c'est beau quand tu causes !Askaris a écrit :Pardon d'être en désaccord avec toi Silramil, mais je suis plus sceptique que toi quant à la différence de créativité que tu sembles établir entre lecteur, fan et auteur. Le passage de l'un à l'autre me semble plus complexe et nuancé qu'une simple différence de degré. Je m'explique. Les grandes oeuvres intermédiales de large diffusion étant pour la plupart l'objet d'une marchandisation encore active (voir le topic sur le droit d'auteur), l'activité du fandom se situe généralement à la lisière de la légalité, entre tolérance des propriétaires (le modèle Lucas ou le dojin nippon) et viol généralisé du copyright. De ce fait le passage à l'écrit public est toujours affaire de négociation. Ainsi les universitaires qui rédigèrent la Dune Encyclopedia le firent avec l'aval de l'Herbert Estate (partage de droits entre Frank Herbert et Willis McNelly qui dirigea l'équipe de rédacteurs). De même que les extensions de Cthulhu et Fondation firent l'objet de discussions et de négociations parfois âpres entre les auteurs-fans et les propriétaires du shared universe.
Il n'y a donc pas d'un côté les auteurs, auréolés d'une gloire immortelle, et de l'autre la plèbe du fandom condamnée au pastiche. Cette vision perd de sa force à mesure qu'on s'éloigne du prisme de la "littérarité" et qu'on s'intéresse aux autres médias. La richesse graphique des travaux amateurs, la complexité des processus de game designing (à la source de l'industrie du jeu vidéo) ou le cycle parfois très long qui préside au screenwriting, engagent des collectifs de créatifs en prise directe avec le fandom. On est très loin du magistère de l'auteur-roi et de cette étrange révérence qui je pense est très franco-française (et pour le coup très inféodée à l'héritage aristotélicien que je dénonçais ailleurs).
Le décentrement du regard vers les pratiques nippones, ou le simple fait de se remémorer le rôle qu'a pu tenir le fandom dans l'émergence de la SF dans l'amérique des années 20, peuvent nous aider à revisiter cet univers. Et en effet à poser beaucoup plus de questions qu'on ne l'imagine ...
Fans don't take themselves too seriously
Modérateurs : Estelle Hamelin, Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m
http://panieralix.free.fr/index.htm
Citation du jour : "cafards alors sortent en place, cagots tiennent leurs grands jours, forces sessions, stations, perdonnances, syntereses, confessions, fouettemens, anathematizations" [ t. v, p. 146, dans LACURNE ]
Citation du jour : "cafards alors sortent en place, cagots tiennent leurs grands jours, forces sessions, stations, perdonnances, syntereses, confessions, fouettemens, anathematizations" [ t. v, p. 146, dans LACURNE ]
Le texte de Gérard Klein pose des problématiques encore d'actualité. Mais entre 1968 et 2008, entre Kubrick et Harry Potter, n'a-t-on pas changé de paradigme ?
La culture SF encore élitaire et confidentielle des lecteurs de 1968 peut-elle se comparer à la vidéosphère triomphante du nouveau millénaire ? La massification comme l'éclatement apparent des supports médiatiques et des référents culturels peuvent-ils encore répondre aux questionnements que Dieu posait à cette époque ?
Kubrick en installant le cinéma au coeur de la SF comme jamais auparavant, Herbert en brisant le modèle classique de la nouvelle désormais remplacée par le cycle, Moebius en installant la grammaire graphique du storyboard au coeur de l'écriture des films de SF, Lucas en créant un univers marchand et addictif qui dépasse de loin la simple resucée des schémas campbelliens, l'explosion du jeu de rôle à la fin des années 70 et l'emprise conjuguée de l'univers graphique hérité de la BD et des scénarisations vidéoludiques...tout cela dessine un monde nouveau où le fandom est appelé à jouer un rôle particulier.
N'est-ce pas là une "révolution" qui oblige à repenser la "subculture" au-delà de l'intertextualité soulignée par G.Klein ? Sans tambours, ni trompettes, l'intermédialité a succédé à l'intertextualité.
La culture SF encore élitaire et confidentielle des lecteurs de 1968 peut-elle se comparer à la vidéosphère triomphante du nouveau millénaire ? La massification comme l'éclatement apparent des supports médiatiques et des référents culturels peuvent-ils encore répondre aux questionnements que Dieu posait à cette époque ?
Kubrick en installant le cinéma au coeur de la SF comme jamais auparavant, Herbert en brisant le modèle classique de la nouvelle désormais remplacée par le cycle, Moebius en installant la grammaire graphique du storyboard au coeur de l'écriture des films de SF, Lucas en créant un univers marchand et addictif qui dépasse de loin la simple resucée des schémas campbelliens, l'explosion du jeu de rôle à la fin des années 70 et l'emprise conjuguée de l'univers graphique hérité de la BD et des scénarisations vidéoludiques...tout cela dessine un monde nouveau où le fandom est appelé à jouer un rôle particulier.
N'est-ce pas là une "révolution" qui oblige à repenser la "subculture" au-delà de l'intertextualité soulignée par G.Klein ? Sans tambours, ni trompettes, l'intermédialité a succédé à l'intertextualité.
Modifié en dernier par Askaris le jeu. août 06, 2009 12:38 pm, modifié 1 fois.
- Roland C. Wagner
- Messages : 3588
- Enregistré le : jeu. mars 23, 2006 11:47 am
Euh… Fondation ? L'Histoire du Futur ? Les Seigneurs de l'Instrumentalité ?Askaris a écrit :Herbert en brisant le modèle classique de la nouvelle désormais remplacée par le cycle
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)
الكاتب يكتب
الكاتب يكتب
Je parle du point de vue de la massification du phénomène, le cycle de Dune ayant provoqué une véritable bascule dans les pratiques de l'édition américaine ( à l'instar de LOTR qui n'a en rien inventé la Fantasy mais lui a impulsé un canevas, un format dont on peine encore à s'extirper)Roland C. Wagner a écrit :Euh… Fondation ? L'Histoire du Futur ? Les Seigneurs de l'Instrumentalité ?Askaris a écrit :Herbert en brisant le modèle classique de la nouvelle désormais remplacée par le cycle
- sandrine.f
- Messages : 315
- Enregistré le : mer. juil. 05, 2006 6:04 pm
dommage, j'ai failli l'écrire aussi. Je suppose que Askaris pense que c'est le premier cycle à base de romans, mais on peut failement trouver d'autres écraits antérieurs qui sont des cycles (donc avec un arc narratif global), par exemple les cinq Pr Jameson, même si l'on peut ergoter sur celui-là.Roland C. Wagner a écrit :Euh… Fondation ? L'Histoire du Futur ? Les Seigneurs de l'Instrumentalité ?Askaris a écrit :Herbert en brisant le modèle classique de la nouvelle désormais remplacée par le cycle
Non, non je me place uniquement au niveau des changements de pratique que Sadoul déplorait vivement à l'époque. Dune fut un tel boulversement en terme de ventes qu'il impulsa de nouvelles pratiques. Ça ne fait pas de lui l'inventeur du "genre" (et les références à Asimov et Smith me sont chèressandrine.f a écrit :dommage, j'ai failli l'écrire aussi. Je suppose que Askaris pense que c'est le premier cycle à base de romans, mais on peut failement trouver d'autres écraits antérieurs qui sont des cycles (donc avec un arc narratif global), par exemple les cinq Pr Jameson, même si l'on peut ergoter sur celui-là.Roland C. Wagner a écrit :Euh… Fondation ? L'Histoire du Futur ? Les Seigneurs de l'Instrumentalité ?Askaris a écrit :Herbert en brisant le modèle classique de la nouvelle désormais remplacée par le cycle

Perry Rhodan en Allemagne, qui commence à être publié plusieurs années avant Dune?sandrine.f a écrit :dommage, j'ai failli l'écrire aussi. Je suppose que Askaris pense que c'est le premier cycle à base de romans, mais on peut failement trouver d'autres écraits antérieurs qui sont des cycles (donc avec un arc narratif global), par exemple les cinq Pr Jameson, même si l'on peut ergoter sur celui-là.Roland C. Wagner a écrit :Euh… Fondation ? L'Histoire du Futur ? Les Seigneurs de l'Instrumentalité ?Askaris a écrit :Herbert en brisant le modèle classique de la nouvelle désormais remplacée par le cycle
Listen now. Whoever you are, with these eyes of yours that move themselves along this line of text; whoever, wherever, whenever. If you can read this sentence, this one fragile sentence, it means you're alive. (Jeff Noon - Falling out of cars)
Perry Rhodan semble participer d'un autre phénomène qu'Anne Besson caractérisait sous le titre de "littérature sérielle" par opposition aux "cycles" semi-ouverts que Dune, LOTR et Fondation incarnent par excellence.La différence tient tant à la politique éditoriale qu'à des différences de construction.gutboy a écrit :Perry Rhodan en Allemagne, qui commence à être publié plusieurs années avant Dune?sandrine.f a écrit :dommage, j'ai failli l'écrire aussi. Je suppose que Askaris pense que c'est le premier cycle à base de romans, mais on peut failement trouver d'autres écraits antérieurs qui sont des cycles (donc avec un arc narratif global), par exemple les cinq Pr Jameson, même si l'on peut ergoter sur celui-là.Roland C. Wagner a écrit :Euh… Fondation ? L'Histoire du Futur ? Les Seigneurs de l'Instrumentalité ?Askaris a écrit :Herbert en brisant le modèle classique de la nouvelle désormais remplacée par le cycle
Peux-tu développer? J'avais plutot la sensation intuitive que les cycles à foison en tant qu "acteur" majeur de la SF, c'était un phénomène des années 80, et non pas dès les années 60?Askaris a écrit : Non, non je me place uniquement au niveau des changements de pratique que Sadoul déplorait vivement à l'époque. Dune fut un tel boulversement en terme de ventes qu'il impulsa de nouvelles pratiques. Ça ne fait pas de lui l'inventeur du "genre" (et les références à Asimov et Smith me sont chères)
Listen now. Whoever you are, with these eyes of yours that move themselves along this line of text; whoever, wherever, whenever. If you can read this sentence, this one fragile sentence, it means you're alive. (Jeff Noon - Falling out of cars)
- Roland C. Wagner
- Messages : 3588
- Enregistré le : jeu. mars 23, 2006 11:47 am
Un lent bouleversement : de mémoire, il a fallu quelque chose comme quinze ans au premier tome pour atteindre le million d'exemplaires.Askaris a écrit :Dune fut un tel boulversement en terme de ventes
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)
الكاتب يكتب
الكاتب يكتب
Les Fulgurs, de l'autre Smith? Passés inaperçus?Askaris a écrit :"cycles" semi-ouverts que Dune, LOTR et Fondation incarnent par excellence.La différence tient tant à la politique éditoriale qu'à des différences de construction.
Listen now. Whoever you are, with these eyes of yours that move themselves along this line of text; whoever, wherever, whenever. If you can read this sentence, this one fragile sentence, it means you're alive. (Jeff Noon - Falling out of cars)
- sandrine.f
- Messages : 315
- Enregistré le : mer. juil. 05, 2006 6:04 pm
effectivement, encore plus si l'on démarre la génèse de l'ensemble aux publications originelles dans Analog (1963 pour le début). je suis comme Gutboy, je suis en attente de plus de précisions que de simples références à Sadoul (son histoire de la SF), Besson (le livre sur les cycles) ou Saint-Gelais (L'empire du pseudo).Roland C. Wagner a écrit :Un lent bouleversement : de mémoire, il a fallu quelque chose comme quinze ans au premier tome pour atteindre le million d'exemplaires.Askaris a écrit :Dune fut un tel boulversement en terme de ventes
Surtout que l'ensemble Dune n'atteint vraiment des proportions de cycle qu'en 1976 (une trilogie), 1981 (une quadrilogie) ou 1985 (une pentalogie) voire 1986 (une hexalogie

Modifié en dernier par sandrine.f le jeu. août 06, 2009 1:09 pm, modifié 1 fois.
D'autant que si on parle de "lancement" de la mode des cycles, ce n'est pas Dune tout seul dont on parle, mais du cycle. Dont le dernier tome date de 1985...Roland C. Wagner a écrit :Un lent bouleversement : de mémoire, il a fallu quelque chose comme quinze ans au premier tome pour atteindre le million d'exemplaires.Askaris a écrit :Dune fut un tel boulversement en terme de ventes
Même en étant large et en considérant que la notion "cycle" commence au troisième tome, on parle des Enfants, 1976, soit 11 ans après le premier.
On est très loin de la notion cycle "moderne", il me semble.
Difficile de voir en Dune, le cycle, un déclencheur. Ou alors oui, slow, slow, slowburn.
Listen now. Whoever you are, with these eyes of yours that move themselves along this line of text; whoever, wherever, whenever. If you can read this sentence, this one fragile sentence, it means you're alive. (Jeff Noon - Falling out of cars)
- sandrine.f
- Messages : 315
- Enregistré le : mer. juil. 05, 2006 6:04 pm
croisés.gutboy a écrit :D'autant que si on parle de "lancement" de la mode des cycles, ce n'est pas Dune tout seul dont on parle, mais du cycle. Dont le dernier tome date de 1985...Roland C. Wagner a écrit :Un lent bouleversement : de mémoire, il a fallu quelque chose comme quinze ans au premier tome pour atteindre le million d'exemplaires.Askaris a écrit :Dune fut un tel boulversement en terme de ventes
Même en étant large et en considérant que la notion "cycle" commence au troisième tome, on parle des Enfants, 1976, soit 11 ans après le premier.
On est très loin de la notion cycle "moderne", il me semble.
Difficile de voir en Dune, le cycle, un déclencheur. Ou alors oui, slow, slow, slowburn.
- Virprudens
- Messages : 1550
- Enregistré le : mer. févr. 07, 2007 11:34 am
- Localisation : Exception raised