Certains se trouvent photogéniques, d'autre pas. Voilà en quoi je trouve cela terrifiant.MF a écrit :Tiens, c'est surprenant cet avis. Si je suis assez d'accord sur l'acuité, en quoi est-ce terrifiant ?fredgev a écrit :N'empêche que saisir l'époque avec autant d'acuité a quelque chose de terrifiant.
Houellebecq et van Vogt
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Gnagnagna ^^ (c'est pour ton "inculture crasse, ça")fredgev a écrit :Oui, enfin, Duchamp non plus n'est pas tombé tout droit de l'arbre (Brisset, Picabia, tout ça...), et d'ailleurs, personne ne tombe tout droit de l'arbre, cela tombe sous le sens. A ce moment précis, maintenant, j'estime qu'il est celui qui saisit le mieux l'époque. Bien entendu, propos à nuancer par mon inculture crasse.Le_navire a écrit :
Désolée, mais non, pas d'accord. Même si Transhu a souligné, pas à tort, qu'on ne pouvait réduire le Nouveau Roman à une seule forme d'écriture, celle de Houellebecq ne tombe pas tout droit de l'arbre, sûrement pas. Pas plus que Warhol ne fait du Duchamp, qui fut pourtant son modèle.
Et je ne suis pas la seule à trouver que Warhol, c'est rigolo pour mettre dans ma salle de bain, mais que conceptuellement, artistiquement, c'est quand même archi lège.
Bien sûr, on est d'accord sur ta première assertion.
Pas sur la deuxième, mais on en revient à des sensibilités différentes... Et si on applique ça uniquement à l'écriture, et que c'est toi qui a raison, je ne peux que redire que ça me désole, et que je n'aime pas ça.
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Cette phrase est finalement intéressante et en dit beaucoup sur son auteur. Houellebecq explique de manière caché que sa prose est autofictionelle et que son style ne lui permettra jamais d'écrire de la SF. Il use de la métaphore avec le peintre et l'heroic fantasy.En somme il s'agissait d'autofictions, d'autoportraits imaginaires ; sa technique picturale, défaillante, ne lui permettait malheureusement pas d'atteindre au niveau d'hyperréalisme et de léché classiquement requis par l'heroic fantasy. Au total, Jed avait rarement vu quelque chose d'aussi laid.
Il arrive à faire le jugement qu'il écrit quelque chose de laid finalement.
Ca c'est ce que la critique dit de Houellebecq. Autodérision ?et finit par bredouiler qu'il s'agissait d'une œuvre "d'une grande puissance visionnaire".
Au final on a une vision totalement adolescente de l'imaginaire. Pour le peintre c'est uniquement une évasion de son moi dans un autre monde qui va jusqu'aux fantasmes adolescents les plus éculés, notamment sur le plan sexuel. Houellebecq ne sait pas faire autre chose que projeter son moi alors il n'écrit pas de la SF. Voilà le déclenchement d'un certain renoncement : l'incapacité de se détacher de son moi et des fantasmes les plus primaires liés à son adolescence. Bref ça en dit long sur Houellebecq et son renoncement vis à vis de la SF. Merci à Lem d'avoir trouvé le passage qui finalement est sans doute celui qui nous concerne le plus.
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Sur l'acuité de l'observation, l'époque, et la raison d'être de ce style "plat" et "niveau quatrième", une dernière citation. Il s'agit d'un extrait d'un article de 1992 intitulé Approches du désarroi (dernière partie : "la poésie du mouvement arrêté"), essentiellement consacré à la publicité, à l'urbanisme et aux nouvelles normes de la vie sociale, telles que MH les discernait il y a donc près de vingt ans maintenant. Il y a beaucoup de bonnes choses dans ce papier (dont l'impeccable : "En mai 68, j'avais dix ans. Je jouais aux billes et je lisais Pif le chien ; la belle vie.") ; je pense qu'il restera et qu'on peut le lire avec profit, encore aujourd'hui : son catalogue de visions est loin d'être épuisé. On le trouve dans le recueil Interventions 2 :
(…) On peut observer le phénomène chaque fois qu'un système de réservation informatique tombe en panne (c'est assez courant) : une fois donc l'inconvénient admis, et surtout dès que les employés se décident à utiliser leur téléphone, c'est plutôt une joie secrète qui se manifeste chez les usagers ; comme si le destin leur donnait l'occasion de prendre une revanche sournoise sur la technologie. De la même manière, pour réaliser ce que le public pense au fond de l'architecture dans laquelle on le fait vivre, il suffit d'observer ses réactions lorsqu'on se décide à faire sauter une de ces barres d'habitation construites en banlieue dans les années 1960 : c'est un moment de joie très pure et très violente, analogue à l'ivresse d'une libération inespérée. L'esprit qui habite ces lieux est mauvais, inhumain, hostile ; c'est celui d'un engrenage épuisant, cruel, constamment accéléré ; chacun au fond le sent, et souhaite sa destruction.
La littérature s'arrange de tout, s'accomode de tout, fouille parmi les ordures, lèche les plaies du malheur. Une poésie paradoxale, de l'angoisse et de l'oppression, a donc pu naître au milieu des hypermarchés et des immeubles de bureaux. Cette poésie n'est pas gaie ; elle ne peut pas l'être. La poésie moderne n'a pas plus vocation à bâtir une hypothétique "maison de l'Etre" que l'architecture moderne n'a vocation à bâtir des lieux habitables ; ce serait une tâche bien différente de celle qui consiste à multiplier les infrastructures de circulation et de traitement de l'information. Produit résiduel de l'impermanence, l'information s'oppose à la signification comme le plasma au cristal ; une société ayant atteint un palier de surchauffe n'implose pas nécessairement mais elle s'avère incapable de produire une signification, toute son énergie étant monopolisée par la description informative de ses variations aléatoires. Chaque individu est cependant en mesure de produire en lui-même une sorte de révolution froide, en se plaçant pour un instant en dehors du flux informatif-publicitaire. C'est très facile à faire ; il n'a même jamais été aussi simple qu'aujourd'hui de se placer, par rapport au monde, dans une position esthétique : il suffit de faire un pas de côté. Et ce pas lui-même, en dernière instance, est inutile. Il suffit de marquer un temps d'arrêt ; d'éteindre la radio, de débrancher la télévision ; de ne plus rien acheter, de ne plus rien désirer acheter. Il suffit de ne plus participer, de ne plus savoir ; de suspendre temporairement toute activité mentale. Il suffit, littéralement, de s'immobiliser pendant quelques secondes.
Salut Fabien,
Du coup, il m'intéresse, le bouquin...
A+
Patrice
Tu te trompes: ça n'est pas seulement Frazetta qui est visé, mais clairement l'immense majorité des couvs de SF et Fantasy... Et en une seule phrase, mêlant les deux genres.Fabien Lyraud a écrit :Tu le fais exprès. C'est quand même mieux écrit que le premier extrait.
Par contre notre Michel national semble régler ses comptes avec Frazetta. On reconnaît quand même les thèmes du peintre américain dans la description des toiles. Même si c'est à travers le toiles d'un de ses personnages. Et quand on lit ceci :Ses tableaux, manifestement inspirés par l'heroic fantasy, représentaient pour la plupart un guerrier barbu, à queue de cheval, qui chevauchait un impressionnant destrier mécanique, visiblement une réinterprétation space opera de sa Harley. Il combattait parfois des tribus de zombies gluants, parfois des armées de robots militaires.
On se dit que les fans du peintre américain ne vont pas le bénir.sa technique picturale, défaillante, ne lui permettait malheureusement pas d'atteindre au niveau d'hyperréalisme et de léché classiquement requis par l'heroic fantasy.
Du coup, il m'intéresse, le bouquin...

A+
Patrice
Si tu veux pas refaire le débat à chaque fois, alors soigne tes posts. C'est bien beau de troller, mais faut bien le faire. Surtout que, quand même, quand un critique dit d'un livre que "c'est bien écrit", en général, c'est pour dire du bouquin que c'est une merde sans nom.Le_navire a écrit :Hey ! T'as vu comment j'ai trollé, oui ? tss tss tss...Erion a écrit :C'est pas ce que tu as dit. Tu as dit "Houellebecq, c'est chiant et mal écrit". Que ça t'interpelle pas ok, mais il est indéniable que ce n'est PAS mal écrit.Le_navire a écrit :Ben moi, il m'ennuie à mourir. Je le trouve faussement profond, et réellement superficiel. Du coup, j'ai à peu près autant d'empathie avec ses textes qu'avec le manuel d'installation de ma machine à laver.
Enfin pour le chiant, pour le mal écrit, c'est un vieux débat récurent, sur lequel, je le sais (et toi aussi) on ne sera pas d'accord. On va pas le refaire, hein ? ça sert à rien. On diverge épicétou.
Je ne suis pas partisan du relativisme absolu, mais pour déclarer "Houellebecq" c'est mal écrit, faut vraiment avoir des problèmes d'analyse de style. Je comprends qu'on aime pas ce type d'écriture, mais c'est écrit.
Il apparaît manifestement qu'il y a un certain type de styles que tu détestes, parce que manifestement tu ne cherches pas à comprendre comment ils sont élaborés. Libre à toi, chacun ses goûts, mais essaie de ne pas donner des leçons sur ce qu'est la "bonne écriture". C'est très désagréables pour les auteurs qui "travaillent" leurs styles d'une certaine manière, qu'on vienne leur dire qu'ils ne savent pas écrire.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/
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ça me fait penser au résultat d'une explosion nucléaire, lorsque certains corps n'existent plus que par leur ombre portée sur un reste de façade d'immeuble détruitfredgev a écrit :Certains se trouvent photogéniques, d'autre pas. Voilà en quoi je trouve cela terrifiant.
et je me dis que je suis content de ne pas me trouver photogénique
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
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- Roland C. Wagner
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Lem a écrit :Sur l'acuité de l'observation, l'époque, et la raison d'être de ce style "plat" et "niveau quatrième", une dernière citation. Il s'agit d'un extrait d'un article de 1992 intitulé Approches du désarroi (dernière partie : "la poésie du mouvement arrêté"), essentiellement consacré à la publicité, à l'urbanisme et aux nouvelles normes de la vie sociale, telles que MH les discernait il y a donc près de vingt ans maintenant. Il y a beaucoup de bonnes choses dans ce papier (dont l'impeccable : "En mai 68, j'avais dix ans. Je jouais aux billes et je lisais Pif le chien ; la belle vie.") ; je pense qu'il restera et qu'on peut le lire avec profit, encore aujourd'hui : son catalogue de visions est loin d'être épuisé. On le trouve dans le recueil Interventions 2 :
(…) On peut observer le phénomène chaque fois qu'un système de réservation informatique tombe en panne (c'est assez courant) : une fois donc l'inconvénient admis, et surtout dès que les employés se décident à utiliser leur téléphone, c'est plutôt une joie secrète qui se manifeste chez les usagers ; comme si le destin leur donnait l'occasion de prendre une revanche sournoise sur la technologie. De la même manière, pour réaliser ce que le public pense au fond de l'architecture dans laquelle on le fait vivre, il suffit d'observer ses réactions lorsqu'on se décide à faire sauter une de ces barres d'habitation construites en banlieue dans les années 1960 : c'est un moment de joie très pure et très violente, analogue à l'ivresse d'une libération inespérée. L'esprit qui habite ces lieux est mauvais, inhumain, hostile ; c'est celui d'un engrenage épuisant, cruel, constamment accéléré ; chacun au fond le sent, et souhaite sa destruction.
La littérature s'arrange de tout, s'accomode de tout, fouille parmi les ordures, lèche les plaies du malheur. Une poésie paradoxale, de l'angoisse et de l'oppression, a donc pu naître au milieu des hypermarchés et des immeubles de bureaux. Cette poésie n'est pas gaie ; elle ne peut pas l'être. La poésie moderne n'a pas plus vocation à bâtir une hypothétique "maison de l'Etre" que l'architecture moderne n'a vocation à bâtir des lieux habitables ; ce serait une tâche bien différente de celle qui consiste à multiplier les infrastructures de circulation et de traitement de l'information. Produit résiduel de l'impermanence, l'information s'oppose à la signification comme le plasma au cristal ; une société ayant atteint un palier de surchauffe n'implose pas nécessairement mais elle s'avère incapable de produire une signification, toute son énergie étant monopolisée par la description informative de ses variations aléatoires. Chaque individu est cependant en mesure de produire en lui-même une sorte de révolution froide, en se plaçant pour un instant en dehors du flux informatif-publicitaire. C'est très facile à faire ; il n'a même jamais été aussi simple qu'aujourd'hui de se placer, par rapport au monde, dans une position esthétique : il suffit de faire un pas de côté. Et ce pas lui-même, en dernière instance, est inutile. Il suffit de marquer un temps d'arrêt ; d'éteindre la radio, de débrancher la télévision ; de ne plus rien acheter, de ne plus rien désirer acheter. Il suffit de ne plus participer, de ne plus savoir ; de suspendre temporairement toute activité mentale. Il suffit, littéralement, de s'immobiliser pendant quelques secondes.
Amis réacs bonjour !
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Florent a écrit :Et nous sommes donc obligés d'aimer la société moderne, ses barres HLM, ses hypermarchés, sa saturation d'informations inutiles ? Il serait interdit de la critiquer, au risque d'être jugé et condamné comme "réac'" ?

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Oh, toi je te soupçonne de répondre sans avoir lu ce qui précéde.MF a écrit :Florent a écrit :Et nous sommes donc obligés d'aimer la société moderne, ses barres HLM, ses hypermarchés, sa saturation d'informations inutiles ? Il serait interdit de la critiquer, au risque d'être jugé et condamné comme "réac'" ?Les barres HLM comme symbole de la société moderne ?
- Roland C. Wagner
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Tu le connais mal.Florent a écrit :Oh, toi je te soupçonne de répondre sans avoir lu ce qui précéde.MF a écrit :Florent a écrit :Et nous sommes donc obligés d'aimer la société moderne, ses barres HLM, ses hypermarchés, sa saturation d'informations inutiles ? Il serait interdit de la critiquer, au risque d'être jugé et condamné comme "réac'" ?Les barres HLM comme symbole de la société moderne ?
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Personnellement, je n'ai pas vu le rapport avec Lovecraft. C'était à l'époque où je dirigeais le fanzine "Etudes Lovecraftiennes", et je me suis dit que, décidément, j'avais peu à voir avec la littérature française de mon temps...Florent a écrit :
Puis j'ai lu l'essai sur Lovecraft, et j'ai eu l'impression que rarement homme n'avait aussi bien compris cet auteur, sans tomber dans le cliché du mysanthrope associal et raciste, et qu'il parvenait à toucher du doigt l'humanité de Lovecraft, peut-être parce qu'il voit la vie et le monde pareillement.
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Oncle Joe