Peut on juger une traduction sans avoir lu la VO ?

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MF
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Re: Peut on juger une traduction sans avoir lu la VO ?

Message par MF » mer. déc. 17, 2008 5:40 pm

Travis a écrit :Peut on juger une traduction sans avoir lu la VO ?
Inutile de juger la traduction. Il vaut mieux juger, puis pendre, le traducteur.

Quoique, le passage par la case jugement n'est peut-être même pas nécessaire.

....

Je dis ça, mais en réalité c'est uniquement parce que je n'ai pas compris la question.
Qu'est-ce que tu veux : évaluer la performance de l'acte du traducteur (traduction), la qualité littéraire du résultat de la traduction (œuvre traduite) ou la conformité de la VF à la VO ?

Papageno
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Message par Papageno » mer. déc. 17, 2008 5:58 pm

Cela dit, je suis le premier a être absolument ravi que les livres soient traduits! (notamment du japonais!!!). Mais je suis toujours amusé devant les longues discussions sur les styles de gens qui écrivent dans des langues étrangères, alors que la maîtrise et l'appréciation stylistique de notre propre langue est déjà si complexe et si peu consensuelle...
En français, pour moi, on juge D'ABORD et presque SEULEMENT du style français que s'est contruit le traducteur. Cela doit bien entretenir un lien avec le style original, mais c'est d'une telle complexité qu'un discours dessus me semble très, très difficile à tenir. Sauf à sortir des généralités qui ne magent pas de pain, du genre "il a mal respecté le style original".
Oncle Joe
Je ne n’avancerais pas ici, vu que mon anglais est très limité.
Mais quand je lis du Ballard traduit par machin et du Ballard traduit par bidule
Je reconnais souvent un style (?) commun, une façon de faire. Même quand la traduction est mauvaise (à ce qu’on dit)
Dans beaucoup de cas (Ballard, Dick.. ) je peux (mais pas toujours) reconnaître en aveugle un texte inconnu, en me disant : tient cela ressemble a du Ballard (ou a du Dick … )
Alors peut-être y a t’il quelque chose de conservé qui vient de l’original – du moins quelque chose que les différent traducteurs transposent de la même manière. Non ?
J’ai pris Ballard, parce je viens de relire la nouvelle traduction de la «la Foret de cristal » et que j’aurai reconnu Ballard a coup sur, même si le texte et l’auteur m’avais été complètement inconnu

rmd
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Message par rmd » mer. déc. 17, 2008 6:05 pm

Est-vraiment le style que tu reconnais, ou plutôt le thème ou son traitement ?
Après des années de cérémonie du Thé, il n’y a rien de meilleur que de vomir de la Bière.

Herbefol
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Message par Herbefol » mer. déc. 17, 2008 6:20 pm

Pour rester dans le même ordre d'idée :
- Certains auteurs ont une plume qui me semble aussi fluide à lire quelque soit le traducteur (Card et Bujold par exemple). Puis-je en conclure que le style de ces auteurs est fluide à l'origine ?
- J'ai lu le premier chapitre en anglais de La magnificence des oiseaux après l'avoir lu en français et j'ai eu exactement les mêmes sensations comme si j'avais lu exactement le même texte. Puis-je en conclure que la trad de Marcel est excellente ?
L'affaire Herbefol
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.

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kibu
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Message par kibu » mer. déc. 17, 2008 6:34 pm

En cas de plume fluide, je conseille de prendre un stylo.
A l'envers, à l'endroit

Ô Dingos, ô châteaux

Papageno
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Message par Papageno » mer. déc. 17, 2008 6:39 pm

Est-vraiment le style que tu reconnais, ou plutôt le thème ou son traitement
Tu a raison, mais c’est difficile de séparer ces différents éléments
Chez Ballard par exemple, il y a le coté froid, le coté pictural, un certain lyrisme, Impossible de ne pas le remarquer, quelque soit le traducteur.
Est-ce un style, un traitement particulier des thèmes, une ambiance, je ne sais pas – mais on le reconnaît toute suite.

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Travis
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Re: Peut on juger une traduction sans avoir lu la VO ?

Message par Travis » mer. déc. 17, 2008 9:42 pm

MF a écrit :.Je dis ça, mais en réalité c'est uniquement parce que je n'ai pas compris la question.
Qu'est-ce que tu veux : évaluer la performance de l'acte du traducteur (traduction), la qualité littéraire du résultat de la traduction (œuvre traduite) ou la conformité de la VF à la VO ?

En fait quand j'eu fini American God, j'ai trouvé le livre bien écrit (ou bien traduit), la langue me paraissait belle, en fermant le livre j'avais une bonne impression sur l'écrit du livre pas sur son contenu. Alors n'ayant pas lu la VO, est ce que c'est l'écriture de Neil Gaiman qui m'a plus ou bien la traduction de Michel Pagel?

Par ailleurs, je n'avais pas lu de Clive Barker pendant au moins deux ans, et quand je m'y suis remis j'ai lu Coldheart Canyon et au bout de cinq ou dix page j'ai reconnu tout de suite que c'était du Barker et pourtant je ne crois pas que se soit le même traducteur que ses autres romans. Dans ce cas là le "style" de Barker transpire au delà de la traduction ou bien les traductions des livre de Clive Barker sont très bonne, mais si on ne les li pas en VO comment savoir? Ou bien peut on dire que c'est une bonne traduction parce qu'on reconnait l'auteur même traduit?

Tout ceci n'est peut être pas super clair, désolé mais voilà, c'est partit d'une impression en fermant le livre de Gaiman.

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Le_navire
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Message par Le_navire » mer. déc. 17, 2008 9:57 pm

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec Tonton.
Il y a dans les langues des rythmes qui sont propres à chacune d'elle. N'importe quel traducteur digne de ce nom est ad minima en état de comprendre ça et de pouvoir adapter les rythmes choisis par l'auteur dans la langue finale.
De plus, les langues d'oralité entrant de plus en plus dans le monde de l'écrit, on a du coup des résultat d'"oreille" de plus en plus flagrants...

Et on peut quand même allègrement repérer, même sans être un cador de la langue anglaise, par exemple, la phrase bancale qui révèle l'anglicisme, ou le terme mal choisi lorsqu'on a consulté le dico...

Et puis je fais partie de ceux qui trouve que l'esprit et plus important que la lettre, en la matière, mais je me fais souvent lyncher pour ça... :roll:
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dracosolis
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Message par dracosolis » mer. déc. 17, 2008 10:05 pm

justi a écrit :Oui, mais quand même Bananarama et une Lancer, c'est pas les trucs les plus obscurs et underground au monde.
euh... 8)
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Lensman
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Message par Lensman » mer. déc. 17, 2008 10:05 pm

justi a écrit :Oui, mais quand même Bananarama et une Lancer, c'est pas les trucs les plus obscurs et underground au monde.
Si tu le dis...
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Message par Lensman » mer. déc. 17, 2008 10:16 pm

Je considère, en plus, qu'il y a généralement une confusion qui est faite entre le "style" (au sens "beau style") et les caractéristiques d'une écriture. Ces dernières peuvent être repérées, et caractériser un auteur. Mais cela ne signifie pas qu'il a un "(beau) style": le "style" répond à des critères esthétiques très subtils inhérents la culture où se situe la langue, qui peuvent en plus varier avec le temps, parmi d'autres facteurs. On doit sans doute pouvoir reconnaitre des caractéristiques d'écriture en japonais si on connait assez la langue. Cela voudra-t-il dire, pour autant, que l'on parvient à dire qu'il il y a là un "beau style", selon les critères d'un connaisseur japonais? J'en doute! Il vaut mieux demander au critique japonais ce qu'il en pense.
Après, le travail va être de rendre ce style (si difficile à repérer et évaluer)... en français! Je me permets de sourire...
Un peu de sérieux: il est impossible de faire des comparaisons (sauf pour frimer, - il y a plein de gogos admirateurs de style qui n'y connaissent rien - ou pour rigoler, ou les deux...)
Oncle Joe

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Message par dracosolis » mer. déc. 17, 2008 10:23 pm

Lensman a écrit :
justi a écrit :Oui, mais quand même Bananarama et une Lancer, c'est pas les trucs les plus obscurs et underground au monde.
Si tu le dis...
Oncle Joe
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Tony
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Message par Tony » jeu. déc. 18, 2008 12:10 am

Vaste débat ! Je crois tout de même qu'on peut juger de la qualité d'une traduction à la façon dont elle permet de comprendre les références culturelles et ce genre de choses ; l'intérêt d'une traduction étant de pouvoir lire quelque chose auquel on aurait pas accès autrement. Les personnes pouvant accéder pleinement à la VO étant plutôt rares a priori, heureusement qu'il y a des traducteurs !

Ce qui me fait penser aux auteurs qui font eux-mêmes des traductions : est-ce qu'il n'y a pas une réappropriation de l'oeuvre traduite et jusqu'à quel point cela influence-t-il sa propre oeuvre ? Je pense à Murakami Haruki dont l'oeuvre est pleine de références à la culture populaire américaine et qui a traduit en japonais Salinger, Scott Fitzgerald, John Irving... et j'en passe. Or je crois que son succès est dû en partie au fait qu'il utilise des références communes (la culture pop américaine) et non pas des références à proprement parler japonaises (c'est peut-être ce qui a gêné la traductrice de La course aux moutons sauvages, allez savoir...).

justi
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Message par justi » jeu. déc. 18, 2008 7:20 am

Bananarama : Image

Une Lancer (rouge, dans cet exemple) : Image


Le débat avance.

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Eric
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Message par Eric » jeu. déc. 18, 2008 9:14 am

Le Navire -> +100 avec toi.

Je prends l'exemple de Priest, magnifiquement traduit par Michelle Charrier, et beaucoup plus platement par Bernard Eisenschitz dans Futur Intérieur. La différence saute aux yeux. Ce dernier a été parfaitement incapable de rendre compte de l'élégance discrète de la langue de Priest, la rendant simplement ennuyeuse. En revanche, il est vrai qu'il faut au minimum, si l'on n'a pas lu la V.O, avoir lu plusieurs traductions d'un même auteur pour noter ces différences.

Ensuite il y a des anglicismes patents qui plombent une trad et que n'importe quel lecteur de V.O peut repérer.

Tony -> Pas d'accord, le travail du traducteur n'est pas nécessairement d'adapter les références culturelles. Dans certains cas, ce serait même fatal au texte.

Fabien Lyraud -> C'est, paraît-il, le cas de Dostoiewski, ciblé par un mien ami traducteur du russe comme "écrivant comme une patate". Bon les trad sont elles aussi chiantes à crever, mais il paraît c'est tout de même nettement mieux.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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