Extrait :
Dans quel sens va évoluer le courant littéraire dit "bit-lit" selon toi dans les années à venir ? Va-t-il se spécialiser ou rester ouvert à tous les public ?
Sophie Dabat : Je trouve que le genre est déjà très spécialisé. C'est un univers très codifié, correspondant à des schémas-type, et même s'il y a beaucoup de variations dans le traitement, les lignes directrices sont les mêmes. C'est justement ce qui le rend ouvert à de nombreux publics : les adeptes des romans " à l'eau de rose " apprécient la romance, les amoureux du fantastique aiment la part de surnaturel, les inconditionnels du polar préfèrent l'aspect " enquête policière " qui est souvent mêlé à la bit-lit tandis que les lectrices féministes applaudissent aux exploits des héroïnes dures à cuire. Ce sont ces éléments qui rendent la bit-lit aussi populaire, et je ne pense pas qu'elle puise les changer sans se dénaturer.
Toutefois, on remarque de plus en plus des divergences dans les styles. Récemment, on a vu de la bit-lit d'anticipation, avec la série Kate Daniels, ou Danny Valentine.
On a bientôt en français la série Le Protectorat de l'ombrelle, qui est un très proche parent de la bit-lit, une sorte de fantasy urbaine... uchronique. On a aussi les Vicki Nelson, beaucoup plus policiers... J'ai l'impression que l'on s'oriente vers une bit-lit qui va se déplacer dans le temps, pour développer des univers proches dans un passé ou un futur alternatifs, pour se démarquer des fréquentes fictions qui se déroulent à notre époque. À moins que ce ne soit une bit-lit qui accentue certains de ses aspects pour se rapprocher du polar, du roman érotique ou du fantastique.