Le sexe de ta plume de Joëlle Wintrebert

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jerome
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Le sexe de ta plume de Joëlle Wintrebert

Message par jerome » mar. déc. 07, 2010 10:21 am

Joëlle Wintrebert a signé l'article Le sexe de ta plume sur le Cafard Cosmique.

C'est ici.

Voici le début :
Ça fait quoi, d’écrire de la SF, quand on est une femme, demande-t-il, la voix suave ? On sait déjà quel mariage douteux unit la science et la fiction, mais quand en plus les femmes s’en mêlent, ça donne quoi ?
Elles s’emmêlent ! s’exclame le bovin du fond, ravi de lâcher sa bouse.
L’intervieweur néglige l’interruption et revient à la charge : sérieusement, c’est quoi ce que les femmes apportent au genre ? Plus de douceur ? Plus de sensibilité ? L’amour de l’autre et de la nature ?
Mes dents grincent, et seule une vieille habitude de l’exercice, doublée d’une certaine lassitude, m’empêche d’injurier le malavisé. Ras la casquette des clichés sur la sensibilité féminine. Pour moi, et c’est depuis toujours une évidence, la littérature n’a rien entre les jambes. Zéro coquin. Pas plus d’abricot que d’asperge. Tu es écrivain, ou tu ne l’es pas. Après, que tes sources d’inspiration diffèrent en fonction de ton vécu, c’est un truisme. Selon qu’il baise ou qu’il est baisé, l’homme ou la femme se met autre chose sous la langue ou la plume.
Jérôme
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley

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Soslan
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Message par Soslan » mar. déc. 07, 2010 11:38 am

Excellent article :)
"La Lune commence où avec le citron finit la cerise" (André Breton)

http://karelia.over-blog.com/
Et pour ne pas faire que ma propre promo :
http://musardises.moonfruit.fr/

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Aldaran
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Message par Aldaran » mar. déc. 07, 2010 6:41 pm

Même si ça ne doit pas courir les rues, est-ce que quelqu'un aurait fait un vague tour des auteurs masculins qui s'intéressent à "la douceur, la sensibilité, l’amour de l’autre et de la nature" et dont les romans présentent des filles puissantes ?
Doit bien y en avoir, non ?
(Pour mon ami Nébal : pas de réponse sous-entendue, c'est juste une simple question.)

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MF
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Message par MF » mar. déc. 07, 2010 7:16 pm

Aldaran a écrit :Même si ça ne doit pas courir les rues, est-ce que quelqu'un aurait fait un vague tour des auteurs masculins qui s'intéressent à "la douceur, la sensibilité, l’amour de l’autre et de la nature" et dont les romans présentent des filles puissantes ?
Doit bien y en avoir, non ?
John Varley
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

Argemmios

Message par Argemmios » mar. déc. 07, 2010 8:37 pm

Didier Quesne, aussi.

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Aldaran
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Message par Aldaran » mar. déc. 07, 2010 11:15 pm

Deux ? Ça fait pas bésef, quand même...
Chez Ligny, ce sont aussi les filles qui mènent la barque.
Trois.
D'autres suggestions ?

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Sand
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Message par Sand » mar. déc. 07, 2010 11:44 pm

Barjavel


:D

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Jean-Claude Dunyach
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Message par Jean-Claude Dunyach » mer. déc. 08, 2010 7:19 am

Aldaran a écrit :Deux ? Ça fait pas bésef, quand même...
Chez Ligny, ce sont aussi les filles qui mènent la barque.
Trois.
D'autres suggestions ?
Pour les filles puissantes, Ayerdhal est sans équivalent.
Je compte pour 1. Comme chacun de vous...
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Nébal
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Message par Nébal » mer. déc. 08, 2010 7:47 am

... arrêtez-moi si je dis une connerie, mais les "filles puissantes", ça peut être tout autant un cliché sexiste qui ne fait pas beaucoup avancer le schmilblick, non ? Ou alors on dit David Weber ?!?

C'est pour ça, entre autres, ami Aldaran, que je trouve ta question mal posée. Voire pire : pour moi, elle n'a pas de sens.

Même si sur les premiers points on pourrait évidemment dire Sturgeon. Mais parmi des dizaines d'autres : là encore, c'est tellement cliché... "La douceur, la sensibilité, l’amour de l’autre et de la nature", c'est l'interviewer, dans le texte ; et effectivement, je ne vois pas en quoi ces dames devraient se cantonner à ces thèmes... mais pas davantage en avoir le monopole. C'est une vision beaucoup trop simpliste.
Modifié en dernier par Nébal le mer. déc. 08, 2010 8:08 am, modifié 3 fois.

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kibu
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Message par kibu » mer. déc. 08, 2010 7:57 am

Une fille puissante.
Image
A l'envers, à l'endroit

Ô Dingos, ô châteaux

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Jean-Claude Dunyach
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Message par Jean-Claude Dunyach » mer. déc. 08, 2010 8:47 am

L'article de Joëlle est passionnant parce qu'il présente plusieurs angles de vue.
Statistiquement, les filles écrivent (et lisent) moins de SF que les garçons, du moins en France, et la différence est significative. Or, celles qui le font sont aussi bonnes que leurs équivalents masculins - je renvoie aux exemples que cite Joëlle. Donc, s'il y a moins d'auteurs de SF féminins que masculins en France, ce n'est pas une question de capacité, ou de compétence, de talent, etc. C'est autre chose.
Là, les pistes sont nombreuses. Peut-être trop. En voici quelques-unes:
- le rapport à la science. C'est la première chose à laquelle on pense. Les classes scientifiques, dans les grandes écoles ou à l'université, sont elles aussi déséquilibrées en terme de proportion homme/femme. Cela n'est pas non plus une question de capacité (les études tendraient même à prouver le contraire), mais peut-être de choix, ou plus probablement de contrainte sociétale. Ca en est au point où l'Europe essaie de développer des politiques d'incitation à aller vers les carrières scientifiques pour les femmes afin de lutter contre l'idée ambiante de "ingénieur/chercheur/scientifique, c'est un métier d'homme, ce n'est pas pour toi ma fille". Si on ne s'intéresse pas à la science, si on est rebuté ou paralysé par elle, si on garde des souvenirs atroces des cours de physique de ses seize ans, la SF n'est pas nécessairement un champ que l'on a envie de cultiver.
- le cliché de l'écriture dite "féminine", ou des thèmes du même métal. Joëlle souligne à raison qu'il s'agit d'une vaste connerie, néanmoins véhiculée par l'inconscient collectif depuis longtemps. Or, la SF n'est pas une littérature "gentille", par essence (même si certains livres peuvent l'être). Elle n'est pas non plus rassurante. Elle possède, intrinsèquement, la capacité de déranger, d'être déstabilisante, voire cruelle. Elle n'est pas non plus tendre pour l'image de soi. Est-ce que cela peut contribuer à discriminer ? Je me pose la question.
- La SF est une littérature codée, au sens où la plupart de ses livres s'appuient sur un ensemble de présupposés que le lecteur est censé connaître. C'est un des reproches qu'on lui fait : il est difficile de trouver de la SF pour débutant. Or, un grand nombre de ces présupposés sont machistes - parce qu'ils sont nés à une époque où le domaine était essentiellement masculin. Or, quand on lit plein de "classiques" de la SF ouvertement masculinistes (non pas qu'ils revendiquent explicitement une quelconque supériorité de l'homme sur la femme, mais tout simplement parce qu'ils nient la place de celle-ci, en dehors des rôles de potiche ou de récompense du héros à la fin, ce qui revient au même), on se dit "ceci n'est pas pour moi". Ou alors, on explose et on dit "je vais leur montrer, moi !", mais ce n'est pas si courant que ça.
Je parlais récemment avec Resnick des héros de notre jeunesse dans lesquels on avait envie de s'incarner (il lisait ER Burrough étant gamin et tenait les bras vers Mars afin d'être emporté là-bas, comme John Carter). Quand on est un garçon, les héros de SF à qui on peut s'identifier durant son enfance abondent. Là, le déséquilibre est patent.

A titre personnel, j'aimerais bien que plus de femmes écrivent de la SF. Non pas parce que je pense que la SF féminine est intrinsèquement différente, mais tout simplement parce que ça ferait plus de bouquins de SF à lire.
Je compte pour 1. Comme chacun de vous...
http://www.dunyach.fr/

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Hoêl
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Message par Hoêl » mer. déc. 08, 2010 8:53 am

Heinlein , dans Révolte sur la lune et En terre étrangère .
Herbert avec les Bene Gesserit .
AEVV
Vance avec tout un tas de personnages féminins redoutables .
Westerfeld avec le personnage de la terroriste pro I.A. et sa compagne dans Le secret de l'empire .
Asimov avec Susan Calvin .
etc...
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"

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Hoêl
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Message par Hoêl » mer. déc. 08, 2010 8:54 am

A titre personnel, j'aimerais bien que plus de femmes écrivent de la SF. Non pas parce que je pense que la SF féminine est intrinsèquement différente, mais tout simplement parce que ça ferait plus de bouquins de SF à lire.
Yes !
Et puis , tant qu'à faire , j'aimerais bien aussi qu'elles soient plus traduites !
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"

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Message par Lensman » mer. déc. 08, 2010 9:13 am

Jean-Claude Dunyach a écrit :L'article de Joëlle est passionnant parce qu'il présente plusieurs angles de vue.
Statistiquement, les filles écrivent (et lisent) moins de SF que les garçons, du moins en France, et la différence est significative. Or, celles qui le font sont aussi bonnes que leurs équivalents masculins - je renvoie aux exemples que cite Joëlle. Donc, s'il y a moins d'auteurs de SF féminins que masculins en France, ce n'est pas une question de capacité, ou de compétence, de talent, etc. C'est autre chose.
Là, les pistes sont nombreuses. Peut-être trop. En voici quelques-unes:
- le rapport à la science. C'est la première chose à laquelle on pense. Les classes scientifiques, dans les grandes écoles ou à l'université, sont elles aussi déséquilibrées en terme de proportion homme/femme. Cela n'est pas non plus une question de capacité (les études tendraient même à prouver le contraire), mais peut-être de choix, ou plus probablement de contrainte sociétale. Ca en est au point où l'Europe essaie de développer des politiques d'incitation à aller vers les carrières scientifiques pour les femmes afin de lutter contre l'idée ambiante de "ingénieur/chercheur/scientifique, c'est un métier d'homme, ce n'est pas pour toi ma fille". Si on ne s'intéresse pas à la science, si on est rebuté ou paralysé par elle, si on garde des souvenirs atroces des cours de physique de ses seize ans, la SF n'est pas nécessairement un champ que l'on a envie de cultiver.
- le cliché de l'écriture dite "féminine", ou des thèmes du même métal. Joëlle souligne à raison qu'il s'agit d'une vaste connerie, néanmoins véhiculée par l'inconscient collectif depuis longtemps. Or, la SF n'est pas une littérature "gentille", par essence (même si certains livres peuvent l'être). Elle n'est pas non plus rassurante. Elle possède, intrinsèquement, la capacité de déranger, d'être déstabilisante, voire cruelle. Elle n'est pas non plus tendre pour l'image de soi. Est-ce que cela peut contribuer à discriminer ? Je me pose la question.
- La SF est une littérature codée, au sens où la plupart de ses livres s'appuient sur un ensemble de présupposés que le lecteur est censé connaître. C'est un des reproches qu'on lui fait : il est difficile de trouver de la SF pour débutant. Or, un grand nombre de ces présupposés sont machistes - parce qu'ils sont nés à une époque où le domaine était essentiellement masculin. Or, quand on lit plein de "classiques" de la SF ouvertement masculinistes (non pas qu'ils revendiquent explicitement une quelconque supériorité de l'homme sur la femme, mais tout simplement parce qu'ils nient la place de celle-ci, en dehors des rôles de potiche ou de récompense du héros à la fin, ce qui revient au même), on se dit "ceci n'est pas pour moi". Ou alors, on explose et on dit "je vais leur montrer, moi !", mais ce n'est pas si courant que ça.
Je parlais récemment avec Resnick des héros de notre jeunesse dans lesquels on avait envie de s'incarner (il lisait ER Burrough étant gamin et tenait les bras vers Mars afin d'être emporté là-bas, comme John Carter). Quand on est un garçon, les héros de SF à qui on peut s'identifier durant son enfance abondent. Là, le déséquilibre est patent.

A titre personnel, j'aimerais bien que plus de femmes écrivent de la SF. Non pas parce que je pense que la SF féminine est intrinsèquement différente, mais tout simplement parce que ça ferait plus de bouquins de SF à lire.
Tout le moindre va se moquer de moi, d'autant plus que j'aggrave mon cas en parlant de productions que je ne connais pas, mais le rock n'est-il pas très majoritairement (en nombre d'artistes tout court, et en proportion d'artiste marquants) masculin, ce qui ne l'empêche pas (sauf erreur particulièrement ridicule de ma part) d'avoir un très large public féminin? La notion de "machisme", en ce qui concerne la production artistique et sa réception, devrait être un peu affinée. Elle est souvent avancée pour expliquer tel ou tel phénomène parce que ça semble sur le coup flagrant, mais à y regarder de plus près, ce n'est pas si évident.
Oncle Joe

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Nébal
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Message par Nébal » mer. déc. 08, 2010 9:21 am

Hoêl a écrit :Heinlein , dans Révolte sur la lune
Euh, ça dépend...
AEVV
Gnu ?
Vance avec tout un tas de personnages féminins redoutables .
On a pas dû lire les mêmes, parce que généralement, moi, c'était plutôt le genre "princesse qui se fait enlever et qu'il faut aller sauver". Comme dans Tschaï, par exemple.

Et les héros vanciens étant souvent cons à baffer, en même temps...

Et encore une fois, je ne crois pas qu'une "fille puissante" soit vraiment pertinente pour le coup.

Sinon, moi, je m'en bats l'oeil de savoir si l'auteur du bouquin que je suis en train de lire a une zigounette ou un pilou-pilou. Très franchement.

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