Lensman a écrit :JDB a écrit :Soslan a écrit :Sand a écrit :fantasy urbaine est une traduction rapide de "urban fantasy", l'expression anglo-saxone pour désigner (en gros) ce que nous appelons fantastique, mot qui n'a pas d'équivalent en anglais.
Hum, ça doit être vraiment très en gros alors. Je serais curieux de voir quel terme correspond à fantastique dans sa définition française traditionnelle, qui comprend aussi bien Poe et HPL que Kafka et Borges.
Y en a pas.
La grille de lecture anglo-américaine est très différente de la nôtre. On pourrait avancer le terme "supernatural horror", en référence au célèbre essai de Lovecraft, dont le champ d'études correspondait au fantastique tel qu'il était défini en France.
Dans les années 80, Charles L. Grant a tenté d'imposer le terme "dark fantasy", pour bien distinguer le genre qui l'intéressait de l'"horror fiction", trop explicite à ses yeux.
Ce qu'il ne faut pas oublier, par ailleurs, c'est que le sens des mots évolue non seulement dans l'espace (d'un pays à l'autre), mais aussi dans le temps.
Le terme "steampunk", a l'origine forgé pour désigner (un peu comme un gag) une école purement littéraire, à l'image du cyberpunk qui triomphait alors en SF, a fini par être accepté comme décrivant non seulement des livres, mais aussi des films, des BD, et même un style de mode et de décoration.
Le lien avec le gothique, à mon avis, ne se justifie que par une référence partagée au XIXe siècle.
Et n'oublions pas le concept de "gaslight romance", qui précédait le steampunk et qui désigne des livres, films, BD, etc, situés dans un contexte victorien mais ne relevant pas nécessairement de la SF, du fantastique ou de la fantasy (les pastiches de Sherlock Holmes en sont un bon exemple).
JDB
Bien d'accord avec JDB.
On peut cependant ajouter, il me semble (JDB me corrigera si je me trompe) qu'il y a longtemps, les anglo-saxons pouvaient parler de "fantasy" de manière générale comme nous disons "fantastique", pour désigner en gros (je dis bien en gros) ce qui ne "recopie" pas la "réalité". Mais le terme "fantasy" (pour des raisons éditoriales, je suppose), a fini par prendre un sens plus précis (ou moins vague...), qui se rapproche davantage de ce que nous nommons en France aujourd'hui... "fantasy" (en recopiant ce qui est marqué sur les couvertures US...)
Oncle Joe
JDB m'émerveille toujours par sa culture, son sens des mots et son talent pour dénicher dans des livres ou sur le net l'information adéquate. Je l'avais déjà fortement remarqué au moment de sa traduction exceptionnelle du Quatuor de Jérusalem (pas facile à loger dans une catégorie, celui-là) mais il continue.
Cela dit, il serait intéressant de reconstituer une généalogie de tous ces termes, en français comme en anglais. Quand est-ce qu'en France le terme "fantastique" a acquis sa connotation actuelle et déjà ancienne, le rattachant au surnaturel littéraire?
En anglais, du moins aux É.U., il me semble que jusqu'au début des années 1960, le terme "fantasy" correspondait plus ou moins à notre fantastique, en un peu plus large peut-être, d'où mon interrogation sur l'histoire du terme français.
Après le succès des Tolkien, il en est venu à qualifier plus spécifiquement leur descendance. D'où sans doute l'invention du terme "urban fantasy" destiné à distinguer un sous-genre ayant pour décor notre monde et non pas un univers pseudo-médiéval.
Le premier numéro de TMOFASF s'est bien appelé The Magazine of Fantasy. Dès le deuxième s'est rajoutée la science-fiction. Bien que les avis divergent, je pense qu'Anthony Boucher voulait au départ distinguer sa revue, d'orientation plutôt littéraire, des pulps de science fiction comme Astounding science fiction. Déjà, le choix du terme "The Magazine of…", à la fois traditionnel voire un peu vieillot et connoté généraliste, est parlant. Peut-être Boucher voulait-il aussi au départ revenir à la tradition d'avant l'ère de Gernsback, celle des Argosy et Weird Tales par exemple qui mêlaient différents genres dont la science fiction. Les agents et peut-être des auteurs ont dû lui faire remarquer que d'une part la moitié ou plus des textes de qu'il allait publier étaient bien de la sf et d'autre part qu'il y avait un large public pour la chose. En tout cas, la décision a dû être prise très vite, sans doute avant même la parution du premier numéro compte tenu des délais d'impression (il est vrai que ce fut d'abord un trimestriel, mais même alors…).
Dans le dernier numéro de Locus, il y a un entretien très intéressant entre F.M. Robinson, Silverberg et Lupoff sur l'histoire des pulps qui marque bien, incidemment, comment Gernsback s'est inscrit dans une longue tradition et n'a nullement apporté la révolution qu'on lui prête souvent ici même si son rôle a été important.
En ce qui concerne la France, je pense que le choix de Boucher, relayé par Maurice Renault, a été fort heureux. Une édition française de ASF n'aurait très certainement pas pu s'imposer. The Magazine… correspondait mieux au goût européen et en particulier français.
Mon immortalité est provisoire.