Littérature et technologie
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Re: Littérature et technologie
Parmi les commentaires, un met dans le mille, celui qui demande "De quelle littérature parle-t-on ?". Tout est dit.Lem a écrit :Un article intéressant de Xavier de la Porte.
JDB
“Miss Judith Lee, vous êtes l’une des choses les plus étranges de ce monde très étrange.”
Re: Littérature et technologie
De mon côté, j'ai surtout été frappé par la phrase de l'article : "Ils ont laissé le champ aux auteurs d'anticipation, comme William Gibson (Wikipédia) ou Cory Doctorow (Wikipédia), ou aux auteurs de romans policiers. " Il ne vient pas à l'idée de l'auteur que "l'anticipation" (la sf) pourrait être spécifiquement l'endroit de la littérature où, entre autres, on intègre la technologie. Je ne le lui reproche pas ; je trouve juste ça dommage…JDB a écrit :Parmi les commentaires, un met dans le mille, celui qui demande "De quelle littérature parle-t-on ?". Tout est dit.
L'emploi du bon vieux terme "anticipation", à la place de "science-fiction", est assez amusant, aussi... ça donne un air un peu "vieillot", ou comme si l'article était écrit dans un monde parallèle où le mot "science-fiction" ne se serait jamais imposé...
A part ça, j'ai une hypothèse sérieuse: le monde littéraire pense que le Net est une mode éphémère (comme les SITU), et attend que ça passe, espérant éviter d'avoir à en parler...
Oncle Joe
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- bormandg
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Ben oui, ils n'ont pas vu la singularité. Combien de temps a-t-il fallu aux littéraires pour s'apercevoir de l'impression de leurs oeuvres?Lensman a écrit :L'emploi du bon vieux terme "anticipation", à la place de "science-fiction", est assez amusant, aussi... ça donne un air un peu "vieillot", ou comme si l'article était écrit dans un monde parallèle où le mot "science-fiction" ne se serait jamais imposé...
A part ça, j'ai une hypothèse sérieuse: le monde littéraire pense que le Net est une mode éphémère (comme les SITU), et attend que ça passe, espérant éviter d'avoir à en parler...
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"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Là, tu soulèves un vrai problème : il est un peu risqué d'introduire, non pas Internet dans son ensemble, mais des questions en rapport avec ses usages. En effet, tous les usages ne perdurent pas, tous ne sont pas compris de la même manière (Facebook ne sert pas aux mêmes choses à tout le monde et beaucoup de lecteurs ne sont pas friands de ce type de réseau sociaux), et il y a un risque de paraître daté au moment même de la parution.Lensman a écrit :A part ça, j'ai une hypothèse sérieuse: le monde littéraire pense que le Net est une mode éphémère (comme les SITU), et attend que ça passe, espérant éviter d'avoir à en parler...
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Or, ce risque-là ne concerne presque que les écrivains réalistes : un auteur de SF peut toujours s'en sortir, puisqu'il construit son monde en le faisant volontairement diverger - s'il ne mentionne pas Facebook, cela peut signifier que ce service n'a pas émergé dans son monde.
En revanche un ecrivain réaliste qui parlerait de l'ultracontemporain aurait la hantise que le monde ait changé le temps qu'il écrive, ou le temps que le bouquin paraisse. C'est devenu encore plus frappant depuis une cinquantaine d'années, et j'y vois une des raisons de l'enfermement de la littérature blanche soit dans le passé, soit dans les coins reculés d'où la modernité est absente, soit dans la sphère de l'intime, qui permet de parler de questions éternelles.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.
J'aurais tendance à penser qu'un écrivain réaliste qui écrit sans qu'Internet apparaisse d'une manière ou d'une autre (y compris, bien sûr, de manière allusive ou sous-entendue), ne parle pas de l'ultracontemprain, tout simplement.silramil a écrit :
Là, tu soulèves un vrai problème : il est un peu risqué d'introduire, non pas Internet dans son ensemble, mais des questions en rapport avec ses usages. En effet, tous les usages ne perdurent pas, tous ne sont pas compris de la même manière (Facebook ne sert pas aux mêmes choses à tout le monde et beaucoup de lecteurs ne sont pas friands de ce type de réseau sociaux), et il y a un risque de paraître daté au moment même de la parution.
Or, ce risque-là ne concerne presque que les écrivains réalistes : un auteur de SF peut toujours s'en sortir, puisqu'il construit son monde en le faisant volontairement diverger - s'il ne mentionne pas Facebook, cela peut signifier que ce service n'a pas émergé dans son monde.
En revanche un ecrivain réaliste qui parlerait de l'ultracontemporain aurait la hantise que le monde ait changé le temps qu'il écrive, ou le temps que le bouquin paraisse. C'est devenu encore plus frappant depuis une cinquantaine d'années, et j'y vois une des raisons de l'enfermement de la littérature blanche soit dans le passé, soit dans les coins reculés d'où la modernité est absente, soit dans la sphère de l'intime, qui permet de parler de questions éternelles.
C'est bien son droit (comme dit dans l'article, il peut parler de la quotidienneté d'il y a quelques années...).
La bizarrerie, c'est apparemment le manque d'intérêt pour l'utracontemporain...
Mais est-ce si bizarre ? Ce n'est sans doute pas un phénomène nouveau, la perte d'intérêt, ou l'absence d'intérêt pour l'ultracontemporain dans l'histoire de la littérature (en tout cas, dans la sphère de la littérature légitimée).
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Ben oui, c'est (c'est presque qu'une Lapalissade), une des raisons qui fait qu'ils ne sont pas des écrivains de SF.[...] ou l'absence d'intérêt pour l'ultracontemporain [...]
En fait, c'est quand internet cessera d'intéresser les auteurs de SF (qu'ils ne spéculeront plus dessus) que ces auteurs l'intègreront dans leurs romans, comme ils l'ont déjà fait pour l'automobile, le téléphone, l'aviation, la télévision etc.. D'ailleurs, d'après l'article, c'est ce qui se passe actuellement (cela va changer dit-il) - et la SF, elle, commencera à spéculer sur d'autres sujets
Comme le signale très justement l'un des commentateurs de l'article, il est totalement faux de prétendre que les écrivains contemporains escamotent le quotidien technologique (Internet, téléphone, photo numérique et j'en passe) puisque les romans policiers, pour ne parler que de ça, s'en nourrissent abondamment (idem pour la littérature jeunesse, le roman sentimental…).
Ce qui ramène au grand galop la question du mainstream…
Ce qui ramène au grand galop la question du mainstream…
« Je dis rarement, malheureusement, des choses exactes. » (Georges Limbour)
Hmm. Je me demande, sur cent romans de SF récents, combien traitent de "l'ultracontemporain" (autrement dit et à l'envers : combien de space-op militaires ou non, d'uchronies, de steampunk, de trucs inclassables genre VanderMeer, etc, – qui relèvent basiquement de l'escapism ?)Papageno a écrit :Ben oui, c'est (…), une des raisons qui fait qu'ils ne sont pas des écrivains de SF.l'absence d'intérêt pour l'ultracontemporain [...]
Et par ailleurs, "l'ultracontemporain" ne se limite pas à la technologie.
... alors que j'avais fini par me convaincre que les romans policiers faisaient partie du mainstream... c'est malin!Shagmir a écrit :Comme le signale très justement l'un des commentateurs de l'article, il est totalement faux de prétendre que les écrivains contemporains escamotent le quotidien technologique (Internet, téléphone, photo numérique et j'en passe) puisque les romans policiers, pour ne parler que de ça, s'en nourrissent abondamment (idem pour la littérature jeunesse, le roman sentimental…).
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On peut se dire que le pourcentage n'est pas énorme, mais il n'est pas difficile de faire une liste d'auteurs de SF qui travaillent dans le futur proche, genre McAuley, Ian McDonald, ou Sawyer. Par définition, ils tiennent compte de l'"ultracontemporain", puisqu'ils s'appuient dessus pour le "majorer" si j'ose dire.Lem a écrit :Hmm. Je me demande, sur cent romans de SF récents, combien traitent de "l'ultracontemporain" (autrement dit et à l'envers : combien de space-op militaires ou non, d'uchronies, de steampunk, de trucs inclassables genre VanderMeer, etc, – qui relèvent basiquement de l'escapism ?)Papageno a écrit :Ben oui, c'est (…), une des raisons qui fait qu'ils ne sont pas des écrivains de SF.l'absence d'intérêt pour l'ultracontemporain [...]
Et par ailleurs, "l'ultracontemporain" ne se limite pas à la technologie.
Tiens, à propos de l'"escapism" (encore une de ces notions souvent employée que je ne trouve pas très claire), est-ce qu'on doit considérer que le roman policier et le "thriller" relèvent de l'"escapism"?
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Si on commence, toute fiction non nombriliste ou propagandiste relève de l'"escapism".Lensman a écrit :On peut se dire que le pourcentage n'est pas énorme, mais il n'est pas difficile de faire une liste d'auteurs de SF qui travaillent dans le futur proche, genre McAuley, Ian McDonald, ou Sawyer. Par définition, ils tiennent compte de l'"ultracontemporain", puisqu'ils s'appuient dessus pour le "majorer" si j'ose dire.Lem a écrit :Hmm. Je me demande, sur cent romans de SF récents, combien traitent de "l'ultracontemporain" (autrement dit et à l'envers : combien de space-op militaires ou non, d'uchronies, de steampunk, de trucs inclassables genre VanderMeer, etc, – qui relèvent basiquement de l'escapism ?)Papageno a écrit :Ben oui, c'est (…), une des raisons qui fait qu'ils ne sont pas des écrivains de SF.l'absence d'intérêt pour l'ultracontemporain [...]
Et par ailleurs, "l'ultracontemporain" ne se limite pas à la technologie.
Tiens, à propos de l'"escapism" (encore une de ces notions souvent employée que je ne trouve pas très claire), est-ce qu'on doit considérer que le roman policier et le "thriller" relèvent de l'"escapism"?
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"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."