Jérôme Noirez

Jérôme Noirez est l'invité du forum d'Actusf du 21 au 23 juin...

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jerome
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Jérôme Noirez

Message par jerome » dim. juin 20, 2010 4:05 pm

Jérôme Noirez sera notre invité du lundi 21 au mercredi 23 Juin.

N'hésitez pas à venir lui poser des questions !
Jérôme
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley

jerome
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Re: Jérôme Noirez

Message par jerome » lun. juin 21, 2010 6:34 am

Et voilà, c'est parti. Vous pouvez commencer à poser vos questions à Jérôme. :-)

Pour rappel, c'est l'auteur notamment de Féerie pour les Ténèbres, Leçons du monde fluctuant, L'Empire Invisible, Le Diapason des mots et des misères et La Dernière Flèche
Jérôme
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Nébal
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Message par Nébal » lun. juin 21, 2010 7:41 am

Salut et fraternité, citoyen Noirez.

1/ Ces derniers temps, Le Diapason des mots et des misères excepté (mais c'est un recueil de nouvelles), on t'a surtout vu officier en "jeunesse" ; à quand un nouveau roman "adulte", si j'ose m'exprimer ainsi ?

2/ La trilogie "Féerie pour les ténèbres", c'était vach'ment bien (slurp). Maintenant, outre le caractère de fanboy décérébré, quelle raison aurais-je d'acquérir la nouvelle édition prévue en Lunes d'encre (si ça tient toujours) ? Fais-toi vendeur, citoyen.

3/ Lewis Carroll. Certes. Mais encore ? Et pourquoi que tu ne retraduirais pas toi-même les Lettres à des petites filles, hein ? hein ? Sur le Cafard, ça m'avait l'air bien parti...

4/ D'ailleurs, pourquoi est-ce que la Catherine Dufour elle fait rien qu'à t'appeler Dieu ?

5/ Le Japon, maintenant. Oui, mais pourquoi ? Et quelles sont tes sources et lectures essentielles dans ce domaine ?

6/ Rien à voir, mais je crois me souvenir que tu t'étais déclaré, euh, "renardier"... Comme je voue une admiration, ben tiens, justement, de fanboy décérébré au Roman de Renart, pourrais-tu en dire plus ? Ou bien est-ce que j'hallucine complètement ?

eidolon
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Message par eidolon » lun. juin 21, 2010 9:01 am

Bonjour, mon cher Nébal.


1/ Ces derniers temps, Le Diapason des mots et des misères excepté (mais c'est un recueil de nouvelles), on t'a surtout vu officier en "jeunesse" ; à quand un nouveau roman "adulte", si j'ose m'exprimer ainsi ?


Je l'écris en ce moment même, le prochain roman pour vieux. C'est prévu chez Interstices. Trop tôt pour donner une date. Et c'est de la "blanche", enfin de la bistre.


2/ La trilogie "Féerie pour les ténèbres", c'était vach'ment bien (slurp). Maintenant, outre le caractère de fanboy décérébré, quelle raison aurais-je d'acquérir la nouvelle édition prévue en Lunes d'encre (si ça tient toujours) ? Fais-toi vendeur, citoyen.


Vendeur, et citoyen en plus. J'y arriverai jamais... Je ne sais pas vendre, c'est mon malheur, et j'ai la citoyenneté mollasse. Pas en Lunes d'encre, non. Il en a été question un temps, effectivement. Au Bélial sans doute, en deux bottins. Il y aura des parties remaniées, et ça réunira également toutes les nouvelles se déroulant dans cet univers, plus une novella inédite. Je ne sais pas si ça suffira à exciter le fanboy décérébré.


3/ Lewis Carroll. Certes. Mais encore ? Et pourquoi que tu ne retraduirais pas toi-même les Lettres à des petites filles, hein ? hein ? Sur le Cafard, ça m'avait l'air bien parti...

Parce que je ne suis pas traducteur, et que si je voulais m'essayer à cet exercice (il faut bien une première fois, je suppose), je préfèrerais saccager un autre texte. Mais oui, j'y ai pensé. Je ne serais pas illégitime dans cette démarche, connaissant au moins mon sujet.
Lewis Carroll, mais encore ? Il faut que je boive un café avant de pouvoir développer.



4/ D'ailleurs, pourquoi est-ce que la Catherine Dufour elle fait rien qu'à t'appeler Dieu ?

J'en sais foutrement rien. Catherine Dufour est panthéiste en littérature. Elle a des dieux, des demi-dieux, des dieux déchus, des dieux en second...



5/ Le Japon, maintenant. Oui, mais pourquoi ? Et quelles sont tes sources et lectures essentielles dans ce domaine ?

Ma culture m'emmerde. Elle m'emmerde depuis que Rabelais est mort (ça fait un baille, donc). Je m'en suis trouvé une autre qui m'emmerde moins, où l'esprit se meut avec moins d'entraves, où l'on connaît l'importance du vide et du silence. Mes sources ? Je ne peux pas les réduire à quelques titres. Il y a trop de choses, d'éléments disparates. J'entends les orgues à bouche du Gagaku, les chants du nô, je pense à la tristesse des tanka du VIIIe siècle, à la romance fleuve de Murasaki, à l'humour désespéré de Saikaku, aux ukiyo-e, à la voix enfantine sur fond de musique d'ascenseur de Yuri Shiratori, écoutée la veille, à la perfection cinégénique de Kobayashi, à Oshima qui a réalisé le seul film devant lequel j'ai bandé, aux longues heures passées à la Librairie Japonaise de Paris, à une misérable tentative de drague d'une vendeuse une fois, etc.


6/ Rien à voir, mais je crois me souvenir que tu t'étais déclaré, euh, "renardier"... Comme je voue une admiration, ben tiens, justement, de fanboy décérébré au Roman de Renart, pourrais-tu en dire plus ? Ou bien est-ce que j'hallucine complètement ?

J'ai dit ça ? C'est possible. Je ne sais plus. En tout cas, je partage ton admiration pour le Roman de Renart. Ces textes constituent un vrai prodige littéraire. Tiens, d'ailleurs, j'ai écrit un épisode apocryphe (in Zoo Criminel, chez Gulf Stream).

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Le_navire
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Message par Le_navire » lun. juin 21, 2010 9:11 am

Je risque de manquer de facilités de connections quelques jours, alors je rafale un bon coup :

- Interstice, miam ! (Ceci dit, je boude. Seb est un veinard.)(et la bistre, c'est bien, j'aime)

- Quid de tes projets d'albums pour les petits ? Tu en as d'autres dans les cartons, avec Aurélien ? sans Aurélien ? Une suite ou un autre dans le même genre que Sam ?

- Il y a d'autres cultures à explorer quand on en a marre de la sienne, comme tu dis. Plein. Y en a-t-il d'autres qui te font le même effet que la japonaise ? Et qui auraient une chance de t'inspirer tout pareil ? Papou ? Bushman ? Indien ?...


Bon, je tenterai de revenir pour suivre, en attendant, la bise, gentleman écriveur.
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eidolon
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Message par eidolon » lun. juin 21, 2010 9:42 am

Interstice, miam ! (Ceci dit, je boude. Seb est un veinard.)(et la bistre, c'est bien, j'aime)

Non, le veinard, c'est moi. Interstices est une très belle collection.


- Quid de tes projets d'albums pour les petits ? Tu en as d'autres dans les cartons, avec Aurélien ? sans Aurélien ? Une suite ou un autre dans le même genre que Sam ?

Ecrire pour les petits est mon bonheur absolu. Si l'on m'en donnait l'occasion, je pourrais facilement ne plus me consacrer qu'à ça. Il n'y a rien de plus raffiné que d'écrire pour les enfants (et plus ils sont jeunes, plus l'écriture doit se raffiner). C'est quitter un emploi de bûcheron pour celui d'orfèvre... Un autre album avec Aurélien Police est prévu pour 2012. Une histoire aigre-douce avec une ambiance graphique à mi-chemin entre Velasquez et une ballade à Pripiat quelques années après Tchernobyl (on y voit pleurer des taupes).



- Il y a d'autres cultures à explorer quand on en a marre de la sienne, comme tu dis. Plein. Y en a-t-il d'autres qui te font le même effet que la japonaise ? Et qui auraient une chance de t'inspirer tout pareil ? Papou ? Bushman ? Indien ?...

Je ne sais pas... J'aime infiniment le gamelan javanais... Et les grands espaces américains. Alors, j'imagine un gamelan qui joue au crépuscule dans le désert de Sonora, et le son des saron (le métallophone à lames) qui fait fleurir les cactus (le gamelan est une pluie tiède). Si j'avais le temps, le courage, je me tournerais aussi vers la Russie qui m'intrigue beaucoup.

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Nébal
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Message par Nébal » lun. juin 21, 2010 10:05 am

Tiens, oui, justement, et la musique, dans tout ça ? Pourrait-on espérer un jour un projet mégalomane, genre livre + bande originale du livre, les deux par Jérôme Noirez, comme, je sais pas moi, pour le Narcose de Barbéri chez La Volte ? Je crois (?) qu'il y avait déjà quelques morceaux sur ton site, mais pourrait-on imaginer quelque chose de plus ample et de moins, euh, "informel" ?

Et on peut pas en savoir plus sur le projet bistre ? que miam aussi ?
Modifié en dernier par Nébal le lun. juin 21, 2010 10:05 am, modifié 1 fois.

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kibu
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Message par kibu » lun. juin 21, 2010 10:05 am

Hello M. Noirez,

- Vous semblez afficher un goût certain pour l'Histoire dans vos derniers romans (mais peut-être suis-je myope). Quelles sont vos influences historiques préférées, si tant est qu'elles existent ?
- Quid du cinéma ? Les images qui bougent ont-elles un impact sur votre écriture/imaginaire ? (Perso, je ressens une parenté entre certaines de vos nouvelles du Diapason des mots et des misères et La cité des enfants perdus.)
- Que devient la Ligue Deu ?
- N'avez-vous pas peur de vous mettre en danger, en venant sur un forum où les intervenants semblent plus intéressés par leur vie, la M, l'écriture pour le grand public et les trous dans la Lune ?

Boujous chez vous
A l'envers, à l'endroit

Ô Dingos, ô châteaux

eidolon
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Message par eidolon » lun. juin 21, 2010 10:39 am


Tiens, oui, justement, et la musique, dans tout ça ? Pourrait-on espérer un jour un projet mégalomane, genre livre + bande originale du livre, les deux par Jérôme Noirez, comme, je sais pas moi, pour le Narcose de Barbéri chez La Volte ? Je crois qu'il y avait déjà quelques morceaux sur ton site, mais pourrait-on imaginer quelque chose de plus ample et de moins informel ?



Livre + cd ou quelque chose de ce genre ? J'y ai parfois songé en apportant toujours la même réponse : quel intérêt ? quelle pertinence ? Par contre, je rêve depuis longtemps de pouvoir concevoir de A à Z un Hörspiel pour la radio, un objet où le texte et le son fusionnent et ne se contentent pas de coexister.


Et on peut pas en savoir plus sur le projet bistre ? que miam aussi ?

Disons qu'il s'agit d'une espèce d'appropriation des 120 Journées de Sodome, mais sous un jour radicalement différent. Un "thriller méditatif" en cent vingt chapitres, hanté par la question de l'immaturité, par l'immense tristesse de l'adolescence, avec plein de petits dispositifs bizarres qui évoquent à certains moments le théâtre de Kantor. Un roman de pantomimes. J'ai en tête les films de Gus Van Sant, le dernier épisode du Prisonnier, le Ferdydurke de Gombrowicz, et la Pavane de Fauré overdrivée avec un vieux rack d'effets... Comme je disais, je sais pas vendre...

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Nébal
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Message par Nébal » lun. juin 21, 2010 11:01 am

eidolon a écrit :Comme je disais, je sais pas vendre...
C'est vrai : Gus Van Sant, fallait pas.

Blague à part : miam, parce que tout le reste, c'est que du bonheur. J'en bave d'avance.

Merci.

eidolon
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Message par eidolon » lun. juin 21, 2010 11:09 am


- Vous semblez afficher un goût certain pour l'Histoire dans vos derniers romans (mais peut-être suis-je myope). Quelles sont vos influences historiques préférées, si tant est qu'elles existent ?


C'est pas un goût pour l'Histoire, mais un intérêt disons ethnologique pour les choses passées, les moeurs, les décors aussi. "L'humanité est faite de plus de morts que de vivants", ce genre de trucs. J'aime les gueules aussi. La modernité a façonné des visages. Avant, on avait des gueules.
Mais la grande spécialiste de l'Histoire, c'est Catherine Dufour. C'est un ravissement quand elle en parle. Moi, je suis dilettante et feignant. Je vais sur les époques que je connais un peu où pour lesquelles la documentation est facilement à portée de main : le bas Moyen-âge, le XIXe, et ce qui concerne le Japon bien entendu.

- Quid du cinéma ? Les images qui bougent ont-elles un impact sur votre écriture/imaginaire ?

Le cinéma agit énormément sur l'esprit. S'il y a bien eu une révolution de l'esprit récemment (par récemment, j'entends ce dernier siècle), elle s'est faite à travers le cinéma. On peut plus regarder la réalité comme avant. On se fait des découpages, des plans-séquences, du doublage, on ré-étalonne les couleurs. On se met même de la musique en fond pour "héroïser" sa vie.
Le roman est aussi un cinéma, mais très sophistiqué, très compliqué. Le cinéma, c'est un peu un retour au romanesque primitif, celui des amanites bouffés dans la pénombre des grottes.
Donc oui, un impact indéniable.


(Perso, je ressens une parenté entre certaines de vos nouvelles du Diapason des mots et des misères et La cité des enfants perdus.)


Là, par contre, j'ai pas fait exprès...


- Que devient la Ligue Deu ?

Elle pourrit.


- N'avez-vous pas peur de vous mettre en danger, en venant sur un forum où les intervenants semblent plus intéressés par leur vie, la M, l'écriture pour le grand public et les trous dans la Lune ?

Comme mise en danger, on doit pouvoir trouver pire.

Salomé
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Message par Salomé » lun. juin 21, 2010 11:21 am

Bonjour Monsieur Noirez, j’aime beaucoup ce que vous faites.

Tu es un écrivain de métier, c’est-à-dire que cette activité te nourrit.
Qu’est-ce que ça change, fondamentalement, dans l’activité d’écrire ? Est-ce que ça change quelque chose ?
N’as-tu pas peur de te perdre, de faire passer des projets que tu pourras vendre avant des projets qui te tiendraient davantage à cœur mais seraient moins « commerciaux » (avec tous les guillemets qu’il faut, bien sûr) ? Ne retrouves-tu pas, fatalement, pressé par le temps, obligé de produire vite ?
Que devient l’angoisse de la page blanche, quand on dépend de cette activité ?
Par contre, je rêve depuis longtemps de pouvoir concevoir de A à Z un Hörspiel pour la radio, un objet où le texte et le son fusionnent et ne se contentent pas de coexister.
C'est quoi, un Hörspiel ?

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Don Lorenjy
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Message par Don Lorenjy » lun. juin 21, 2010 11:50 am

Bonjour Jérôme,

Je suis entré en Noirez par L'Apocalypse selon Huxley.
J'y suis retourné en écoutant Le Diapason des mots et des misères.

Sans en être surpris, j'ai quand même été impressionné par le grand écart exécuté entre les différents textes, sur le fond comme dans la forme.
D'où une question : c'est une conséquence de la souplesse de l'auteur,
une concrétisation de tes différents thèmes de prédilection et compétences stylistiques,
ou un télescopage d'écrits de plusieurs époques qui ne rendent compte chacun que de ce que tu voulais écrire à un moment donné.

Sinon, s'il fallait commencer par un de tes romans, ce serait lequel ?
(le prochain n'étant pas la réponse attendue)
Les marques Don Lorenjy et Don Lo sont retirées des rayons

eidolon
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Message par eidolon » lun. juin 21, 2010 12:21 pm


Tu es un écrivain de métier, c’est-à-dire que cette activité te nourrit.
Qu’est-ce que ça change, fondamentalement, dans l’activité d’écrire ? Est-ce que ça change quelque chose ?


A partir du moment où j'ai écrit en songeant à me faire publier, j'ai cessé d'exercer la précédente activité connexe qui était d'écrire tout court, pour le seul plaisir de l'exercice. Là, les choses ont changé puisque j'ai fait entrer dans le champ l'observateur relativiste : le lecteur. Et il n'y a pas de retour en arrière possible. Ou j'écris pour être lu, ou je n'écris plus.



N’as-tu pas peur de te perdre, de faire passer des projets que tu pourras vendre avant des projets qui te tiendraient davantage à cœur mais serait moins « commerciaux » (avec tous les guillemets qu’il faut, bien sûr) ? Ne retrouves-tu pas, fatalement, pressé par le temps, obligé de produire vite ?


Les projets qui me tiennent à coeur sont les projets que je peux vendre. On a cette vision très française, très romantique, de l'écrivain guidé par les muses, illuminé, pentecôtisé. Pour moi, c'est de la connerie. Les compositeurs, les peintres, ont toujours travaillé sur commande, et je ne crois pas que leur oeuvre s'en soit trouvée affadie. Oui, je me retrouve pressé par le temps, et il m'arrive de produire vite, et c'est tant mieux. J'acquiers de la technique, de l'aisance, comme un musicien qui bosse son engin huit heures par jour. Du coup, contrairement à ce qu'on pourrait peut-être imaginer, je gagne en liberté. Et c'est un remède merveilleux à la plus redoutée des affections : la paresse.

J'ai bien ri en tombant sur cette note en quatrième de couverture de la version poche de La Horde du Contrevent où il est dit que l'auteur "écrit peu, par exigence". Curieuse définition de l'exigence. Je songe à un pianiste concertiste qui avouerai : "je bosse mon piano qu'une heure par semaine par exigence".


Que devient l’angoisse de la page blanche, quand on dépend de cette activité ?

C'est pas l'angoisse de la page blanche. C'est l'angoisse de perdre la totale disponibilité d'esprit qu'implique l'écriture. Quand tu composes de la musique, tu peux te tenir en retrait de toi-même durant un moment, dans les mathématiques, dans l'intendance abstraite. En littérature, tu ne peux pas. Jamais.


C'est quoi, un Hörspiel ?

Une pièce radiophonique où la dimension purement sonore l'emporte et qui implique un travail de composition, en général avec les outils de la musique électro-acoustique.

eidolon
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Message par eidolon » lun. juin 21, 2010 12:36 pm

Sans en être surpris, j'ai quand même été impressionné par le grand écart exécuté entre les différents textes, sur le fond comme dans la forme.
D'où une question : c'est une conséquence de la souplesse de l'auteur,
une concrétisation de tes différents thèmes de prédilection et compétences stylistiques,
ou un télescopage d'écrits de plusieurs époques qui ne rendent compte chacun que de ce que tu voulais écrire à un moment donné.


Tout cela à la fois, je suppose. Il y a dans ce recueil cinq ans d'ambitus temporel, la plus récente devant être Stati d'Animo, la plus ancienne, je me demande si ce n'est pas Bolex... Et j'aime bien changer de registre, de niveau de langue, m'essayer à des figures nouvelles, jouer (au sens ludique du terme), y compris avec des choses que je n'aime pas, d'ailleurs.


Sinon, s'il fallait commencer par un de tes romans, ce serait lequel ?
(le prochain n'étant pas la réponse attendue)


Sincèrement, je sais pas répondre à cette question. Celui que tu veux. Y a pas de parcours.

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