient en réalité d'autre manière de vivre que de donner leur vie aux autres dans un esprit de dévouement et d'amour.
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- Transhumain
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Je suis en train de lire Martereau de Nathalie Sarraute, un roman très impressionnant, sans doute typique du Nouveau Roman (qui comme tous les courants, n'est en réalité qu'une étiquette commode ; franchement, quoi de commun entre Butor, Sarraute, ou Robbe-Grillet, voire Duras et Beckett, parfois inclus dans le lot, parfois non, sinon un rejet des conventions romanesques, ou simplement une entière liberté formelle ?), et si son style n'est pas le plus accessible qui soit, c'est extrêmement travaillé, c'est magnifique, pas du tout "sec", rien à voir avec de l'élégance, et encore moins, n'en déplaise à monsieur Beigbeider (cf. sa critique du Houellebecq quelque part sur la toile), avec la "forme pour la forme" et ce genre de clichés. Au contraire, le style de Sarraute adhère à son personnage et lui confère une réelle présence. Ca suffit, les lieux communs.Le_navire a écrit :Par contre, cette sécheresse du style (là je suis d'accord avec arsenie) certains vont la trouver élégante, comme ce fut le cas pour le Nouveau Roman dont il est pour le coup un héritier sur la forme même si pas du tout sur le fond
Les romans de Houellebecq me paraissent assez éloignés du Nouveau Roman, ne serait-ce que parce qu'il accorde une grande importance, conforme aux conventions du genre, à son intrigue et à ses personnages. Mais l'idée est là : comment exprimer formellement une certaine idée du monde. On peut trouver ça ennuyeux, bien sûr. Affaire de goût. Et tant pis si certain(e)s confondent (ou plus sûrement feignent de confondre) un effet de style évident avec une maladresse d'élève de quatrième (à ce compte là, vous auriez fait réécrire l'intégralité de Martereau, avec ses phrases à la construction étrange)... Comme le disait un ami l'autre jour, les meilleurs romans sont ceux qui vous font adhérer à leur projet esthétique, au moment où vous les lisez (ça suppose d'avoir un projet esthétique, notez). Quand je lis Les Particules élémentaires, ou La Possibilité d'une île, j'en comprends la démarche, et je la partage.
... et de leurs miroirs ?Lem a écrit :... la tradition de l'excellence française se maintient en dépit des Cassandre.
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la corde est fournie ?Cette femme avait eu une enfance atroce, avec les travaux de la ferme dès l'âge de sept ans, au milieu de semi-brutes alcooliques. Son adolescence avait été trop brève pour qu'elle en garde un réel souvenir. Après la mort de son mari elle avait travaillé en usine tout en élevant ses quatre enfants ; en plein hiver, elle avait été chercher de l'eau dans la cour pour la toilette de la famille. A plus de soixante ans, depuis peu en retraite, elle avait accepté de s'occuper à nouveau d'un enfant – le fils de son fils. Lui non plus n'avait manqué de rien – ni de vêtements propres, ni de bons repas le dimanche midi, ni d'amour. Tout cela, dans sa vie, elle l'avait fait. Un examen un tant soit peu attentif de l'humanité doit nécessairement prendre en compte ce type de phénomènes. De tels êtres humains, historiquement, ont existé. Des êtres humains qui travaillaient toute leur vie, et qui travaillaient dur, uniquement par dévouement et par amour ; qui donnaient littéralement leur vie aux autres dans un esprit de dévouement et d'amour ; qui n'avaient cependant nullement l'impression de se sacrifier ; qui n'envisageaient en réalité d'autre manière de vivre que de donner leur vie aux autres dans un esprit de dévouement et d'amour. En pratique, ces êtres humains étaient généralement des femmes.
Les particules élémentaires
Depuis quand il y a une notion de progression qualitative dans l'art ? On ne parle pas de science, mais de littérature, ça ne veut rien dire de déclarer "trucmuche faisait mieux que untel bien avant lui".Le_navire a écrit :Maupassant a fait quinze mille fois mieux sur le thème un siècle et demi avant. Sans compter que lui, au moins, il savait manier la langue autrement qu'avec un marteau-piqueur.
Quant à ceux qui n'ont rien lu de Houyellebeq et qui jugent son oeuvre sur un extrait de 5 lignes

Modifié en dernier par Florent le lun. sept. 13, 2010 2:27 pm, modifié 1 fois.
Très jolie démonstration, mais l'ennui, c'est Houellebecq fait du Houellebecq en même temps que Houellebecq.Le_navire a écrit : j'ai à peu près autant d'empathie avec ses textes qu'avec le manuel d'installation de ma machine à laver.
Dont je trouve d'ailleurs la prose assez semblable à la sienne. Une fois, c'est une expérience intéressante, et signifiante. Sur une œuvre entière, ça me parait d'un vain, mais d'un vain...
J'ai le même réflexe qu'avec les artistes qui font du Duchamp après Duchamp. Une fois la démonstration faite, que reste-t-il de l'art là-dedans ?
On pourrait bien entendu passer tous ses bouquins au répétoscope. Chacune est libre d'y trouver là une implacable démonstration. N'empêche que saisir l'époque avec autant d'acuité a quelque chose de terrifiant.
Modifié en dernier par fredgev le lun. sept. 13, 2010 2:29 pm, modifié 2 fois.
- bormandg
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Je n'ai, à ce jour, lu que le premier, dont le style et les provocations gratuitement stupides et stupidement gratuites (sauf pour le prix d'achat du livre) ne m'avaient pas empêché d'apprécier la présence d'une idée originale. Sulement voila: 15 jours plus tard, je retrouvais la dite idée (exprimée de façon à peine différente) dans un roman de 1984 signé Jacques Testard...Transhumain a écrit :. Quand je lis Les Particules élémentaires, ou La Possibilité d'une île, j'en comprends la démarche, et je la partage.
Cet incident, et la lecture d'une page de Plateforme qui concernait un endroit (aujoud'hui disparu) que je connaissais, m'ont bloqué dans la lecture des autres livres que je possède de Houellebecq, non obstant son article réussi ...
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
- bormandg
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Saisir l'époque pour la transformer en un cauchemar (différent de celui qu'elle est)... Je préférerais qu'il la voie de manière correcte.fredgev a écrit :N'empêche que voir quelqu'un saisir l'époque avec autant d'acuité a quelque chose de terrifiant.

(le mot "acuité" ne me paraît pas juste, j'écrirais plutôt "injustice")
Modifié en dernier par bormandg le lun. sept. 13, 2010 2:32 pm, modifié 1 fois.
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