Extrait :
Votre récit contient de nombreux coups de griffes contre le monde moderne. Etes-vous un auteur engagé ?
Isabelle Guso : On est toujours un mauvais Sherlock Holmes de soi-même, alors j’aurai du mal à me définir. Mais on me l’a reproché en tout cas.
Mes textes naissent des petites et des grandes souffrances, je peux y raconter le drame d’une femme dépressive parce qu’elle est passée à côté de tous ses rêves, celui d’un chômeur en fin de droit ou celui d’un samourai qui ne se satisfait pas du carcan imposée par sa culture… Mais tous ces drames personnels s’inscrivent dans un cadre social et souvent ils y sont liés. Alors, quand ce sont des textes qui s’inscrivent dans notre monde, ils mettent en cause la responsabilité de notre société.
Mais mes mondes SF ou médiévaux fantastiques sont pareils. Je crois simplement que je ne peux pas détacher le comportement de l’Humanité en général des drames individuels. Je peux critiquer tel ou tel gouvernement parce que c’est celui qui est en place et que je vois les effets de sa politique. Mais à grande échelle, je pense que c’est le fait que l’être humain se soucie avant tout de son bien-être immédiat qui crée les grands déséquilibres (parce qu’il y a toujours un pour devenir plus fort, et que celui qui est en dessous réclame que le plus fort lui abandonne une partie de sa richesse… sans envisager lui-même d’en laisser une partie à celui qui se situe en dessous de lui).
Mais je sais aussi qu’il y a une grande part de générosité chez l’être humain. Il faut juste savoir la toucher et la développer. Si mes textes sont « engagés » c’est surtout en cela : essayer de nous amener à comprendre les autres et à prendre en compte leurs souffrances.
Après, il est évident que si un gouvernement se montre particulièrement versé dans l’art de parler à l’égoïsme de chacun pour accroître les exclusions et les injustices sociales, tout en désignant telle ou telle catégorie comme bouc émissaire… Je pourrai, éventuellement, avoir des textes qui laisseraient transparaître ma profonde désapprobation.